L’hydroélectricité, une énergie propre, renouvelable et flexible au cœur du mix énergétique de demain !
Énergie renouvelable et propre, l’hydroélectricité s’impose aujourd’hui comme une composante clé du mix énergétique de demain. Cyrille Delprat, directeur général de la SHEM, Société Hydro-électrique du Midi, filiale du groupe ENGIE, nous en dit plus sur cet univers, sa contribution à la transition énergétique, à la lutte contre le réchauffement climatique et à la préservation de la biodiversité.
Dans le paysage énergétique français, quel est le positionnement de la SHEM ?
Nous sommes le troisième producteur hydroélectrique français, la SHEM produit une énergie renouvelable et propre depuis sa création au début du XXe siècle. Nos 350 collaborateurs exploitent 56 usines et 12 grands barrages répartis sur la chaîne des Pyrénées, les rivières du Lot et de la Dordogne. La puissance installée des installations est d’environ 1 gigawatt pour une production annuelle moyenne de 1,5 térawattheure, soit la consommation d’un million d’habitants.
Grâce à des actifs qui prennent essentiellement la forme de barrages et de réservoirs, la SHEM a la capacité de stocker de l’énergie sous forme d’eau dans un premier temps, avant de la transformer en électricité. Cette caractéristique, couplée à la capacité d’activer sa production en moins de cinq minutes, positionne la SHEM comme une réponse au besoin majeur de flexibilité du réseau électrique. Ces atouts font de la SHEM, filiale du groupe ENGIE, un acteur essentiel au cœur de la transition énergétique.
D’un point de vue plus large, la SHEM et ses équipes se positionnent comme un gestionnaire de l’eau dont l’activité s’articule autour de deux enjeux sociétaux majeurs : la production d’énergie électrique renouvelable, propre et flexible, au service de la transition énergétique, d’une part ; et la contribution à la fourniture d’eau pour les besoins de l’agriculture, de l’industrie et de l’eau potable du territoire, au cœur des sujets de réchauffement climatique et de tensions hydriques, d’autre part.
Justement, alors que la décarbonation des usages et notamment de l’énergie s’accélère, l’hydroélectricité a vocation à jouer un rôle clé dans le mix énergétique national. Qu’en est-il ?
L’hydroélectricité occupe d’ores et déjà une place importante dans le mix énergétique. Ce rôle va encore considérablement se renforcer au cours des prochaines années. Par nature, le photovoltaïque et l’éolien sont des énergies renouvelables intermittentes dépendantes des conditions météorologiques du jour. Ces variations de production nécessitent des sources d’énergie complémentaires ou des solutions de stockage pour assurer une fourniture continue d’électricité. L’hydroélectricité a toutes les caractéristiques requises pour remplir ce rôle. L’accélération du développement du photovoltaïque et de l’éolien démultiplie son importance.
En capitalisant sur son savoir-faire historique, ses compétences, ses talents et sa capacité à innover, la SHEM est en première ligne pour relever ce défi stratégique au service de la réussite de la transition énergétique.
Comment maintenez-vous l’équilibre entre votre activité de producteur d’hydroélectricité et de gestionnaire d’eau ?
L’évolution climatique en cours et à venir a pour conséquence des évolutions du cycle de l’eau. Face à ce constat, nous avons réalisé ou participé à de nombreuses études pour comprendre quels peuvent être les impacts pour nos parties prenantes du territoire et pour notre activité. L’eau est le carburant de nos installations, mais l’eau est bien évidemment également vitale pour nos parties prenantes en aval. Concrètement, le réchauffement climatique signifie une baisse de l’apport en eau dans nos usines d’altitudes de l’ordre de 10 % à horizon 2050. L’impact pour les cours d’eau en bas de vallées sera plus élevé avec des sujets d’évapotranspiration notamment. Par ailleurs, les évènements extrêmes tels que les crues ou les périodes d’étiage vont se renforcer. Nous intégrons ces éléments dans l’évolution de nos installations.
À partir de là, comment vous projetez-vous ? Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés ?
Les équipes de la SHEM exploitent de magnifiques ouvrages qui ont été construits au fil du XXe siècle et qui s’inscrivent parfaitement dans les vallées incroyables dans lesquelles nous opérons. Il s’agit d’ouvrages qui se démarquent par leur haute technicité combinant électro-technique, mécanique et génie civil. Nous les faisons évoluer, les modernisons, les adaptons et les dimensionnons pour relever les défis énergétiques, environnementaux et climatiques auxquels nous faisons face.
Sur le plan financier et en termes d’activités, ces adaptations et modernisations de nos actifs représentent des investissements importants à court et moyen terme, réalisés avec le souci constant de la préservation de l’environnement et de la biodiversité. À titre d’exemple, nous construisons des dispositifs favorisant la montaison et la dévalaison des poissons pour faciliter la circulation des espèces présentes dans les rivières sur lesquelles nous exploitons nos actifs.
Dans cette démarche de modernisation, nous intégrons progressivement la puissance des technologies digitales, telles que l’intelligence artificielle ou la data, pour gagner en performance et faciliter le travail de nos collaborateurs.
En matière de développement, l’essentiel de l’hydroélectricité de grande envergure est déployée en France, à l’exception de projets de Stations de Transfert d’Énergie par Pompage (STEP). Il s’agit d’une technologie pour stocker de l’énergie en pompant de l’eau vers un réservoir en hauteur lorsque la demande en électricité est faible, puis en la relâchant pour produire de l’électricité lorsque la demande est élevée. La SHEM dispose de projets de ce type mais qui nécessitent que le sujet du cadre français des concessions hydroélectriques évolue.
Votre activité est aussi impactée par l’actualité autour des concessions. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Notre activité est principalement régie par le régime des concessions. Depuis 2010, des pourparlers sont en cours entre la France et la Commission européenne concernant les modalités de renouvellement des concessions hydroélectriques. En 2023, l’État a pris des mesures pour faciliter certains investissements sur les concessions échues, ce qui est positif. Des positions complémentaires importantes restent à prendre pour donner une meilleure visibilité sur ce sujet stratégique. Nous accompagnons ces réflexions avec confiance.
Comment appréhendez-vous la question de la décarbonation de vos activités ?
C’est un enjeu majeur à nos yeux, évident quand on pense à notre activité et à notre environnement et c’est un motif de fierté pour nos équipes. La SHEM s’inscrit pleinement dans la raison d’être du groupe ENGIE en agissant concrètement pour accélérer la transition vers un monde neutre en carbone.
En 2023 les équipes de la SHEM ont réalisé un diagnostic complet de notre empreinte carbone, en prenant en compte les activités directes et indirectes de notre entreprise, c’est-à-dire les émissions résultantes de notre activité en propre, mais aussi celles qui sont émises par l’ensemble de nos partenaires et prestataires.
Sans surprise, l’empreinte carbone de la SHEM, inférieure à 10 grammes de CO2 par kilowattheure produit, est vertueuse en comparaison de celles du domaine industriel. Il n’empêche que nous considérons devoir faire notre part d’efforts. Sur la base de ce travail poussé, nous avons élaboré un plan d’actions qui s’articule autour de deux jalons clés : une réduction de 35 % des émissions de carbone à horizon 2030 et la neutralité carbone à horizon 2045 en cohérence avec les objectifs du groupe ENGIE.
Recrutez-vous des ingénieurs pour renforcer vos équipes ? Quels profils recherchez-vous ?
Nous recrutons des ingénieurs généralistes, car le monde de l’hydro-électricité et de la gestion de l’eau couvre des compétences et des savoir-faire divers et variés. En parallèle, nous recrutons aussi des experts dans des domaines spécifiques comme l’environnement. Parce que nous intervenons et opérons dans des montagnes, des vallées et des parcs naturels, nous sommes extrêmement soucieux de la biodiversité. D’ailleurs, nous réalisons régulièrement des campagnes de monitoring de la faune et la flore autour de nos installations pour nous assurer que notre activité n’impacte pas l’environnement.
Enfin, nous avons aussi à cœur de contribuer à la féminisation de nos métiers. Notre secteur souffre d’un déficit d’image auprès des femmes et est souvent perçu comme un univers masculin, notamment à cause de la taille de nos actifs, ou encore la dimension mécanique de notre activité. La réalité est tout autre et le monde de l’hydroélectricité peut offrir de très belles carrières aux ingénieures !