Des compétences françaises au service de l’international


La France a une grande expérience dans la construction et l’exploitation des ouvrages hydroélectriques. Ses industriels et ses bureaux d’études en tirent une expertise qui est précieuse à la fois pour le rayonnement de notre technologie à l’international et pour la diffusion dans le monde en développement de cette solution énergétique décarbonée.
La France, forte de son expertise en matière d’hydroélectricité, joue un rôle de premier plan sur la scène internationale. Depuis des décennies, les ingénieurs et les entreprises françaises se distinguent par leur savoir-faire et leur capacité à innover dans le domaine des barrages et des aménagements hydroélectriques. L’hydroélectricité, qui représente une part importante de la production d’énergie renouvelable en France, est un secteur où le pays excelle. De nombreux barrages emblématiques témoignent de cette maîtrise technique. Ces infrastructures, conçues et réalisées par des bureaux d’études et construites par des entreprises françaises, sont des modèles de performance et de durabilité. Les compétences techniques françaises en barrages et hydroélectricité couvrent un large éventail de domaines, allant de la conception et de la construction à la mise en service, puis à la gestion et à la maintenance des infrastructures. Voici quelques-unes des principales compétences.
La conception et l’ingénierie
Les ingénieurs français sont réputés pour leur capacité à concevoir des barrages et des centrales hydroélectriques innovants et efficaces. Ils utilisent des technologies de pointe en modélisation physique et numérique pour optimiser la performance des installations. Les compétences en hydraulique sont essentielles dans ce domaine, incluant la maîtrise de l’hydrostatique et de l’hydrodynamique pour comprendre et gérer les flux d’eau. Les ingénieurs doivent également posséder des connaissances approfondies en génie civil et en génie mécanique, ainsi qu’une expertise en hydrologie pour évaluer les ressources en eau disponibles. L’utilisation de logiciels de modélisation et de simulation permet de prévoir le comportement des systèmes hydrauliques et d’optimiser la conception des infrastructures.
La modélisation physique hydraulique
La modélisation physique hydraulique est une compétence clé des ingénieurs français. Elle consiste à créer des maquettes à échelle réduite pour simuler les conditions d’écoulement et de transport solide dans les systèmes naturels et artificiels. Cette technique permet de tester et d’optimiser les conceptions avant leur mise en œuvre réelle, garantissant ainsi des solutions techniques efficaces et sûres. Les laboratoires français, tels que le laboratoire hydraulique d’Artelia, sont reconnus mondialement pour leur expertise en modélisation physique, contribuant à la conception et à la validation de projets hydrauliques complexes.
La topographie
La topographie est essentielle dans la conception et la réalisation de projets hydroélectriques. Les topographes français utilisent des technologies avancées, telles que le GPS, les drones et les systèmes d’information géographique (SIG), pour réaliser des relevés précis du terrain. Ces données sont cruciales pour la planification des infrastructures, la modélisation des bassins versants et la gestion des ressources en eau. Les relevés topographiques permettent également de surveiller les déformations des barrages et d’autres structures, garantissant ainsi leur sécurité et leur durabilité.
La géologie et la géotechnique
Les compétences en géologie et géotechnique sont fondamentales pour la réussite des projets hydroélectriques. Les géologues et géotechniciens français réalisent des études détaillées du sol et des roches pour évaluer la stabilité des sites et identifier les risques potentiels. Ils utilisent des techniques d’investigation avancées, telles que les forages, les essais de pénétration et les relevés géophysiques, pour recueillir des données précises sur les conditions géologiques. Ces informations sont essentielles pour la conception des fondations des barrages, la prévention des glissements de terrain et la gestion des risques sismiques.
Bien d’autres domaines de compétences
Les entreprises françaises possèdent une expertise approfondie dans la construction de nouvelles infrastructures, ainsi que dans la réhabilitation de barrages existants pour améliorer leur efficacité et leur sécurité. Cela inclut l’utilisation de matériaux avancés et de techniques de construction modernes.
La gestion efficace des ressources en eau est cruciale pour le succès des projets hydroélectriques. Les experts français sont spécialisés dans l’évaluation des ressources hydrauliques, la planification de l’utilisation de l’eau et la mise en œuvre de systèmes de gestion intégrée des bassins versants. La France est à la pointe du développement de turbines hydroélectriques à haute efficacité. Ces technologies permettent de maximiser la production d’électricité tout en minimisant les impacts environnementaux. Les transformateurs et alternateurs jouent un rôle crucial dans les centrales hydroélectriques. Les alternateurs convertissent l’énergie mécanique produite par les turbines en énergie électrique, tandis que les transformateurs ajustent la tension de cette électricité pour la rendre compatible avec le réseau de distribution. Les alternateurs hydrauliques français sont conçus pour optimiser le couple puissance-vitesse, ce qui permet une grande variété de dimensionnements et de conceptions adaptées aux spécificités de chaque site.
Les innovations récentes incluent l’utilisation d’alternateurs à aimants permanents et à basse vitesse, qui améliorent les performances et réduisent le bruit. Les laboratoires et centres de recherche français collaborent avec des institutions internationales pour développer de nouvelles technologies et améliorer les performances des installations hydroélectriques. Cela inclut des innovations dans les systèmes de gestion intelligente des réseaux hydrauliques et les turbines à haute efficacité.
Les compétences environnementales et sociales
Les projets hydroélectriques français intègrent également des compétences avancées en matière de gestion environnementale et sociale. Ainsi pour l’évaluation des impacts environnementaux : les experts français réalisent des études d’impact environnemental détaillées pour identifier et atténuer les effets négatifs des projets hydroélectriques sur les écosystèmes locaux. Cela inclut la préservation de la biodiversité, la gestion des sédiments et la qualité de l’eau. Ou encore pour la gestion des impacts sociaux : les projets hydroélectriques prennent en compte les impacts sociaux, notamment en ce qui concerne les populations locales.
Les entreprises françaises travaillent en étroite collaboration avec les communautés pour assurer une réinstallation équitable, la création d’emplois locaux et le développement de programmes sociaux. Enfin pour le suivi et la conformité environnementale : les entreprises françaises mettent en place des systèmes de suivi environnemental pour garantir que les projets respectent les normes environnementales tout au long de leur cycle de vie. Cela inclut la surveillance continue de la qualité de l’eau, de la faune et de la flore.
Des exemples de barrage par continent
Les compétences françaises en termes de barrages et hydroélectricité s’expriment dans le monde entier, sur les quatre continents, chacun d’eux ayant des demandes spécifiques. On pourrait citer de nombreux projets emblématiques en Afrique avec des projets hydroélectriques ayant d’autres utilités comme l’irrigation ou l’eau potable, mais aussi des projets transfrontaliers ; ces projets sont souvent développés sur les grands fleuves et leurs affluents du Sénégal, au Niger, sur le Nil, au Zambèze, au Congo. Plusieurs projets hydroélectriques ont été réalisés aussi au Moyen-Orient, en particulier sur le Nil.
Les STEP amènent un nouveau développement de l’hydroélectricité dans la région, pour compenser les énergies renouvelables intermittentes. De nombreux projets hydroélectriques ont aussi été réalisés en Asie du Sud-Est ; on citera en particulier le bassin du Mékong avec le Laos qui abrite un fort potentiel de projets hydroélectriques, mais aussi le Viêtnam et l’Indonésie. Un fort développement plus récent a lieu en Australie avec le développement des STEP pour compenser les énergies renouvelables intermittentes. De nombreux projets ont été réalisés jusque dans les années 80 sur le continent américain et en Europe. Aujourd’hui des projets de réhabilitation mais aussi de STEP sont nombreux sur ces deux continents.
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Quelques exemples de projets étudiés et construits ou en cours de construction par des entreprises françaises ces dernières années :
En Afrique de l’Ouest
Au Cameroun, l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal ; cet aménagement est composé d’un barrage poids en béton compacté au rouleau (BCR déversant ; longueur : 1 380 m, hauteur : 6 m), d’un évacuateur de crues (2 vannes segment, L : 17 m x H : 10,7 m), d’un canal d’amenée (longueur : 3 067 m ; Q : 980 m3/s), d’une prise d’eau suivie de conduites forcées et d’une usine de 420 MW (7 groupes Francis de 60 MW), de postes et lignes de transport (225 kV, 50 km) ; les sociétés françaises Artelia, EDF, ISL, NGE, Tractebel, GE Vernova sont intervenues pour les études, la construction, la mise en service et l’exploitation de cet aménagement.
En Afrique du Nord
Au Maroc, la station de transfert d’énergie par pompage (STEP) d’Abdelmoumen ; elle est composée de deux réservoirs de 1,3 Mm3 dont étanchéité est assurée par géomembrane, de 1,1 km de galeries et d’un puits blindé en diamètre 5 m, de 2 km de conduites forcées en diamètre 3,6 m à 4,8 m, d’une usine en puits équipée de deux groupes réversibles de 175 MW chacun sous 575 m de chute, d’un poste de départ au réseau ; les sociétés françaises Artelia, Tractebel et Vinci sont intervenues pour les études, la construction et la mise en service de cet aménagement.
En Afrique de l’Est
En Éthiopie, l’aménagement hydroélectrique du grand barrage de la Renaissance ; il est composé d’un barrage poids en béton compacté au rouleau de 145 m de haut sur le Nil retenant un réservoir de 54 milliards de mètres cube d’eau alimentant une centrale hydroélectrique de 5 150 MW, ainsi que de nombreux ouvrages annexes : vidanges de fond, évacuateurs de crues, digues de col ; le bureau d’études français Tractebel est intervenu sur le projet pour le suivi de sa construction.
Au Moyen-Orient
L’aménagement hydro-électrique d’Assiut sur le Nil en Égypte ; il est composé d’un évacuateur de crues (8 passes de 17 m équipées de vannes radiales, capacité 7 000 m3/s), d’une digue en remblai de fermeture, d’une usine hydroélectrique de 41,4 MW (4 groupes bulbes), d’un poste de connexion au réseau électrique, de deux écluses de navigation de 120 m x 17 m et de la rénovation de l’écluse existante de 80 m x 16 m et du régulateur de tête du canal d’Ibrahima construit en 1902 et déjà rénové en 1938 pour l’irrigation. Les sociétés françaises Artelia, Tractebel et Vinci sont intervenues pour les études, la construction et la mise en service de cet aménagement à but multiple (irrigation, navigation, hydroélectricité).
La station de turbinage pompage (STEP) de Hatta ; elle est composée d’un réservoir supérieur fermé par deux barrages en BCR (hauteurs respectives de 71 m et 37 m), d’un chemin d’eau comprenant une prise d’eau amont, un tunnel de 1 250 m (diamètre 7,05 m), une conduite forcée(1 x Ø 6,20 m, puis 2 x Ø 4,40 m), d’une usine en puits de 250 MW (2 groupes turbines-pompes de 125 MW), le tout connecté à un réservoir aval fermé par le barrage existant d’Al Awwal (45 m de haut), de lignes enterrées de 132 kV, et 7 km de route d’accès avec 2 tunnels d’accès de 500 m. Les sociétés françaises Artelia et EDF sont intervenues pour les études, la construction et la mise en service de cet aménagement.
En Asie du Sud-Est
L’aménagement hydroélectrique de Nam Phak au Laos ; il est composé de 3 barrages en remblai à noyau asphaltique de 80 m, 66 m et 26 m de hauteur, de deux évacuateurs de crues, d’un tunnel (3,7 m de diamètre et 2 790 m de long) suivi d’une conduite forcée (diamètre 3 m et 1 860 m de long) permettant l’alimentation d’une usine hydroélectrique 180 MW (2 groupes Pelton), d’un poste et d’une ligne de 115 kV. Les sociétés françaises Artelia et Tractebel sont intervenues pour les études, la construction et la mise en service de cet aménagement.
L’impact international des compétences françaises
Les entreprises françaises bénéficient d’un solide ancrage en Europe et d’une forte présence en Afrique et en Asie-Pacifique, avec des filiales et succursales dans de nombreux pays. Cette présence internationale permet aux experts français de s’adapter aux spécificités locales et de répondre efficacement aux besoins de leurs clients partout dans le monde. Les entreprises françaises peuvent ainsi avoir des objectifs ambitieux de développement international et démontrer leur capacité à mener des projets d’envergure à l’échelle mondiale. En outre, la France s’engage activement dans la recherche et le développement pour améliorer encore l’efficacité et la durabilité des installations hydroélectriques. Les bureaux d’études, laboratoires, exploitants et les centres de recherche français collaborent avec des institutions internationales pour développer de nouvelles technologies, telles que les turbines à haute efficacité et les systèmes de gestion intelligente des réseaux hydrauliques.
Les compétences françaises en hydroélectricité sont un atout majeur pour le développement des énergies renouvelables à l’échelle mondiale. Grâce à leur expertise, leur capacité d’innovation et leur engagement en faveur du développement durable, les acteurs français du secteur contribuent de manière significative à la transition énergétique globale.

L’exemple de Grand Renaissance en Éthiopie
L’aménagement hydroélectrique de Grand Renaissance en construction sur le Nil bleu en Éthiopie, à 750 km d’Addis-Abeba, comprend un barrage poids en béton compacté au rouleau (BCR) de 145 m de haut, qui créera un réservoir de 74 milliards de m3, et deux centrales électriques situées au pied du barrage et équipées de 13 groupes. Avec une capacité totale installée de 5 150 MW et une production annuelle moyenne de 15 759 GWhs, il peut se comparer à deux EPR type Flamanville…
La réalisation de ce projet emblématique représente une étape décisive pour le développement énergétique du pays, dont la capacité installée va quasiment doubler grâce à cet aménagement. Notre ingénierie (Tractebel) est associée depuis le lancement du projet, au début des années 2010, comme assistant au maître d’ouvrage – l’électricien national éthiopien, Ethiopian Electric Power EEP – dans sa conduite du projet, la revue de sa conception, sa gestion contractuelle et la supervision des travaux.
Ce projet a pu être mené à bien malgré le contexte d’un pays qui a connu pendant la période des troubles intérieurs et des relations tendues avec les pays avaliés, l’Égypte notamment qui avait pris ombrage de ce projet et mené diverses actions pour entraver son développement. Des accords difficilement obtenus avec le Soudan et l’Égypte imposaient d’échelonner le remplissage du réservoir pour en limiter le prélèvement d’eau annuel. L’un des défis techniques à relever consistait à couper et dériver pendant la construction du barrage un fleuve dont l’hydrologie parfois capricieuse est marquée par des crues saisonnières imposantes. Un autre objectif était de démarrer la production d’électricité de manière anticipée avec des groupes dédiés, équipés de prises basses dans le barrage en cours de construction et pouvant fonctionner avec un réservoir partiellement rempli.
« La réalisation de ce projet emblématique représente une étape décisive pour le développement énergétique du pays, dont la capacité installée va quasiment doubler grâce à cet aménagement. »
Le schéma contractuel initial prévoyait une réalisation clé-en-main par une entreprise de construction (WeBuild, Italie) de l’ensemble de l’aménagement. Il a été remis en cause en cours de réalisation par le gouvernement éthiopien, qui a décidé de confier à une entreprise nationale le montage de l’ensemble des équipements électromécaniques. Cette approche n’ayant pas été concluante, le maître d’ouvrage a in extremis réalloti toute cette partie de fourniture et montage à plusieurs constructeurs (Voith hydro, Siemens, Synohydro, etc.). Ce nouveau schéma contractuel a nécessité de la part de notre ingénierie un travail complexe d’intégration et de coordination technico-contractuelle d’une demi-douzaine d’entreprises.
Cette mission nous a aussi amenés à développer des dispositions constructives innovantes afin d’optimiser le phasage de construction des ouvrages et gérer la dérivation saisonnière du fleuve, déversant alternativement ses eaux en période de crues estivales par-dessus une section surbaissée du barrage, puis à travers des pertuis vannés en période de basses eaux. Le barrage doit aussi intégrer les 13 prises d’eau usinières et ses conduites forcées (environ 9 m de diamètre) qui le traversent à mi-hauteur, ce qui implique une coactivité complexe des travaux de génie civil avec les montages des équipements de vantellerie et blindage acier.
Ce projet stratégique pour l’Éthiopie est maintenant en voie d’achèvement, plusieurs groupes ayant déjà été mis en service et le réservoir bientôt complètement rempli. Il a pu être réalisé en un peu plus de dix ans, délais relativement court compte tenu de la taille et de la complexité de l’aménagement, du contexte géopolitique et des défis techniques et contractuels relevés. Notre ingénierie aura accompagné sa réalisation, depuis sa conception initiale jusqu’à sa mise en service, et aura ainsi pris toute sa part dans ce succès éclatant.