Hydroélectricité transition énergétique

L’hydroélectricité, une énergie propre, renouvelable et flexible au cœur du mix énergétique de demain !

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Cyrille DELPRAT

Éner­gie renou­ve­lable et propre, l’hydroélectricité s’impose aujourd’hui comme une com­po­sante clé du mix éner­gé­tique de demain. Cyrille Del­prat, direc­teur géné­ral de la SHEM, Socié­té Hydro-élec­trique du Midi, filiale du groupe ENGIE, nous en dit plus sur cet uni­vers, sa contri­bu­tion à la tran­si­tion éner­gé­tique, à la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et à la pré­ser­va­tion de la biodiversité.

Dans le paysage énergétique français, quel est le positionnement de la SHEM ? 

Nous sommes le troi­sième pro­duc­teur hydro­élec­trique fran­çais, la SHEM pro­duit une éner­gie renou­ve­lable et propre depuis sa créa­tion au début du XXe siècle. Nos 350 col­la­bo­ra­teurs exploitent 56 usines et 12 grands bar­rages répar­tis sur la chaîne des Pyré­nées, les rivières du Lot et de la Dor­dogne. La puis­sance ins­tal­lée des ins­tal­la­tions est d’environ 1 giga­watt pour une pro­duc­tion annuelle moyenne de 1,5 téra­watt­heure, soit la consom­ma­tion d’un mil­lion d’habitants.

Grâce à des actifs qui prennent essen­tiel­le­ment la forme de bar­rages et de réser­voirs, la SHEM a la capa­ci­té de sto­cker de l’énergie sous forme d’eau dans un pre­mier temps, avant de la trans­for­mer en élec­tri­ci­té. Cette carac­té­ris­tique, cou­plée à la capa­ci­té d’activer sa pro­duc­tion en moins de cinq minutes, posi­tionne la SHEM comme une réponse au besoin majeur de flexi­bi­li­té du réseau élec­trique. Ces atouts font de la SHEM, filiale du groupe ENGIE, un acteur essen­tiel au cœur de la tran­si­tion énergétique.

D’un point de vue plus large, la SHEM et ses équipes se posi­tionnent comme un ges­tion­naire de l’eau dont l’activité s’articule autour de deux enjeux socié­taux majeurs : la pro­duc­tion d’énergie élec­trique renou­ve­lable, propre et flexible, au ser­vice de la tran­si­tion éner­gé­tique, d’une part ; et la contri­bu­tion à la four­ni­ture d’eau pour les besoins de l’agriculture, de l’industrie et de l’eau potable du ter­ri­toire, au cœur des sujets de réchauf­fe­ment cli­ma­tique et de ten­sions hydriques, d’autre part. 

Justement, alors que la décarbonation des usages et notamment de l’énergie s’accélère, l’hydroélectricité a vocation à jouer un rôle clé dans le mix énergétique national. Qu’en est-il ? 

L’hydroélectricité occupe d’ores et déjà une place impor­tante dans le mix éner­gé­tique. Ce rôle va encore consi­dé­ra­ble­ment se ren­for­cer au cours des pro­chaines années. Par nature, le pho­to­vol­taïque et l’éolien sont des éner­gies renou­ve­lables inter­mit­tentes dépen­dantes des condi­tions météo­ro­lo­giques du jour. Ces varia­tions de pro­duc­tion néces­sitent des sources d’énergie com­plé­men­taires ou des solu­tions de sto­ckage pour assu­rer une four­ni­ture conti­nue d’électricité. L’hydroélectricité a toutes les carac­té­ris­tiques requises pour rem­plir ce rôle. L’accélération du déve­lop­pe­ment du pho­to­vol­taïque et de l’éolien démul­ti­plie son importance. 

En capi­ta­li­sant sur son savoir-faire his­to­rique, ses com­pé­tences, ses talents et sa capa­ci­té à inno­ver, la SHEM est en pre­mière ligne pour rele­ver ce défi stra­té­gique au ser­vice de la réus­site de la tran­si­tion énergétique.

Comment maintenez-vous l’équilibre entre votre activité de producteur d’hydroélectricité et de gestionnaire d’eau ?

L’évolution cli­ma­tique en cours et à venir a pour consé­quence des évo­lu­tions du cycle de l’eau. Face à ce constat, nous avons réa­li­sé ou par­ti­ci­pé à de nom­breuses études pour com­prendre quels peuvent être les impacts pour nos par­ties pre­nantes du ter­ri­toire et pour notre acti­vi­té. L’eau est le car­bu­rant de nos ins­tal­la­tions, mais l’eau est bien évi­dem­ment éga­le­ment vitale pour nos par­ties pre­nantes en aval. Concrè­te­ment, le réchauf­fe­ment cli­ma­tique signi­fie une baisse de l’apport en eau dans nos usines d’altitudes de l’ordre de 10 % à hori­zon 2050. L’impact pour les cours d’eau en bas de val­lées sera plus éle­vé avec des sujets d’évapotranspiration notam­ment. Par ailleurs, les évè­ne­ments extrêmes tels que les crues ou les périodes d’étiage vont se ren­for­cer. Nous inté­grons ces élé­ments dans l’évolution de nos installations.

À partir de là, comment vous projetez-vous ? Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ? 

Les équipes de la SHEM exploitent de magni­fiques ouvrages qui ont été construits au fil du XXe siècle et qui s’inscrivent par­fai­te­ment dans les val­lées incroyables dans les­quelles nous opé­rons. Il s’agit d’ouvrages qui se démarquent par leur haute tech­ni­ci­té com­bi­nant élec­tro-tech­nique, méca­nique et génie civil. Nous les fai­sons évo­luer, les moder­ni­sons, les adap­tons et les dimen­sion­nons pour rele­ver les défis éner­gé­tiques, envi­ron­ne­men­taux et cli­ma­tiques aux­quels nous fai­sons face. 

Sur le plan finan­cier et en termes d’activités, ces adap­ta­tions et moder­ni­sa­tions de nos actifs repré­sentent des inves­tis­se­ments impor­tants à court et moyen terme, réa­li­sés avec le sou­ci constant de la pré­ser­va­tion de l’environnement et de la bio­di­ver­si­té. À titre d’exemple, nous construi­sons des dis­po­si­tifs favo­ri­sant la mon­tai­son et la déva­lai­son des pois­sons pour faci­li­ter la cir­cu­la­tion des espèces pré­sentes dans les rivières sur les­quelles nous exploi­tons nos actifs. 

Dans cette démarche de moder­ni­sa­tion, nous inté­grons pro­gres­si­ve­ment la puis­sance des tech­no­lo­gies digi­tales, telles que l’intelligence arti­fi­cielle ou la data, pour gagner en per­for­mance et faci­li­ter le tra­vail de nos collaborateurs. 

En matière de déve­lop­pe­ment, l’essentiel de l’hydroélectricité de grande enver­gure est déployée en France, à l’exception de pro­jets de Sta­tions de Trans­fert d’Énergie par Pom­page (STEP). Il s’agit d’une tech­no­lo­gie pour sto­cker de l’énergie en pom­pant de l’eau vers un réser­voir en hau­teur lorsque la demande en élec­tri­ci­té est faible, puis en la relâ­chant pour pro­duire de l’électricité lorsque la demande est éle­vée. La SHEM dis­pose de pro­jets de ce type mais qui néces­sitent que le sujet du cadre fran­çais des conces­sions hydro­élec­triques évolue.

Hydroélectricité au coeur de la transition énergétique
Cou­ron­ne­ment et éva­cua­teur de crue du bar­rage de Mareges. © Thierry_SUIRE

Votre activité est aussi impactée par l’actualité autour des concessions. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Notre acti­vi­té est prin­ci­pa­le­ment régie par le régime des conces­sions. Depuis 2010, des pour­par­lers sont en cours entre la France et la Com­mis­sion euro­péenne concer­nant les moda­li­tés de renou­vel­le­ment des conces­sions hydro­élec­triques. En 2023, l’État a pris des mesures pour faci­li­ter cer­tains inves­tis­se­ments sur les conces­sions échues, ce qui est posi­tif. Des posi­tions com­plé­men­taires impor­tantes res­tent à prendre pour don­ner une meilleure visi­bi­li­té sur ce sujet stra­té­gique. Nous accom­pa­gnons ces réflexions avec confiance.

Comment appréhendez-vous la question de la décarbonation de vos activités ?

C’est un enjeu majeur à nos yeux, évident quand on pense à notre acti­vi­té et à notre envi­ron­ne­ment et c’est un motif de fier­té pour nos équipes. La SHEM s’inscrit plei­ne­ment dans la rai­son d’être du groupe ENGIE en agis­sant concrè­te­ment pour accé­lé­rer la tran­si­tion vers un monde neutre en carbone.

En 2023 les équipes de la SHEM ont réa­li­sé un diag­nos­tic com­plet de notre empreinte car­bone, en pre­nant en compte les acti­vi­tés directes et indi­rectes de notre entre­prise, c’est-à-dire les émis­sions résul­tantes de notre acti­vi­té en propre, mais aus­si celles qui sont émises par l’ensemble de nos par­te­naires et prestataires.

Sans sur­prise, l’empreinte car­bone de la SHEM, infé­rieure à 10 grammes de CO2 par kilo­watt­heure pro­duit, est ver­tueuse en com­pa­rai­son de celles du domaine indus­triel. Il n’empêche que nous consi­dé­rons devoir faire notre part d’efforts. Sur la base de ce tra­vail pous­sé, nous avons éla­bo­ré un plan d’actions qui s’articule autour de deux jalons clés : une réduc­tion de 35 % des émis­sions de car­bone à hori­zon 2030 et la neu­tra­li­té car­bone à hori­zon 2045 en cohé­rence avec les objec­tifs du groupe ENGIE.

Recrutez-vous des ingénieurs pour renforcer vos équipes ? Quels profils recherchez-vous ?

Nous recru­tons des ingé­nieurs géné­ra­listes, car le monde de l’hydro-électricité et de la ges­tion de l’eau couvre des com­pé­tences et des savoir-faire divers et variés. En paral­lèle, nous recru­tons aus­si des experts dans des domaines spé­ci­fiques comme l’environnement. Parce que nous inter­ve­nons et opé­rons dans des mon­tagnes, des val­lées et des parcs natu­rels, nous sommes extrê­me­ment sou­cieux de la bio­di­ver­si­té. D’ailleurs, nous réa­li­sons régu­liè­re­ment des cam­pagnes de moni­to­ring de la faune et la flore autour de nos ins­tal­la­tions pour nous assu­rer que notre acti­vi­té n’impacte pas l’environnement.

Enfin, nous avons aus­si à cœur de contri­buer à la fémi­ni­sa­tion de nos métiers. Notre sec­teur souffre d’un défi­cit d’image auprès des femmes et est sou­vent per­çu comme un uni­vers mas­cu­lin, notam­ment à cause de la taille de nos actifs, ou encore la dimen­sion méca­nique de notre acti­vi­té. La réa­li­té est tout autre et le monde de l’hydroélectricité peut offrir de très belles car­rières aux ingénieures !

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