OPmobility invente le futur de la mobilité

OPmobility invente le futur de la mobilité

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Laurent FAVRE

Laurent Favre, Direc­teur Géné­ral d’OPmo­bi­li­ty, revient sur le chan­ge­ment de nom de son entre­prise. Cette évo­lu­tion vient ren­for­cer le posi­tion­ne­ment de l’équipementier et sa volon­té de contri­buer à construire une mobi­li­té plu­rielle, décar­bo­née et acces­sible à tous, aus­si bien sur le plan tech­no­lo­gique que finan­cier. Explications. 

Plastic Omnium est récemment devenu OPmobility. Comment cette évolution impacte-t-elle les priorités et la stratégie du Groupe ? 

Le chan­ge­ment de nom est effec­tif depuis le 27 mars der­nier. C’est un évé­ne­ment par­ti­cu­liè­re­ment struc­tu­rant pour notre entre­prise fami­liale qui avait vu le jour en 1946. Il ne s’agit pas d’un chan­ge­ment de stra­té­gie, mais plu­tôt de l’incarnation de notre trans­for­ma­tion ini­tiée il y a déjà plu­sieurs années au ser­vice de toutes les mobilités.

Plas­tic Omnium a été pré­cur­seur en intro­dui­sant le plas­tique dans le domaine de l’automobile. Cette évo­lu­tion a per­mis de réduire le poids des véhi­cules de 250 kg au fil des années en sub­sti­tuant le plas­tique à l’aluminium et à l’acier. En 2018, le Groupe a cédé son acti­vi­té his­to­rique dans l’environnement afin de se concen­trer sur l’automobile.

En 2019, au moment où j’ai rejoint le Groupe, nous avons tra­vaillé sur les trans­for­ma­tions de la mobi­li­té et notam­ment sur la ques­tion de la décar­bo­na­tion, tout en res­tant très atta­chés à la notion de liber­té qui est au cœur même de notre ADN et de notre vision de la mobilité.

À par­tir de là, nous avons défi­ni une nou­velle stra­té­gie et notre rai­son d’être en 2022, « Dri­ving a New Gene­ra­tion of Mobi­li­ty », avec l’ambition de se posi­tion­ner comme un acteur moteur dans la construc­tion et le déve­lop­pe­ment d’une mobi­li­té plu­rielle et diverse afin d’accompagner les pro­fondes muta­tions du mar­ché, mais aus­si les habi­tudes et les besoins de la société.

En cohé­rence avec cette ambi­tion forte, il nous a alors sem­blé néces­saire de faire évo­luer notre nom afin qu’il reflète notre posi­tion­ne­ment en intro­dui­sant cette notion de mobi­li­té qui est plus que jamais au centre de notre acti­vi­té. Et, comme il ne s’agit pas d’une rup­ture ou d’un chan­ge­ment de stra­té­gie, nous avons conser­vé le logo his­to­rique du Groupe, qui emploie plus de 40 000 col­la­bo­ra­teurs dans 28 pays.

Votre activité est donc à la croisée des transformations majeures qui redessinent actuellement le monde de la mobilité. Comment les appréhendez-vous ? 

Nous appré­hen­dons chaque trans­for­ma­tion du mar­ché comme une oppor­tu­ni­té. Aujourd’hui, nous nous concen­trons sur trois axes à forte valeur ajou­tée pour notre acti­vi­té. Pre­miè­re­ment, il s’agit de déve­lop­per notre por­te­feuille de tech­no­lo­gies. Cela passe par l’optimisation de nos tech­no­lo­gies his­to­riques et des acqui­si­tions. Sur les der­nières années, nous avons ain­si réa­li­sé près de 2 mil­liards d’acquisitions dans des domaines aus­si divers que l’éclairage, l’hydrogène, les bat­te­ries, etc.

Deuxiè­me­ment, nous avons repen­sé notre empreinte géo­gra­phique. Aujourd’hui, près de 50 % de notre chiffre d’affaires est réa­li­sé en Europe, alors que ce mar­ché repré­sente moins de 20 % de la pro­duc­tion auto­mo­bile mon­diale. Il s’agit, bien évi­dem­ment, de conser­ver ce socle euro­péen his­to­rique, mais aus­si d’accélérer notre déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal, en Amé­rique du Nord et en Asie.

“Nous appréhendons chaque transformation du marché comme une opportunité.”

Troi­siè­me­ment, comme pour toute trans­for­ma­tion d’un mar­ché, nous assis­tons à l’émergence de nou­veaux acteurs. On peut notam­ment citer l’américain Tes­la ou bien encore les construc­teurs chi­nois, sans oublier le fait que la mobi­li­té se diver­si­fie. Il s’agit donc de se posi­tion­ner aus­si de manière à pou­voir répondre aux besoins de ces nou­veaux acteurs.

Pour rele­ver ces défis, le capi­tal humain est clé. Nous misons donc sur la mon­tée en com­pé­tences et la for­ma­tion de nos col­la­bo­ra­teurs afin de leur don­ner les moyens d’appréhender ces trans­for­ma­tions qui se suc­cèdent tou­jours plus vite.

Enfin, nous nous trans­for­mons sans renier nos racines. Nous res­tons le lea­der des pièces exté­rieures de car­ros­se­rie, des réser­voirs à car­bu­rant et des modules, mais com­plé­tons nos pro­duits et nos ser­vices afin de diver­si­fier nos offres et de nous posi­tion­ner sur les nou­veaux mar­chés émergents.

Comment cela se matérialise-t-il concrètement dans votre activité ?

Nous sommes convain­cus que la mobi­li­té de demain sera plu­rielle et abor­dable à condi­tion d’explorer toutes les pistes tech­no­lo­giques. Dans une ving­taine d’années, on peut ima­gi­ner qu’il y aura encore des moteurs ther­miques avec des car­bu­rants alter­na­tifs. Il y aura éga­le­ment beau­coup plus de véhi­cules à bat­te­rie. Nous pen­sons aus­si que l’hydrogène joue­ra un rôle consi­dé­rable dans la décar­bo­na­tion de la mobi­li­té, notam­ment la mobi­li­té lourde, car il per­met de com­bi­ner les avan­tages de la voi­ture élec­trique qui n’émet pas de CO2 et des véhi­cules ther­miques qui offrent une grande auto­no­mie ain­si qu’une rapi­di­té de ravi­taille­ment. Nos pre­miers inves­tis­se­ments dans l’hydrogène remontent ain­si à 2015 et nous avons adap­té nos solu­tions aux carac­té­ris­tiques de ce gaz.

Nous construi­sons aujourd’hui la plus grande usine dédiée à la fabri­ca­tion de sys­tèmes de sto­ckage hydro­gène au ser­vice de la mobi­li­té lourde, à côté de Com­piègne. Cette usine va voir le jour à proxi­mi­té d’une ancienne usine de fabri­ca­tion de réser­voirs à essence. Tous les col­la­bo­ra­teurs ont été for­més afin de pou­voir fabri­quer désor­mais des réser­voirs à hydro­gène. Dans notre centre de R&D situé à Com­piègne, nous avons aujourd’hui plus de la moi­tié des effec­tifs qui se concentre sur l’hydrogène et l’électrification. Nous répon­dons en France et en Europe aux besoins de construc­teurs comme Renault et Stel­lan­tis, mais aus­si des acteurs de la mobi­li­té fer­ro­viaire, comme Alstom ou Stad­ler ; en Chine pour la mobi­li­té lourde, mais aus­si aux États-Unis, notam­ment pour Ford.

Nous tra­vaillons par ailleurs avec Tes­la, un acteur récent de la mobi­li­té. Le 16 avril der­nier, nous avons inau­gu­ré une usine à Aus­tin, où nous assem­blons notam­ment des modules blocs-avant et des modules cock­pit pour le construc­teur américain.

Quelles pistes explorez-vous en termes de R&D et d’innovation ? 

Dans un monde qui se trans­forme tou­jours plus vite, l’enjeu n’est plus de déve­lop­per la meilleure tech­no­lo­gie, mais d’être le plus rapide. Conscients de cette réa­li­té, nous mul­ti­plions les col­la­bo­ra­tions avec des acteurs de l’innovation de la R&D. Nous tra­vaillons avec des dizaines de start-ups, mais aus­si avec le CEA, l’Institut Lan­ge­vin en France, le MIT aux États-Unis, ain­si que d’autres acteurs en Europe ou encore en Chine. Au-delà du volet « maté­riaux », il s’agit aus­si d’innover dans les logi­ciels alors que les véhi­cules embarquent tou­jours plus d’intelligence. Il y a un an et demi, nous avons ain­si lan­cé une enti­té dédiée à cette acti­vi­té logicielle.

Nous tra­vaillons aus­si sur les sys­tèmes de packs de bat­te­ries pour la mobi­li­té lourde et com­mer­ciale. Dans le même temps, nous conti­nuons à déve­lop­per des sys­tèmes de réser­voirs pour des véhi­cules hybrides en concen­trant nos efforts sur la réduc­tion du poids et des coûts. Nous inno­vons pour l’extérieur du véhi­cule afin d’introduire tou­jours plus de maté­riaux recy­clables ou recy­clés et nous tra­vaillons sur l’aérodynamisme de nos pro­duits pour qu’ils soient plus légers et contri­buent ain­si à réduire la consom­ma­tion d’énergie. 

Au-delà, nous sommes aus­si vigi­lants à l’empreinte car­bone de nos 152 usines dans le monde. Nous allons atteindre la neu­tra­li­té car­bone de toutes nos acti­vi­tés opé­ra­tion­nelles le 1er jan­vier 2025. Pour y par­ve­nir, nous action­nons plu­sieurs leviers dont la moder­ni­sa­tion de notre outil indus­triel, le ver­dis­se­ment de l’énergie consom­mée, la digi­ta­li­sa­tion, le recours à l’IA, etc.

En matière de mobilité décarbonée, quels sont les principaux freins qui persistent, selon vous ?

Sur le plan tech­no­lo­gique, il s’agit de déter­mi­ner quelles tech­no­lo­gies nous per­met­tront de décar­bo­ner les mobi­li­tés. Les approches sont très dif­fé­rentes d’une géo­gra­phie à l’autre. À notre niveau, nous pen­sons notam­ment que la volon­té de l’Europe de se détour­ner com­plè­te­ment des moto­ri­sa­tions ther­miques est un choix hasar­deux. En outre, la décar­bo­na­tion de la mobi­li­té, notam­ment indi­vi­duelle, ne doit pas concer­ner uni­que­ment les nou­veaux véhi­cules qui arrivent sur le mar­ché. En effet, le véri­table défi est de décar­bo­ner le parc exis­tant avec des voi­tures dont l’âge moyen est d’une dizaine d’années et qui pol­luent consi­dé­ra­ble­ment. Il est essen­tiel de pro­po­ser des alter­na­tives acces­sibles à tous les ménages, alors que beau­coup en France ne peuvent pas ache­ter un véhi­cule 100 % électrique.

Enfin, pour accé­lé­rer le déploie­ment de la mobi­li­té élec­trique à bat­te­rie et à hydro­gène, il faut déve­lop­per, en paral­lèle, l’infrastructure annexe, mais éga­le­ment garan­tir l’accès à une élec­tri­ci­té verte et à un hydro­gène d’origine renouvelable.

Dans cette continuité, comment vous projetez-vous ?

Au fil des décen­nies, OPmo­bi­li­ty a tou­jours envi­sa­gé l’avenir avec opti­misme. Encore aujourd’hui, le Groupe est déte­nu à 60 % par la famille fon­da­trice, ce qui nous per­met d’avoir une vision de long terme.

Aujourd’hui, nous conti­nuons à déve­lop­per notre offre tech­no­lo­gique pour contri­buer à inven­ter la mobi­li­té de demain, plus durable, plus connec­tée, mais qui doit res­ter abor­dable. Nous ren­for­çons notre pré­sence dans nos mar­chés his­to­riques tout en nous déve­lop­pant dans de nou­velles géo­gra­phies et en adap­tant nos stra­té­gies aux spé­ci­fi­ci­tés locales. En paral­lèle, notre ambi­tion est aus­si d’être un acteur recon­nu de toutes les mobi­li­tés : mobi­li­té indi­vi­duelle, lourde, fer­ro­viaire, com­mer­ciale… Cette stra­té­gie nous a per­mis de dépas­ser le cap des 10 mil­liards de chiffre d’affaires pour la pre­mière fois en 2023 !

Pour mener de front l’ensemble de vos projets, le capital humain est clé. Quelles sont les compétences que vous recherchez pour renforcer vos équipes ? 

Parce que la tran­si­tion éner­gé­tique ne pour­ra pas se faire sans la tech­no­lo­gie, nous avons besoin de nous entou­rer d’ingénieurs de talent qui sou­haitent appor­ter leur contri­bu­tion à leur niveau. Chez OPmo­bi­li­ty, nous connais­sons des cycles de déve­lop­pe­ment de plus en plus courts, ce qui per­met à nos ingé­nieurs d’apprécier les résul­tats de leurs efforts et de leur tra­vail dans des délais moyens de 1 à 2 ans. Au-delà, nous leur pro­po­sons des car­rières en France et à l’international, au sein d’un Groupe fami­lial et entre­pre­neu­rial, qui valo­rise l’esprit d’initiative, la curio­si­té, la diver­si­té, l’innovation et l’humain.

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