Aurélie moy

Être radical, c’est prendre les choses à la racine

Dossier : Urgence écologique : entre réformisme et radicalitésMagazine N°800 Décembre 2024
Par Groupe X Urgence écologique
Par Aurélie MOY (X13)

Après un début de car­rière dans la com­pen­sa­tion des émis­sions de GES via la refo­res­ta­tion, Auré­lie Moy a pris conscience de l’urgence à remettre en ques­tion pro­fon­dé­ment les modèles éco­no­miques des entre­prises. Elle relate ce moment de bas­cule déter­mi­nant pour son enga­ge­ment, et l’importance pour elle de la com­po­sante émotionnelle.

Aurélie, pour démarrer, pourrais-tu nous résumer ton parcours professionnel ?

J’ai inté­gré l’X en 2013, j’y ai sui­vi le par­cours Sciences pour les défis de l’environnement et, en 4A, j’ai fait un mas­ter d’ingénieur envi­ron­ne­men­tal à l’UNSW de Syd­ney (à l’époque, je n’avais pas encore de scru­pule à prendre l’avion !). À mon retour en France, j’ai trou­vé un pre­mier emploi chez PUR Pro­jet. C’est une entre­prise qui opère des pro­jets de refo­res­ta­tion, d’agroforesterie et de conser­va­tion fores­tière, finan­cés par des entre­prises si pos­sible au sein de leur propre chaîne de valeur (le concept d’inset­ting).

J’étais très séduite par leur vision au démar­rage mais, au bout d’un an, j’ai déchan­té, je n’étais plus ali­gnée avec cette vision. Par ailleurs, je ne sup­por­tais plus de vivre à Paris. J’avais com­men­cé à créer le Ty Vil­lage – un lieu qui offre à la loca­tion des empla­ce­ments pour tiny houses –, je fai­sais régu­liè­re­ment des allers-retours à Saint-Brieuc où la vie me parais­sait beau­coup plus douce. 

En 2019, j’ai donc déci­dé de quit­ter PUR Pro­jet et je me suis ins­tal­lée en Bre­tagne où j’ai consa­cré la plus grande par­tie de mon temps au Ty Vil­lage. C’est le moment où l’on a com­men­cé à dis­cu­ter, avec Vincent Raba­ron (X02) que j’avais ren­con­tré chez PUR Pro­jet, de l’idée d’une agence de redi­rec­tion éco­lo­gique. C’étaient les fon­de­ments de ce qui s’appelle aujourd’hui 21–22.

« Sans une remise en question profonde des modèles économiques des entreprises, la réponse ne sera jamais à la hauteur des défis. »

Nous nous retrou­vions autour du même constat : on pour­ra plan­ter tous les arbres de la terre ; sans une remise en ques­tion pro­fonde des modèles éco­no­miques des entre­prises, la réponse ne sera jamais à la hau­teur des défis. Au-delà des amé­na­ge­ments de méthode, des sys­tèmes de com­pen­sa­tion, il faut tra­vailler au sein des entre­prises sur des bifur­ca­tions, des chan­ge­ments de cap. 

Aujourd’hui, je passe le plus gros de mon temps à tra­vailler au sein de 21–22, où je fais de la sen­si­bi­li­sa­tion aux ques­tions éco­lo­giques via toutes sortes d’ateliers, de la for­ma­tion et de l’accompagnement. Depuis deux ans, j’explore aus­si la voie plus sen­sible de l’écologie à tra­vers le Tra­vail qui Relie (TQR), une démarche de tra­vail en groupe per­met­tant d’aborder la ques­tion des dés­équi­libres éco­lo­giques et sociaux en liant les dimen­sions cor­po­relle, émo­tion­nelle et spi­ri­tuelle avec notre com­pré­hen­sion ration­nelle du monde. J’anime des ate­liers auprès du grand public et je com­mence à intro­duire l’écologie sen­sible dans mon tra­vail avec les organisations.

Tu dis : on pourra planter tous les arbres du monde ; si on ne change pas le paradigme, ce ne sera jamais à la hauteur des défis. Peux-tu développer ?

Les pro­jets de plan­ta­tion d’arbres en agro­fo­res­te­rie sont de beaux pro­jets qui font du bien au cli­mat, au sol, à l’eau, à la bio­di­ver­si­té, aux pay­sans et pay­sannes… D’un point de vue local c’est super. Le pro­blème est que ce sont des pro­jets qui res­tent au ser­vice de la crois­sance de l’entreprise, sans aucune remise en cause des fon­de­ments de son modèle éco­no­mique et de la com­pa­ti­bi­li­té de ce modèle éco­no­mique avec les limites pla­né­taires (cf. article p. 24). J’ai eu une prise de conscience ver­ti­gi­neuse quand j’ai com­men­cé à me dire que, avec mon tra­vail chez PUR Pro­jet, je contri­buais à faire aller le monde dans la direc­tion oppo­sée à celle que j’aimerais qu’il prenne.

Quel est le mouvement que tu aimerais voir advenir et comment cela irrigue-t-il ton accompagnement en entreprise ?

Il y a une chose dont je suis convain­cue, c’est que la solu­tion à tout ça est néces­sai­re­ment simple. Pour moi, le cœur de la redi­rec­tion éco­lo­gique, c’est de ques­tion­ner le modèle éco­no­mique et par­fois la rai­son d’être des entre­prises. Dans les approches de type déve­lop­pe­ment durable ou RSE, on ne ques­tionne pas la fina­li­té, mais uni­que­ment les moyens. On va conti­nuer à faire la même chose, mais on va le faire autrement. 

On va chan­ger sa flotte de véhi­cules, peut-être revoir son pro­ces­sus opé­ra­tion­nel, mettre des pou­belles de tri et enle­ver les gobe­lets en plas­tique de la café­té­ria… là où la redi­rec­tion éco­lo­gique vient ques­tion­ner la fina­li­té, la rai­son d’être et le modèle éco­no­mique de l’organisation. Par exemple, un de nos clients his­to­riques chez 21–22 est une com­pa­gnie aérienne. On les a aidés à regar­der droit dans les yeux les tra­jec­toires climatiques.

“Dans les approches de type développement durable ou RSE, on ne questionne pas la finalité, mais uniquement les moyens.”

Qu’est-ce que ça veut dire, l’Accord de Paris ? Qu’est-ce que ça implique pour l’entreprise en termes de tra­jec­toire de réduc­tion néces­saire ? On les accom­pagne pour défi­nir leur objec­tif Science Based Tar­gets (c’est-à-dire ali­gné avec les sciences cli­ma­tiques) et à mettre en face de cet objec­tif toutes les solu­tions exis­tantes à ce jour (éco­pi­lo­tage, renou­vel­le­ment de la flotte d’avions, car­bu­rant durable d’aviation, etc.). Puis on addi­tionne tous les gains per­mis par ces solu­tions dans les scé­na­rios actuels de crois­sance du tra­fic aérien… et il appa­raît que le cumul de ces solu­tions ne per­met pas d’atteindre la tra­jec­toire visée. 

Petit à petit émerge alors la ques­tion sui­vante : est-ce qu’il ne fau­drait pas étu­dier la pro­jec­tion de crois­sance du tra­fic ? Bien sûr ça prend du temps, ça ne se fait pas du jour au len­de­main. Mais, une fois qu’on a tour­né le pro­blème dans tous les sens et qu’on voit qu’il n’y a pas de solu­tion suf­fi­sante, la seule ques­tion qui n’a pas encore été explo­rée, c’est : est-ce qu’on a besoin de faire voler autant d’avions et qu’est-ce que ça vou­drait dire pour nous, com­pa­gnie aérienne, un scé­na­rio de sta­bi­li­sa­tion voire de décrois­sance du tra­fic aérien ? 

Bien sûr, ça intro­duit plein de dis­so­nances au sein de l’organisation. C’est dif­fi­cile. Mais c’est cela, reve­nir à la racine : oser s’interroger sur la fina­li­té de l’entreprise et peut-être l’amener à envi­sa­ger d’autres voies de déve­lop­pe­ment plus com­pa­tibles avec les limites planétaires.

Quel est ton apport dans ces accompagnements ?

Per­mettre l’émergence d’un ima­gi­naire par­ta­gé est un énorme enjeu dans la redi­rec­tion éco­lo­gique. J’ai vrai­ment une grande appé­tence pour la faci­li­ta­tion des pro­ces­sus de groupe, c’est mon cœur de com­pé­tence. En ce moment, j’anime beau­coup l’atelier « Inven­tons nos vies bas car­bone ». Le gou­ver­ne­ment fran­çais s’est don­né pour objec­tif de for­mer 25 000 cadres supé­rieurs de la fonc­tion publique d’État aux sujets écologiques.

“Faire émerger au plus profond de soi l’élan de prendre soin de la vie.”

L’atelier Inven­tons nos vies bas car­bone aborde la ques­tion des leviers d’accélération de la tran­si­tion éco­lo­gique dans le cadre de ce par­cours de for­ma­tion de 30 heures. J’anime ces ate­liers, je forme des agents de l’État à ani­mer eux-mêmes et je les accom­pagne dans leurs pre­mières ani­ma­tions. J’adore faire cela. L’autre grande source d’enthousiasme dans ma vie pro­fes­sion­nelle en ce moment, c’est l’animation d’ateliers d’écologie sen­sible selon le pro­ces­sus du Tra­vail qui Relie, pour ame­ner les per­sonnes à une recon­nexion à elles-mêmes, aux autres et au reste du vivant, pour faire émer­ger au plus pro­fond l’élan de prendre soin de la vie.

Comment le Travail qui Relie est-il reçu dans les entreprises que tu accompagnes ?

Mon expé­rience du Tra­vail qui Relie en entre­prise la plus signi­fi­ca­tive a eu lieu en octobre der­nier avec une petite tren­taine de per­sonnes char­gées des sujets « car­bone » dans des entre­prises de faci­li­ty mana­ge­ment. La majo­ri­té des per­sonnes dans ce groupe ont été très tou­chées, et d’autres ont mon­tré de fortes résis­tances. Ça a été une expé­rience très appre­nante sur la manière d’introduire le tra­vail sur les émo­tions dans un contexte pro­fes­sion­nel, d’aborder la dif­fé­rence cultu­relle, de res­pec­ter les limites de cha­cun et chacune.

C’est un énorme chan­ge­ment cultu­rel de par­ler d’émotions dans un contexte pro­fes­sion­nel, de don­ner une place aux vivants autres qu’humains, de pro­po­ser des acti­vi­tés qui impliquent le corps. Si je mets autant d’énergie à ani­mer des ate­liers de Tra­vail qui Relie ou les ren­contres de prin­temps d’X Urgence éco­lo­gique, c’est parce que j’ai l’impression de m’être moi-même vrai­ment mise en mou­ve­ment par rap­port aux ques­tions éco­lo­giques, en vivant des moments forts avec d’autres humains. Et j’ai envie que d’autres puissent vivre ça dans leur cœur et dans leur corps, pour faire cette bas­cule à leur tour. Et, si c’est vécu avec des col­lègues, ça pour­ra ame­ner des chan­ge­ments plus pro­fonds dans les organisations.

Selon toi, c’est dans une expérience profondément émotionnelle que résident les leviers de changement les plus puissants. Voilà un point de vue très inhabituel dans nos communautés polytechniciennes.

À ma sor­tie de l’X, avec mon mas­ter d’ingénieur en envi­ron­ne­ment, je savais faire des ana­lyses de cycle de vie, comp­ta­bi­li­ser du car­bone ; je com­pre­nais le prin­cipe des limites pla­né­taires. Mais, tout cela, c’est vrai­ment une éco­lo­gie intel­lec­tuelle, ration­nelle, car­té­sienne, scientifique.

Aujourd’hui, si j’ai envie de mettre toute mon éner­gie pour prendre soin de la vie, ce n’est pas tant parce que j’ai com­pris les limites pla­né­taires et le dérè­gle­ment cli­ma­tique. C’est parce que, pro­fon­dé­ment, je me sens faire par­tie du vivant qui souffre de nos excès. Et du coup c’est un élan vital au plus pro­fond de moi qui s’exprime et qui me donne toute l’énergie dont j’ai besoin pour œuvrer.

Je vois vrai­ment ça comme le pas­sage d’une éco­lo­gie de la tête à une éco­lo­gie sen­sible. Et c’est ce que j’ai envie de trans­mettre parce que j’ai vécu ce pas­sage, qu’il a chan­gé beau­coup de choses pour moi, et aus­si qu’il me donne accès à beau­coup plus de joie et d’espérance que la simple approche rationnelle.

Le thème de ce dossier, c’est « entre radicalités et réformisme »… 

Éty­mo­lo­gi­que­ment, être radi­cal, c’est prendre les choses à la racine. J’assume com­plè­te­ment le fait de cher­cher la radi­ca­li­té au sens de cher­cher la racine des crises éco­lo­giques. Et, pour moi, la racine est dans nos cœurs. Je crois que tous les dérè­gle­ments aux­quels nous assis­tons pro­viennent du fait qu’on a été cou­pé de soi-même, de ses émo­tions, des autres et du reste du vivant, qu’on a per­du le lien avec tout ce qui vous entoure. Et cette culture de la sépa­ra­tion est entre­te­nue dans les grandes écoles, notam­ment les écoles d’ingénieurs, où seule la rai­son est reconnue.

J’observe qu’il y a beau­coup de per­sonnes conscientes de l’urgence envi­ron­ne­men­tale qui conti­nuent à faire leur métier comme si de rien n’était. Ça leur est pos­sible parce qu’ils sont décon­nec­tés d’eux-mêmes, de leurs émo­tions ; ils n’entendent plus cette dis­so­nance au fond d’eux ; ils sont cou­pés du vivant qui souffre en eux. Cette décon­nexion au sen­sible ali­mente le busi­ness as usual qui détruit la vie.

Tu as une vision très radicale de ce qui doit changer, mais tu empruntes une voie plutôt réformiste avec un accompagnement des acteurs sur le temps long. N’est-ce pas source de frustration ou de découragement ?

Oui, la frus­tra­tion et le décou­ra­ge­ment font par­tie du cock­tail d’émotions que je res­sens régu­liè­re­ment face à l’inertie et à la len­teur des chan­ge­ments en cours au regard de l’urgence. Ici encore, le Tra­vail qui Relie m’aide à accueillir ces émo­tions, à por­ter un nou­veau regard et à conti­nuer à aller de l’avant. Par­mi les ima­gi­naires qui m’inspirent, je retiens une image décou­verte durant The Week, celle des grains de sable qui, accu­mu­lés, peuvent faire pen­cher la balance du côté de la vie.

Aujourd’hui, la majo­ri­té des grains de sable pèse du côté d’un rap­port au vivant qui est des­truc­teur. Mais plein de grains de sable sont en train de se dépla­cer et de s’engager au ser­vice de la vie. Leur poids n’est pas encore suf­fi­sant pour modi­fier l’équilibre de la balance mais, un jour, un xe grain de sable fera bas­cu­ler l’équilibre. L’effet de bas­cule aura été ren­du pos­sible non seule­ment par ce xe grain de sable, mais aus­si par tout ce qui aura été réa­li­sé aupa­ra­vant sans résul­tat visible. Cette image me donne de l’espérance et de l’énergie pour conti­nuer à œuvrer, petit pas après petit pas.

Comment envisager que cette part sensible puisse s’inviter demain dans le cursus à l’X, et des grandes écoles en général ?

Il me paraît néces­saire de prendre en compte la dimen­sion émo­tion­nelle des bou­le­ver­se­ments éco­lo­giques dans les cur­sus. D’abord parce que c’est un sujet de san­té men­tale qui touche tout le monde, en par­ti­cu­lier les jeunes. Ça me sem­ble­rait utile de faire appel à des pro­fes­sion­nels spé­cia­li­sés dans l’accompagnement des per­sonnes face à la crise éco­lo­gique, par exemple des psy­cho­logues du RAFUE – réseau des pro­fes­sion­nels de l’accompagnement face à l’urgence éco­lo­gique – ou au mini­mum des psy­cho­logues for­més aux éco-émotions.

Ensuite, chaque pro­fes­seur pour­rait mettre un peu plus de cœur et un peu plus de corps dans ses cours. J’ai échan­gé récem­ment avec un ensei­gnant-cher­cheur de Cen­trale Supé­lec qui est en train de créer un nou­veau par­cours sur les sujets éco­lo­giques. Il m’a décrit la liste de tous les conte­nus qui étaient pré­vus sur l’état des lieux (cycles du car­bone, limites pla­né­taires, limite des res­sources, bio­di­ver­si­té, pol­lu­tion eau et air), les outils scien­ti­fiques (éco-concep­tion et low tech, risques des évé­ne­ments extrêmes, ana­lyse du cycle de vie – ACV, indi­ca­teurs pour le pilo­tage de poli­tiques envi­ron­ne­men­tales, éco­no­mie de l’environnement), les sciences humaines, etc.

Après que j’ai fait remar­quer l’absence d’une brique émo­tion­nelle, ils ont déci­dé d’ajouter un ate­lier de trois heures d’initiation au Tra­vail qui Relie, avec la pos­si­bi­li­té pour les per­sonnes inté­res­sées d’approfondir. J’ai le sen­ti­ment qu’il y a plein de nou­velles approches péda­go­giques qui se déve­loppent, qu’il y a des profs qui sont sen­sibles à ça et qui ont les clés en main pour lais­ser une place aux émo­tions dans leurs cours. C’est réjouissant !

Aurais-tu des lectures à nous recommander ? des inspirations ?

J’ai eu une période de bou­li­mie de livres pen­dant ma « bas­cule éco­lo­gique » il y a quelques années, durant laquelle j’ai été par­ti­cu­liè­re­ment tou­chée par le Petit manuel de résis­tance contem­po­raine de Cyril Dion et bien sûr par L’espérance en mou­ve­ment de Joan­na Macy, qui pose les fon­de­ments du Tra­vail qui Relie. Aujourd’hui j’ai plu­tôt envie de par­ta­ger la magni­fique chan­son Amour de Kalune, dans laquelle il y a cette phrase : « Être radi­cal, c’est prendre les choses à la racine. » Ça résume tout. J’invite tous les lec­teurs et toutes les lec­trices de cet article à écou­ter cette chanson.


Quelques références pour aller plus loin au sujet du Travail qui Relie : 

  • Joan­na MACY, Mol­ly YOUNG BROWN, Éco­psy­cho­lo­gie pra­tique et rituels pour la Terre, Le Souffle d’Or, 2008. 
  • Joan­na MACY, L’espérance en mou­ve­ment, Les édi­tions Labor & Fides, 2018.

2 Commentaires

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DENEUX Thier­ryrépondre
13 décembre 2024 à 17 h 43 min

Remar­quable ! Je sous­cris à 100% et je sug­gère aus­si la lec­ture d’un livre plus ancien, de Gaul­tier Bes, « Radi­ca­li­sons nous », ou la poli­tique par la racine, cf. https://premierepartie.com/boutique/gaultier-bes-radicalisons-nous/
Thier­ry Deneux (72)

Thier­ry DENEUX (72)répondre
13 décembre 2024 à 18 h 42 min

De manière plus pro­fonde, même s’il est néces­saire de ques­tion­ner le modèle éco­no­mique et par­fois la rai­son d’être des entre­prises, cette démarche risque de n’être pas suf­fi­sante car, en effet, on risque alors de ne pas vrai­ment ques­tion­ner la fina­li­té des entre­prises et de façon plus géné­rale, la fina­li­té de toutes nos orga­ni­sa­tions humaines, mais uni­que­ment les moyens. On risque de conti­nuer à faire la même chose, mais en le fai­sant autre­ment. Ques­tion­ner la fina­li­té, la rai­son d’être et le modèle éco­no­mique d’une orga­ni­sa­tion est dif­fi­cile, car on touche alors à quelque chose de plus pro­fond et le plus sou­vent incons­cient : quelle est la fina­li­té de la vie, de notre vie, de la vie des autres, et plus géné­ra­le­ment de tout le « vivant » qui nous entoure ? La ques­tion « éco­lo­gique » ne se posait pas à l’é­poque des reli­gions pre­mières, c’est-à-dire « hier » sur l’é­chelle des temps géo­lo­giques ! Le cycle de le vie, les mur­mures de la vie sur terre lais­saient par­fois jaillir la sym­pho­nie des dieux. Dans ce monde sacra­li­sé et sécu­ri­sé, tout était dans l’ordre, tout avait un sens. Mais, quand au sacré suc­cé­dait l’es­cla­vage, quand la puis­sance des uns sou­met­tait la liber­té des autres, alors, « hier » comme aujourd’­hui, nom­breux étaient, et sont tou­jours, ceux qui se révoltent… Le contexte de notre 21ème siècle est bien sûr dif­fé­rent des mil­lé­naires qui nous ont pré­cé­dés. Les défis sont dif­fé­rents, les sciences expliquent le « com­ment », elles donnent des moyens pour agir, mais elles ne peuvent pas dire grand chose du « pour quoi ». Bra­vo à Auré­lie Moy de mettre son éner­gie et son intel­li­gence au ser­vice de la vie.

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