La Zébrelle
J’ai dévoré La Zébrelle et je recommande ce premier roman de notre camarade Reynald Seznec.
Raphaël, qui prépare son doctorat au MIT à Boston, y relate avec une précision clinique une profonde relation amoureuse suivie du dérapage psychologique de sa compagne, Jacinta, brillante avocate brésilienne formée à Harvard.
Conquis par les souvenirs d’étudiant de Raphaël – j’ai retrouvé les miens avec un plaisir infini – j’ai périodiquement posé le roman pour mieux communier avec ses excellentes descriptions de l’incommunicabilité de l’Autre. La rationalité de Raphaël ne comprend l’angoisse de Jacinta que par la métaphore délirante de la zébrelle, dont les rayures ne mélangent jamais le noir et le blanc. Leur relation parfaite, presque onirique, sera mise à rude épreuve tant le contraste est grand entre la précision et la rationalité extrême de l’un et les zones d’ombre de l’autre. Raphaël ne pourra pas facilement mettre des mots sur le naufrage psychologique de Jacinta. Seul l’art de celle-ci lui laissera entrevoir un jour le tumulte de l’esprit de sa femme.
En toile de fond, le narrateur poursuit une belle carrière dans une entreprise de Boston, et l’auteur en profite pour communiquer une remarquable expérience de vie dans l’industrie avec quelques phrases qui résonneront chez nombre d’entre nous : « Le rôle premier du management était de dépasser les contradictions » ou « Le tact, justement, ce n’était pas mon fort. »
J’ai sciemment évité de couvrir tous les aspects essentiels de ce livre pour laisser au lecteur le plaisir des surprises qui s’accumulent au fil des pages. Et pour qu’il puisse ainsi l’apprécier autant que je l’ai fait !