France Supply Chain : mobilisée en faveur d’une supply chain plus durable et désirable !

France Supply Chain : mobilisée en faveur d’une supply chain plus durable et désirable !

Dossier : Vie des entreprises - Logistique et supply chain, les infrastructures du numériqueMagazine N°800 Décembre 2024
Par Yann de FERAUDY

Yann de Ferau­dy, pré­sident de France Sup­ply Chain by Aslog, nous pré­sente l’association, son péri­mètre d’action et les sujets qui la mobi­lise, dont les prin­ci­paux res­tent la ques­tion de la tran­si­tion envi­ron­ne­men­tale et éner­gé­tique, ain­si que l’attractivité des métiers de la filière. Rencontre.

Quelles sont les missions de France Supply Chain ?

France Sup­ply Chain est une asso­cia­tion qui a plus de 50 ans et qui aujourd’hui est mobi­li­sée afin que les acteurs de l’écosystème de la sup­ply chain puissent contri­buer à la com­pé­ti­ti­vi­té des entre­prises et à la construc­tion d’un monde plus durable. En paral­lèle, l’association est aus­si mobi­li­sée en faveur de la pro­mo­tion des métiers de la sup­ply chain afin de déve­lop­per l’attractivité de la filière et sa recon­nais­sance dans le monde éco­no­mique. Par­mi nos adhé­rents, on retrouve 450 entre­prises et écoles adhé­rentes, et envi­ron 5 000 membres. Nos membres et adhé­rents repré­sentent plu­sieurs caté­go­ries : les char­geurs (le groupe LVMH, L’Oréal, Her­mès, Arke­ma, Alstom, Legrand, Rexel, Inter­mar­ché, Auchan, Saint-Gobain, Conti­nen­tal, L’Occitane, Miche­lin, Renault, Ora­no…), les logis­ti­ciens (DB SCHENKER, FM Logis­tic, Geo­dis…), des cabi­nets de conseil (Cit­well, Argon, Waves­tone, Bea­ring­Point…). Par­mi les écoles, on retrouve notam­ment l’ESSEC, Ske­ma, Kedge, ain­si que de nom­breuses universités.

L’association anime de nom­breux ate­liers, que nous appe­lons des Labs, et qui couvrent un large panel de sujets et d’enjeux pour nos métiers. On peut notam­ment citer le Lab SupplyChain4Good qui traite des sujets rela­tifs à la RSE / ESG et au déve­lop­pe­ment durable. Le Lab Richesses Humaines se concentre sur l’attractivité de nos métiers, les car­rières et la for­ma­tion, ou encore la ques­tion de la rému­né­ra­tion. Le Lab Digi­tal et Tech­no­lo­gies s’intéresse, quant à lui, aux outils et solu­tions au ser­vice de l’optimisation de la sup­ply chain (IoT, IA, Blo­ck­chain, robotisation…).

« France Supply Chain est une association qui a plus de 50 ans. »

Dans ce cadre, l’idée est de par­ta­ger des cas d’usage et de valo­ri­ser des retours d’expérience afin d’aider nos membres et adhé­rents à mieux s’approprier ces nou­velles tech­no­lo­gies. Nous avons aus­si un Lab dédié aux ETI et PME, qui repré­sentent la majo­ri­té de nos adhé­rents et qui ont besoin d’un accom­pa­gne­ment sur l’ensemble des muta­tions et des tran­si­tions qui redes­sinent nos acti­vi­tés. L’association a aus­si mis en place un Lab Jeunes qui regroupe des per­sonnes en Mas­ter et qui est donc régu­liè­re­ment renou­ve­lé. Les membres de ce Lab contri­buent à pro­mou­voir la sup­ply chain auprès de leurs pairs via dif­fé­rents sup­ports, comme la BD, ou encore les réseaux sociaux…

Le tra­vail de ces dif­fé­rents Labs donne lieu à des publi­ca­tions qui prennent notam­ment la forme de livres blancs, d’études, mais aus­si des webi­naires visant à pré­sen­ter des cas d’usage… Au tra­vers de ces dif­fé­rents sup­ports, notre objec­tif est d’apporter un éclai­rage à nos adhé­rents et nos membres afin de gui­der leurs prises de déci­sion et de leur per­mettre de lan­cer leur propre réflexion.

En paral­lèle, nous avons aus­si des com­mu­nau­tés d’intérêts qui s’appuient sur une logique de par­tage de bonnes pra­tiques et de retours sur expé­rience. On peut notam­ment citer les com­mu­nau­tés dédiées aux femmes dans la sup­ply chain, aux risques dans la sup­ply chain…

L’association a une très forte acti­vi­té avec plus de 250 publi­ca­tions, dont cer­taines sont très plé­bis­ci­tées, comme le Guide des For­ma­tions en Sup­ply Chain qui est réac­tua­li­sé tous les deux ans. 

une supply chain plus durable et désirable
Sup­ply Chain Mana­ge­ment – SCM – The Coor­di­na­ted Pro­cess of Pro­du­cing and Deli­ve­ring Goods and Ser­vices from Sup­pliers to Consu­mers – Concep­tual Illustration

Comment définissez-vous la supply chain et en quoi est-elle différente de la logistique ?

La sup­ply chain couvre de bout en bout toute la chaîne de valeur depuis le sour­cing jusqu’à la livrai­son d’un bien, avec notam­ment les achats, la trans­for­ma­tion, le sto­ckage, les trans­ports, la dis­tri­bu­tion ou la pla­ni­fi­ca­tion. Au-delà de ce modèle ver­ti­cal de la sup­ply chain, de plus en plus, aujourd’hui, nous nous diri­geons vers une approche plus cir­cu­laire de la sup­ply chain afin de prendre en compte le recy­clage, le réem­ploi, la réuti­li­sa­tion, le rema­nu­fac­tu­ring dans une logique de réduc­tion de l’impact car­bone et environnemental.

Si la logis­tique va s’intéresser à la par­tie la plus visible de la chaîne de valeur avec l’entreposage, le trans­port et la dis­tri­bu­tion, la sup­ply chain, quant à elle, s’appuie sur une logique de flux et de pla­ni­fi­ca­tion, qui couvre notam­ment la logistique.

Quelles sont les principales actions et initiatives qui sont portées par votre association ?

Nous avons une action très impor­tante pour pro­mou­voir la sup­ply chain durable. En 2021, nous avons rédi­gé le Mani­feste pour une sup­ply chain durable que nous avons mis à jour en 2023. Ce mani­feste détaille une vision à l’horizon 2030 et explore dif­fé­rentes pistes pour gagner en dura­bi­li­té : adap­ta­tion des pré­vi­sions, opti­mi­sa­tion du trans­port, amé­lio­ra­tion du rem­plis­sage des camions, mutua­li­sa­tion des flux et des rem­plis­sages, réduc­tion et opti­mi­sa­tion de la consom­ma­tion éner­gé­tique, créa­tion de syner­gies col­la­bo­ra­tives entre les entre­prises, déve­lop­pe­ment de modèles d’économie cir­cu­laire pour faire émer­ger une sup­ply chain cir­cu­laire… Dans cette démarche, nous tra­vaillons bien évi­dem­ment aus­si sur le volet socié­tal avec un focus sur l’amélioration des condi­tions de tra­vail. Nous avons aus­si des liens directs avec les pou­voirs publics afin de contri­buer aux efforts col­lec­tifs en matière de décar­bo­na­tion, de réindustrialisation…

“Notre ambition est de contribuer au niveau de nos métiers à relever l’ensemble de ces défis en privilégiant les pistes les plus durables et les plus vertueuses.”

France Sup­ply Chain est aus­si for­te­ment enga­gée afin que nos métiers et les car­rières que la sup­ply chain peut pro­po­ser aux jeunes soient mieux valo­ri­sés et gagnent en visi­bi­li­té. Nous orga­ni­sons régu­liè­re­ment des confé­rences dans les écoles et sur les campus.

Dans le contexte actuel, quels sont les enjeux et les freins auxquels les acteurs de cet écosystème sont confrontés ?

Comme la plu­part des sec­teurs de l’économie, la sup­ply chain est sou­mise au repor­ting extra­fi­nan­cier suite à l’entrée en vigueur de la CSRD. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les entre­prises qui doivent se confor­mer à cette nou­velle obli­ga­tion réglementaire.

En paral­lèle, la décar­bo­na­tion reste bien évi­dem­ment au cœur des pré­oc­cu­pa­tions. Il s’agit notam­ment pour les entre­prises de pou­voir mesu­rer leur impact en réa­li­sant leur bilan car­bone et en pre­nant en compte les 3 scopes. Face à ce défi, nos membres n’en sont pas au même niveau. Les grands groupes sont géné­ra­le­ment plus avan­cés et matures sur le sujet que les ETI et les PME. Alors que les banques et les inves­tis­seurs s’inscrivent de plus en plus dans une démarche de finan­ce­ment durable de l’économie et des entre­prises, l’enjeu est aus­si pour les entre­prises de mieux valo­ri­ser l’ensemble de leurs actions, mais aus­si de démon­trer et de docu­men­ter l’atteinte des objec­tifs fixés en matière de décar­bo­na­tion et de déve­lop­pe­ment durable.

Nos métiers ont bien évi­dem­ment aus­si un impor­tant enjeu humain dans un contexte où il y a de très fortes pénu­ries de main‑d’œuvre et des ten­sions sur de nom­breux postes. On estime, par exemple, qu’il manque actuel­le­ment plus de 50 000 chauf­feurs et autant d’opérateurs dans les entre­pôts. Il s’agit donc de for­mer plus, de gagner en visi­bi­li­té, mais aus­si d’avoir une réflexion sur les métiers de demain afin d’automatiser, notam­ment dans les entre­pôts, les postes les moins attrac­tifs et à plus faible valeur ajoutée.

Quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?

La ques­tion envi­ron­ne­men­tale et du déve­lop­pe­ment durable vont mobi­li­ser l’écosystème encore pen­dant de nom­breuses décen­nies. À ce stade, plu­sieurs points et enjeux doivent encore être cla­ri­fiés : quel sera le mix éner­gé­tique de demain ? L’hydrogène per­met­tra-t-il de décar­bo­ner la mobi­li­té lourde ? Quelles sont les alter­na­tives face à la raré­fac­tion des mine­rais et des matières pre­mières ? Com­ment réduire l’impact sur la bio­di­ver­si­té ? Com­ment pré­ser­ver la res­source en eau ? Com­ment mas­si­fier le déploie­ment de l’économie cir­cu­laire ?… Notre ambi­tion est de contri­buer au niveau de nos métiers à rele­ver l’ensemble de ces défis en pri­vi­lé­giant les pistes les plus durables et les plus ver­tueuses. De ce point de vue nous pen­sons qu’au-delà de la charge d’analyse et de pro­duc­tion du rap­port de Dura­bi­li­té deman­dé par la CSRD, doit être uti­li­sé comme un levier de pro­grès et de chan­ge­ment : on amé­liore que ce que l’on mesure ! 

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