De Polytechnique à la Terre, un parcours vers l’essentiel

Dossier : Urgence écologique : entre réformisme et radicalitésMagazine N°800 Décembre 2024
Par Antonin LE PRIOL (X17)
Par Groupe X Urgence écologique

Ani­mé par une quête de sens, Anto­nin Le Priol (X17) a fait un choix auda­cieux et radi­cal en quit­tant les sen­tiers bat­tus de l’X pour embras­ser la rura­li­té. À tra­vers son par­cours, il nous invite à repen­ser notre rap­port à la nature, à la socié­té et à notre propre rôle dans la trans­for­ma­tion du monde.

Qu’est-ce qui t’anime dans la vie aujourd’hui ?

Actuel­le­ment, ce qui me motive est de suivre ma joie et de cher­cher un équi­libre juste entre bon­heur, amour et équi­té. En me confron­tant aux enjeux envi­ron­ne­men­taux et aux inéga­li­tés sociales, mon objec­tif est de rendre le monde plus beau et plus juste à mon échelle, à la fois pour moi et pour ce qui m’entoure. Concrè­te­ment, ce sont les pro­blé­ma­tiques de sou­te­na­bi­li­té de notre socié­té qui m’ont conduit à explo­rer le milieu pay­san, notam­ment mes pré­oc­cu­pa­tions quant à la dura­bi­li­té de notre sys­tème ali­men­taire face aux crises environnementales. 

Quand j’étais étu­diant, je me suis avant tout sou­cié de savoir com­ment être utile, de quoi la socié­té allait avoir besoin dans les décen­nies à venir. J’ai alors décou­vert l’ampleur des dif­fi­cul­tés que nous allions ren­con­trer en dépas­sant les limites pla­né­taires, avec des crises de plus en plus vio­lentes et de plus en plus régu­lières, pour les­quelles nous ne sommes pas pré­pa­rés. Cela m’a pous­sé à m’intéresser à la rési­lience de notre sys­tème ali­men­taire et à explo­rer les milieux ruraux pour com­prendre com­ment y contribuer. 

Depuis deux ans et demi, mes acti­vi­tés sont ain­si avant tout orien­tées vers la terre. J’ai décou­vert l’agroforesterie et plus géné­ra­le­ment les pra­tiques liées aux arbres, mais aus­si le maraî­chage. À tra­vers ces dif­fé­rentes pra­tiques, mon but est de me for­mer pour contri­buer à ren­for­cer la rési­lience de notre sys­tème ali­men­taire et pour répondre aux défis environnementaux.

Tu soulignais être touché et animé à la fois par les questions environnementales et les inégalités sociales. Comment cela se concrétise-t-il dans ton parcours ?

J’ai conscience d’être issu d’un milieu pri­vi­lé­gié, dans lequel j’ai évo­lué pen­dant mon enfance et mes études. J’ai gran­di dans un milieu très éli­tiste, béné­fi­ciant de nom­breux avan­tages sociaux, a for­tio­ri en tant qu’homme blanc, et j’ai consta­té que cela m’éloignait des réa­li­tés de la vie quo­ti­dienne d’une grande par­tie de la popu­la­tion. En me connec­tant à la rura­li­té, notam­ment en fai­sant du wwoo­fing – un pro­gramme cultu­rel et édu­ca­tif axé sur l’agriculture pay­sanne durable qui per­met de par­ta­ger la vie quo­ti­dienne sur des fermes bio dans une logique d’apprentissage et d’entraide –, je me suis relié à d’autres milieux et j’ai pris conscience de la rela­tion entre les crises envi­ron­ne­men­tales et les inéga­li­tés sociales. Je me suis de plus en plus politisé. 

Aujourd’hui, mon enga­ge­ment se concré­tise dans une volon­té de vivre plus sim­ple­ment et de manière plus proche des réa­li­tés pay­sannes, mal­gré ce pas­sé pri­vi­lé­gié. Il est impor­tant pour moi que tout le monde soit relié aux acti­vi­tés de base, aux acti­vi­tés liées à la sub­sis­tance, pour que l’on casse les sché­mas de repro­duc­tion et d’inégalité des chances dans nos socié­tés. Je rêve d’un idéal dans lequel nous serions tous et toutes connec­tés et nous connaî­trions cer­taines acti­vi­tés pay­sannes ou arti­sa­nales. De mon point de vue, le fait qu’il y ait une classe qui fait uni­que­ment des acti­vi­tés intel­lec­tuelles crée des pro­blèmes dans nos sociétés.

Quel est ton positionnement aujourd’hui par rapport à tes propres privilèges ?

Mon par­cours est mar­qué par une volon­té de réduire les inéga­li­tés sociales et d’espérer que tout le monde puisse se recon­nec­ter aux acti­vi­tés fon­da­men­tales, comme la pro­duc­tion ali­men­taire et arti­sa­nale. Cela signi­fie aus­si renon­cer à cer­tains pri­vi­lèges, comme un poste bien rému­né­ré ou un réseau influent, pour adop­ter une vie plus connec­tée aux besoins essen­tiels et plus équi­table, en accord avec mes valeurs. Je n’essaye donc pas acti­ve­ment de faire per­du­rer mes pri­vi­lèges, mais je suis conscient de leur exis­tence et je m’efforce de les uti­li­ser au ser­vice du bien com­mun. Plu­tôt que de pro­fi­ter égoïs­te­ment des avan­tages que j’ai eus, je cherche à les mettre à pro­fit de manière juste. Mes diplômes et le sou­tien fami­lial me per­mettent d’explorer des voies moins rému­né­ra­trices et moins sécu­ri­sées finan­ciè­re­ment, comme l’agriculture ou les métiers liés à la nature, tout en contri­buant posi­ti­ve­ment à la société.

Antonin LE PRIOL (X17)

Quelles ont été tes sources de joie, mais aussi tes difficultés, dans ton exploration du monde rural ?

Mes sources de joie incluent l’apprentissage constant sur des sujets essen­tiels comme la pro­duc­tion ali­men­taire et la vie en milieu rural. Pen­dant un an j’ai voya­gé à tra­vers la France et j’ai fait de nom­breuses ren­contres avec des per­sonnes par­ta­geant mes valeurs, puis j’ai arrê­té d’être nomade et j’ai pas­sé l’année sui­vante dans un même lieu, où j’ai pu expé­ri­men­ter le pas­sage des sai­sons et des rela­tions plus pro­fondes avec un petit groupe. J’ai trou­vé beau­coup de joie à expé­ri­men­ter un mode de vie col­lec­tif et décrois­sant au sein de cette communauté. 

En revanche, les dif­fi­cul­tés incluent prin­ci­pa­le­ment le besoin de lâcher prise par rap­port à mes anciennes attaches et rela­tions, en par­ti­cu­lier avec des per­sonnes avec les­quelles j’ai gran­di. Cela peut être dif­fi­cile, mais j’ai d’un autre côté eu la joie de créer de nou­velles rela­tions. Il y a éga­le­ment dans mon mode de vie actuel une incer­ti­tude quant à l’avenir. Depuis deux ans et demi, je vis une cer­taine insta­bi­li­té, sans visi­bi­li­té sur ce que je ferai deux mois plus tard. Par­fois, je res­sens le désir de sta­bi­li­té pour mener des pro­jets sur le temps long, créer des rela­tions durables et m’ancrer pour avoir une influence visible à cette échelle du ter­ri­toire local qui me convient. La mobi­li­té constante et l’incapacité de pla­ni­fier à long terme sont les aspects les plus dif­fi­ciles à gérer dans mon mode de vie actuel.

Comment réagissent tes amis et ton entourage face à ton parcours ?

La réac­tion de mon entou­rage est glo­ba­le­ment posi­tive. Mes amis sont géné­ra­le­ment enthou­siastes et sou­tiennent mes choix, même si cer­tains amis d’enfance ou d’études ne par­tagent pas tou­jours mes opi­nions poli­tiques ou mes valeurs. J’ai cepen­dant moins de contacts avec eux car je passe assez peu en région pari­sienne, où j’ai gran­di. Ma famille, en par­ti­cu­lier mes frères, m’a énor­mé­ment sou­te­nu, ce qui m’aide à pour­suivre mon che­mi­ne­ment avec plus de légè­re­té et de séré­ni­té. Cepen­dant, il y a des cri­tiques qui m’ont pous­sé à réflé­chir davan­tage, notam­ment le fait que je pour­rais uti­li­ser mes com­pé­tences acquises pen­dant mon cur­sus poly­tech­ni­cien dans un poste de res­pon­sa­bi­li­té pour influen­cer le sys­tème de l’intérieur, plu­tôt que de choi­sir une voie paysanne. 

“La vision que j’ai de l’avenir est celle d’un monde décentralisé constitué de petits territoires résilients.”

J’ai consta­té que ceux et celles qui s’engagent dans la pre­mière voie ren­contrent beau­coup de freins et ont du mal à s’épanouir. Je n’ai pas eu envie de me sacri­fier pour faire des choses dont l’efficacité ne m’apparaissait pas convain­cante. J’ai fina­le­ment conclu que, bien que je com­prenne cette pers­pec­tive, je ne trou­vais pas ce che­min épa­nouis­sant et pré­fé­rais suivre ma voie actuelle, même si elle est moins conven­tion­nelle. Je mets donc mon éner­gie dans une acti­vi­té pay­sanne à l’échelle locale, car la vision que j’ai de l’avenir est celle d’un monde décen­tra­li­sé consti­tué de petits ter­ri­toires rési­lients. J’accepte donc de ne pas réuti­li­ser cer­taines connais­sances que j’ai acquises et d’avoir à réap­prendre beaucoup.

Tu parles d’une vision décentralisée. Comment envisages-tu le monde – et ta vie – dans quelques dizaines d’années ?

Je vois l’avenir comme étant mar­qué par des chan­ge­ments radi­caux de notre socié­té, notam­ment en rai­son des crises envi­ron­ne­men­tales et de la dimi­nu­tion des res­sources éner­gé­tiques. Dans 10 à 20 ans, je pense que nous ver­rons une dimi­nu­tion de l’accès à l’énergie facile, ce qui entraî­ne­ra des trans­for­ma­tions majeures dans notre socié­té. Je pense que nous nous diri­ge­rons vers une orga­ni­sa­tion plus décen­tra­li­sée, avec une plus grande impor­tance accor­dée aux pra­tiques locales et durables. Il est pro­bable qu’à moyen terme nous ayons besoin de beau­coup plus d’activités pay­sannes et de moins de mobilité. 

Je redoute éga­le­ment que la mon­tée du fas­cisme en Europe soit encore plus pro­non­cée et que l’on bas­cule dans un sys­tème très auto­ri­taire avec une police très forte, mais j’espère aus­si qu’il y aura des ter­ri­toires qui retrou­ve­ront par la suite une cer­taine auto­no­mie et se concen­tre­ront sur des pra­tiques locales et durables. Je suis conscient que l’avenir est incer­tain, mais mon sou­hait est de contri­buer à une évo­lu­tion vers une socié­té plus équi­table et plus belle, dans laquelle nous pour­rons tous nous nourrir.

Dans quelle dynamique s’inscrit cette activité de planter des arbres ?

Plan­ter des arbres est une façon de s’engager dans le temps long. Les arbres offrent par ailleurs de nom­breux avan­tages pour la ges­tion et la régé­né­ra­tion des sols, les res­sources en eau et la pro­duc­tion ali­men­taire. Ils peuvent aider à lut­ter contre l’érosion, amé­lio­rer la fer­ti­li­té des sols et four­nir des maté­riaux pour la construc­tion, ain­si que des res­sources ali­men­taires, tout en deman­dant rela­ti­ve­ment peu de tra­vail. Si on a accès à moins d’énergie, notre sys­tème ali­men­taire ne pour­ra plus pro­duire autant de res­sources, autant de céréales. 

Avec les arbres, on peut pro­duire une par­tie de son ali­men­ta­tion, notam­ment des fruits secs riches en calo­ries (châ­taignes, noix, amandes, olives, noi­settes pou­vant se sub­sti­tuer en par­tie aux céréales annuelles), ain­si que du four­rage pour les ani­maux. Les arbres sont cepen­dant en train de souf­frir du chan­ge­ment cli­ma­tique et il est dif­fi­cile de savoir à l’avance ce qui va le mieux fonc­tion­ner dans ce contexte d’incertitude. Mal­gré tout, l’agroforesterie et les arbres repré­sentent une voie pro­met­teuse pour ren­for­cer la rési­lience et la dura­bi­li­té de notre environnement.

Durant ton cheminement depuis deux ans et demi, quelles ont été tes principales prises de conscience ?

Au cours des der­nières années, j’ai pris conscience de l’importance d’écouter mes émo­tions, ce qui a pro­fon­dé­ment modi­fié ma per­cep­tion de la vie et mon rap­port à l’autre. Pen­dant mon enfance et jusqu’à ma sco­la­ri­té à l’X, j’avais plu­tôt appris à me cou­per de mes émo­tions. Puis mes frères m’ont mon­tré que je pou­vais écou­ter et accueillir ces émo­tions, au lieu de les blo­quer. Cela m’a ame­né à décou­vrir la com­mu­ni­ca­tion non vio­lente (CNV) et à mieux per­ce­voir et écou­ter la colère et les peines des gens que je rencontre. 

J’ai appris à inté­grer cette écoute émo­tion­nelle dans ma vie quo­ti­dienne, ce qui me per­met aujourd’hui d’interagir de manière plus authen­tique avec moi-même et avec les autres. J’ai éga­le­ment réa­li­sé l’importance de main­te­nir un lien avec les acti­vi­tés de sub­sis­tance, même si je ne fais pas de l’agriculture ou de l’artisanat à plein temps. Je suis per­sua­dé que cette connexion est essen­tielle pour une socié­té équi­li­brée et équi­table. Je ne sais pas encore si je devien­drai pay­san, mais je sou­haite dans tous les cas conser­ver une acti­vi­té liée à ce milieu dans mon quotidien. 

Enfin, même si j’ai per­du la sécu­ri­té d’avoir un ave­nir tout tra­cé et la sta­bi­li­té appa­rente qu’ont la plu­part de mes cama­rades, j’ai appris à appré­cier la liber­té et la beau­té d’une vie incer­taine et impré­vi­sible, qui apporte des sur­prises et des enri­chis­se­ments personnels.

Quels concepts essentiels, selon toi, devraient être davantage mis en lumière pour répondre aux crises actuelles ?

Je pense à l’adaptation radi­cale, un concept appa­ru en 2018 dans un article inti­tu­lé Deep Adap­ta­tion : A Map for Navi­ga­ting Cli­mate Tra­ge­dy, rédi­gé par le cher­cheur anglais Jem Ben­dell. Depuis lors, ce concept est deve­nu un véri­table mou­ve­ment que j’ai décou­vert lors d’un évé­ne­ment orga­ni­sé par des amis à la Ferme légère, un éco­lieu col­lec­tif rural en Béarn, où j’ai vécu pen­dant un an. L’adaptation radi­cale repose sur l’idée que nos socié­tés pour­raient subir des trans­for­ma­tions pro­fondes, voire un effon­dre­ment, en rai­son des crises éco­lo­giques actuelles. Cela nous amène à réflé­chir à plu­sieurs ques­tions cruciales. 

D’abord, celle de la rési­lience : qu’est-ce que nous vou­lons pré­ser­ver ? Sur quoi devrions-nous concen­trer nos efforts de rési­lience ? Qu’est-ce qui est vrai­ment essen­tiel pour nous ? Ensuite, il y a la ques­tion du renon­ce­ment : de quoi pou­vons-nous nous pas­ser ? Qu’est-ce que nous sommes prêts à aban­don­ner ? Puis vient l’idée de récon­ci­lia­tion : avec quoi devons-nous faire la paix dans l’évolution de nos socié­tés, dans notre rela­tion avec le monde et avec les êtres vivants qui nous entourent ? 

Enfin, il y a l’aspect de la res­tau­ra­tion : qu’est-ce que nous aime­rions retrou­ver ou res­tau­rer dans notre monde ? Ce qui m’a par­ti­cu­liè­re­ment mar­qué dans ce concept, ce sont les ques­tions de rési­lience et de renon­ce­ment : à quoi tenons-nous vrai­ment et que sommes-nous prêts à lais­ser der­rière nous ? Pour ma part, je sou­haite m’investir dans des pro­jets qui seront utiles, peu importe la direc­tion que pren­dra l’avenir. Par exemple, plan­ter des arbres me semble essen­tiel car, que nos socié­tés changent radi­ca­le­ment ou non, cela res­te­ra per­ti­nent. Actuel­le­ment, la vie des arbres et les ser­vices qu’ils nous rendent me pas­sionnent. Un autre sujet que je trouve plein de sens et dans lequel j’aimerais m’impliquer davan­tage est la ges­tion des excré­tions humaines, notam­ment l’urine, comme res­source pour fer­ti­li­ser les sols.

As-tu un message à transmettre aux lecteurs de La Jaune et la Rouge ?

Je n’ai pas de mes­sage spé­ci­fique à trans­mettre, étant don­né la diver­si­té du lec­to­rat. Tou­te­fois, je pense que, en tant que pri­vi­lé­giés, nous avons une res­pon­sa­bi­li­té envers la socié­té d’utiliser nos atouts de façon construc­tive, en contri­buant posi­ti­ve­ment au bien com­mun dans un enga­ge­ment sin­cère tour­né vers la jus­tice et l’équité. J’invite donc cha­cun et cha­cune à réflé­chir à la manière dont nous pou­vons uti­li­ser nos pri­vi­lèges pour contri­buer à un monde plus juste et plus durable. C’est en agis­sant à notre échelle que nous pour­rons faire la différence.

Y a‑t-il des ressources qui t’ont marqué et que tu aurais envie de partager ?

Oui, il y a quelques res­sources qui m’ont mar­qué. J’ai conti­nué à lire des livres et à écou­ter des pod­casts qui m’aident à réflé­chir et à che­mi­ner. En voi­ci quelques-uns. Les mots sont des fenêtres de Mar­shall Rosen­berg : ce livre sur la com­mu­ni­ca­tion non vio­lente a pro­fon­dé­ment chan­gé ma manière de com­prendre mes émo­tions et d’écouter les autres. Les pod­casts de Thin­ker­view aus­si : ils offrent des réflexions appro­fon­dies sur divers sujets. Éga­le­ment Terre et liber­té d’Aurélien Ber­lan : ce livre explore l’importance de l’autonomie et de l’activité pay­sanne pour l’avenir. Enfin, les ate­liers de tra­vail en éco­psy­cho­lo­gie : ces ate­liers m’ont aidé à accueillir mes émo­tions et à faire face aux crises actuelles, tout en favo­ri­sant mon che­mi­ne­ment personnel.

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