La formation à l’X : un chantier permanent
La qualité de la formation dispensée aux X est la condition de la reconnaissance de l’École comme lieu d’excellence. Elle est donc en perpétuelle évolution, pour intégrer des préoccupations comme la diversité, le développement durable et les différents défis du monde moderne. Le fondement reste la pluridisciplinarité afin de permettre aux élèves de répondre à toute la complexité de ce monde. Les étudiants deviennent toujours plus acteurs de leur apprentissage, qui intègre toujours plus les techniques numériques.
Quels sont vos objectifs, en tant que directrice de la formation ?
Ce qui m’anime profondément, c’est la passion de transmettre les savoirs, de motiver et d’accompagner les étudiants dans leur parcours d’études. Il est important pour moi de continuer à enseigner, même dans mes fonctions actuelles, car cette pratique me permet de rester en prise directe avec les réalités des étudiants et les dynamiques de l’enseignement. Ce qui me tient à cœur est de garantir à chacun de nos étudiants, quelle que soit la formation suivie, un parcours riche et réussi, de les soutenir à chaque étape du cursus et de leur fournir les outils pour réussir grâce à une formation exigeante et de qualité.
L’accompagnement va de pair avec une exigence d’excellence : celle de proposer des formations avec un socle scientifique solide, pluridisciplinaire, qui préparent les étudiants aux défis complexes du monde contemporain. Il est aussi essentiel de travailler de façon très étroite avec les enseignants et les départements d’enseignement et de recherche de l’École. Ce sont des professionnels brillants et engagés, et mon rôle est de les soutenir en développant de nouvelles approches pédagogiques, en valorisant leur travail et en leur permettant d’exprimer pleinement leur expertise. Cela aide aussi les étudiants à tirer le meilleur de leur expérience.
Quelles sont les forces de la formation aujourd’hui ?
L’École a su préserver ce qui fait son identité et son excellence depuis sa création. Certaines valeurs sont profondément enracinées et continuent de guider la formation : l’intégrité, le sens de l’intérêt général et une ambition scientifique et pédagogique qui se traduit par un haut niveau d’exigence. L’une de nos grandes forces réside dans l’ancrage de l’enseignement dans la recherche. Tous nos enseignants sont des chercheurs, ce qui permet aux étudiants de développer une démarche critique, innovante et rigoureuse, indispensable pour relever les défis de demain.
Une autre dimension essentielle est l’esprit de solidarité qui se tisse au sein des promotions. Cette cohésion entre étudiants est un véritable atout humain, qui enrichit leur parcours bien au-delà des apprentissages académiques. Enfin, il faut mentionner l’ouverture, qui s’est renforcée au fil des années. Elle se traduit par une dimension internationale de plus en plus marquée : plus de 40 % de notre corps professoral est international et, dans nos programmes de Bachelor et MScT (Master of Science and Technology), plus de 60 % des étudiants sont internationaux. Cet écosystème multiculturel enrichit les échanges et prépare nos étudiants à évoluer dans un monde globalisé, tout en restant fidèles aux valeurs de l’École.
Comment l’École parvient-elle à concilier ouverture multiculturelle et diversité, tout en répondant aux défis de la reproduction sociale parfois associée au concours ?
Nous travaillons activement à créer une vraie cohérence entre tous les cycles de formation, notamment en termes de pratiques, tout en favorisant les échanges et le partage. Qu’il s’agisse du Bachelor, du cycle ingénieur polytechnicien ou des masters, l’ambition est la même : former des étudiants à l’excellence pour qu’ils puissent ensuite mettre leurs compétences au service de l’intérêt général.
Depuis deux ans, nous avons entrepris des actions concrètes pour renforcer cette ouverture, comme la création d’un poste de directeur adjoint chargé de la vie étudiante dans tous les cycles de formation, ce qui favorise les échanges et l’intégration entre les différentes populations de l’École. Cette approche favorise une osmose entre des étudiants venus d’horizons très variés.
Cette ouverture se traduit également par des actions pour diversifier les voies d’accès, notamment sous l’impulsion du directeur des concours, Marc Rosso, et de Dominique Rossin (X94), directeur de l’enseignement et de la recherche. Ces dernières années, nous avons ouvert de nouvelles filières. Cela contribue non seulement à enrichir la diversité des profils, mais aussi à élargir l’éventail géographique des candidats.
Une question qui me tient à cœur : comment justifiez-vous la présence d’un cours de psychanalyse au programme du département Humanités et Sciences sociales, alors que la scientificité de cette discipline est souvent remise en question ?
Ce séminaire figure dans l’offre du département Humanités et Sciences sociales, car la psychanalyse, qu’on l’apprécie ou qu’on la critique, fait partie du spectre des sciences humaines. Elle a marqué des pans entiers de la réflexion intellectuelle et culturelle, et il semble pertinent d’offrir aux étudiants qui le souhaitent un aperçu de cette discipline.
L’objectif de cette offre pédagogique est d’aider les étudiants à appréhender la complexité du monde et cela passe par l’exploration de courants de pensée variés, y compris ceux qui suscitent des débats. C’est d’ailleurs l’une des forces du département : présenter un éventail suffisamment large pour encourager la réflexion critique. Le séminaire de psychanalyse est une option parmi d’autres, suivie par un petit nombre d’étudiants – une vingtaine, en l’occurrence, bien moins que des thématiques comme les sciences cognitives, qui attirent davantage.
En somme, ce type de cours contribue à ouvrir le champ des possibles et à enrichir la palette d’outils intellectuels disponibles pour nos étudiants, dans une démarche qui valorise l’analyse critique, quelles que soient les controverses associées à la discipline en question.
Quelles sont les principales initiatives que vous portez actuellement pour adapter la formation aux enjeux contemporains ?
L’École a lancé plusieurs initiatives pour mieux préparer les étudiants aux défis actuels. Un exemple emblématique est l’introduction d’un cours de tronc commun axé sur les problématiques sociétales et stratégiques majeures. Ce cours est coconstruit par le département Humanités et Sciences sociales (H2S) et la direction de la formation humaine et militaire (DFHM). Il aborde des thématiques essentielles comme les équilibres mondiaux, la souveraineté et la cybersécurité.
“Engineering Sustainability, s’ingénier pour durer.”
Un autre exemple est le cours, intitulé Engineering Sustainability, s’ingénier pour durer, lancé en 2e année des X2023. Ce cours, conçu avec la participation active des étudiants, vise à développer des compétences pour répondre de façon pertinente et concrète aux questions liées au développement durable. Nous avons travaillé en profondeur sur la pédagogie pour intégrer des grilles d’analyse pertinentes et favoriser une approche interdisciplinaire.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce cours S’ingénier pour durer ?
Il est très novateur, même dans le contexte de l’École polytechnique, où la formation pluridisciplinaire est une marque de fabrique. Jusqu’à présent, cette pluridisciplinarité signifiait surtout que les étudiants abordaient différentes disciplines pendant leur cursus. Ce cours propose une véritable intégration des perspectives : conçu par neuf départements différents, il traite les sujets de développement durable selon des approches variées, comme le management de l’innovation, la mécanique et la physique du climat, ou encore la biodiversité.
Il a été élaboré de manière collaborative grâce à un groupe de travail qui intégrait les différents départements ainsi que des représentants des élèves. Le format du cours est également original. Il débute par des cours magistraux pour introduire les thématiques, mais l’essentiel de l’apprentissage se fait ensuite en petits groupes, avec une pédagogie active. Les étudiants sont encouragés à manipuler des données concrètes, ce qui les confronte à la complexité des problèmes abordés. L’objectif est non seulement d’acquérir des connaissances, mais aussi de comprendre comment elles sont produites et d’affiner leur esprit critique.