Les entreprises d’insertion sont un moteur du déploiement de l’économie circulaire !
Avant-gardistes et pionnières, les entreprises d’insertion ont historiquement contribué au développement du recyclage au cœur des territoires ; aujourd’hui, elles sont en première ligne pour accompagner le déploiement de l’économie circulaire dans un contexte où les transitions s’accélèrent. En combinant le volet social, économique et environnemental, elles sont un acteur clé de la réussite de ces transitions. Le point avec Stéphanie Gricourt, chargée de mission achats responsables et économie circulaire pour le Grafie, inter-réseau des SIAE (structures d’insertion par l’activité économique) et Éric Gastineau, directeur de Envie Yvelines à Trappes.
Quel est le périmètre d’action de la fédération des entreprises d’insertion ?
Stéphanie Gricourt : La fédération représente 130 adhérents en Île-de-France et 19 000 personnes accompagnées dans un écosystème composé de près de 700 entreprises d’insertion, d’entreprises d’insertion de travail temporaire et d’entreprises d’insertion pour le travail indépendant au niveau national.
En Île-de-France, la vocation de ces entreprises est d’accompagner un peu moins de 17 000 personnes par an vers l’emploi, en les formant notamment à des métiers d’avenir et en levant les freins à l’emploi.
La vocation de l’insertion est également de permettre à près de 70 % des personnes qui suivent ce parcours d’une durée maximale de deux ans d’avoir accès à une solution positive d’emploi ou de formation professionnelle.
En notre qualité de réseau, nous valorisons les initiatives de ces entreprises au travers de la structuration de filières. C’est notamment ce que nous faisons dans le domaine de l’économie circulaire, où nous initions le démarrage de nouvelles activités dans une logique d’adaptation et de conformité aux nouvelles lois. Dans le domaine de l’économie circulaire, cela se traduit par des actions en faveur de la consigne pour les restaurateurs, la réparation de vélo… Pour ce faire, nous coopérons avec d’autres réseaux d’insertion.
Plus particulièrement, quel rôle jouent les structures d’insertion dans le monde de l’économie circulaire ?
Stéphanie Gricourt : Ces structures d’insertion ont joué un rôle clé dans le développement du tri, du recyclage et du réemploi. Cet engagement s’est notamment traduit par le développement de nombreuses ressourceries. Elles ont également développé de véritables spécialisations sur certains segments (matelas, fenêtres…).
Les entreprises d’insertion se positionnent, par ailleurs, comme des partenaires de premier plan pour les entreprises et les accompagnent en ce sens dans la réalisation de leurs objectifs en matière de RSE, notamment au niveau des achats socialement responsables dans le cadre de marchés publics.
Au-delà, les entreprises et les structures d’insertion jouent aussi un rôle de passerelles pour l’emploi et permettent aux entreprises de découvrir des candidats au travers de la mise à disposition de personnel ou de la vente de prestations. Très souvent, les entreprises accueillent certains de ces candidats dans leurs effectifs. Ces coopérations permettent de sécuriser les processus de recrutement et de donner une chance à ce public éloigné de l’emploi.
Qu’est-ce qu’Envie ?
Éric Gastineau : Envie Trappes dans les Yvelines est une entreprise d’insertion, une association qui emploie 45 salariés, dont près de 60 % sont des personnes en parcours d’accompagnement vers le retour à l’emploi durable. Il s’agit de personnes qui sont en rupture avec le monde du travail et que nous accueillons, accompagnons et formons afin de leur donner la possibilité de mettre en avant leurs compétences et leur potentiel pour préparer sereinement un retour vers un emploi.
Envie Trappes fait partie d’un réseau national de structures d’insertion qui comporte une cinquantaine d’associations et d’entreprises dans toute la France et qui représente plus de 3 200 salariés.
En Île-de-France, Envie a deux établissements situés à Trappes et dans le 20e arrondissement de Paris. Notre activité tourne autour du réemploi d’appareils électroménagers. Nous sommes des spécialistes du reconditionnement d’équipements électroménagers domestiques et couvrons en ce sens toute la chaîne de valeur, de la collecte à la distribution, en passant par le tri, le diagnostic, la rénovation et la réparation labellisée QUALIREPAR. Envie Trappes opère aussi dans le champ de l’économie de la fonctionnalité et propose, en ce sens, des services de location et de maintenance préventive d’appareils électroménagers à domicile à destination des particuliers.
Le réseau Envie est donc un acteur majeur et pionnier de l’économie circulaire depuis plus de 40 ans. Aujourd’hui, nous travaillons de manière totalement connectée avec le monde économique lucratif et concurrentiel global, où l’on retrouve des distributeurs, des start-up, des éco-organismes et l’ensemble des acteurs de la filière.
La force et la particularité de notre modèle résident aussi dans son caractère non lucratif. Toute la richesse dégagée est réinvestie dans le projet et au service du développement de missions sociales et environnementales.
Votre périmètre d’action est donc à la croisée des enjeux environnementaux et sociaux. Dites-nous en plus.
Éric Gastineau : En effet ! Nous avons depuis toujours la conviction forte que le respect du vivant, du travail, du collectif, ainsi que la préservation des ressources et le vivre-ensemble sont des sujets à la fois sociétaux, sociaux et environnementaux étroitement liés. Dans ce cadre, l’économie circulaire est la principale illustration de ce cercle vertueux. Elle nous permet de former nos salariés en insertion, de sensibiliser nos propres salariés aux enjeux de la transition écologique, de la lutte contre le gaspillage et de promouvoir des modes de consommation alternatifs.
Notre travail de sensibilisation s’effectue en interne, vis-à-vis de nos propres salariés, mais aussi en externe, vis-à-vis de nos clients, auprès desquels nous valorisons l’économie circulaire et ses différentes dimensions.
Concrètement, au quotidien, dans le cadre de nos interventions, nous associons, d’une part, ces enjeux environnementaux et les enjeux sociaux relatifs à l’insertion et l’accompagnement social de notre public cible.
Les résultats sont là : 70 et 80 % de notre cible retrouve un emploi à la sortie de leur parcours. Je suis personnellement convaincu que cette réussite réside dans la qualité et la richesse des métiers ayant trait à l’économie circulaire.
Quels sont vos liens avec les entreprises ?
Éric Gastineau : 80 % des produits que nous vendons aujourd’hui sont issus de la filière déchet électroménager. Nous travaillons avec les éco-organismes, qui sont l’écosystème écologique de cette filière et qui pilotent, financent et orientent les axes stratégiques de la filière.
Concrètement, nous collectons les produits sur des plateformes distributeurs et intervenons ensuite, en aval, pour fournir les produits auprès des entreprises du territoire. Même si plus de 80 % de nos clients sont des particuliers, nous développons de plus en plus de prestations et d’offres de produits auprès d’entreprises du territoire et de collectivités, à travers des marchés publics également.
Aujourd’hui, sur ce marché concurrentiel de la seconde vie, Envie a développé un véritable leadership. Cette réussite s’explique par notre capacité à équilibrer nos modèles économiques en cohérence avec notre statut d’entreprise solidaire du type social.