Intervention
Je m’exprime ici au double titre de l’A.X. qui est d’une certaine façon la voix de la communauté polytechnicienne et aussi d’Électricité de France, grande entreprise nationale qui n’en est encore qu’à l’aube de son développement international.
Je m’exprime ici au double titre de l’A.X. qui est d’une certaine façon la voix de la communauté polytechnicienne et aussi d’Électricité de France, grande entreprise nationale qui n’en est encore qu’à l’aube de son développement international.
C’est de l’avenir qu’il faut parler aujourd’hui et d’abord de l’avenir de l’École : elle doit rester fidèle à un certain nombre de valeurs et de principes mais en même temps se transformer en profondeur pour se préparer au monde de demain.
Les invariants sont bien clairs, c’est la qualité de recrutement de l’enseignement et aussi de l’acquisition de connaissances et d’expérience par les élèves. C’est aussi l’équité du recrutement et il est vrai qu’à cet égard l’ouverture nécessaire et progressive de nouvelles voies de recrutement appelle à une vigilance particulière pour éviter le déséquilibre entre ces filières et fermer la porte à tout favoritisme.
Et puis l’École doit conserver sa personnalité spécifique tout en la renouvelant ; ainsi la suppression du service militaire obligatoire en France introduit une nouvelle donne et il convient de proposer aux élèves d’autres occasions de contact avec des jeunes, de leur âge mais de caractéristiques très différentes, et en tout cas beaucoup moins favorisés au moment de s’engager dans la vie active.p> Depuis une dizaine d’années la transformation de l’École a été entreprise avec le confortement d’un tronc commun polyscientifique, le choix entre des filières largement différenciées de la formation humaine par l’ouverture sur la société, l’incitation à prolonger les années d’École par une formation plus directement professionnelle préparant les élèves à devenir serviteurs d’État, chercheurs ou hommes d’entreprise.
Dans cette évolution, le développement en profondeur de la dimension internationale de l’École est une volonté qui s’est déjà traduite dans les faits : deuxième voie de recrutement sur dossiers de jeunes étrangers (la première étant celle très ancienne du concours commun), enseignement poussé des langues, recrutement de professeurs ou enseignants étrangers, facilités pour stages, voyages ou formations dans d’autres pays… L’objectif a été clairement fixé et le mouvement est engagé.
EDF avait, il y a encore peu, l’image d’une entreprise avant tout technicienne et hexagonale. Mais les facteurs d’évolution sont très forts.
La libéralisation des marchés de l’énergie dans le monde et en particulier en Europe a introduit la concurrence dans ce qui était partout le domaine de monopoles.
Les pays développés sont repus d’énergie et la croissance de la demande y restera faible alors que les besoins non satisfaits sont considérables dans le reste de la planète ; les experts considèrent que les trois quarts du développement des systèmes électriques dans le monde se situeront, au cours des vingt-cinq prochaines années, en Chine, Asie du Sud-Est et Amérique latine. Les pays développées qui veulent conserver le rang de leur industrie électrique doivent s’y porter comme investisseurs et opérateurs.
Il est donc naturel qu’EDF ait un objectif de fort développement international conduisant à une part de plus de 30 % à l’étranger du chiffre d’affaires du groupe EDF, d’ici à une dizaine d’années.
C’est dire qu’EDF a un véritable besoin d’ingénieurs aptes à la responsabilité internationale. Il s’agira de jeunes Français, bien préparés pour cela par le système éducatif et aussi de cadres étrangers qui pour beaucoup auront l’atout d’une double formation et expérience, en France et à l’étranger. EDF doit donc recruter de jeunes étrangers qui souvent après quelques années en France pourront aller prendre des responsabilités élevées au sein du groupe dans leurs propres pays. Mais il faut aussi embaucher des cadres étrangers de culture, de disciplines et de profils très divers.
L’École polytechnique et les autres écoles d’ingénieurs peuvent constituer pour EDF comme pour les entreprises françaises en voie d’internationalisation un atout essentiel dans la compétition mondiale.