InfraNum accompagne la pérennisation des infrastructures du numérique en France, de la fibre aux data centers, pour une digitalisation durable.

InfraNum, la transformation numérique des territoires se poursuit !

Dossier : Vie des entreprises - Logistique et supply chain, les infrastructures du numériqueMagazine N°800 Décembre 2024
Par Philippe LE GRAND

Alors que la France a confir­mé son avance en Europe et dans le monde en matière de déploie­ment des infra­struc­tures de demain, la fédé­ra­tion Infra­Num, qui regroupe les entre­prises de la filière des infra­struc­tures numé­riques, pour­suit sa mobi­li­sa­tion pour péren­ni­ser les réseaux et accompagner
la digi­ta­li­sa­tion du tis­su éco­no­mique natio­nal. Le point avec Phi­lippe Le Grand, Pré­sident d’InfraNum.

InfraNum a vu le jour en 2012 pour accompagner le plan France Très Haut Débit. Comment vos principales missions ont-elles évolué au cours des 10 dernières années ?

Infra­Num est, en effet, la réponse indus­trielle au plan Très Haut Débit. Sa créa­tion visait notam­ment à struc­tu­rer la filière afin d’être capable de rele­ver le chal­lenge du déploie­ment de la fibre pour tous sur une période de 10 ans. À l’époque, en Europe, la France était le seul pays à s’être fixé un objec­tif aus­si ambitieux.

Concrè­te­ment, Infra­Num est la fédé­ra­tion qui regroupe l’ensemble des acteurs des infra­struc­tures numé­riques et des entre­prises enga­gées dans le déploie­ment et l’exploitation des infra­struc­tures numé­riques. Nous repré­sen­tons le sec­teur devant les pou­voirs publics, mais éga­le­ment devant les autres sec­teurs d’activité afin de per­mettre à la filière de se struc­tu­rer, de se coor­don­ner et de se développer.

Infra­Num regroupe près de 230 membres : des opé­ra­teurs com­mer­ciaux, des opé­ra­teurs d’infrastructures, des inté­gra­teurs qui déploient les réseaux, des fonds d’investissement, des orga­nismes de for­ma­tion, des bureaux d’études, des équi­pe­men­tiers… On retrouve ain­si toutes les com­po­santes de la filière au sein de la fédé­ra­tion. Les entre­prises qui nous rejoignent sont des grands groupes, des ETI, mais aus­si des PME.

« Sur un marché de l’emploi en tension, la filière peine à recruter des compétences. »

Au cours de la der­nière décen­nie, nous avons tra­vaillé et appré­hen­dé l’ensemble des enjeux liés à ce pro­jet : le déve­lop­pe­ment des infra­struc­tures numé­riques, les ter­ri­toires connec­tés et durables, les réseaux et ser­vices mobiles, les data centers…

En paral­lèle au déploie­ment en France, nous avons aus­si accom­pa­gné le déploie­ment de la filière à l’international avec des entre­prises natio­nales qui ont connu de très beaux suc­cès à l’export et qui se sont adap­tées à des contextes régle­men­taires et des enjeux divers et variés.

Aujourd’hui, alors que l’ensemble de ces chan­tiers se pour­suivent, le prin­ci­pal défi qui per­siste est celui de l’emploi. Sur un mar­ché de l’emploi en ten­sion, la filière peine à recru­ter des com­pé­tences afin que nos entre­prises puissent s’appuyer sur la main‑d’œuvre qua­li­fiée et néces­saire pour assu­rer le bon déploie­ment et la bonne exploi­ta­tion des infrastructures.

Aujourd’hui, comment accompagnez-vous l’entretien et l’opérationnalité des réseaux sur le long terme ?

La qua­li­té des réseaux est au cœur des tra­vaux de la fédé­ra­tion. Notre com­mis­sion 3P, Pré­ven­tion, Péren­ni­té, Per­for­mance, s’assure ain­si du par­tage des bonnes pra­tiques et de leur stan­dar­di­sa­tion, de la for­ma­tion et de la mon­tée en com­pé­tences des dif­fé­rentes par­ties pre­nantes afin d’assurer que les réseaux soient bien entre­te­nus dans la durée. Dans cette démarche, nous avons aus­si un enjeu de finan­ce­ment et d’organisation des mar­chés afin de garan­tir la péren­ni­té des réseaux. Dans un contexte où les réseaux sont expo­sés aux inci­dents cli­ma­tiques, aux actes de van­da­lisme, voire de ter­ro­risme, nous tra­vaillons sur le ren­for­ce­ment de la rési­lience des infra­struc­tures avec les pou­voirs publics et les col­lec­ti­vi­tés locales. 

Qu’en est-il du retrait du cuivre, le réseau historique de France Télécom ?

Après le déploie­ment de la fibre, le retrait du réseau his­to­rique est un nou­veau chan­tier his­to­rique pour la filière. Encore une fois, la France est pion­nière à l’échelle euro­péenne dans cette démarche. Concrè­te­ment, avec le déploie­ment de la fibre, le réseau en cuivre devient obso­lète et inutile. Si le chan­tier est por­té par Orange, qui est le pro­prié­taire de ce réseau, il concerne néan­moins toute la filière. En effet, ce chan­tier a voca­tion à impac­ter le rem­plis­sage des réseaux fibres, la conti­nui­té de ser­vices pour les par­ti­cu­liers et pour les pro­fes­sion­nels… Il va éga­le­ment don­ner un nou­vel élan à la digi­ta­li­sa­tion de la socié­té et plus par­ti­cu­liè­re­ment des entre­prises, dont une grande par­tie reste sous-digitalisée. 

En matière d’infrastructures fixes et mobiles, quels sont les sujets qui vous mobilisent ?

Dans ce cadre, nous sommes mobi­li­sés autour d’un trip­tyque d’enjeux qui fait, d’ailleurs, écho à notre devise répu­bli­caine : Éga­li­té, Péren­ni­té et Soli­da­ri­té ! Concrè­te­ment, l’égalité consiste à garan­tir l’accès à la fibre à tous les Fran­çais. Sur les der­niers déploie­ments, nous sommes aujourd’hui confron­tés à des pro­blé­ma­tiques d’ordre tech­ni­co-éco­no­mique pour plu­sieurs cen­taines de mil­liers de foyers fran­çais. Pour que ces mil­lions de conci­toyens puissent avoir accès à la fibre d’ici fin 2025, nous avons sou­mis un cer­tain nombre de pro­po­si­tions au niveau natio­nal. Dans cette attente, nous avons bien évi­dem­ment recours à des tech­no­lo­gies alter­na­tives, mais l’objectif reste un accès à la fibre pour 100 % des Français.

“Nous sommes mobilisés autour d’un triptyque d’enjeux qui fait, d’ailleurs, écho à notre devise républicaine : Égalité, Pérennité et Solidarité ! ”

Comme pré­cé­dem­ment expli­qué, la péren­ni­té consiste à assu­rer le bon fonc­tion­ne­ment des infra­struc­tures face aux dif­fé­rents aléas. À notre demande, les col­lec­ti­vi­tés ont, par ailleurs, éla­bo­ré des sché­mas de rési­lience pour leur ter­ri­toire pour garan­tir la rési­lience et la péren­ni­té des réseaux sur le long terme.

La soli­da­ri­té consiste à éta­blir et pré­ser­ver un équi­libre, notam­ment sur le plan éco­no­mique, des réseaux sur le long terme, notam­ment pour les opé­ra­teurs d’infrastructures qui exploitent les réseaux fixes ou mobiles.

Cela passe notam­ment par la sécu­ri­sa­tion fon­cière des par­celles accueillant des infra­struc­tures de télé­com­mu­ni­ca­tion mobile, afin d’éviter leur remise en cause et la ces­sa­tion de la cou­ver­ture mobile.

Quels sont les enjeux que pose l’infrastructure des data centers ?

Sur les pro­chaines années, les centres de don­nées vont concen­trer les prin­ci­paux inves­tis­se­ments à réa­li­ser en matière d’infrastructures numé­riques. Cet inves­tis­se­ment de la filière sera essen­tiel afin de répondre à la demande crois­sante en matière d’hébergement de don­nées et de puis­sance de calcul.

Dans ce cadre, les prin­ci­paux enjeux rela­tifs au déploie­ment des centres de don­nées concernent les besoins éner­gé­tiques néces­saires à leur fonc­tion­ne­ment. En France, contrai­re­ment à d’autres pays euro­péens, nous avons la chance d’avoir une éner­gie lar­ge­ment décar­bo­née. Depuis quelques années, nous assis­tons aus­si à un très fort déve­lop­pe­ment des hyper­sca­lers, ces grands data cen­ters. Cet atout stra­té­gique ne doit pas faire oublier la néces­saire prise en compte de cri­tères envi­ron­ne­men­taux dans le déve­lop­pe­ment et l’utilisation de ces infra­struc­tures. Le pôle de Paris et de Mar­seille figure, par ailleurs, dans le top 10 des pôles euro­péens d’hébergement des données.

“Le 20 avril dernier, InfraNum a signé un accord pour la reconstruction des infrastructures numériques en Ukraine.”

En paral­lèle, de plus en plus de data cen­ters de proxi­mi­té se déve­loppent sur l’ensemble du ter­ri­toire, ce qui per­met de répondre à une forte demande de maillage du territoire.

Ce fort déploie­ment va aus­si per­mettre de sou­te­nir le déve­lop­pe­ment de l’informatique quan­tique, un axe stra­té­gique incon­tour­nable pour l’avenir du pays. En effet, les pre­miers pays qui se dote­ront de cette puis­sance de cal­cul quan­tique vont prendre une avance consi­dé­rable sur le plan éco­no­mique, mais aus­si en matière de défense et de cybersécurité.

Actuellement, quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?

Nous conti­nuons à accom­pa­gner le déve­lop­pe­ment et le déploie­ment de la filière à l’export. Le 20 avril der­nier, Infra­Num a signé un accord pour la recons­truc­tion des infra­struc­tures numé­riques en Ukraine. J’ai récem­ment par­ti­ci­pé à la visite d’État au Maroc au côté du Pré­sident de la République.

À une échelle natio­nale, nous sommes mobi­li­sés afin que nos entre­prises rat­trapent leur retard en matière de digi­ta­li­sa­tion. Il s’agit aus­si d’accélérer le déploie­ment des data cen­ters et de ren­for­cer la mise en place de ter­ri­toires connec­tés et durables. Enfin, pour mener de front l’ensemble de ces sujets, la filière doit rele­ver le défi de l’emploi et de la formation. 

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