La fossilisation accélérée : un procédé unique au service de l’économie circulaire et de la décarbonation
Avec son procédé de fossilisation accélérée, Néolithe s’attaque à des problématiques environnementales majeures et contribue au développement d’une alternative plus vertueuse et circulaire en matière de recyclage et de valorisation des déchets. Nicolas Cruaud (X16), président de Néolithe, nous en dit plus.
Dans le monde de l’économie circulaire, quel est votre positionnement ?
Nous avons créé Néolithe pour appliquer une logique circulaire au traitement des déchets ultimes, ceux qui ne peuvent être recyclés, convaincus qu’une valorisation matière était possible. Notre activité consiste donc à apporter une alternative à l’enfouissement et à l’incinération des déchets tout en séquestrant le carbone biogénique que ceux-ci contiennent. Plus concrètement, nous fabriquons dans nos usines des granulats à partir de déchets non-recyclables et non-dangereux, qui seront ensuite intégrés dans des bétons. Néolithe crée donc des boucles d’économie circulaire où les déchets traités localement contribuent à construire plus sobrement au niveau local.
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Sur un plan technologique, qu’apportez-vous ? Comment fonctionne votre solution de fossilisation accélérée ?
Il faut rappeler en premier lieu que nous visons toujours la meilleure manière de traiter le déchet. Ce qui peut être réutilisé doit l’être, ce qui peut être recyclé doit l’être. Nos usines sont conçues pour traiter 100 000 tonnes de déchets par an, grâce à la « fossilisation accélérée », un procédé mécanique et chimique à froid qui ne génère aucun rejet dans l’air, l’eau ou le sol. Les principales étapes de ce procédé innovant et à forte valeur ajoutée sont :
- La micronisation et le surtri : Néolithe a recours à des procédés de broyage qui permettent de transformer la matière en poudre. Néolithe profite de cette étape pour surtrier la matière, pour séparer les éléments en mélange et réintégrer ceux qui peuvent l’être dans des filières de recyclage (plastiques, métaux, plâtre…).
- Le mélange, la mise sous pression et l’extrusion : une fois micronisé, le déchet est mélangé à un liant minéral bas-carbone. Le tout est ensuite mis sous pression puis extrudé sous la forme voulue, aujourd’hui en granulats.
- Le vieillissement : le granulat gagne ses propriétés mécaniques en passant par une phase cruciale de vieillissement.
À quels secteurs d’activités vous adressez-vous ? Quelles pistes explorez-vous pour étendre vos activités ?
Notre approche circulaire nous amène à devoir penser l’amont et l’aval. L’amont, ce sont les acteurs du déchet, en particulier les centres de tri, les collectivités territoriales, qui nous confient leur refus de tri. Nous traitons autant avec des grands groupes que des entreprises indépendantes et régionales. Les granulats que nous produisons se substituent pour partie à des granulats de carrière, et sont intégrés dans des bétons. Nous intéressons donc les entreprises de la construction et les carriers, à qui l’on offre l’occasion d’utiliser des granulats à l’empreinte carbone largement réduite.
En matière de décarbonation et de réduction de l’empreinte environnementale et carbone, quel est l’apport de Neolithe ?
Le procédé de fossilisation accélérée émet bien moins de CO2eq que les solutions de traitement de déchets en place – l’enfouissement ou l’incinération – avec 151 kg eqCO2 par tonne de déchets traitée.
De plus, la force de la fossilisation réside dans sa capacité à séquestrer le carbone biogénique contenu dans le déchet. La technologie développée par Néolithe interrompt en effet la dégradation naturelle ou accélérée du carbone biogénique, chaque tonne traitée nous permet de séquestrer environ 400 kg eq CO2.
Aujourd’hui, le marché est-il suffisamment mature pour des solutions comme la vôtre ? Quels sont les freins qu’il faut encore lever ?
Les méthodes actuelles de traitement des déchets sont souvent éloignées des objectifs de neutralité carbone européen ou français. Nous apportons donc une réponse industrielle à ces défis. Par ailleurs, la loi TEPCV de 2015 encadre la réduction des capacités d’enfouissement des en France. Au niveau national, des mesures ambitieuses sont mises en place pour encourager la transition vers une économie circulaire et pour réduire l’empreinte carbone. Le cadre législatif et réglementaire va donc dans la bonne direction, bien que nous sentions une réticence de certains acteurs à pivoter.
Chez nos clients, nous sentons une forte attente, une demande pour des alternatives, d’où la traction commerciale qui nous pousse à présenter un plan de déploiement industriel ambitieux dans les prochaines années. Nous mettons l’accent sur la qualité industrielle, technique et environnementale : ce sont les clés de voûte de notre réussite.
Rien n’est simple, mais nous sommes très confiants !
Et dans cette continuité, comment vous projetez-vous ?
Nous sommes à un moment charnière de notre jeune histoire. Les pilotes ont fait leur preuve, il est l’heure d’accélérer. Néolithe s’apprête à déployer plusieurs usines de séquestration du carbone, réplicables à grande échelle dans de nombreux territoires en France. Chaque installation, d’une capacité annuelle de 100 000 tonnes de déchets traités, permettra de réduire et de séquestrer plusieurs dizaines de milliers de tonnes de CO2eq* par an et générera en moyenne 60 emplois non délocalisables par site.
Nos équipes travaillent depuis des mois à ce nouveau modèle d’usine, plus robuste, réplicable, et qui répond à des attentes fortes du marché. Au-delà d’une réussite industrielle ou purement économique, chaque usine sera une solution locale pour le traitement des déchets, autant qu’une manière de séquestrer le carbone.
Nous faisons partie d’une nouvelle génération d’industriels, dont les entreprises ont été créées pour résoudre un problème de société. Je crois à la puissance du levier industriel dans la lutte contre le changement climatique, qui ne doit jamais occulter l’indispensable sobriété vers laquelle nous devons conduire nos sociétés.