Polytechniciens et rues de Paris (suite)
1) Nous traiterons d’abord les corrections matérielles.
- Page 30 : la désignation de la rue de Chabrol a eu lieu en 1835 (au lieu de 1822). Supprimer l’avenue Sadi Carnot. Le nom du président assassiné n’est cité que dans la villa Sadi Carnot (XIXe). La désignation de la rue Vaneau a eu lieu en 1878 et non en 1830. Le général Lemonnier est mort pour la France en 1945 et non en 1943.
- Page 31 : la désignation de la rue Gay-Lussac a eu lieu en 1864 et non en 1804 (faute de saisie, non corrigée ultérieurement).
- Page 32 : dans le tableau » Répartition par promotion « , Duvivier est de la promo 1812 et non 1813.
- Page 34 : dans le tableau » Répartition par arrondissement » : Carnot doit être supprimé dans le XVe et mis dans le XIXe ; Sauvy doit être mis dans le XVe et Bertin dans le XVIIIe.
Ces corrections s’appliquent aux 80 polytechniciens cités dans l’article publié en mars.
2) Mais il y a eu d’autres polytechniciens dont les noms ont été signalés par P. Givaudon (50), B. de La Morinerie (51), J.-L. Bobin (54), F.-X. Cance (49), C. Lebrun (48) que je remercie de leurs correspondances.
3) L’ajout des 12 camarades ne modifie pas les conclusions de l’article de mars 2000. Le seul élément nouveau est l’importance du nombre de camarades de la promotion 1794.
Pour terminer, nous nous proposons d’étudier dans quelle mesure les désignations ont été faites vis-à-vis de la » loi des cinq ans » dont nous rappelons les aspects successifs.
Le 31 décembre 1904, le Conseil municipal avait décidé de n’attribuer aux rues de la capitale » aucun nom appartenant à des personnages morts depuis moins de cinq ans, à l’exception de personnages ayant rendu des services directs à la Ville de Paris « .
En 1920, Puymaigre rappelait cette décision qui venait d’être enfreinte, mais les édiles refusaient de le suivre et de se prononcer sur la confirmation de cette règle./p>
C’est seulement le 23 décembre 1932 que le Conseil municipal votait le texte suivant :
Liste des X concernés
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BESSE, Georges, (1927−1986) promo 1948, industriel, président de la Régie Renault, assassiné le 17 novembre 1986.
Allée Georges Besse (XIVe). Désignation1996. -
CHORON, Alexandre, Étienne, (1772−1834) promo 1794, musicologue et compositeur.
Rue Choron (IIIe). Désignation 1868. -
COCHON de LAPPARENT, Albert, Auguste, (1839−1908) promo 1858, géologue et géographe.
Rue Albert de Lapparent (VIIe). Désignation1909. -
ÉLIE DE BEAUMONT, Jean, Baptiste, Armand, Louis, Léonce , (1798−1874) promo 1817, géologue, professeur à l’école des Mines et au Collège de France.
Rue Élie de Beaumont (supprimée). -
JOMARD, Edmé, François, (1777−1862) promo 1794, ingénieur géographe et archéologue accompagnant l’expédition d’Égypte.
Rue Jomard (XIXe). Désignation1867. -
LE PELLEY DU MANOIR, Yves, Franz, Loys, Marie, (1904−1928) promo 1924, aviateur et sportif.
Avenue Yves du Manoir (XVIIe). Désignation1929. -
PETIT-DUFRENOY, Ours, Pierre, Armand, (1792−1857) promo 1811, inspecteur général des Mines. Géologue et minéralogiste.
Rue Dufrenoy (XVIe). Désignation1867. -
REYNAUD, François, Léonce, (1803−1880) promo 1821, ingénieur.
Rue Léonce Reynaud (XVIe). Désignation 1885. -
ROUCHÉ, Jacques, Louis, Eugène, (1862−1957) promo 1882, metteur en scène et administrateur, directeur de l’Opéra.
Place Jacques Rouché (IXe). Désignation1971. -
SANGNIER, Charles, François, Marc, Marie, (1873−1950) promo 1895, journaliste d’inspiration chrétienne.
Avenue Marc Sangnier (XIVe). Désignation1956. -
SAULSES DE FREYCINET (de), Louis, Charles, (1779−1842) promo 1846, navigateur.
Rue Freycinet (XVIe). Désignation1867. -
TARRON, Édouard, (1878−1911) promo 1896, aviateur, tué le 28 avril 1911.
Rue du capitaine Tarron (XXe). Désignation1913.
Article premier
Le nom d’une personne décédée ne pourra être donné à une voie publique de Paris que dans un délai minimum de cinq ans après le décès de cette personne. Si la proposition d’attribution émane de membres du Conseil municipal, cette proposition devra être revêtue d’au moins cinq signatures et elle ne pourra être mise en délibération que dans un délai d’au moins un an après son dépôt, compte tenu, d’ailleurs, du délai de cinq ans ci-dessus visé.
Article 2
À titre exceptionnel, le nom d’une personne décédée pourra être donné dans un délai moindre que celui indiqué à l’article premier ci-dessus, quand il s’agira d’une personne ayant rendu des services signalés à la Nation ou à la Ville de Paris. Dans ce cas, si la proposition d’attribution émane de membres du Conseil municipal, elle devra être revêtue d’au moins quarante et une signatures.
Article 3
L’attribution à une voie publique de Paris du nom d’une personne encore vivante, si elle est proposée par des membres du Conseil municipal, devra être proposée par au moins quarante et un membres de l’Assemblée ; la proposition ne viendra en délibération que dans un délai d’au moins trois mois après son dépôt.
Article 4
L’attribution à une voie publique de Paris d’une nouvelle dénomination devra, avant toute délibération, faire l’objet d’un mémoire préfectoral, auquel sera annexé l’avis du conseiller représentant le quartier intéressé.
Article 5
La même procédure sera suivie en ce qui concerne les monuments à élever sur la voie publique, ainsi qu’en ce qui concerne les plaques commémoratives à apposer sur les immeubles.
Article 6
M. le Préfet de la Seine est invité à faire procéder à une révision de la nomenclature des voies parisiennes, en vue de réparer les oublis les plus regrettables qui ont pu être commis dans le passé et à présenter au Conseil municipal un répertoire de dénomination dans lequel un choix pourrait utilement être exercé, le cas échéant.
Les articles deux et trois de cette délibération permettaient de déroger à la règle. Ils furent abrogés le 9 décembre 1938. Il y a cependant eu quelques entorses, pour Winston Churchill (mort en 1965, doté d’une avenue en 1966), Charles de Gaulle (mort en 1970 et pourvu d’une place la même année), Georges Pompidou (mort en 1974, doté d’une voie en 1976).
Le tableau ci-après met en évidence le temps passé entre le décès du personnage et la désignation.
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Pour terminer cet article, je citerai les polytechniciens dont l’inscription sur une plaque de rue n’a été décidée qu’au moins quarante ans après leur décès :
LEPLAY (45 ans),
CORIOLIS (46 ans),
GOUIN (48 ans),
NAVIER (49 ans),
VANEAU (49 ans),
FRESNEL (50 ans),
MORTENOL (54 ans),
LIOUVILLE (61 ans),
BIOT (62 ans),
LAMORICIÈRE (67 ans),
POISSON (67 ans),
FORESTIER (68 ans),
MALUS (69 ans),
HERMITE (91 ans).
La patience est, dans certains cas, une qualité essentielle pour ceux qui soutiennent des candidats.
DÉSIGNATION JUSQU’À QUARANTE ANNÉES APRÈSLE DÉCÈS (nombre d’années entre décès et désignation) |
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35 | ROUSSEAU |
CHORON, PETIET, RENARD | |
BERTIN | |
30 | |
COMTE, FRANQUET | |
DULONG | |
25 | NOGUÈS, FREYCINET |
CAUCHY, JULLIEN | |
CITROËN | |
ESTIENNE | |
EMMERY | |
20 | CHASLES |
AVIA | |
OCAGNE (D’), THOLOSÉ (DE) | |
ALPHAND, DAUTRY | |
15 | LAMÉ, RÉSAL |
ARCHINARD, GAY-LUSSAC, LEMONNIER, ROUCHÉ, SÉJOURNÉ | |
ROQUES | |
DUVIVIER | |
ARAGO, LE VERRIER | |
10 | BESSE, DUFRENOY, FAIDHERBE, FRESNEL, MILLE |
BIZOT | |
LE CHATELIER, SAUVY | |
GOURGAUD | |
MAUNOURY, NIEL, ARMAND, DEPORT, FERBER, RUEFF, SANGNIER | |
5 | POINSOT, JOMARD, REYNAUD |
RENOUVIER, VICAT | |
BOSQUET, CLAPEYRON, ESTIENNE D’ORVES (D’), FAYOLLE | |
2 | CLERGERIE, JOFFRE, TARRON |
1 | BELGRAND, CARNOT, CONSIDÉRANT, DE LAPPARENT, DENFERT-ROCHEREAU, DU MANOIR, LOUCHEUR, PERDONNET, POLONCEAU, PONCELET |
0 | FERRIÉ, FOCH, POINCARÉ |
‑1 | DURAND-CLAYE |
‑3 | BIENVENÜE, BECQUEREL |
‑5 | |
‑8 | CHABROL DE VOLVIC |
Observations :
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