La start-up qui aligne le changement climatique et les risques d’investissements financiers
Fortement engagée sur les sujets de finance durable, de finance climat, de performance extra-financière et de lutte contre le dérèglement climatique, Nahima Selouane a cofondé SlowfinTech et créé la marque Deep4Climate afin d’éclairer et de rendre plus pertinents le processus de prise de décision de financement et d’investissements. Elle nous détaille sa vision et son projet dans cette interview.
Quels sont les constats qui vous ont menés à créer l’outil Deep4Climate ?
Deep4CLimate est une solution, mais aussi une marque déposée à l’INPI, qui s’inscrit dans la continuité de la start-up que j’ai cofondée en 2023, SlowfinTech. La finalité du projet Deep4Climate est de développer une technologie autour du sujet de la finance climat avec une volonté forte d’apporter de la profondeur et de l’analyse prédictive sur les enjeux climatiques afin de bien les intégrer dans toute démarche de financement et d’investissement. Au-delà de la démarche morale et sociétale, au regard des manifestations du dérèglement climatique, il est aujourd’hui essentiel d’intégrer ces dimensions à tous ces projets.
Vous travaillez donc au développement d’une solution numérique et technologique qui permet de prendre des décisions d’investissement éclairées et alignées sur la trajectoire climat. Dites-nous en plus.
Deep4Climate est à la croisée du monde de la Fintech et de la ClimateTech (CleanTech) et s’adresse à l’industrie de l’investissement et du financement de manière large, aussi bien le secteur financier que les grandes entreprises ou industries. En effet, nous développons un outil d’aide à la décision qui doit permettre aux décideurs de prendre en compte la notion de changement climatique dans leurs décisions d’investissement ou de financement. Notre solution innovante s’adresse aussi aux dirigeants pour les aider à dérisquer leurs investissements en anticipant les enjeux environnementaux et climatiques.
“Deep4Climate est à la croisée du monde de la Fintech et de la ClimateTech (CleanTech) et s’adresse à l’industrie de l’investissement et du financement de manière large, aussi bien le secteur financier que les grandes entreprises ou industries.”
Parce que notre outil vise à accélérer et rendre plus pertinente la décarbonation, nous avons accordé un intérêt particulier à la notion de sobriété dans la conception, le développement et, in fine, l’usage de notre solution. Nous contribuons ainsi au développement d’un numérique plus durable et responsable !
Quelles sont les principales fonctionnalités de votre solution ?
Elle permet d’agréger et de collecter la donnée afin de fournir aux utilisateurs une modélisation visuelle qui prend la forme d’une visualisation graphique et cartographiée de l’impact du changement climatique sur le cycle de vie des projets et financements envisagés grâce à un scoring afin d’évaluer le niveau de risque puis d’accompagner la décision pour adapter les projets afin d’atténuer leur impact sur le dérèglement climatique.
Dans la finance traditionnelle, en amont d’un investissement ou d’un financement, nous allons avoir une évaluation du risque entreprise avec une analyse du risque de solvabilité, un scoring… Avec Deep4Climate, notre objectif est de systématiser et d’appliquer cette démarche à la prise en compte des risques liés au dérèglement climatique. À partir de cette analyse, une entreprise va pouvoir vérifier si le projet qu’elle envisage de financer est en ligne avec les Accords sur le Climat, les rapports du GIEC, la trajectoire de décarbonation nationale…
Quand je présente l’outil et sa valeur ajoutée, je prends très souvent l’exemple du bâtiment Le Signal en Gironde à Soulac-sur-Mer qui a dû être détruit à cause de l’érosion côtière. À l’époque, si les décideurs autour du projet avaient pu avoir accès à un outil comme Deep4Climate, l’impact du dérèglement climatique sur le projet aurait pu être évalué, ce qui aurait, par extension, questionné la pertinence de l’investissement.
En quoi votre démarche est-elle pertinente ?
Le contexte réglementaire est marqué par des évolutions majeures qui impactent l’industrie du financement et de l’investissement. Au cœur des préoccupations, on retrouve la CSRD ou bien encore la taxonomie européenne. Ces règlements européens soulignent l’importance d’appréhender les transitions en cours sous un angle financier et extra-financier.
Notre outil a vocation à aider les entreprises, les acteurs du monde financier, les dirigeants à développer une lecture extra-financière dans sa dimension climatique des projets. Pour ce faire, nous développons en interne une IA spécifique adossée au Big Data et à une ingénierie robuste afin que les prédictions, les analyses, les scorings soient toujours plus pertinents.
Deep4Climate n’a pas vocation à se substituer aux outils disponibles sur le marché qui permettent d’analyser la durabilité, les émissions et l’empreinte carbone, l’ESG, mais de les compléter avec une brique technologique qui va venir agréger et collecter l’ensemble de ces informations afin de les analyser au travers du prisme des risques physiques et de transition. Nous déployons ainsi une approche qui répond aux problématiques des acteurs privés, mais également publics, notamment les conseils régionaux, les collectivités locales, et plus largement l’État.
Justement, pour généraliser cette approche vertueuse de la finance durable, quels sont, selon vous, les freins qu’il faut encore lever ?
Face à ce changement de paradigme majeur, nous avons opté pour une posture de conseil et de facilitateur grâce à l’Intelligence Artificielle (IA), qui va vulgariser l’ensemble de ces enjeux pour que les décideurs puissent s’en saisir pleinement. Plus que jamais, il est essentiel d’approfondir la connaissance de l’ensemble des parties prenantes.
“Face à ce changement de paradigme majeur, nous avons opté pour une posture de conseil et de facilitateur grâce à l’Intelligence Artificielle (IA), qui va vulgariser l’ensemble de ces enjeux pour que les décideurs puissent s’en saisir pleinement. Plus que jamais, il est essentiel d’approfondir la connaissance de l’ensemble des parties prenantes.”
Au-delà, nous pensons que la réglementation a un rôle majeur à jouer afin d’accélérer la prise en compte des risques de transitions. Avec la CSRD, aujourd’hui, nous franchissons un cap structurant. Il nous semble important de maintenir ces efforts. Plus qu’une contrainte, la réglementation doit être considérée comme moteur pour que l’ensemble des parties prenantes se mettent en ordre de marche ! Deep4Climate est en première ligne pour accompagner et pérenniser ces évolutions, car il est important de mettre à la disposition des entreprises des outils, du conseil et de l’accompagnement pour les aider à développer et à se positionner sur des projets durables aussi bien sur le plan financier qu’extra-financier.
Quelles sont les prochaines étapes pour Deep4Cliamte ?
Nous sommes une jeune pousse qui a été créée il y a un an. Nous sommes d’ores et déjà labellisés Finance Innovation et Finance Durable, mais aussi Jeune Entreprise Innovante (JEI‑R). Je suis également lauréate du concours des 101 Femmes de Matignon – 101 Femmes Entrepreneures ! Et finaliste de plusieurs concours Fintech.
Aujourd’hui, nous développons des pilotes avec des grands comptes pour démontrer la pertinence de notre approche. Il s’agira ensuite d’industrialiser la technologie et de se positionner d’abord en France, puis très vite à l’international, car la question climatique est un enjeu global !
Et vous préparez, d’ailleurs, une levée de fonds…
Nous sommes en levée de fonds, à notre stade nous avons opté pour l’Equity Crowdfunding qui prend sens avec notre startup et pour accompagner le développement de notre technologie en vue d’un déploiement commercial dès 2025.