Crusoé, l’engagement écologique d’un polytechnicien musicien

Crusoé, l’engagement écologique d’un polytechnicien musicien

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°800 Décembre 2024
Par Thierry PARDESSUS (X77)

À un monde en crise, où l’urgence éco­lo­gique et sociale se fait res­sen­tir, Cru­soé, duo d’artivistes, répond par la puis­sance d’une poé­sie musi­cale enga­gée à tra­vers leur spec­tacle Mal à la terre. Avec des textes poi­gnants et une mélo­die déli­cate, ils inter­pellent nos consciences et nous invitent à agir pour un néces­saire chan­ge­ment de paradigme.

L’heure est-elle encore aux chan­sons ? Face à l’urgence éco­lo­gique et sociale, le duo Cru­soé (à la ville Pier­ric Jammes, X02, et Camille Le Stra­dic) nous offre une superbe réponse de poé­sie musi­cale enga­gée dans leur spec­tacle Mal à la terre. Une force poi­gnante et déran­geante, une claque vio­lente infli­gée à nos grandes et petites fai­blesses, ser­vie par une poé­sie déli­cate, pre­nante, rare. Par cet éloge de la dou­ceur, Cru­soé entend accom­pa­gner ceux qui luttent comme l’immense majo­ri­té de ceux qui, moins enga­gés dans l’action, sau­ront être tou­chés au cœur et lais­ser sur­gir des affects posi­tifs. Le néces­saire chan­ge­ment de para­digme ne peut et ne doit sur­tout pas être l’apanage de quelques-uns. « Arti­vistes », ter­riens et nomades, c’est ain­si que se défi­nissent Camille et Pier­ric pour Mal à la terre. Extraits en acrostiche…

« Comme si / On avait le choix / De ne pas por­ter le poids / De la misère / À bout de bras »

Avec le titre Les cigognes, pre­nons de la hau­teur sur nos indif­fé­rences cou­pables et sen­tons en nous la force d’agir. Et, si nous étions tous un peu cigognes, n’y aurait-il pas la place pour de belles aven­tures humaines ?

« Range ta grande scie / Tes lames et tes outils »

Avec le titre Ne coupe pas mon arbre (paroles et musique de Marc Pin­get, auteur-com­po­si­teur de chan­sons pour enfants, ardent défen­seur de la forêt et des choses qui comptent), c’est un rap­pel à l’ordre sur l’évidence, bien trop sou­vent bafouée, de nous pla­cer néces­sai­re­ment dans le temps long. Quelle urgence y a‑t-il en effet à sup­pri­mer notre nature nour­ri­cière, vitale ? Au nom de quelle logique, si ce n’est celle d’une ren­ta­bi­li­té pure­ment éco­no­mique de court terme ?

« Une sobrié­té heureuse »

Dans une socié­té qui semble se rendre aveugle à ses propres empoi­son­ne­ments, Mar­cher sur la tête appa­raît comme la réponse-défi iné­luc­table à choi­sir pour faire pro­gres­ser tous ceux qui ouvrent les yeux et s’engagent.

« Si vous n’avez pas mieux à faire / Allez donc par­ler à une vieille / Elle vous dira le monde… »

Le temps long, qui s’écrit dans les arbres et dans les rides, Grand-mère feuillage vous en conte la beau­té : n’y voyez aucune nos­tal­gie, mais allez y chi­ner la néces­si­té d’une poli­tique humaine des arbres, de l’océan, des abeilles. Si l’amnésie nous touche, eux en revanche nous rap­pellent de façon impla­cable nos égarements.

« On a lacé­ré la terre »

Avec ce pre­mier vers, Les voix de la Terre ouvre le spec­tacle par une méta­phore fon­da­trice. Une lacé­ra­tion par nos traits vir­tuels (nos fron­tières, nos repères : les paral­lèles et les méri­diens) qui pré­cède, accom­pagne et nour­rit une lacé­ra­tion phy­sique, qui nous invite à écou­ter pleu­rer la Terre.

« Être plus fou que les fous, quoi de plus sage à faire »

C’est encore Mar­cher sur la tête qui nous impose ce ques­tion­ne­ment para­doxal, nous invi­tant à nous dépas­ser pour construire nos voies de sagesse.

Vous sou­hai­tez savou­rer toute la poé­sie de Cru­soé et par­ti­ci­per à leur entre­prise « arti­viste » ? Pour suivre leurs aven­tures, écou­ter leur musique en ligne et connaître leurs pro­chaines dates de spec­tacle : https://linktr.ee/crusoemusique.

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