La nouvelle économie fera-t-elle le bonheur des hommes ?

Dossier : Libres proposMagazine N°556 Juin/Juillet 2000
Par Octave GELINIER
Par Philippe d'IRIBARNE (55)

Octave Gélinier :

Pour­quoi est-ce que je crois à la conver­gence de l’é­co­no­mie libé­rale avec le bien com­mun ? Parce qu’elle va dans le sens de la vie : » ini­tia­tive « , » res­pon­sa­bi­li­té « , » entre­prise » sont ses maîtres mots ! 

Son pre­mier objec­tif est de créer de la valeur, de la crois­sance et de l’emploi, alors que dans l’é­co­no­mie col­lec­ti­viste, le pre­mier sou­ci est d’or­ga­ni­ser, régle­men­ter et répartir. 

Et cela se retrouve dans toutes les dimen­sions de la socié­té libé­rale : poli­tique fami­liale, cultu­relle…, ce qui donne à l’en­semble une capa­ci­té d’au­to­ré­gu­la­tion beau­coup plus effi­cace que toutes les formes de planification. 

Philippe d’Iribarne :

Qu’est-ce que l’é­co­no­mie libé­rale ? le renard libre dans le pou­lailler libre ? ou une éco­no­mie conve­na­ble­ment régu­lée ? Là est le débat d’au­jourd’­hui. Il n’est plus ques­tion de solu­tions col­lec­ti­vistes, mais il faut une régu­la­tion de la concur­rence. Celle-ci ne se régule pas d’elle-même. 

Octave Gélinier :

Ne mini­mi­sez pas cette régu­la­tion spon­ta­née : elle nous épargne l’é­touf­foir de la pla­ni­fi­ca­tion auto­ri­taire ; elle met la crois­sance éco­no­mique entre les mains d’hommes per­son­nel­le­ment inté­res­sés à cette crois­sance ; ils en acceptent les règles dra­co­niennes à l’é­gard des concur­rents, des clients, du per­son­nel, de l’environnement… 

C’est ce qui a fait bon­dir le bien-être de popu­la­tions entières, ain­si que le pro­grès scien­ti­fique et culturel. 

Philippe d’Iribarne :

Le com­bat contre l’é­co­no­mie admi­nis­trée est gagné, je m’en réjouis. Mais là n’est plus la ques­tion. Si le bilan de l’é­co­no­mie de mar­ché, telle qu’elle a été pra­ti­quée jus­qu’à pré­sent, est à bien des égards posi­tif, c’est parce que ses excès ont été jus­qu’i­ci en grande par­tie jugu­lés par la résis­tance qu’ils ont sus­ci­tée, et cela jusque dans les pays où le libé­ra­lisme est le plus triom­phant, tels que l’An­gle­terre et les États-Unis. 

Dans chaque pays, les contre-pou­voirs syn­di­caux, poli­tiques et idéo­lo­giques ont sans cesse lut­té, avec des résul­tats de grande por­tée, contre de mul­tiples dérives du marché. 

Pen­sez, par exemple, au New Deal ou à la légis­la­tion du tra­vail amé­ri­caine, dont on ignore sou­vent le poids en France. Nous n’a­vons aucune rai­son de croire qu’une telle lutte est deve­nue super­flue, même si la mon­dia­li­sa­tion la rend plus difficile. 

Octave Gélinier :

Plus facile puisque le modèle libé­ral se répand par­tout dans le monde. D’ores et déjà les règles cou­tu­mières du monde mar­chand, héri­tées du Moyen Âge, ont été ren­for­cées par des lois et des tri­bu­naux, et le droit social se struc­ture peu à peu dans tous les pays. 

La démo­cra­tie est insé­pa­rable de l’é­co­no­mie de mar­ché – les Chi­nois s’en ren­dront vite compte – et la démo­cra­tie, c’est le pou­voir de contes­ter, de dénon­cer les abus, de pré­ser­ver les minorités. 

Philippe d’Iribarne :

Et pour­tant la socié­té la plus libé­rale du monde – celle des États-Unis – ne pré­serve pas beau­coup les mino­ri­tés. Voyez, par exemple, le sta­tut des Noirs : est-il très enviable ? 

Quant à la mino­ri­té des 20 % les plus pauvres, son reve­nu a bais­sé de 12 % entre 1979 et 1995, tan­dis que le reve­nu des 20 % les plus riches aug­men­tait de 10 %. L’ha­bi­tat des pauvres n’est pas meilleur : les repor­tages réa­li­sés dans les hauts lieux de la » nou­velle éco­no­mie » décrivent une situa­tion tra­gique. Il est bien connu, par ailleurs, que la cri­mi­na­li­té aux États-Unis est une des plus éle­vées du monde. Sommes-nous réel­le­ment dans le meilleur des mondes ? 

Octave Gélinier :

Évo­lu­tion du reve­nu fami­lial aux États-Unis par​quin­tile et pour la tranche supé­rieure de 5% 
1947–1979​
1979–1998​
Sourc​e : 1947–1979 : Ana­ly­sis of U.S. Cen­sus Bureau data in Eco­no­mics Poli­cy Ins­ti­tute, The State of Wor­king Ame­ri­ca, 1994–1995, p. 37. 1979–98 : U.S. Cen­sus Bureau, His­to­ri­cal income Tables, Table F‑3.

Votre infor­ma­tion sur les États-Unis me paraît un peu dépas­sée. Depuis 1995, la hausse des reve­nus s’est éten­due aux classes les plus pauvres, la cri­mi­na­li­té a bais­sé de moi­tié à New York et les petites gens du Mexique pénètrent en masse aux États-Unis pour y trou­ver des condi­tions de vie décentes. 

On ne peut donc pas accu­ser le pays où le taux de chô­mage est le plus faible d’a­voir un sys­tème éco­no­mique anti­so­cial. Nous sommes abreu­vés en Europe d’in­for­ma­tions biai­sées ten­dant à prou­ver que le libé­ra­lisme amé­ri­cain, c’est l’horreur. 

Philippe d’Iribarne :

Ne confon­dons pas fluc­tua­tions conjonc­tu­relles et évo­lu­tion struc­tu­relle et concer­nant la cri­mi­na­li­té à New York, vous savez que c’est hélas un pro­grès très local, dû à un maire assez peu libéral. 

Avez-vous vu de près la façon dont fonc­tionne la socié­té amé­ri­caine ? Avez-vous enten­du par­ler des » wor­king poors » ? 

La course au pro­fit, ampli­fiée par ce que vous appe­lez la nou­velle éco­no­mie, sus­cite des com­por­te­ments dar­wi­niens : les forts y ont la voie lar­ge­ment ouverte, mais tant pis pour les faibles ! C’est le vae vic­tis.

Octave Gélinier :

Il est exact qu’il existe aux États-Unis des poches de chô­mage et de pau­vre­té simi­laires à nos ban­lieues à pro­blèmes. Elles font l’ob­jet d’un trai­te­ment par­ti­cu­lier par le Gou­ver­ne­ment fédé­ral. La situa­tion que vous décri­vez va s’améliorer. 

Philippe d’Iribarne :

C’est ce qu’on a dit de l’URSS pen­dant soixante-dix ans… Mais j’ai­me­rais qu’on revienne à la logique d’un sys­tème éco­no­mique fon­dé sur une concur­rence pure et dure. 

Cette logique impose une pres­sion crois­sante sur les prix de revient et, en l’ab­sence de tout régu­la­teur, réduit à zéro la marge de manœuvre qui a long­temps per­mis aux chefs d’en­tre­prises de trai­ter humai­ne­ment leurs per­son­nels en difficulté. 

Octave Gélinier :

Êtes-vous sûr que cette ges­tion sociale, de type pater­na­liste, des tra­vailleurs défi­cients était saine ? Je pré­fère la nou­velle for­mule selon laquelle la col­lec­ti­vi­té publique prend en charge les non-pro­duc­tifs et en répar­tit le coût entre les citoyens. 

Philippe d’Iribarne :

Évo­lu­tion du reve­nu fami­lial après impôts de 1977 à 1999 
Source : Cen­ter on Bud­get and Poli­cy Prio­ri­ties, The Wide­ning income Gulf, Sep­tem­ber 4, 1999,​citing Congres­sio­nal Bud­get Office data.

Les tra­vailleurs pro­té­gés deviennent donc des chô­meurs assis­tés : croyez-vous que pour eux ce soit équi­valent et que, pour la col­lec­ti­vi­té, cette sup­pres­sion d’emplois avec hausse des charges sociales soit bénéfique ? 

Octave Gélinier :

Sup­pri­mer des emplois péri­més va dans le sens du bien com­mun. C’est pour­quoi Tony Blair a approu­vé, contre l’a­vis de 200 000 mani­fes­tants défi­lant dans la rue, la fer­me­ture de Rover, en rap­pe­lant que la poli­tique du Royaume-Uni était d’in­ves­tir dans des emplois nou­veaux plu­tôt que de gar­der des emplois sans avenir. 

Philippe d’Iribarne :

Excellent prin­cipe, à condi­tion qu’il y ait réel­le­ment créa­tion d’emplois nou­veaux et que la cadence de recon­ver­sion soit com­pa­tible avec le temps néces­saire à ceux qui perdent leur emploi pour s’adapter. 

L’é­co­no­mie de mar­ché non régu­lée se sou­cie peu de ces condi­tions et sup­prime les phases de tran­si­tion. Pour­quoi cette hâte ? Pour­quoi cette » ardente obli­ga­tion » que les zéla­teurs de l’é­co­no­mie de mar­ché imposent aux êtres humains ? Où est la fin et où sont les moyens ? 

Quant à Tony Blair, il n’est nul­le­ment par­ti­san d’une éco­no­mie sauvage. 

Octave Gélinier :

Je ne trouve vrai­ment pas que la socié­té fran­çaise subisse une cadence infer­nale de réformes. Ses syn­di­cats viennent même de se décla­rer clai­re­ment par­ti­sans du » zéro réforme « . 

Philippe d’Iribarne :

Vous géné­ra­li­sez abu­si­ve­ment une prise de posi­tion cir­cons­tan­cielle de cer­tains syn­di­cats. Mais si on trouve ce type de posi­tion, c’est sans doute parce que les jus­qu’au-bou­tistes de l’é­co­no­mie de mar­ché font peur : la domi­na­tion des puis­sances finan­cières sur les entre­prises inquiète par­ti­cu­liè­re­ment. Les entre­prises elles-mêmes sont trai­tées comme des marchandises. 

Octave Gélinier :

J’ai long­temps par­ta­gé moi-même une cer­taine défiance à l’é­gard de l’in­ter­ven­tion des finan­ciers purs dans le mana­ge­ment des entre­prises. Les com­bat­tants du quo­ti­dien ne les per­çoivent pas comme des par­te­naires dura­ble­ment soli­daires. Mais c’est à tort qu’ils sont accu­sés de se nour­rir sur le court terme. C’est la bonne stra­té­gie à long terme qui les inté­resse, stra­té­gie qui peut certes leur appor­ter des plus-values à court terme, mais qui assure, aus­si et sur­tout, l’a­ve­nir de l’en­tre­prise. Ils voient plus loin que les mana­gers opé­ra­tion­nels et ils donnent aux fonds propres – cette grande res­source rare à laquelle ils ont accès – la meilleure affectation. 

Philippe d’Iribarne :

Ain­si l’é­co­no­mie est gagnante, » le roi est vic­to­rieux » ! … mais où sont les citoyens ? 

Octave Gélinier :

Les citoyens ont de plus en plus de pou­voirs, grâce à la démo­cra­tie, à la dif­fu­sion média­tique, et à Internet. 

Ceci me donne l’oc­ca­sion de sor­tir, comme vous le sou­hai­tez vous-même, de la pri­son de l’é­co­no­mie et de prendre conscience que l’on a autant besoin d’en­tre­pre­neurs dans la socié­té civile et poli­tique que dans l’économie. 

Le pou­voir poli­tique est géné­ra­le­ment consi­dé­ré comme le seul contre­poids au pou­voir éco­no­mique. Mais étant le seul à dis­po­ser du droit à la vio­lence, il a, même en régime démo­cra­tique, une forte ten­dance au monopole. 

Les joutes élec­to­rales, qui le remettent en ques­tion pério­di­que­ment, ont toutes pour enjeu la conquête du mono­pole. Les entre­pre­neurs vigou­reux, que ces joutes révèlent, sont des conqué­rants de clien­tèle com­pa­rables aux conqué­rants de mar­chés, mais non tenus au même res­pect à l’é­gard du client. 

Philippe d’Iribarne :

Croyez-vous que les conqué­rants de mar­chés res­pec­te­raient leurs clients en l’ab­sence d’une action publique ? Que faites-vous de la » vache folle » ? de Bho­pal ? de l’amiante1 ? … sans par­ler de ce qu’a été le règne abso­lu du mar­ché au XIXe siècle. 

Croyez-vous sérieu­se­ment à l’i­mage d’É­pi­nal du » bon entre­pre­neur » oppo­sé au » mau­vais homme politique » ? 

Octave Gélinier :

Je suis au contraire en train de recher­cher quels contre-pou­voirs sont néces­saires pour empê­cher les excès de l’é­co­no­mie de mar­ché, dont vous vous pré­oc­cu­pez justement. 

Je dis sim­ple­ment qu’il ne faut pas comp­ter uni­que­ment sur le pou­voir poli­tique (l’É­tat) et que d’autres pou­voirs, issus de la socié­té civile, sont en train de se déve­lop­per rapidement. 

Certes les syn­di­cats, défen­seurs d’in­té­rêts caté­go­riels plus que du bien com­mun, ont une influence en déclin. Mais les mou­ve­ments éco­lo­gistes ont mon­tré leur force et d’autres orga­ni­sa­tions – dont on peut approu­ver ou non les objec­tifs et les méthodes – ont un impact indis­cu­table sur les excès de la » rai­son du plus fort « . Je pense à des ONG telles que Green Peace, Amnes­ty Inter­na­tio­nal, Trans­pa­ren­cy International. 

Il y a dix ans, ce sont les cam­pagnes contre l’a­par­theid qui ont cou­pé le finan­ce­ment des entre­prises sud-afri­caines enga­gées dans ce sys­tème d’ex­clu­sion et qui ont fina­le­ment fait bas­cu­ler le régime. Aujourd’­hui, ce sont les entre­prises mul­ti­na­tio­nales elles-mêmes, et non l’O­NU, qui ont orga­ni­sé le boy­cott des usines du tiers-monde exploi­tant des enfants esclaves. 

Philippe d’Iribarne :

Vers le sur-emploi aux USA
La nou­velle éco­no­mie éli­mine le chô­mage et entraîne plus de 3% de crois­sance mon­diale. Elle est insé­pa­rable d’une dyna­mique démo­cra­tique qui agit en faveur des plus pauvres, de l’environnement et des besoins non mar­chands. Les deux sys­tèmes se complètent.
O.G.

Je me réjouis de vous voir enfin recon­naître qu’il faut s’op­po­ser à la logique de » la rai­son du plus fort « . 

Mais c’est cette logique – que j’ap­pelle dar­wi­nienne – qui est à la base de l’é­co­no­mie de mar­ché et, si elle se déploie libre­ment à tra­vers le monde, aucune ONG ne pour­ra la rete­nir, ni secou­rir toutes les vic­times qu’elle entraî­ne­ra. Elle nous condui­ra à une socié­té de maîtres épa­nouis et d’es­claves assistés. 

Octave Gélinier :

Et si ces » esclaves » sont aidés à retrou­ver leur digni­té par des offres d’emplois multipliées ? 

De plus en plus d’en­tre­prises veillent à l’employabilité de leur per­son­nel, dans l’é­ven­tua­li­té de recon­ver­sions radi­cales que pour­rait leur impo­ser le mar­ché. Grâce à quoi chaque sala­rié peut gérer en véri­table homme libre » l’en­tre­prise de soi « . C’est ain­si qu’aux États-Unis, mal­gré le vae vic­tis qui, d’a­près vous y sévit uni­ver­sel­le­ment, le chô­meur retrouve en quelques semaines un emploi, et par­fois même en quelques heures, s’il uti­lise Internet. 

Philippe d’Iribarne :

L’his­toire ne dit pas quel emploi il retrouve ; dans l’é­tat de non-assis­tance où il se trouve, il ne peut pas faire le difficile. 

Octave Gélinier :

Néan­moins, comme vous l’a­vez dit tout à l’heure, un petit salaire vaut mieux qu’une indem­ni­té de chômage… 

Mais reve­nons à l’es­sen­tiel : je crois que ce qui nous sépare, c’est l’im­por­tance don­née au pro­grès éco­no­mique dans le déve­lop­pe­ment géné­ral d’une société. 

L’his­toire montre pour­tant qu’il compte pour plus de 50 % et qu’il entraîne d’autres pro­grès. La cri­tique de la crois­sance éco­no­mique me paraît être un luxe de nan­tis ; au Ban­gla­desh, elle n’existe pas… 

Sans doute faut-il être atten­tif aux imper­fec­tions de cette crois­sance, mais sur­tout ne pas mettre en doute la néces­si­té de l’accélérer. 

Philippe d’Iribarne :

Ce ne sont pas les nan­tis qui contes­taient à Seat­tle l’é­vo­lu­tion actuelle du monde. Si le pro­grès éco­no­mique appor­tait aux hommes tout ce que vous croyez, bien des signes de déses­poir, le sui­cide, la drogue, la cri­mi­na­li­té, n’é­vo­lue­raient pas comme ils l’ont fait depuis cin­quante ans, au cours d’une phase sans pré­cé­dent de pro­grès économique. 

Octave Gélinier :

Cin­quante ans pen­dant les­quels l’es­pé­rance de vie a aug­men­té de dix ans dans les pays déve­lop­pés et de vingt ans dans les sous-déve­lop­pés ; et au bout des­quels 89 % des Fran­çais se déclarent » tout à fait heu­reux » ou » assez heureux « . 

Ce ne sont pas des per­for­mances humaines négligeables… 

Philippe d’Iribarne :

S’ils étaient si heu­reux ils consom­me­raient moins de psy­cho­tropes. Nous sommes dans un moment dif­fi­cile où on voit mal com­ment faire pour que, dans un monde ouvert à une concur­rence de plus en plus sévère, le fos­sé ne s’é­lar­gisse pas entre les gagnants et les per­dants. Par­tout on s’in­ter­roge sur la meilleure façon de régu­ler l’é­co­no­mie pour qu’elle ne remette pas en cause l’é­qui­libre des sociétés. 

La capa­ci­té des États à four­nir une telle régu­la­tion est com­pro­mise par la mon­dia­li­sa­tion. Chan­ter des hymnes à l’é­co­no­mie de mar­ché, prê­cher que ses dys­fonc­tion­ne­ments sont sur le point de dis­pa­raître comme par enchan­te­ment, trai­ter comme sans impor­tance les maux asso­ciés à son fonc­tion­ne­ment réel, est-ce la manière la plus appro­priée d’exer­cer nos res­pon­sa­bi­li­tés historiques ? 

À défaut de faire le bon­heur des hommes – ce serait trop lui deman­der – puisse la nou­velle éco­no­mie ne pas faire leur mal­heur ! C’est sans doute pos­sible, mais ne va pas du tout de soi. Bien des luttes res­tent néces­saires pour que l’é­co­no­mie soit au ser­vice des hommes. 

Octave Gélinier :

Sur ce der­nier point, nous conver­geons par­fai­te­ment. À côté des entre­pre­neurs éco­no­miques, le monde a besoin d’en­tre­pre­neurs d’hu­ma­ni­té qui se tiennent la main d’un bout à l’autre de la pla­nète et imposent mon­dia­le­ment des mesures de pré­cau­tion contre les excès de dyna­misme des acteurs économiques. 

Je crois que la socié­té libé­rale est la plus pro­pice à l’é­mer­gence de cette deuxième classe d’en­tre­pre­neurs. Jamais les indi­vi­dus, même les plus modestes, n’ont dis­po­sé d’au­tant de pos­si­bi­li­tés de s’in­for­mer, de choi­sir et de se coa­li­ser libre­ment, donc pos­si­bi­li­té de peser sur l’é­vo­lu­tion de la socié­té où ils vivent, tant au plan éco­no­mique que socié­tal. Mal­gré le gigan­tisme appa­rent de cer­tains pou­voirs, les oppres­sions et les exclu­sions ne peuvent aller qu’en régressant. 

Philippe d’Iribarne :

Pour que ces entre­pre­neurs d’hu­ma­ni­té aient un poids, encore faut-il que les acteurs éco­no­miques n’aient pas pris un pou­voir tel que plus rien ne puisse leur résister.

Commentaire

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renaud gaucherrépondre
13 octobre 2009 à 22 h 19 min

Bon­heur et éco­no­mie
Bon­jour, si vous vous inté­res­sez à la rela­tion entre bon­heur et éco­no­mie, voi­ci un site dédié à l’é­co­no­mie du bon­heur, http://www.economiedubonheur.com.
Renaud Gaucher
Auteur de « Bon­heur et éco­no­mie. Le capi­ta­lisme est-il soluble dans la recherche du bon­heur ? » L’Har­mat­tan, 2009.

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