Robert Aubinière (33), 1912–2001
Robert Aubinière est né à Paris en 1912. Tous ceux qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés savent qu’il avait une personnalité hors du commun.
Entré à l’École polytechnique en 1933 , il en sort dans les rangs de l’armée de l’air. À la déclaration de guerre, il se trouve en Algérie où il commande, avec le grade de lieutenant, une escadrille à la tête de laquelle il accomplit des missions de reconnaissance sur la Tripolitaine et deux missions de bombardement sur la Sardaigne.
En juin 1943, il quitte l’Algérie pour Londres et les services spéciaux. Il est affecté, à sa demande, au Bureau central de Résistance et d’Action que dirige le colonel Passy.
Le 15 décembre 1943, il est parachuté sur la France occupée, à Is-sur-Tille près de Dijon, et avec l’aide de la résistance, il rejoint Lille comme chef des opérations de la région A qui couvre cinq départements du Nord. Il est arrêté par la Gestapo en avril 1944, emprisonné à Lille puis déporté politique en Allemagne, à Sachsenhausen, puis à Ravensbrück, et enfin à Neubrandenburg, un camp de travail où se fabriquent des éléments des VI et des V2.
En 1945, Neubrandenburg est libéré par les Russes. Les gardiens SS ont disparu quelques jours auparavant et ses compagnons de captivité l’élisent responsable du camp. Il les représente auprès des Russes ; il publie un journal du camp intitulé Liberté qui n’aura qu’un seul numéro avant d’être interdit par les Russes. Il rentre en France fin mai 1945 ; il était porté disparu ; sa famille était sans nouvelle de lui. Il prend trois mois de repos et réintègre l’armée de l’air où il poursuit, pour un temps, une carrière militaire classique : direction des études de l’École de l’air, École de guerre aérienne, état-major de la 5e région aérienne.
En 1949, il est nommé commandant de la Base-école de Rochefort ; il attachait beaucoup de prix à l’action originale de formation qu’il avait menée, à Rochefort, pour les apprentis mécaniciens ; elle lui avait valu les palmes académiques.
En septembre 1957, il est nommé directeur du Centre interarmes d’essais d’engins spéciaux de Colomb- Béchar dont sont venus bon nombre des premiers cadres du CNES. Il le quitte en 1960 pour prendre très brièvement la direction de l’École de l’air de Salon où il accueille le général de Gaulle.
Le délégué général à l’Air, Jean Blancart, le nomme à la Direction technique et industrielle de l’aéronautique qu’il quittera en 1962, au moment de la création du CNES ; il devient le premier directeur général de l’Agence spatiale nationale, fonction qu’il occupera jusqu’en 1971.
Durant cette période, il exercera aussi la présidence du Conseil de l’ELDO puis, en 1972, il acceptera la tâche ingrate de Secrétaire général de cet organisme moribond que toute son énergie ne pourra sauver du naufrage. Mais il aura la joie de voir que sur les ruines de cette première entreprise européenne dans le domaine des lanceurs, ses anciens collaborateurs ont su édifier le programme Ariane.
Robert Aubinière fait partie de ceux, très peu nombreux, dont on peut être sûr que, sans eux, les choses de l’espace ne seraient pas, dans notre pays, ce qu’elles sont aujourd’hui. Avec le président Jean Coulomb, auquel le liait une entente indéfectible, il a non seulement construit une institution spatiale capable d’exprimer la volonté politique de la France, mais il lui a donné, dans sa relation avec l’industrie et avec la communauté scientifique, les lignes d’action qui ont assuré au programme spatial une large assise nationale.
Au-delà de son intelligence aiguë, au-delà de sa culture, aussi vaste que discrète – pour en donner la mesure il faudrait parler de la carrière qu’il a menée dans le domaine des arts après son départ de l’ELDO – au-delà de ce qu’il avait accompli pour le CNES, ce qui dominait chez lui c’est la dimension humaine.
L’attachement émouvant que lui conservait l’équipe de sous-lieutenants de réserve qu’il avait assemblée autour des tâches d’enseignement de la base de Rochefort témoigne de ce trait permanent de sa personnalité, sa capacité à s’attacher durablement les hommes et à mobiliser leur énergie.
Il fut au sens plein du terme un homme de caractère. Et comme l’a écrit le général de Gaulle : « Où voit-on qu’une grande œuvre humaine ait été jamais réalisée sans que se soit fait jour la passion d’agir par soi-même d’un homme de caractère ? »
Il était grand officier de la Légion d’honneur et père de six enfants.
Commentaire
Ajouter un commentaire
souvenir et respect
Bonjour jai connu le colonel Aubiniere en 1958 etant simple soldat au ciees a Bechar tous les matin je le saluai a son PC qd je suis parti de Bechar et quelques longue annees apres l envie de savoir ce qu’il etait devenu j’ai recherché et suis entre en contact avec sa fille toubib a Paris elle m’a dit qu’il etait enterre à Paris et ma donne l’adresse cela m’a appaisé car j’ai recherche de longues annees car la force la bonte et la douceur qui se degageait de cet homme etait formidable Prenez contact avec moi ceux qui l’ont connu amitie