Pour protéger la Terre, le sol comme boussole
Il y a de cela à peine quelques générations, nos sociétés humaines s’inscrivaient dans une organisation circulaire, où la matière se régénérait sans cesse. Preuve en était : les déchets des villes eux-mêmes étaient collectés par des agriculteurs qui en faisaient l’engrais de leurs champs.
Les sociétés modernes qui ont émergé au tournant des XIXe et XXe siècles ont engagé une « grande rupture métabolique », pour reprendre le mot de l’historien Grégory Quenet, instituant une nouvelle forme de linéarité et se coupant de leurs fondamentaux naturels.
À l’heure d’inventer de nouvelles circularités, de l’énergie comme de la matière, nos sociétés doivent, pour assurer leur survie, se reconnecter à leurs sols et en faire leur boussole. L’étymologie même, dans le double sens qu’elle donne dès l’origine au mot « terre », rappelle que la planète n’est rien sans la matière dont elle est faite. Y porter directement attention peut comporter une grande part de la solution recherchée pour relever les défis écologiques.
Il n’y a qu’à y songer : les stocks de carbone situés dans les 30 premiers centimètres de sol sont estimés à 1 000 milliards de tonnes. Comme le souligne l’initiative « 4 pour 1 000 » portée par l’ONU, au regard de l’excédent annuel d’émissions de 4 milliards de tonnes, un taux de croissance annuel du stock de carbone dans les sols de 0,4 % par an permettrait de stopper l’augmentation de la concentration de CO₂ dans l’atmosphère liée aux activités humaines.
“Décarboner les activités humaines est le premier intérêt de la conversion des déchets alimentaires et des autres déchets verts en engrais organiques.”
Décarboner les activités humaines est ainsi le premier intérêt de la conversion des déchets alimentaires et des autres déchets verts en engrais organiques. Plutôt que d’émettre des gaz à effet de serre comme les engrais chimiques dont la production nécessite beaucoup d’énergie, la reconstitution de ce cycle originel permet au contraire de réintroduire le carbone que les déchets organiques contiennent dans les sols – un objectif auquel contribue Veolia en étant, avec un million de tonnes par an, le premier producteur de composts en France.
Mais ce n’est pas tout. Prendre soin du sol, c’est aussi mesurer combien tous les enjeux écologiques et humains sont liés. Alors que 60 % des sols mondiaux sont dégradés et qu’un seul gramme de terre peut contenir environ 10 milliards de micro-organismes, réintroduire du carbone dans le sol, en plus de décarboner l’atmosphère, permet aussi de régénérer les sols, entretenir leur biodiversité, assurer leur fertilité et contribuer à répondre aux besoins d’alimentation humaine.
Prendre soin du sol, c’est aussi mesurer la diversité des actions nécessaires à engager pour un avenir durable. La seule réintroduction du carbone ne suffit pas à assurer la qualité des sols, qui peuvent avoir besoin d’être protégés, humidifiés, parfois dépollués après avoir subi des dommages. Avec les sols, on le comprend : il n’y a pas de solution miracle, mais une nécessité, pour toute activité humaine, de prendre en compte la totalité de ses impacts et d’y répondre dans leur globalité.
Alors que la formation d’un centimètre de sol de qualité peut prendre jusqu’à plusieurs milliers d’années, les sols, enfin, nous
rappellent une réalité fondamentale : le patrimoine naturel dont nous disposons aujourd’hui est un legs qui nous vient de loin. Nous en avons la responsabilité. Soyons à la hauteur, et ayons à cœur de le choyer.