France Supply Chain : mobilisée en faveur d’une supply chain plus durable et désirable !
Yann de Feraudy, président de France Supply Chain by Aslog, nous présente l’association, son périmètre d’action et les sujets qui la mobilise, dont les principaux restent la question de la transition environnementale et énergétique, ainsi que l’attractivité des métiers de la filière. Rencontre.
Quelles sont les missions de France Supply Chain ?
France Supply Chain est une association qui a plus de 50 ans et qui aujourd’hui est mobilisée afin que les acteurs de l’écosystème de la supply chain puissent contribuer à la compétitivité des entreprises et à la construction d’un monde plus durable. En parallèle, l’association est aussi mobilisée en faveur de la promotion des métiers de la supply chain afin de développer l’attractivité de la filière et sa reconnaissance dans le monde économique. Parmi nos adhérents, on retrouve 450 entreprises et écoles adhérentes, et environ 5 000 membres. Nos membres et adhérents représentent plusieurs catégories : les chargeurs (le groupe LVMH, L’Oréal, Hermès, Arkema, Alstom, Legrand, Rexel, Intermarché, Auchan, Saint-Gobain, Continental, L’Occitane, Michelin, Renault, Orano…), les logisticiens (DB SCHENKER, FM Logistic, Geodis…), des cabinets de conseil (Citwell, Argon, Wavestone, BearingPoint…). Parmi les écoles, on retrouve notamment l’ESSEC, Skema, Kedge, ainsi que de nombreuses universités.
L’association anime de nombreux ateliers, que nous appelons des Labs, et qui couvrent un large panel de sujets et d’enjeux pour nos métiers. On peut notamment citer le Lab SupplyChain4Good qui traite des sujets relatifs à la RSE / ESG et au développement durable. Le Lab Richesses Humaines se concentre sur l’attractivité de nos métiers, les carrières et la formation, ou encore la question de la rémunération. Le Lab Digital et Technologies s’intéresse, quant à lui, aux outils et solutions au service de l’optimisation de la supply chain (IoT, IA, Blockchain, robotisation…).
« France Supply Chain est une association qui a plus de 50 ans. »
Dans ce cadre, l’idée est de partager des cas d’usage et de valoriser des retours d’expérience afin d’aider nos membres et adhérents à mieux s’approprier ces nouvelles technologies. Nous avons aussi un Lab dédié aux ETI et PME, qui représentent la majorité de nos adhérents et qui ont besoin d’un accompagnement sur l’ensemble des mutations et des transitions qui redessinent nos activités. L’association a aussi mis en place un Lab Jeunes qui regroupe des personnes en Master et qui est donc régulièrement renouvelé. Les membres de ce Lab contribuent à promouvoir la supply chain auprès de leurs pairs via différents supports, comme la BD, ou encore les réseaux sociaux…
Le travail de ces différents Labs donne lieu à des publications qui prennent notamment la forme de livres blancs, d’études, mais aussi des webinaires visant à présenter des cas d’usage… Au travers de ces différents supports, notre objectif est d’apporter un éclairage à nos adhérents et nos membres afin de guider leurs prises de décision et de leur permettre de lancer leur propre réflexion.
En parallèle, nous avons aussi des communautés d’intérêts qui s’appuient sur une logique de partage de bonnes pratiques et de retours sur expérience. On peut notamment citer les communautés dédiées aux femmes dans la supply chain, aux risques dans la supply chain…
L’association a une très forte activité avec plus de 250 publications, dont certaines sont très plébiscitées, comme le Guide des Formations en Supply Chain qui est réactualisé tous les deux ans.
Comment définissez-vous la supply chain et en quoi est-elle différente de la logistique ?
La supply chain couvre de bout en bout toute la chaîne de valeur depuis le sourcing jusqu’à la livraison d’un bien, avec notamment les achats, la transformation, le stockage, les transports, la distribution ou la planification. Au-delà de ce modèle vertical de la supply chain, de plus en plus, aujourd’hui, nous nous dirigeons vers une approche plus circulaire de la supply chain afin de prendre en compte le recyclage, le réemploi, la réutilisation, le remanufacturing dans une logique de réduction de l’impact carbone et environnemental.
Si la logistique va s’intéresser à la partie la plus visible de la chaîne de valeur avec l’entreposage, le transport et la distribution, la supply chain, quant à elle, s’appuie sur une logique de flux et de planification, qui couvre notamment la logistique.
Quelles sont les principales actions et initiatives qui sont portées par votre association ?
Nous avons une action très importante pour promouvoir la supply chain durable. En 2021, nous avons rédigé le Manifeste pour une supply chain durable que nous avons mis à jour en 2023. Ce manifeste détaille une vision à l’horizon 2030 et explore différentes pistes pour gagner en durabilité : adaptation des prévisions, optimisation du transport, amélioration du remplissage des camions, mutualisation des flux et des remplissages, réduction et optimisation de la consommation énergétique, création de synergies collaboratives entre les entreprises, développement de modèles d’économie circulaire pour faire émerger une supply chain circulaire… Dans cette démarche, nous travaillons bien évidemment aussi sur le volet sociétal avec un focus sur l’amélioration des conditions de travail. Nous avons aussi des liens directs avec les pouvoirs publics afin de contribuer aux efforts collectifs en matière de décarbonation, de réindustrialisation…
“Notre ambition est de contribuer au niveau de nos métiers à relever l’ensemble de ces défis en privilégiant les pistes les plus durables et les plus vertueuses.”
France Supply Chain est aussi fortement engagée afin que nos métiers et les carrières que la supply chain peut proposer aux jeunes soient mieux valorisés et gagnent en visibilité. Nous organisons régulièrement des conférences dans les écoles et sur les campus.
Dans le contexte actuel, quels sont les enjeux et les freins auxquels les acteurs de cet écosystème sont confrontés ?
Comme la plupart des secteurs de l’économie, la supply chain est soumise au reporting extrafinancier suite à l’entrée en vigueur de la CSRD. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les entreprises qui doivent se conformer à cette nouvelle obligation réglementaire.
En parallèle, la décarbonation reste bien évidemment au cœur des préoccupations. Il s’agit notamment pour les entreprises de pouvoir mesurer leur impact en réalisant leur bilan carbone et en prenant en compte les 3 scopes. Face à ce défi, nos membres n’en sont pas au même niveau. Les grands groupes sont généralement plus avancés et matures sur le sujet que les ETI et les PME. Alors que les banques et les investisseurs s’inscrivent de plus en plus dans une démarche de financement durable de l’économie et des entreprises, l’enjeu est aussi pour les entreprises de mieux valoriser l’ensemble de leurs actions, mais aussi de démontrer et de documenter l’atteinte des objectifs fixés en matière de décarbonation et de développement durable.
Nos métiers ont bien évidemment aussi un important enjeu humain dans un contexte où il y a de très fortes pénuries de main‑d’œuvre et des tensions sur de nombreux postes. On estime, par exemple, qu’il manque actuellement plus de 50 000 chauffeurs et autant d’opérateurs dans les entrepôts. Il s’agit donc de former plus, de gagner en visibilité, mais aussi d’avoir une réflexion sur les métiers de demain afin d’automatiser, notamment dans les entrepôts, les postes les moins attractifs et à plus faible valeur ajoutée.
Quelles pistes de réflexion pourriez-vous partager avec nos lecteurs ?
La question environnementale et du développement durable vont mobiliser l’écosystème encore pendant de nombreuses décennies. À ce stade, plusieurs points et enjeux doivent encore être clarifiés : quel sera le mix énergétique de demain ? L’hydrogène permettra-t-il de décarboner la mobilité lourde ? Quelles sont les alternatives face à la raréfaction des minerais et des matières premières ? Comment réduire l’impact sur la biodiversité ? Comment préserver la ressource en eau ? Comment massifier le déploiement de l’économie circulaire ?… Notre ambition est de contribuer au niveau de nos métiers à relever l’ensemble de ces défis en privilégiant les pistes les plus durables et les plus vertueuses. De ce point de vue nous pensons qu’au-delà de la charge d’analyse et de production du rapport de Durabilité demandé par la CSRD, doit être utilisé comme un levier de progrès et de changement : on améliore que ce que l’on mesure !