InfraNum, la transformation numérique des territoires se poursuit !
Alors que la France a confirmé son avance en Europe et dans le monde en matière de déploiement des infrastructures de demain, la fédération InfraNum, qui regroupe les entreprises de la filière des infrastructures numériques, poursuit sa mobilisation pour pérenniser les réseaux et accompagner
la digitalisation du tissu économique national. Le point avec Philippe Le Grand, Président d’InfraNum.
InfraNum a vu le jour en 2012 pour accompagner le plan France Très Haut Débit. Comment vos principales missions ont-elles évolué au cours des 10 dernières années ?
InfraNum est, en effet, la réponse industrielle au plan Très Haut Débit. Sa création visait notamment à structurer la filière afin d’être capable de relever le challenge du déploiement de la fibre pour tous sur une période de 10 ans. À l’époque, en Europe, la France était le seul pays à s’être fixé un objectif aussi ambitieux.
Concrètement, InfraNum est la fédération qui regroupe l’ensemble des acteurs des infrastructures numériques et des entreprises engagées dans le déploiement et l’exploitation des infrastructures numériques. Nous représentons le secteur devant les pouvoirs publics, mais également devant les autres secteurs d’activité afin de permettre à la filière de se structurer, de se coordonner et de se développer.
InfraNum regroupe près de 230 membres : des opérateurs commerciaux, des opérateurs d’infrastructures, des intégrateurs qui déploient les réseaux, des fonds d’investissement, des organismes de formation, des bureaux d’études, des équipementiers… On retrouve ainsi toutes les composantes de la filière au sein de la fédération. Les entreprises qui nous rejoignent sont des grands groupes, des ETI, mais aussi des PME.
« Sur un marché de l’emploi en tension, la filière peine à recruter des compétences. »
Au cours de la dernière décennie, nous avons travaillé et appréhendé l’ensemble des enjeux liés à ce projet : le développement des infrastructures numériques, les territoires connectés et durables, les réseaux et services mobiles, les data centers…
En parallèle au déploiement en France, nous avons aussi accompagné le déploiement de la filière à l’international avec des entreprises nationales qui ont connu de très beaux succès à l’export et qui se sont adaptées à des contextes réglementaires et des enjeux divers et variés.
Aujourd’hui, alors que l’ensemble de ces chantiers se poursuivent, le principal défi qui persiste est celui de l’emploi. Sur un marché de l’emploi en tension, la filière peine à recruter des compétences afin que nos entreprises puissent s’appuyer sur la main‑d’œuvre qualifiée et nécessaire pour assurer le bon déploiement et la bonne exploitation des infrastructures.
Aujourd’hui, comment accompagnez-vous l’entretien et l’opérationnalité des réseaux sur le long terme ?
La qualité des réseaux est au cœur des travaux de la fédération. Notre commission 3P, Prévention, Pérennité, Performance, s’assure ainsi du partage des bonnes pratiques et de leur standardisation, de la formation et de la montée en compétences des différentes parties prenantes afin d’assurer que les réseaux soient bien entretenus dans la durée. Dans cette démarche, nous avons aussi un enjeu de financement et d’organisation des marchés afin de garantir la pérennité des réseaux. Dans un contexte où les réseaux sont exposés aux incidents climatiques, aux actes de vandalisme, voire de terrorisme, nous travaillons sur le renforcement de la résilience des infrastructures avec les pouvoirs publics et les collectivités locales.
Qu’en est-il du retrait du cuivre, le réseau historique de France Télécom ?
Après le déploiement de la fibre, le retrait du réseau historique est un nouveau chantier historique pour la filière. Encore une fois, la France est pionnière à l’échelle européenne dans cette démarche. Concrètement, avec le déploiement de la fibre, le réseau en cuivre devient obsolète et inutile. Si le chantier est porté par Orange, qui est le propriétaire de ce réseau, il concerne néanmoins toute la filière. En effet, ce chantier a vocation à impacter le remplissage des réseaux fibres, la continuité de services pour les particuliers et pour les professionnels… Il va également donner un nouvel élan à la digitalisation de la société et plus particulièrement des entreprises, dont une grande partie reste sous-digitalisée.
En matière d’infrastructures fixes et mobiles, quels sont les sujets qui vous mobilisent ?
Dans ce cadre, nous sommes mobilisés autour d’un triptyque d’enjeux qui fait, d’ailleurs, écho à notre devise républicaine : Égalité, Pérennité et Solidarité ! Concrètement, l’égalité consiste à garantir l’accès à la fibre à tous les Français. Sur les derniers déploiements, nous sommes aujourd’hui confrontés à des problématiques d’ordre technico-économique pour plusieurs centaines de milliers de foyers français. Pour que ces millions de concitoyens puissent avoir accès à la fibre d’ici fin 2025, nous avons soumis un certain nombre de propositions au niveau national. Dans cette attente, nous avons bien évidemment recours à des technologies alternatives, mais l’objectif reste un accès à la fibre pour 100 % des Français.
“Nous sommes mobilisés autour d’un triptyque d’enjeux qui fait, d’ailleurs, écho à notre devise républicaine : Égalité, Pérennité et Solidarité ! ”
Comme précédemment expliqué, la pérennité consiste à assurer le bon fonctionnement des infrastructures face aux différents aléas. À notre demande, les collectivités ont, par ailleurs, élaboré des schémas de résilience pour leur territoire pour garantir la résilience et la pérennité des réseaux sur le long terme.
La solidarité consiste à établir et préserver un équilibre, notamment sur le plan économique, des réseaux sur le long terme, notamment pour les opérateurs d’infrastructures qui exploitent les réseaux fixes ou mobiles.
Cela passe notamment par la sécurisation foncière des parcelles accueillant des infrastructures de télécommunication mobile, afin d’éviter leur remise en cause et la cessation de la couverture mobile.
Quels sont les enjeux que pose l’infrastructure des data centers ?
Sur les prochaines années, les centres de données vont concentrer les principaux investissements à réaliser en matière d’infrastructures numériques. Cet investissement de la filière sera essentiel afin de répondre à la demande croissante en matière d’hébergement de données et de puissance de calcul.
Dans ce cadre, les principaux enjeux relatifs au déploiement des centres de données concernent les besoins énergétiques nécessaires à leur fonctionnement. En France, contrairement à d’autres pays européens, nous avons la chance d’avoir une énergie largement décarbonée. Depuis quelques années, nous assistons aussi à un très fort développement des hyperscalers, ces grands data centers. Cet atout stratégique ne doit pas faire oublier la nécessaire prise en compte de critères environnementaux dans le développement et l’utilisation de ces infrastructures. Le pôle de Paris et de Marseille figure, par ailleurs, dans le top 10 des pôles européens d’hébergement des données.
“Le 20 avril dernier, InfraNum a signé un accord pour la reconstruction des infrastructures numériques en Ukraine.”
En parallèle, de plus en plus de data centers de proximité se développent sur l’ensemble du territoire, ce qui permet de répondre à une forte demande de maillage du territoire.
Ce fort déploiement va aussi permettre de soutenir le développement de l’informatique quantique, un axe stratégique incontournable pour l’avenir du pays. En effet, les premiers pays qui se doteront de cette puissance de calcul quantique vont prendre une avance considérable sur le plan économique, mais aussi en matière de défense et de cybersécurité.
Actuellement, quels sont les autres sujets qui vous mobilisent ?
Nous continuons à accompagner le développement et le déploiement de la filière à l’export. Le 20 avril dernier, InfraNum a signé un accord pour la reconstruction des infrastructures numériques en Ukraine. J’ai récemment participé à la visite d’État au Maroc au côté du Président de la République.
À une échelle nationale, nous sommes mobilisés afin que nos entreprises rattrapent leur retard en matière de digitalisation. Il s’agit aussi d’accélérer le déploiement des data centers et de renforcer la mise en place de territoires connectés et durables. Enfin, pour mener de front l’ensemble de ces sujets, la filière doit relever le défi de l’emploi et de la formation.