Les entreprises ont compris que la communication n’était pas un luxe, mais un « must »
Dans un monde hyper-digitalisé où les informations et les fake news se propagent toujours plus vite, les entreprises et leurs dirigeants doivent placer leur réputation au cœur de leurs préoccupations et la soigner comme leur plus précieux actif. Philippe Manière, Président du cabinet Vae Solis Communications, nous en dit plus sur la place toujours plus importante de la communication stratégique et nous explique comment son cabinet accompagne les entreprises et les dirigeants dans ce cadre.
Quels sont les métiers et les expertises de votre cabinet ?
Vae Solis Communications est un cabinet qui opère dans le domaine du conseil stratégique en communication, des relations médias (print et digital), des affaires publiques mais aussi de la communication financière ou de la communication de crise…
Concrètement, notre mission est de veiller au capital réputationnel de nos clients. Nous les aidons à le constituer, à le consolider et à le protéger, soit en accompagnement permanent, soit dans une période particulière comme une opération de financière, un plan social ou une crise.
Créé il y a plus de 20 ans, le cabinet emploie une cinquantaine de personnes. Sur le marché, Vae Solis Communications a la particularité d’avoir à sa tête 7 associés et 6 directeurs non-associés aux parcours très différents et complémentaires. Nous avons ainsi dans notre équipe de direction d’anciens avocats, banquiers d’affaires ou journalistes… Cela nous permet d’avoir une très fine compréhension des problématiques de communication des entreprises, même quand elles comportent une complexité particulière par exemple d’ordre juridique ou financier.
Cela est très important à mes yeux : chez Vae Solis Communications, nous avons la conviction forte qu’il n’est pas possible de faire de la bonne communication si on ne comprend pas en profondeur tous les enjeux et les facettes d’un dossier. Aujourd’hui, cette approche est notre principal levier de différenciation : elle nous permet de nous positionner sur des dossiers complexes, notamment ceux dits transactionnels, du type fusion-acquisition, qui ont une forte connotation technique, ou sur ceux qui s’inscrivent dans un contexte juridique comme un procès pénal.
Autour de quels enjeux et problématiques vos clients vous sollicitent-ils ? Avez-vous des demandes récurrentes dans le contexte actuel ?
Nous accompagnons près de deux tiers de nos clients dans la durée, en conseil permanent. Certains d’entre eux nous sont fidèles depuis sept, dix voire quinze ans – c’est le cas de Vinci Concessions, de Rexecode, de Macquarie, de Deloitte, de Bouygues Immobilier, de Henner, de LiveRamp, de MBDA ou encore de la Compagnie des commissaires aux comptes. Nous avons aussi une relation de confiance très profonde avec Arkea, Cdiscount, Permira, le Conseil Supérieur du Notariat, la SNCF, et même… l’AACC (Association des agences conseil en communication).
Plus récemment, nous avons été sélectionnés comme conseil par le GIFAS, le groupement des industries aéronautiques et spatiales, ce dont nous sommes très fiers. Nous avons aussi conseillé Patrick Martin pour sa candidature à la présidence du Medef et, depuis son élection, nous accompagnons l’organisation elle-même, ce qui est une vraie reconnaissance : le CNPF puis le Medef s’étaient jusqu’alors toujours tournés vers des agences plus anciennes.
« Nous sommes des spécialistes de la communication de crise et accompagnons, bien sûr plus ponctuellement, de nombreuses entreprises dont la réputation numérique a été attaquée. »
Par ailleurs, nous intervenons souvent sur des dossiers extrêmement intenses, souvent très médiatiques, du type opération de place. Ainsi, depuis 3 ans, nous conseillons Atos dans le cadre de sa restructuration. Nous avons aussi accompagné Bain Capital dans le cadre du rachat d’Equans, mais aussi Suez dans sa défense face à Veolia ou encore, il y a trois ans, Nissan à la suite de l’arrestation de Carlos Ghosn. Actuellement, compte tenu de la conjoncture économique et politique, il y a bien sûr moins de dossiers transactionnels, mais plus de dossiers de restructuration.
Enfin, nous sommes des spécialistes de la communication de crise et accompagnons, bien sûr plus ponctuellement, de nombreuses entreprises dont la réputation numérique a été attaquée, qui sont confrontées à des vols de données ou encore à des crises réputationnelles après des accusations diverses sur les conditions de fabrication ou la qualité d’un produit, la mise en cause du comportement d’un cadre ou d’un dirigeant de l’entreprise, etc. Sur l’ensemble de ces problématiques, Vae Solis Communications est connu et reconnu pour ses expertises, sa capacité à comprendre et cerner rapidement les enjeux d’un dossier et sa disponibilité 24⁄7.
Aujourd’hui, nous entendons de plus en plus que la communication, qui était un nice-to-have, est devenue un must. Pourquoi ? Comment expliquez-vous cette évolution ?
Dans le passé, les entreprises ont pu faire l’impasse sur la communication, que certains dirigeants regardaient comme une sorte de dépense facultative. Aujourd’hui, la communication s’est imposée comme un must pour deux raisons. La première est très triviale, mais puissante : dans un monde où tout le monde communique, ne pas le faire, c’est s’infliger un handicap concurrentiel. Plus généralement, et plus sérieusement, les dirigeants de la nouvelle génération ont compris que la réputation est l’un des principaux actifs de leurs entreprises. Plus la taille de l’entreprise ou de l’organisation est importante, plus les enjeux et les risques sont significatifs, par exemple en cas de fausses allégations ou accusations, lesquelles circulent désormais de manière instantanée et universelle par la « magie » du digital dont les potentiels effets dévastateurs sont irréversibles. Bien gérer les risques et les inévitables crises à venir, cela ne s’improvise pas, cela se prépare !
Votre accompagnement intègre aussi parfois une dimension « affaires publiques ». Pourquoi, et en quoi cela consiste-t-il ?
Il est très important, pour nos clients, de se faire comprendre de l’opinion en général, mais aussi, bien souvent, du décideur public – gouvernement, parlement, collectivité locale… Bien expliquer sa position, bien faire comprendre en quoi elle est aussi d’intérêt général : cela est parfois crucial. Mais c’est un exercice délicat, qui requiert un réel savoir-faire en termes de pédagogie et, de la part du client, une connaissance fine de la « carte du tendre » de la décision publique dont il ne dispose pas toujours. Nous avons, nous, cette connaissance et avons bâti des relations de confiance avec le décideur public qui connaît notre sérieux et notre maîtrise technique des sujets institutionnels. Concrètement, nous sommes équipés, en outils mais aussi en talents, pour réaliser des veilles attentives sur des problématiques législatives ou réglementaires spécifiques, concevoir des positions claires et étayées à présenter à nos interlocuteurs et organiser des programmes de rencontres qualifiées.
Vae Solis Communications a aussi la particularité et la capacité de concevoir et de déployer des think tanks, des laboratoires de recherche ou d’idées pour ses clients. Cette démarche permet notamment de créer des ponts entre le monde de l’entreprise et l’univers des leaders d’opinion et des intellectuels. Récemment, à la demande de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes, pour qui nous avions mis en place l’Institut Messine, nous avons ainsi organisé un dialogue entre Cédric Villani et Gaspard Kœnig sur l’intelligence artificielle, qui a ensuite donné lui à une publication extrêmement stimulante et très remarquée. Enfin, nous savons organiser des conférences de citoyens pour nos clients. Par exemple, pour la SNCF, nous avons conçu une conférence de citoyens sur la sécurité dans les gares et dans les trains qui a permis à l’entreprise de bien identifier les attentes des voyageurs.
Qui sont vos interlocuteurs dans les entreprises ? Les directions de la communication ?
Nous travaillons bien sûr toujours en étroite collaboration avec les directions de la communication (ou des affaires publiques) de nos clients qui s’appuient sur nos expertises pour avoir une vision innovante et complémentaire de la leur, ou bien pour débloquer une situation particulière. Pour certaines entreprises de taille moyenne, nous pouvons carrément agir en qualité de bureau de presse et gérer l’intégralité de leur relation média. Quelle que soit la modalité, il s’agit toujours de bien définir la position et la posture du client, puis de la faire connaître et reconnaître auprès des différentes cibles (média, institution…).
Mais dans bien des cas, notre interlocuteur est aussi le dirigeant de l’entreprise. Cela est particulièrement vrai en période de crise, ou d’opération financière, ou de restructuration – situations qui le concernent directement compte tenu de leur dimension stratégique. Enfin, auprès de nombre de nos clients, nous avons aussi un rôle de « sparring partner » auprès du dirigeant qui apprécie de pouvoir s’appuyer en toute discrétion sur un conseil de confiance dans le cadre de ses interactions avec les médias et les pouvoirs publics… et parfois au-delà.
Quels conseils pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?
Mon premier conseil fait écho au nom du cabinet Vae Solis Communications, qui signifie « Malheur à celui qui va seul ». Je les invite vraiment à ne pas rester seuls face à leurs problèmes. Une des vocations d’un consultant en communication, qui connaît son client et son entreprise réside dans sa capacité à apporter une prise de recul et un éclairage salvateurs, notamment face à une crise ou à un tournant stratégique important.
Mon deuxième conseil est d’éviter de se réfugier dans une analyse purement rationnelle des situations. C’est regrettable, mais il ne faut pas croire qu’une position appuyée sur une démonstration probante vous met à l’abri de l’incompréhension, voire des attaques. L’irrationalité, voire un bien compréhensible défaut de compétence technique permettant de bien « lire » une problématique, peuvent amener le public à épouser, en toute bonne foi, une opinion irrationnelle qui peut avoir de graves conséquences sur la réputation.
Enfin, mon dernier conseil consiste à rester ouvert sur le monde et à s’inscrire dans une posture de veille permanente pour faire preuve de créativité et pouvoir anticiper les éventuelles crises ou problématiques. C’est aussi à cela que nous aidons nos clients.