Les publications polytechniciennes
La première société polytechnicienne
Le Bureau de bienfaisance de la Caisse des élèves fut créé en 1806. Comme son nom l’indique il avait pour fonction de venir en aide aux élèves nécessiteux et peut-être aussi à leur famille [2]. C’est l’ancêtre modeste des sociétés polytechniciennes qui ont été instituées par la suite, S.A.S., S.A.X., Groupement 1900–1913 et enfin A.X.
La Société amicale de secours des anciens élèves de l’École polytechnique (S.A.S.)
La Société amicale de secours des anciens élèves de l’École polytechnique (S.A.S.) a été fondée en 1865, son Assemblée constitutive s’étant réunie le 26 novembre. Ce sont les promotions 1863 et 1864, alors qu’elles étaient encore à l’École, qui furent à l’origine de cette création, avec pour objet « de venir en aide aux camarades malheureux et à leurs familles ». Cette société prenait le relais du Bureau de bienfaisance de la Caisse des élèves qu’on vient d’évoquer.
Dès le 23 septembre 1867 la S.A.S. fut reconnue d’utilité publique par un décret de Napoléon III.
Le Bulletin de la S.A.S. avait pris pour emblème
la poule aux œufs d’or, chère à Napoléon
Afin d’alimenter son budget de solidarité, un bal qui eut lieu désormais chaque année – sauf pendant les périodes de guerre – fut organisé en 1879. Cette manifestation existe toujours, comme chacun sait, et elle continue à rassembler en divers lieux prestigieux toutes les générations de camarades, autour d’un spectacle, d’un souper et du bal proprement dit.
Le premier Annuaire édité par la S.A.S. vit le jour en 1867 sous la forme d’une annexe au compte rendu de la réunion de l’Assemblée générale. Cette publication annuelle subit quelques éclipses, mais, du fait de son évidente utilité, est toujours en vigueur.
La S.A.S. se transforma en A.X., à la suite de l’Assemblée générale du 12 mai 1962 et du décret du 28 janvier 1963. Cette transformation fut approuvée par l’Assemblée générale extraordinaire du 6 mars 1963 suivie de l’Assemblée générale constitutive de l’A.X.
La S.A.S. publia à partir du 15 octobre 1927 un Bulletin. 49 numéros de celui-ci parurent, le dernier le 15 décembre 1939. La guerre ne permit pas de continuer son édition, qui ne fut pas reprise en 1945.
Le sommaire comportait trois rubriques : « Les Antiques », la vie à l’École et les communications du Comité. Les deux dernières, qui existent toujours comme il se doit dans La Jaune et la Rouge, informaient nos camarades sur la vie de la société et de la « Boîte Carva ». La première relevait de la tradition de publier des textes d’intérêt général même si à l’origine il s’agissait de rendre hommage aux grands Antiques (cf. le Bulletin de la S.A.X.).
La Société des amis de l’École polytechnique (S.A.X.)
Cette société est née à la suite d’un appel daté du 18 mai 1908 et envoyé aux anciens élèves. Dès le 31 mai suivant, une assemblée constitutive désignait son président Louis Cuvinot (1855), sénateur de l’Oise et inspecteur général des Ponts et Chaussées ainsi que les 39 autres membres de son Conseil. Celui-ci se réunit pour la première fois le 5 juin 1908.
Lors de sa troisième réunion (3 décembre) il décida la publication d’un Bulletin dont le premier numéro parut en avril 1909. 102 numéros furent publiés, le dernier étant daté d’octobre 1945. Bien entendu, comme on peut s’en douter, la guerre de 1914–1918 perturba la parution du bulletin. Après juillet 1914, il fallut attendre novembre 1917 et octobre 1919 pour revenir à une édition normale. De même la période allant d’avril 1940 (n° 98) à janvier 1945 (n° 99) correspondit à la suspension de la publication de la revue.
Cependant le Conseil d’administration avait continué de se réunir discrètement, malgré l’interdiction allemande du 24 janvier 1942.
La S.A.X. avait été reconnue d’utilité publique par décret du 26 juin 1911.
À la suite de l’Assemblée générale du 12 mai 1962 la S.A.X. fut déclarée dissoute par le décret du 28 janvier 1963, cette dissolution ayant été entérinée par l’Assemblée générale du 16 mars 1963. L’A.X. reprit alors son patrimoine et ses activités.
Le Bulletin de la S.A.X. débuta évidemment par des communications traitant de la mise en place de la nouvelle association, puis de sa vie quotidienne. On notera l’apparition dès le n° 4 d’une rubrique d’offres d’emploi et dès le n° 6 de celle des demandes d’emploi : le même numéro accueillit une chronique bibliographique.
Dans le n° 7, à l’occasion de la mort d’Henri Poincaré, fut créée une dernière partie « traitant soit des questions scientifiques, soit des questions intéressant l’École ». Elle comprenait un article de Jean Bosler (1898) sur Poincaré, un article du commandant Spilleux intitulé « L’École polytechnique et les humanités », ainsi que la bibliographie déjà citée.
Le Groupement 1900–1913
Après la victoire de 1918, jugeant probablement que la S.A.S. et la S.A.X. manquaient de dynamisme, des camarades des promotions 1900 à 1913 créèrent une nouvelle entité intitulée « Groupement 1900–1913 ». Celui-ci édita dès avril 1920 un bulletin mensuel, qui à partir de son n° 5 (octobre 1920) parut sous le titre X‑Information – Bulletin mensuel polytechnicien. Ce périodique dont le n° 1 n’avait que quatre pages in-quarto s’étoffa bientôt pour atteindre, par exemple, 24 pages en juin 1938.
Le dernier numéro parut le 25 avril 1940 et le bulletin ne survécut pas à la guerre, non plus semble-t-il que le Groupement sous sa forme initiale. Cependant on peut se demander si le G.P.X. ne peut pas être considéré au moins dans une certaine mesure comme son héritier. Cette question serait à approfondir. Du point de vue rédactionnel on enregistre dès le n° 2 le carnet polytechnicien, des offres d’emploi et une rubrique bibliographique, ainsi que des contributions sur des questions économiques et sociales.
Elle fut créée le 26 mai 1945 à l’occasion de l’entrée des deux sociétés – la S.A.S. et la S.A.X. – à la Fédération des associations et sociétés françaises d’ingénieurs (FASFI)1.
Le n° 5 introduit des questions scientifiques (le principe de relativité : déjà !) et un article sur le mouvement des idées. Cependant on peut noter que les articles sur les sujets d’intérêt général sont assez brefs et moins élaborés que ceux du Bulletin de la S.A.X.
L’Association des anciens élèves (A.X.)
L’A.X. était alors une société à structure légère ayant pour rôle de coordonner la S.A.S. et la S.A.X. Son président et son vice-président étaient alternativement les présidents des deux sociétés fondatrices.
Par contre les publications de ces deux entités furent supprimées au profit du Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’École polytechnique (A.X.) dont le premier numéro parut en janvier 1946. La publication de ce bulletin bimestriel cessa après le numéro 72 de janvier 1958.
Outre les classiques nouvelles des associations (A.X., S.A.S., S.A.X., groupes X) ce bulletin ouvrit ses colonnes à de nombreux articles sur des sujets d’intérêt général.
Entre-temps un cahier mensuel de liaison appelé La Rouge et la Jaune avait vu le jour le 10 janvier 1948.
C’est la revue qui subsiste aujourd’hui avec une pagination beaucoup plus étoffée, sous le nom de La Jaune et la Rouge. En effet, il avait été prévu à l’origine que la revue paraîtrait sous le premier titre les années paires et sous le second les années impaires.
Cette disposition originale et unique en son genre, dans notre pays au moins, ne put se perpétuer, à cause des problèmes administratifs qu’elle ne manqua pas de soulever vis-à-vis du dépôt légal.
La Rouge et la Jaune ne parut donc qu’en 1948, 1950 et 1952. La Jaune et la Rouge avait quant à elle été éditée en 1949 et 1951. C’est ce titre qui survécut depuis le n° 57 de janvier 1953. Publiée depuis 1948 dans le format 14 x 23, une nouvelle formule vit le jour en avril 1974 sous une présentation qui se prolongera avec quelques modifications de détail jusqu’en décembre 1997. Une maquette modernisée a été créée en 1998.
Comme on l’a vu et comme il était logique, S.A.S. et S.A.X. disparurent en 1963 pour former l’A.X. nouvelle formule. Alors que les sociétés polytechniciennes avaient coexisté paisiblement depuis leur fondation, de violentes discussions apparurent entre partisans et adversaires du transfert de l’École à Palaiseau. Mais ceci est une autre histoire…
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1. La FASFI devint par la suite FASFID (Fédération des associations et sociétés françaises d’ingénieurs diplômés) et sa fusion avec les ISF (Ingénieurs et scientifiques de France) et le CNIF (Conseil national des ingénieurs français) donna naissance au CNISF actuel.