Manufacturing & luxe : des métiers passionnants à la croisée de l’artisanat et de l’innovation
Guillaume Nainville (X05), Directeur Transformation et Projets Stratégiques au service de l’activité manufacturing, évolue au sein de la Maison Cartier depuis plus d’une décennie. Dans cette interview, il revient sur ses fonctions et ses missions et nous en dit plus sur les carrières que cette Maison emblématique du monde du luxe peut offrir à des ingénieurs.
Vous avez rejoint Cartier il y a plus de 10 ans. Quelles sont les principales fonctions que vous avez occupées ?
J’ai commencé ma carrière chez Cartier en 2011 au département marketing, où j’ai exercé différentes fonctions, dont celles de chef de produit pour le segment bridal (bagues de fiançailles et de mariage) ou encore de chef de groupe pour la partie horlogerie. Durant cette première partie de mon parcours, j’ai eu l’opportunité de découvrir les deux principales catégories de produits de la Maison Cartier.
Sept ans plus tard, j’ai rejoint le manufacturing où j’ai travaillé sur le développement produits, un métier plus en lien avec ma formation d’ingénieur et, dans le cadre duquel, sur la base d’un dessin, les équipes se mobilisent pour fabriquer et produire des créations de joaillerie ou d’horlogerie d’exception.
“J’apprécie aussi l’identité de la Maison qui est à la croisée de la tradition et de l’innovation et qui fait, d’ailleurs, écho à l’ADN de l’École polytechnique.”
J’ai ensuite occupé les fonctions de directeur transformation. Au fil des années, la Maison Cartier s’est développée et les interactions entre les départements se sont multipliées. Dans ce cadre, mon rôle consiste à coordonner et fluidifier les flux et les interactions entre les différents départements, pour optimiser les échanges et la collaboration sur des sujets transverses. Au sein de l’activité de la joaillerie, j’ai assuré cette mission pour optimiser le processus de développement de la nouveauté avec des gains d’agilité, ou de réduction de temps de développement… Depuis août dernier, j’occupe ces fonctions au sein de la direction industrielle aussi bien pour la joaillerie que l’horlogerie, et je m’apprête à rejoindre le comité de direction du Manufacturing Joaillerie en janvier prochain.
Au cours de la dernière décennie, j’ai donc eu un parcours varié avec une alternance entre des postes très opérationnels et transversaux, mais aussi des fonctions de manager et de direction.
En quoi consistent vos fonctions de Directeur Transformation et Projets Stratégiques ? Quelles sont les grandes lignes de votre feuille de route ?
Ma mission principale est de contribuer à créer le cadre avec les directions et à co-construire les modalités opérationnelles avec les équipes, pour qu’elles puissent mettre en œuvre la stratégie de l’entreprise. À travers cette démarche d’articulation entre stratégie et tactique, l’enjeu est d’atteindre le niveau de performance attendu tout en s’assurant de la satisfaction de nos collaborateurs et de nos clients : le processus est aussi important que le résultat. Nos outils reposent essentiellement sur la création de relations de confiance, l’autonomisation des équipes et la libération des énergies individuelles contributives au grand projet collectif.
Dans cette logique, ma feuille de route est, en fait, le miroir de la stratégie de la Maison Cartier et consiste donc essentiellement à garantir les moyens nécessaires à la réussite des métiers pour la performance globale de l’entreprise.
Dans ce cadre, à quels enjeux êtes-vous confrontés ?
Le premier défi consiste à traduire la stratégie de l’entreprise en une réalité concrète pour les équipes au quotidien. Cette dimension renvoie au pilotage classique des projets avec l’élaboration et le déploiement de roadmaps, mais aussi à des thématiques comme le leadership, la formation ou encore la communication afin de s’assurer que toutes les parties prenantes d’un projet soient bien embarquées et mobilisées au service de la réussite collective. Cela implique d’avoir une vision duale avec, d’une part, une approche macro et à long terme qui vise à donner aux équipes du sens, une perspective et une ambition, et, d’autre part, une approche plus micro par un accompagnement sur des enjeux ou des projets concrets. Mon rôle est là aussi de trouver le meilleur équilibre entre ces deux visions.
Au sein de la direction industrielle, mon second enjeu consiste à garantir le focus sur les priorités, à aligner les objectifs, les moyens et les plannings entre les 10 manufactures de la Maison localisées en France, en Italie et en Suisse. La déclinaison des objectifs doit rester cohérente entre chaque maillon de la chaîne de valeur grâce à une vision claire de ses missions et de ses responsabilités, ce qui nous permet d’atteindre un optimum global.
« Simplifier la complexité, maintenir et renforcer l’agilité de l’organisation, mettre en relation les départements pour maximiser les synergies, … »
Mon troisième défi tourne autour de l’accompagnement des équipes à toutes les étapes de la conduite du changement. Il s’agit notamment de simplifier la complexité, maintenir et renforcer l’agilité de l’organisation, mettre en relation les départements pour maximiser les synergies, développer et faire monter en compétences les collaborateurs afin qu’ils soient acteurs de la stratégie de l’entreprise, promouvoir les initiatives et les pérenniser, adapter la gouvernance pour accélérer la prise de décision, intégrer les technologies les plus pertinentes, prendre en compte la dimension de développement durable, favoriser la diversité et l’inclusion… J’ai la chance de travailler avec l’ensemble de l’organisation pour adresser ces nombreux sujets.
Pour relever ces défis, quel est le profil de vos équipes ?
On retrouve de nombreux ingénieurs généralistes et spécialisés au sein du manufacturing. Cette diversité nous permet d’adresser une pluralité de sujets techniques et complexes, mais aussi d’apporter un accompagnement transverse à toute l’organisation.
Pouvez-vous nous partager des exemples de chantiers ou de projets qui vous mobilisent ?
Aujourd’hui, nous sommes mobilisés sur la promotion du projet d’entreprise afin que chaque personne puisse se l’approprier, le vivre au quotidien et y contribuer. En parallèle, nous travaillons aussi sur la refonte de notre gouvernance digitale dans un contexte où les métiers du manufacturing sont fortement impactés par les nouvelles technologies, notamment l’IA et la data, et où il faut repenser le rôle de l’Humain. En effet, mon rôle est de garantir que tous les collaborateurs puissent s’approprier ces nouveaux outils. Pour ce faire, nous misons sur la formation, la communication, l’accompagnement sur le terrain et surtout l’implication dans la conception de ces outils qu’ils vont être amenés à utiliser quotidiennement.
Dans le cadre de vos missions, comment capitalisez-vous sur votre formation d’ingénieur ?
La joaillerie et l’horlogerie de luxe sont des métiers techniques qui nécessitent des expertises pointues aussi bien dans le domaine industriel qu’artisanal, l’organisation matricielle est parfois complexe à mobiliser d’un point de vue holistique. La formation à l’école Polytechnique permet d’appréhender cette complexité et technicité. Elle permet de s’inscrire dans une démarche d’apprentissage continu, une qualité particulièrement appréciable dans le contexte très mouvant dans lequel nous évoluons !
Enfin, j’avais réalisé ma 4e année en partenariat avec HEC où j’ai développé des compétences complémentaires à ma formation d’ingénieur dans les soft skills : en management, en leadership… ou encore en marketing. Cette double formation s’est avérée particulièrement adaptée au monde du luxe.
Quelles sont les perspectives de carrière qu’une maison emblématique du monde du luxe comme Cartier peut offrir à des ingénieurs ?
Cartier offre un large panel de métiers aux ingénieurs aussi bien en Europe que dans le reste du monde. Ils peuvent faire carrière dans le marketing, le commercial, la supply chain ou la finance… Dans le domaine du manufacturing, ils vont pouvoir s’appuyer sur leur formation initiale pour contribuer, par exemple, au développement de nouveaux produits, à la qualité, l’industrialisation, la production, l’excellence opérationnelle, ou le digital… Ils ont de larges possibilités de naviguer entre des postes opérationnels et des fonctions managériales en fonction de leurs aspirations professionnelles.
De plus, la Maison Cartier propose aux jeunes diplômés un Graduate Program durant lequel ils vont pouvoir découvrir plusieurs métiers et travailler au sein de différentes équipes. C’est un véritable accélérateur de carrière qui offre la possibilité à ces jeunes talents d’enrichir leur propre trajectoire professionnelle pour ensuite occuper des postes aussi différents que Responsable Démarche de Progrès ou Responsable Secteur en production par exemple.
Sur un plan plus personnel, qu’appréciez-vous dans le domaine du luxe et plus particulièrement chez Cartier ?
Cartier est une aventure humaine que j’ai rejointe en 2011. Depuis, j’ai eu la chance de rencontrer et de travailler avec des personnes passionnées et passionnantes, à côté desquelles j’ai beaucoup appris, qui m’ont donné envie de m’impliquer dans l’entreprise et de contribuer à son développement. Au-delà, j’apprécie aussi particulièrement l’identité de la Maison qui est à la croisée de la tradition et de l’innovation et qui fait, d’ailleurs, écho à l’ADN de l’École polytechnique.