Considérant, polytechnicien, chef de l’école fouriériste (1808−1893)

Dossier : La cité idéaleMagazine N°554 Avril 2000
Par Michel VERNUS

Trois pensées à la coloration comtoise

En dépit des dif­fé­rences théo­riques et de tem­pé­ra­ment, tous les trois pré­sentent une com­mu­nau­té de pen­sée ins­pi­rée par leurs racines comtoises.

Une reconstruction de la société par en bas

La cité à laquelle ils aspirent doit s’é­di­fier à par­tir d’une petite cel­lule de base. Ils prônent un socia­lisme que Consi­dé­rant nomme le » socia­lisme alvéo­laire « . Peu importe le voca­bu­laire par lequel ils dési­gnent cette cel­lule : pha­lan­stère ou pha­lange pour les fou­rié­ristes, com­mune pour Prou­dhon. Consi­dé­rant uti­lise cou­ram­ment le terme de com­mune2.

Cette pers­pec­tive, ils la doivent au ter­roir dont ils sont issus. En Franche-Com­té, sous l’An­cien Régime, exis­tait une véri­table démo­cra­tie locale, avec des com­mu­nau­tés orga­ni­sées en petites répu­bliques. Les vil­la­geois y avaient déve­lop­pé des pra­tiques com­mu­nau­taires sécu­laires : l’as­sem­blée des chefs de familles, la frui­tière que Fou­rier et Consi­dé­rant uti­lisent comme modèle de l’As­so­cia­tion qu’ils pré­co­nisent3, l’u­sage des com­mu­naux, l’af­fouage (par­tage du bois com­mu­nal pour le chauffage).

Si tous les trois conçoivent la nou­velle socié­té recons­truite à par­tir de petites cel­lules se gou­ver­nant libre­ment, ils regroupent ce monde ato­mi­sé dans un sys­tème fédé­ra­tif ou confé­dé­ra­tif aux dimen­sions natio­nales, euro­péennes, voire mon­diales. Dès son prin­ci­pal ouvrage, Des­ti­née sociale (1834), Consi­dé­rant s’ins­crit dans une pers­pec­tive com­mu­na­liste et fédérative.

Une grande méfiance à l’égard de l’État

Elle s’ex­plique par une réac­tion contre la cen­tra­li­sa­tion fran­çaise monar­chique et jaco­bine, accen­tuée ensuite par un Second Empire auto­ri­taire, mais aus­si par le sou­ve­nir que la Franche-Com­té avait vécu comme une enti­té poli­tique auto­nome, loin d’un État cen­tra­li­sa­teur. Du XVe siècle au trai­té de Nimègue (1678), elle a vécu sous le règne du roi d’Es­pagne qui ici por­tait le titre de comte. Les Com­tois pré­fé­raient le roi d’Es­pagne loin­tain au roi de France abso­lu­tiste trop dan­ge­reu­se­ment proche.

Prou­dhon, le père de l’a­nar­chie, refuse l’É­tat, l’É­tat bour­geois comme l’É­tat ouvrier, à ses yeux tou­jours syno­nyme d’op­pres­sion et d’au­to­ri­ta­risme. Si Fou­rier, acca­pa­ré par sa vision pha­lan­sté­rienne, est plu­tôt indif­fé­rent à l’é­gard des régimes poli­tiques, Consi­dé­rant en revanche appro­fon­dit sa pen­sée décen­tra­li­sa­trice au regard de la cen­tra­li­sa­tion du Second Empire, il aura plus que des sym­pa­thies à l’é­gard de la Com­mune de Paris en 1871.

Considérant : le militant fouriériste

Fou­rier (1772−1837) est cité par Consi­dé­rant comme le Maître, auteur d’une géniale décou­verte égale en impor­tance à celle de New­ton. Si ce der­nier a décou­vert la loi de l’at­trac­tion uni­ver­selle, Fou­rier lui a décou­vert la loi de l’at­trac­tion sociale, en terme fou­rié­riste » l’at­trac­tion passionnée « .

Entre Fou­rier et Consi­dé­rant, il existe un rap­port de maître à élève, d’un élève qui en dépit de sa fidé­li­té pro­cla­mée s’émancipera.

La réhabilitation de la passion

Selon Fou­rier, les rap­ports entre les hommes sont condi­tion­nés par les pul­sions qui pro­viennent de leurs pas­sions. Celles-ci com­mandent l’at­ti­rance ou la répul­sion entre les indi­vi­dus (exemple la haine et l’a­mour). Il se livre à une véri­table » ana­to­mie des pas­sions « , il en inven­to­rie chez l’homme plus de 810, chiffre qui lui donne la mesure de la com­mu­nau­té idéale : le pha­lan­stère, 810 plus 810, soit 1 620 hommes et femmes. On veille­ra à ne pas mettre ensemble deux ambi­tieux, ce serait une cause de conflit.

Fou­rier consi­dère que Dieu a pla­cé en l’homme les pas­sions comme une éner­gie, dont il ne faut à aucun prix entra­ver la capa­ci­té créa­trice. Pas de socié­té har­mo­nieuse sans libre jeu des pas­sions. » Le vrai bon­heur, écrit-il, ne consiste qu’à satis­faire toutes ses pas­sions. » Cette réha­bi­li­ta­tion de la pas­sion se heurte à des siècles de morale chré­tienne faite de répres­sion, elle débouche sur une concep­tion libertaire.

Une critique radicale du libéralisme économique

Fou­rier, et à sa suite Consi­dé­rant, se livre à une cri­tique radi­cale de la socié­té » civi­li­sée « , autre­ment dit de la socié­té et de l’é­co­no­mie capi­ta­liste, telle qu’elle se déve­loppe sous ses yeux. Il faut créer un Nou­veau Monde indus­triel selon le titre de l’ou­vrage qu’il publie en 1829.

L’é­co­no­mie » civi­li­sée » est mor­ce­lée, au niveau de la pro­duc­tion comme au niveau de la dis­tri­bu­tion. Ce mor­cel­le­ment entraîne entre les petites uni­tés de pro­duc­tion ou de dis­tri­bu­tion une concur­rence qui abou­tit à un gas­pillage géné­ra­li­sé. À cette éco­no­mie mor­ce­lée, les fou­rié­ristes veulent sub­sti­tuer une socié­té où l’Asso­cia­tion serait la règle.

Réhabilitation de la passion amoureuse

Fou­rier dénonce un autre mal de la socié­té, celui des ménages mena­cés par le désordre amou­reux. Res­tau­rer l’ordre et la paix revient à ses yeux à modi­fier le sys­tème conju­gal en libé­rant la pas­sion amou­reuse. Il condamne le mariage monogame.
Consi­dé­rant aban­donne cet aspect de la pen­sée du maître. Cepen­dant, il en conserve l’i­dée de la néces­saire libé­ra­tion de la femme. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si de nom­breuses femmes militent dans le mou­ve­ment. Consi­dé­rant écrit : » Les femmes ne sont pas faites seule­ment pour ravau­der les culottes. « 4

En 1848, à la Chambre des repré­sen­tants il est seul à deman­der le vote des femmes. Il milite pour la recon­nais­sance du divorce, dénon­çant l’at­ti­tude inique, qui force des êtres qui se haïssent à vivre en commun.

Le phalanstère ou la société » harmonienne »

Le pha­lan­stère, pierre angu­laire sur laquelle la socié­té nou­velle doit se recons­truire avec une autre façon de vivre, d’ha­bi­ter et de tra­vailler, est éle­vé sur une base psy­cho­lo­gique, for­mule uto­pique et pit­to­resque, mais il n’en reste pas moins que les ten­ta­tives pour ima­gi­ner concrè­te­ment la réa­li­sa­tion ont fait mûrir de nom­breuses idées modernes.

Victor Considérant (1808-1893) polytechnicien
Vic­tor Consi­dé­rant, gra­vure par Alexandre Lacau­chie et Jules Rebel.  © COLLECTION VIOLLET

1. Un habitat à la fois collectif et individuel

Le pha­lan­stère est une sorte de ville nou­velle. Fou­rier a tou­jours envi­sa­gé d’ins­tal­ler cette com­mu­nau­té idéale à la cam­pagne dans un lieu le plus riant pos­sible. À un moment où les anciennes villes craquent sous la pous­sée de l’ur­ba­ni­sa­tion et de l’in­dus­tria­li­sa­tion. En des termes aux accents éco­lo­giques, Consi­dé­rant dénonce dans Des­ti­née sociale le déve­lop­pe­ment anar­chique et mor­ce­lé d’un Paris qui » pue « .

Les plans ont conduit à une réflexion appro­fon­die sur l’ar­chi­tec­ture. L’im­mense bâti­ment est for­mé de colon­nades, de dômes, de » rues-gale­ries » avec pas­sages abri­tés et chauf­fés à la mau­vaise sai­son. Sont pro­je­tés un chauf­fage cen­tral com­mun, des réfec­toires com­muns, des lieux de culture avec biblio­thèque com­mune… Pro­jets qui visent à conci­lier un habi­tat indi­vi­duel et fami­lial avec un cadre collectif.

2. L’organisation du travail

Dans le pha­lan­stère triomphe une nou­velle concep­tion du tra­vail. La malé­dic­tion du tra­vail est rem­pla­cée par le tra­vail attrayant. Si dans le monde » civi­li­sé » le tra­vail est un escla­vage, dans la socié­té nou­velle, il devient pour cha­cun le moyen de sa réa­li­sa­tion. L’ob­jec­tif : récon­ci­lier tra­vail et plaisir.

Com­ment cela ? Par le choix de l’ac­ti­vi­té en fonc­tion des facul­tés de cha­cun, par un sys­tème de rému­né­ra­tion pre­nant en compte à la fois le tra­vail accom­pli, le talent et le capi­tal inves­ti. Le tra­vailleur n’est plus un sala­rié, mais un asso­cié rétri­bué par divi­dende. À l’in­té­rieur du pha­lan­stère, les groupes sont répar­tis par séries spé­cia­li­sées et » pas­sion­nées « . Un pha­lan­sté­rien évite l’as­pect répé­ti­tif du tra­vail en chan­geant fré­quem­ment de tâche.

3. Pour les jeunes un enseignement nouveau

Le prin­cipe pro­cla­mé est de prendre appui sur les qua­li­tés innées des enfants, c’est-à-dire les pas­sions que l’en­fant porte en lui : gour­man­dise, goût du jeu, mais aus­si ami­tié, ambi­tion, amour…, de les déve­lop­per, mais aus­si de les canaliser.

Consi­dé­rant a consa­cré un volume entier à la ques­tion de l’é­cole5. Dans le pha­lan­stère n’est pas pré­vu un lieu propre à l’en­sei­gne­ment, l’en­fant tourne dans dif­fé­rents ate­liers, passe du jar­din à la cui­sine. La gour­man­dise est uti­li­sée pour faci­li­ter une décou­verte du monde. Il n’est pas pré­vu de pro­fes­sion­nels de l’en­sei­gne­ment, car celui-ci est orien­té vers le côté pra­tique. Le pro­grès intel­lec­tuel de l’en­fant n’est pas basé en prio­ri­té sur les livres, mais sur la pra­tique. Un ensei­gne­ment propre à chaque âge de l’en­fant est pré­vu. Consi­dé­rant entend arra­cher à l’É­glise sa main­mise sur l’é­du­ca­tion, il dénonce » l’é­du­ca­tion d’église « .

Considérant : une pensée, une action originales

Si Consi­dé­rant ne cesse de faire réfé­rence à Fou­rier, il n’en a pas moins sa propre ori­gi­na­li­té. On l’a trop consi­dé­ré comme une simple doublure.

Sur le plan de la critique sociale et économique

Il intro­duit des inflexions. Avant Marx, il ana­lyse la socié­té de son temps en termes de lutte de classe, dénonce le fait que la sor­tie du mor­cel­le­ment en régime capi­ta­liste est la concen­tra­tion en grands groupes qui dévorent les classes moyennes, » la petite et moyenne entre­prise, le petit et moyen com­merce… dans quelques branches que ce soit, en effet, les grands capi­taux, les grandes entre­prises font la loi aux petites… » (Mani­feste de la Démo­cra­tie paci­fique, 1843). Avec véhé­mence, il dénonce la » nou­velle féo­da­li­té du capital « .

Prudence à l’égard de la réalisation phalanstérienne

Il a tou­jours mani­fes­té une très grande réserve à l’é­gard des essais de Condé-sur-Vesgres (1833), de Cîteaux (1841−1843), ce n’est que contraint à l’exil après 1849, n’ayant point d’autre débou­ché à son action, qu’il se résout à lan­cer la colo­nie de La Réunion au Texas en 1853–1854.

Le chef de l’É­cole socié­taire pense qu’il faut d’a­bord convaincre les esprits. Cette pru­dence lui vaut des cri­tiques acerbes dans le mou­ve­ment fou­rié­riste de la part de tous les impa­tients qui pensent qu’une seule réus­site pha­lan­sté­rienne fai­sant tâche d’huile assu­re­rait le triomphe de l’idée.

L’inventeur de la politique moderne

L’o­ri­gi­na­li­té de Consi­dé­rant est de des­cendre du ciel sur la terre. Il tente d’é­bau­cher des poli­tiques concrètes. Est-ce trop dire qu’il est le pre­mier grand mili­tant poli­tique du monde moderne ?

À l’âge de 24 ans, en 1832, il aban­donne, en dépit des résis­tances de sa famille, une car­rière mili­taire qui s’an­non­çait brillante. Du mili­tan­tisme social, il passe au mili­tan­tisme politique.

Mili­tant poli­tique, il le devient, en se jetant dans la bataille élec­to­rale, mais en construi­sant un sys­tème et un ins­tru­ment de pro­pa­gande pour gagner l’o­pi­nion. Mili­tant poli­tique, il l’est parce qu’il a un sens réel de la com­mu­ni­ca­tion. Mili­tant poli­tique, il l’est par son sens poli­tique. La dimen­sion poli­tique est une des clefs du per­son­nage. Ce qui per­met de le situer, à côté de Fou­rier, dans une place à part.

La découverte de la politique

À l’o­ri­gine, il n’at­tache pas grande impor­tance à la ques­tion des régimes poli­tiques. Le pre­mier volume de Des­ti­née sociale en 1834 en témoigne. Il y a alors chez lui une vague adhé­sion au régime en place, la monar­chie constitutionnelle.

Quelles sont les rai­sons de sa conver­sion poli­tique ? Dans l’en­tou­rage fami­lial, on fai­sait de la poli­tique. Vic­tor en par­ti­cu­lier a un cou­sin dépu­té du Doubs, Dési­ré-Adrien Gréa6. Mais la rai­son pro­fonde de cette conver­sion est à recher­cher ailleurs. Elle vient de l’ob­ser­va­tion même de la situa­tion du pays. À par­tir de 1840, la monar­chie de Juillet le déçoit par son immo­bi­lisme social borné.

Or, Consi­dé­rant en jour­na­liste atten­tif se révèle très sen­sible au mou­ve­ment social et au mou­ve­ment des idées, qu’il per­çoit avec luci­di­té. Le dur­cis­se­ment de la vie poli­tique et sociale ne lui échappe pas. Il dénonce vigou­reu­se­ment la contra­dic­tion exis­tant entre une socié­té en mou­ve­ment et un régime figé dans l’inaction.

Le tour­nant est pris en 1839–1840. Il se lance dans la bataille élec­to­rale. Après un échec en 1839 à Mont­bé­liard (il n’est pas encore un oppo­sant ferme et réso­lu du régime, il espé­rait l’ap­pui du pré­fet, qui l’a » poi­gnar­dé dans le dos » selon sa propre expres­sion)7. Il est élu au Conseil géné­ral de la Seine en 1843 dans le Xe arron­dis­se­ment8 ; il se pré­sente à la dépu­ta­tion (1844, 1846 et 1847), trois ten­ta­tives, trois échecs. Ces cam­pagnes suc­ces­sives témoignent chez le chef de l’É­cole socié­taire d’une belle persévérance.

Fina­le­ment, après la révo­lu­tion de février 1848, il est élu dépu­té à la Consti­tuante, puis à la Légis­la­tive en mai 1849. À la tri­bune de l’As­sem­blée, plus confé­ren­cier que tri­bun, il a du mal à se faire entendre, en dépit de sa géné­ro­si­té, et du tra­vail légis­la­tif accom­pli. Il n’est pas à l’aise dans les cote­ries parlementaires.

Le sens de la propagande

Consi­dé­rant a la volon­té de convaincre et de sus­ci­ter l’adhé­sion par l’ar­gu­men­ta­tion. L’É­cole socié­taire refuse l’au­to­ri­ta­risme des idées.

Pour l’ac­tion de pro­pa­gande sont uti­li­sés la presse, le livre et l’i­mage (por­traits de Fou­rier), la dif­fu­sion de divers objets (existe une bim­be­lo­te­rie fou­rié­riste : camées peints par Mme Consi­dé­rant…). Consi­dé­rant porte la bonne parole à tra­vers des tour­nées de confé­rences, qu’il mul­ti­plie dans toute la France, de même qu’en Bel­gique et en Suisse. S’il n’est pas un tri­bun, confé­ren­cier il sait rete­nir l’at­ten­tion et entraî­ner par la cha­leur de ses convictions.

Mais il est avant tout un jour­na­liste, un jour­na­liste de qua­li­té tour­né vers l’ac­tua­li­té. En effet, plus qu’un phi­lo­sophe, il est un com­men­ta­teur de l’ac­tua­li­té, qui ne veut pas en res­ter au stade du simple com­men­taire. En tout cas, il a une grande capa­ci­té à sai­sir et à cap­ter les idées qui sont autour de lui, à s’en empa­rer, en jour­na­liste atten­tif au monde.

Doué d’un talent de plume, sachant trou­ver les for­mules qui frappent, il sait aus­si retra­duire en lan­gage clair et simple, ce qu’il a obser­vé ou cru observer.

Dans cette volon­té de pro­pa­gande, il sait l’im­por­tance d’un jour­nal pour atteindre l’o­pi­nion. Dès 1832, tout au début de sa car­rière de mili­tant social, il écrit à Fou­rier » un jour­nal nous est néces­saire » ; ce sera Le Pha­lan­stère (1832), puis La Pha­lange (1836), puis la Démo­cra­tie paci­fique (1843).

S’il est jour­na­liste, il n’en­tend pas être seule­ment un écho ampli­fi­ca­teur des phé­no­mènes poli­tiques, éco­no­miques ou sociaux. Ana­lyste rigou­reux des réa­li­tés sociales, il entend être un homme d’ac­tion, qui cherche à peser dans les événements.

La propagande par le livre

L’É­cole socié­taire a créé une librai­rie, a mul­ti­plié les livres, les bro­chures. Elle est deve­nue un foyer édi­to­rial (300 ouvrages au cata­logue). Consi­dé­rant a créé un véri­table centre édi­to­rial. Son arrière-grand-père, son grand-père, son père ont été libraires, Vic­tor est donc né à l’ombre d’une bou­tique de librairie.

Il déve­loppe une stra­té­gie édi­to­riale diver­si­fiée visant des publics dif­fé­rents : ouvrages théo­riques dif­fi­ciles ou opus­cules pour une connais­sance pro­gres­sive… Il mise sur le livre bon mar­ché. La biblio­thèque pha­lan­sté­rienne en 1846 pro­po­sait une ving­taine d’ou­vrages à moins de 1 F (alors que les romans valent com­mu­né­ment 3 F ou 3,50 F, c’est à ce prix que se ven­daient les romans de Bal­zac). Un réseau d’une qua­ran­taine de librai­ries assu­rait la dif­fu­sion des ouvrages socié­taires dans toute la France.

La tech­nique édi­to­riale de Consi­dé­rant est de faire paraître des articles publiés soit dans La Pha­lange, soit dans la Démo­cra­tie paci­fique sous forme de bro­chures, de rédi­ger des abré­gés d’œuvres plus doc­tri­nales ou encore de publier des extraits d’ou­vrages importants.

Le sou­ci péda­go­gique appa­raît dans la pré­sen­ta­tion des textes. Il pra­tique tous les tons, sa plume est tour à tour concise, enflam­mée et véhé­mente, ou au contraire plus froi­de­ment pédagogique.

Ten­du vers l’ob­jec­tif de clar­té, il exploite les res­sources de la typo­gra­phie. Des jeux de carac­tères dif­fé­rents per­mettent de mettre en valeur un mot ou une phrase. Dans la page impri­mée, il uti­lise les capi­tales, les ita­liques, les carac­tères gras… pour créer autant de points d’ap­pui des­ti­nés à l’œil et favo­ri­ser ain­si la sai­sie de l’idée.

Tout le mou­ve­ment socié­taire gra­vite autour des pério­diques et de la librai­rie, qui forment l’é­pine dor­sale de l’or­ga­ni­sa­tion. Il est d’ailleurs recom­man­dé aux cercles locaux d’a­voir une biblio­thèque socié­taire : Salins en avait une, cercle modèle dans la patrie du grand homme.

Construire un réseau : le » parti social »

Faire pas­ser des idées dans l’o­pi­nion néces­si­tait un réseau de mili­tants. À par­tir de 1840, Consi­dé­rant construit un » ins­tru­ment de pro­pa­ga­tion « , qu’il appelle le » par­ti social « , élar­git le petit noyau ini­tial de mili­tants actifs (deux cents per­sonnes en 1836).

Nova­trice est sa vision de l’ins­tru­ment qu’il convient de for­ger. Son mot d’ordre est » ne pas enfer­mer notre grande idée « . Il est ame­né, suite à des ten­sions internes, à théo­ri­ser l’or­ga­ni­sa­tion socié­taire, il le fait dans le Mani­feste de 1843.

Il dis­tingue un Centre et les cercles locaux, une dis­ci­pline de convic­tion cimen­tant le tout. Hos­tile à » l’é­par­pille­ment des forces acquises « , conscient de la néces­si­té d’un Centre com­mun, il écrit : » Dans l’in­té­rêt de notre cause, nous devons donc cher­cher à réa­li­ser autant que pos­sible, l’U­ni­té d’ac­tions et d’ef­forts des hommes conquis à notre doc­trine. Nous disons autant que pos­sible, car cette Uni­té d’ac­tion que nous invo­quons et qui n’est pas l’As­so­cia­tion directe des per­sonnes entre elles, mais la simple conver­gence de leurs efforts vers un But com­mun, n’est point sus­cep­tible elle-même d’une réa­li­sa­tion abso­lue dans les condi­tions sociales actuelles… » Le mou­ve­ment est donc orga­ni­sé sur deux pieds : une école et le par­ti social.

Consi­dé­rant tente de mettre sur pied une orga­ni­sa­tion qui n’a rien d’une secte, qui n’est pas une socié­té secrète, puisque agis­sant au grand jour, qui n’est pas non plus une socié­té savante » à la seule pré­ten­tion scien­ti­fique « , mais qui est un embryon de ce que sera un par­ti démo­cra­tique moderne.

En ce qui concerne le recru­te­ment, il s’ef­force d’im­pul­ser une volon­té de pros­pec­tion sys­té­ma­tique. En 1843, les res­pon­sables socié­taires de l’Ain reçoivent de Paris cette cir­cu­laire : » Il existe dans votre dépar­te­ment une socié­té à Bourg, une socié­té d’a­gri­cul­ture à Tré­voux, des comices agri­coles près de Nan­tua… Veuillez nous rendre le ser­vice de nous envoyer les noms des pré­si­dents et sociétaires. »

Cette cir­cu­laire témoigne de la volon­té d’une implan­ta­tion métho­dique, elle révèle un recru­te­ment ciblé. Le mou­ve­ment cherche à atteindre ce que l’on appel­le­rait aujourd’­hui des relais d’opinion.

Au niveau du pro­gramme, son ambi­tion est de four­nir une réponse à tous les pro­blèmes de poli­tique inté­rieure comme de poli­tique inter­na­tio­nale. Il ébauche une poli­tique inter­na­tio­nale pré­ci­sée dès 1840 dans un ouvrage inti­tu­lé De la poli­tique géné­rale et du rôle de la France en Europe. La France doit prendre la tête d’une Europe pacifique.

Le sens politique : de la transformation radicale à la transformation progressive du monde

Mili­tant poli­tique, Consi­dé­rant l’est par son sens du pos­sible, ce qui est bien le sens poli­tique, si on défi­nit la poli­tique comme l’art du com­pro­mis. Tenir compte du milieu où l’on agit est sa règle. Il l’é­crit dans le Mani­feste de 1843 qu’il faut don­ner à l’É­cole, » créance immé­diate et Auto­ri­té légi­time dans le milieu exis­tant « , rele­vons l’ex­pres­sion : le milieu existant.

L’o­pi­nion asso­cie la démo­cra­tie à la Ter­reur en se sou­ve­nant de la guillo­tine de 1793, il convient de la ras­su­rer. Dès lors, le mot d’ordre est de don­ner de la démo­cra­tie une image paci­fique. C’est le qua­li­fi­ca­tif du jour­nal créé en 1843 la Démo­cra­tie paci­fique. Ce titre est la pro­cla­ma­tion d’une véri­table stra­té­gie. Dans la socié­té fran­çaise du XIXe siècle, par­ti­cu­liè­re­ment conflic­tuelle et vio­lente (jour­nées de juin 1848 et de la Com­mune), le chef de l’É­cole socié­taire pro­pose une démo­cra­tie apaisée.

Autre exemple du com­pro­mis recher­ché. Consi­dé­rant est un ratio­na­liste, (il a par­lé en 1835 de la » nul­li­té sociale de l’É­van­gile » dans une de ses confé­rences à l’hô­tel de ville de Paris, pro­pos qui firent scandale).

Or, en 1848, il prône l’al­liance du socia­lisme et du chris­tia­nisme. Parce que la culture fran­çaise est imbue de chris­tia­nisme et qu’il faut arri­ver à se faire entendre. Le chef de l’É­cole socié­taire tente donc la syn­thèse de la phi­lo­so­phie du XVIIIe siècle et du chris­tia­nisme, dans une large pers­pec­tive his­to­rique, syn­thèse entre ce qui, selon lui, repré­sente ce que » l’hu­ma­ni­té offre de meilleur « .

Ces thèmes sont vigou­reu­se­ment expri­més dans Le Socia­lisme devant le Vieux monde, rédi­gé à chaud en 1849. Déjà, dans le Mani­feste de 1843, il appe­lait de ses vœux un élan capable de don­ner nais­sance à une grande force de réno­va­tion sociale expri­mant les aspi­ra­tions anciennes et nou­velles de l’hu­ma­ni­té. Consi­dé­rant dis­tingue ain­si la fina­li­té de l’ac­tion du pro­gramme immédiat.

Considérant et l’École polytechnique

Fils d’en­sei­gnant et de libraire, le jeune Consi­dé­rant a fait ses pre­mières études au col­lège de Salins, sa ville natale, puis en 1824, il est envoyé au lycée à Besan­çon. C’est là tout jeune qu’il ren­contre chez les Vigou­reux le petit cercle des pre­miers adeptes de Fou­rier et le maître lui-même. Vic­tor manque le concours d’en­trée à l’É­cole poly­tech­nique en 1825, concours qu’il réus­sit l’an­née suivante.

Le temps de l’École polytechnique (1826−1828)

S’ouvrent alors pour l’é­tu­diant deux années de tra­vail et d’é­tudes, mais aus­si deux années de dis­cus­sions pas­sion­nées avec ses camarades.

L’a­dap­ta­tion du jeune pro­vin­cial au cadre de l’É­cole est dif­fi­cile. La dis­ci­pline mili­taire impo­sée pèse d’ailleurs sur lui jus­qu’au bout. Il éprouve le sen­ti­ment d’y être enfer­mé comme dans une pri­son. Internes, les jeunes gens n’a­vaient que le dimanche comme jour de sor­tie et de liber­té. Dans une lettre écrite à un ami de son père en mai 1828, il dit : » Qui me déli­vre­ra de ces sots règle­ments ! M’é­criais-je sou­vent dans ma fureur contre la dis­ci­pline et le bruit des­po­tique de nos tambours !

Aus­si c’est bien dur pour un enfant de la liber­té d’être en pri­son à vingt ans, quand jus­qu’à dix-huit ans il a cou­ru à sa guise à la cam­pagne, à la ville, dans les rues, voire sur les toits (…) »

Au cours de sa pre­mière année de Poly­tech­nique, il subit un double deuil. Il perd son père en avril 1827 et la jeune fille qu’il aimait, Jeanne Claire Vigou­reux, dont il épou­se­ra plus tard la sœur.

Il a aus­si l’oc­ca­sion de ren­con­trer à Paris des com­pa­triotes venus faire leurs car­rières dans la capi­tale. Il est reçu chez Charles Nodier, biblio­thé­caire de l’Ar­se­nal, lequel avait été un ami de son père. Cette biblio­thèque était un lieu de ren­dez-vous des artistes et intel­lec­tuels com­tois vivant à Paris. Là, il ren­contre Théo­dore Jouf­froy, phi­lo­sophe, qui col­la­bo­ra un temps au jour­nal Le Globe9 ; Charles Magnin, ori­gi­naire de Salins, jour­na­liste et biblio­thé­caire, avec lequel Vic­tor entre­tient une cor­res­pon­dance10.

Les dis­cus­sions poli­tiques pour les jeunes gens stu­dieux enfer­més à l’É­cole, cour­bés sous le joug de la dis­ci­pline, étaient le seul déri­va­tif à por­tée de la main. Dans la lettre citée plus haut, Vic­tor raconte : » (…) Nous fai­sons à force de la poli­tique ici. Tous les jours nous rece­vons des jour­naux en contre­bande, bien enten­du. C’est le Consti­tu­tion­nel avec le Cour­rier et le Cour­rier avec le Consti­tu­tion­nel… Je vous dirai que jeunes gens pleins de feu, il est vrai, nous sommes tous atta­chés au gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif, nous vou­lons une monar­chie avec des ins­ti­tu­tions, mais bien franches et en har­mo­nie avec une nation grande et libé­rale (…) « 11.

L’É­cole était un foyer d’i­dées libé­rales. Les élèves alors que la Res­tau­ra­tion abso­lu­tiste ten­tée par Charles X bat­tait son plein par­ti­ci­paient clan­des­ti­ne­ment aux débats qui agi­taient les esprits à Paris. Les libé­raux lut­taient pour la liber­té de la presse et aus­si pour l’é­lar­gis­se­ment du corps élec­to­ral. Les jeunes étu­diants pari­siens dans un élan de géné­ro­si­té roman­tique allaient dis­cou­rir avec les ouvriers des métiers.

L’É­cole poly­tech­nique à la veille de la révo­lu­tion de juillet 1830 était au témoi­gnage de Consi­dé­rant lui-même un foyer d’o­pi­nion libé­rale, hos­tile au gou­ver­ne­ment de Charles X12. D’ailleurs, en juillet 1830, les poly­tech­ni­ciens par­ti­cipent direc­te­ment à la révo­lu­tion pari­sienne, mais, à cette date, Consi­dé­rant n’é­tait plus à Paris.

À l’É­cole, les dis­cus­sions ne sont pas seule­ment poli­tiques, on y dis­cute de réformes éco­no­miques et sociales. Vic­tor se heurte à la forte influence des idées saint-simo­niennes qu’il découvre, mais il n’a de cesse de défendre avec convic­tion la supé­rio­ri­té de la théo­rie de Fou­rier. Il fait là ses pre­mières armes de pro­pa­gande mili­tante. Il avait d’ailleurs empor­té avec lui les ouvrages de Fourier.

À la sor­tie de l’É­cole, Consi­dé­rant choi­sit une car­rière mili­taire dans l’ar­tille­rie. Il est alors affec­té à l’É­cole mili­taire d’ap­pli­ca­tion de Metz (octobre 1828), il quitte donc la capi­tale pour la Lor­raine. Il pour­suit là-bas sa réflexion et tra­vaille à la pro­pa­ga­tion de ses idées auprès des offi­ciers. Mais en 1832, il prend la grave déci­sion d’a­ban­don­ner défi­ni­ti­ve­ment la car­rière militaire.

La formation reçue à l’École, une des clés du personnage ?

Le jeune homme à la fin de ces deux années tire lui-même le bilan, il déplore de n’a­voir pu décou­vrir suf­fi­sam­ment la capi­tale, mais il conclut : » Cepen­dant je n’y aurai pas fait un séjour de deux ans sans y prendre quelques idées à tra­vers les grilles de ma pri­son et, somme totale, ce temps ne sera pas tout à fait per­du (…) » (31 mai 1828).

Fait qui n’est pas sans impor­tance, il noue d’u­tiles liai­sons avec le réseau des anciens élèves de l’É­cole, dont l’es­prit de corps les pousse à conser­ver des contacts. Résul­tat, le mou­ve­ment fou­rié­riste compte de nom­breux poly­tech­ni­ciens dans ses rangs.

Mais, il est clair que la for­ma­tion reçue l’a mar­qué de son empreinte. Dès le col­lège, il s’in­té­res­sait aux appli­ca­tions de la science, les deux années de Poly­tech­nique confirment en lui une croyance au pro­grès scien­ti­fique et en la rai­son. Avec en plus la convic­tion que la rai­son peut et doit résoudre les pro­blèmes sociaux.

Consi­dé­rant se défi­nit tou­jours comme » un ingé­nieur social « . Il est loin de s’i­ma­gi­ner comme un rêveur fumeux, tel que ses adver­saires le pré­sen­te­ront. Il entend suivre une démarche scientifique.

À la fin de sa vie, après 1880, alors qu’il refuse de jouer un rôle poli­tique, il reste curieux des pro­grès des sciences ; il passe ses jour­nées à suivre les cours du Col­lège de France, du Muséum, de la Sor­bonne, curieux jus­qu’au bout du mou­ve­ment phi­lo­so­phique et de l’é­vo­lu­tion des sciences à la fin du siècle.

Faut-il par ailleurs impu­ter à la for­ma­tion mili­taire reçue à l’É­cole cette qua­li­té de stra­tège du mili­tant poli­tique ? Tout se passe chez lui comme s’il avait trans­fé­ré la stra­té­gie mili­taire apprise du champ de bataille au champ de la lutte poli­tique et sociale.

Sous sa plume sur­git, au ser­vice de l’ar­gu­men­ta­tion, des images et des exemples tirés de la vie mili­taire. L’ex­pres­sion » armées indus­trielles « 13 pour carac­té­ri­ser les foules qui tra­vaillent au même rythme dans les entre­prises indus­trielles revient sou­vent sous sa plume. C’est par une image mili­taire qu’il tente de faire com­prendre ce qu’il faut entendre par » mode mesu­ré « , ce mou­ve­ment de masse par lequel des mil­liers d’in­di­vi­dus exé­cutent en cadence les mêmes gestes :

» Com­pa­rez nos pauvres conscrits, ces jeunes gens pay­sans gauches, lourds et sans tenue, qui arrivent au régi­ment en sabots, avec des sol­dats qui ont une ou deux années seule­ment d’u­ni­forme… la dif­fé­rence est grande pour le main­tien, la pres­tesse, le déga­ge­ment et l’ha­bi­le­té. Eh bien com­ment cette édu­ca­tion aurait-elle pu être conduite sans l’emploi du mode mesu­ré ? N’est-ce pas en mode mesu­ré qu’ils apprennent à manier le sabre, le fusil, le canon, à manœu­vrer à pied ou à che­val ? N’est-ce pas aux sons mesu­rés des tam­bours, des clai­rons et des marches de la musique mili­taire pla­cée en tête de chaque régi­ment, que les évo­lu­tions s’exé­cutent et les bataillons accom­modent leurs pas et leurs mouvements ? »

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1. Notre ouvrage Vic­tor Consi­dé­rant (1808−1893), Cane­vas, 1993, Dole, 272 p. et Dom­man­get (Mau­rice), Vic­tor Consi­dé­rant, sa vie son œuvre, Paris, 1929.
2. » Cette uni­té sociale, cette alvéole de la ruche, cette pre­mière agglo­mé­ra­tion, sans laquelle il n’y a pas de Socié­té pra­ti­que­ment réa­li­sable, c’est ce que nous appel­le­rons la Com­mune. » (Mani­feste, 1842)
3. Charles Fou­rier : » On voit chez les mon­ta­gnards du Jura cette com­bi­nai­son de la fabrique des fro­mages nom­més gruyère : vingt ou trente ménages apportent chaque matin leur lai­tage au frui­tier ou fabri­cant ; et, au bout de la sai­son, cha­cun d’eux est payé en fro­mage, dont il reçoit une quan­ti­té pro­por­tion­née à ses ver­se­ments de lait consta­tée par notes journalières. »
4. » Ravau­der « , terme com­tois pour rapiécer.
5. T. III de Des­ti­née sociale, 1844. Cf. notre article : » Le fou­rié­risme, l’ins­truc­tion et l’é­du­ca­tion des enfants « , in Incon­tour­nable morale, Actes du col­loque de Besan­çon, 1997, p. 31–40.
6. Gréa Dési­ré-Adrien (1786−1863). Il sié­gea dans l’op­po­si­tion à Charles X. Réélu en 1830 et 1831, il échoua en 1834. Il sou­tient Consi­dé­rant, mais rom­pit vers 1840 avec le fouriérisme.
7. Il n’ob­tient que 27 voix sur 174 votants.
8. Élu par l’é­lec­to­rat cen­si­taire avec 643 voix sur 1 264 votants.
9. Jouf­froy (Théo­dore), 1796–1842. Né aux Pontets dans le Doubs, membre de l’A­ca­dé­mie des sciences morales en 1833.
10. Magnin (Charles), 1793–1862. Il contri­bua à la fon­da­tion du jour­nal Le Globe.
11. Ledoux (Émile), Vic­tor Consi­dé­rant, trois lettres inédites. Notes sur sa jeu­nesse, Besan­çon, 1909.
12. Ter­ry Shinn, L’É­cole poly­tech­nique, 1794–1914 : savoir scien­ti­fique et pou­voir social, Paris, 1980.
13. Des­ti­née sociale, tome III, p. 547–548.

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