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SCETAUROUTE : ingénierie et innovation au service des clients

Dossier : Dossier RoutesMagazine N°591 Janvier 2004Par : Entretien avec Michel RAY (67)

L’in­no­va­tion est une com­po­sante impor­tante du déve­lop­pe­ment dans les métiers de l’in­gé­nie­rie de SCETAUROUTE. Élé­ment de la culture de l’en­tre­prise, elle est orien­tée vers l’op­ti­mi­sa­tion tou­jours plus grande des coûts/délais/performances des projets.
Michel Ray (X Ponts, 67), direc­teur tech­nique, Qua­li­té et Méthodes de SCETAUROUTE, témoigne à tra­vers quelques exemples de l’ex­cel­lence tech­nique et du carac­tère inno­vant des nou­veaux outils ou métho­do­lo­gies développés.

Michel Ray : Chez SCETAUROUTE, l’in­no­va­tion est une culture ; sur depuis une tren­taine d’an­nées, nous avons beau­coup coopé­ré avec nos clients pour déve­lop­per des inno­va­tions au tra­vers des grands chan­tiers. Par la nature de nos métiers, chaque chan­tier se pré­sente comme un pro­to­type, contrai­re­ment au sec­teur indus­triel. Nos équipes opé­ra­tion­nelles ont donc par nature une culture de réso­lu­tion prag­ma­tique des pro­blèmes tech­niques et d’in­no­va­tion. Elles savent uti­li­ser par exemple des méthodes comme l’a­na­lyse de la valeur pour les études à enjeux forts.

Nos com­pé­tences et nos métho­do­lo­gies inno­vantes retiennent aus­si l’at­ten­tion de nom­breux clients et nous per­mettent par exemple d’af­fi­cher une forte crois­sance à l’ex­port. J’a­jou­te­rais que dans le cadre du concours inno­va­tion, lan­cé tous les deux ans par le groupe EGIS auquel nous appar­te­nons, SCETAUROUTE est par­ti­cu­liè­re­ment actif et se place en très bonne posi­tion du point de vue des » gagnants « .

Pour les clients, cette culture d’in­no­va­tion peut se tra­duire en phase études par des opti­mi­sa­tions de pro­jet pou­vant réduire les coûts de 10 % et par­fois même jus­qu’à 30 %, et en phase tra­vaux, par une maî­trise des aléas.

Deux exemples d’innovation phare montrent la capacité et l’ingéniosité de SCETAUROUTE : le premier concerne la mise au point et le développement du logiciel ESTIM pour les estimations du coût amont des projets d’infrastructure ; le second a trait au contrôle automatique des systèmes de ventilation des tunnels en cas d’incendie. Pouvez-vous nous décrire la spécificité et la valeur ajoutée de ces deux innovations ?

M. R. : Avec le logi­ciel ESTIM, nous nous trou­vons face à un chan­ge­ment de géné­ra­tion en matière d’es­ti­ma­tion du coût d’un pro­jet. Ses atouts essen­tiels reposent sur la rapi­di­té et l’ef­fi­ca­ci­té, deux fac­teurs déter­mi­nants pour des pro­jets d’in­fra­struc­ture linéaire de trans­port au cours des phases de pla­ni­fi­ca­tion, d’é­tudes préa­lables et de concep­tion. L’es­ti­ma­tion rapide et effi­cace est une néces­si­té stra­té­gique pour le client et, sans aucun doute, un avan­tage en terme de com­pé­ti­ti­vi­té pour les appels d’offres de conces­sion, par exemple. Le logi­ciel ESTIM per­met d’ef­fec­tuer une esti­ma­tion du coût du pro­jet, basée sur des for­mules para­mé­triques qui uti­lisent une banque de don­nées des coûts para­mètres clés sélectionnés.

Tout en étant du même niveau de pré­ci­sion que les méthodes tra­di­tion­nelles, cette esti­ma­tion a pour avan­tage d’al­ler beau­coup plus vite pour chaque ité­ra­tion et donc de pas­ser en revue plu­sieurs dizaines de variantes dans le même délai. Elle inclut éga­le­ment l’a­na­lyse pré­li­mi­naire des risques.

L’autre inno­va­tion majeure dont vous par­lez est le contrôle auto­ma­tique des sys­tèmes de ven­ti­la­tion des tun­nels en cas d’in­cen­die. Dans le pas­sé, plu­sieurs sinistres se sont pro­duits cau­sant la mort de nom­breuses per­sonnes. La tra­gé­die du tun­nel du Mont-Blanc est dans la mémoire de tous. Mais elle n’est pas la seule puis­qu’en cinq ans, en Europe, plus de 120 per­sonnes ont péri dans des incen­dies de tunnel.

SCETAUROUTE a déve­lop­pé, en pre­mière mon­diale, des sys­tèmes de contrôle auto­ma­tique qui per­mettent une stra­ti­fi­ca­tion rapide et fiable de la fumée. Pour ce faire, nous avons com­bi­né une approche de R & D de haut niveau en liai­son avec des uni­ver­si­tés fran­çaises qui tra­vaillent sur la modé­li­sa­tion numé­rique et phy­sique des phé­no­mènes incen­dies, des tests d’in­cen­die dans de grands tun­nels exis­tants avec des scé­na­rios de ven­ti­la­tion auto­ma­tique, et nous avons exploi­té le retour d’ex­pé­rience des ingé­nieurs, des concep­teurs et des exploitants.

Les stra­té­gies de ven­ti­la­tion opti­males mises en œuvre ont pour avan­tage une réduc­tion signi­fi­ca­tive de la lon­gueur du tun­nel affec­tée par la fumée (exemple du pas­sage de 6 km de fumée non stra­ti­fiée à 0,3 km de fumée stra­ti­fiée) et une dimi­nu­tion par un fac­teur 5 du temps néces­saire à l’ob­ten­tion d’une stra­ti­fi­ca­tion appro­priée de la fumée. Ces per­for­mances per­mettent une éva­cua­tion rapide des per­sonnes. Dans ce domaine, on assiste à une véri­table révolution.

Vous mettez en relief l’innovation développée en interne mais vous arrive-t-il de travailler en partenariat ?

M. R. : Oui, sou­vent. Si l’in­no­va­tion déve­lop­pée en interne est une grande com­po­sante de SCETAUROUTE, nous tra­vaillons éga­le­ment par exemple en coopé­ra­tion avec le LCPC, et en par­te­na­riat avec ACOUSTB, qui est une filiale du CSTB. Nous avons actuel­le­ment un par­te­na­riat avec une socié­té aus­tra­lienne dont l’ou­til logi­ciel sera un lea­der mon­dial. Sans oublier cer­tains maîtres d’ou­vrage ou entre­prises de TP qui sont nos clients et avec les­quels nous fai­sons par exemple des chan­tiers expérimentaux.

En matière de technologies, vos responsables des logiciels métier occupent une position clé. Ils doivent sans cesse améliorer les outils dans tous les domaines de l’activité de SCETAUROUTE. Qu’en est-il concrètement ?

Passerelle piétons tri-suspendue au dessus du Cher, à TOURS
SCETAUROUTE a assu­ré une mis­sion de maître d’œuvre pour la construc­tion d’une pas­se­relle pié­tons tri-sus­pen­due au des­sus du Cher et per­met­tant de rejoindre deux quar­tiers en déve­lop­pe­ment de la ville de Tours.
Cient : Socié­té d’Équipement de la Tou­raine. Archi­tecte A. Spielmann.
© SCETAUROUTE, PHOTO E. BÉNARD

M. R. : Dési­rant tou­jours être à la pointe des tech­no­lo­gies et des méthodes dans le domaine de l’in­gé­nie­rie des infra­struc­tures, nous déve­lop­pons en per­ma­nence cer­tains logi­ciels adap­tés à nos besoins ou nous rajou­tons des appli­ca­tions-métier à des logi­ciels de haut niveau du com­merce. Nos infor­ma­ti­ciens s’at­tèlent à amé­lio­rer l’ef­fi­ca­ci­té de nos outils dans tous les domaines, des études à la maî­trise d’œuvre travaux.

Ain­si, plus de 120 logi­ciels sont uti­li­sés dont, bien enten­du, tous les logi­ciels cou­rants rele­vant de la bureau­tique, et plus de 90 logi­ciels » métiers » en par­ti­cu­lier ceux qui sont les plus uti­li­sés en tra­cé, cal­culs de struc­ture, Ges­tion Élec­tro­nique de Docu­ments, de Sys­tème d’In­for­ma­tion Géo­gra­phique, etc. Ces logi­ciels couvrent des champs les plus variés, qu’il s’a­gisse de la ven­ti­la­tion des tun­nels, des cal­culs de volumes de ter­ras­se­ment, de la ges­tion des risques en phase concep­tion et en phase tra­vaux, de la pol­lu­tion de l’air, du cal­cul de rem­blais sur sols compressibles…

Une autre démarche originale : pour améliorer en permanence vos pratiques et être toujours plus performant, vous mettez en avant le knowledge management (la gestion des connaissances et le retour d’expérience). En quoi cela consiste-t-il ?

M. R. : Des obser­va­teurs exté­rieurs nous disent que nous pro­gres­sons vite. La capi­ta­li­sa­tion du retour d’ex­pé­rience s’a­vère être un des axes impor­tants favo­ri­sant la qua­li­té des pres­ta­tions et de l’in­no­va­tion dans nos métiers et c’est en même temps en train de deve­nir un outil de tra­vail quo­ti­dien : les fiches qui carac­té­risent les faits mar­quants sur chaque pro­jet ou chan­tier per­mettent un bien meilleur par­tage en interne de notre savoir faire mal­gré la dis­sé­mi­na­tion des équipes sur le ter­rain. C’est une pièce maî­tresse du main­tien de notre per­ti­nence tech­nique à moyen et long terme. Pour ce faire, l’en­semble des col­la­bo­ra­teurs dis­pose d’un outil infor­ma­tique avan­cé de retour d’ex­pé­rience sur projets.

Par ailleurs, des démarches de tuto­rats entre experts et jeunes en for­ma­tion ont été ini­tiées et les « réfé­ren­tiels métiers » mis en place dans nos dépar­te­ments tech­niques spé­cia­li­sés, garan­tissent mieux l’ho­mo­gé­néi­té des pra­tiques et l’u­ti­li­sa­tion rapide des der­niers textes régle­men­taires à jour.

À moyen et long termes, quels sont les enjeux techniques sur lesquels une société comme SCETAUROUTE travaille ?

M. R. : Pen­ser à moyen et long termes est une obli­ga­tion pour SCETAUROUTE, les ouvrages construits ayant une durée de vie qui oscille entre cin­quante et plus de cent ans ! Voi­ci un exemple : en consor­tium avec SANEF, Météo France, le Labo­ra­toire Cen­tral des Ponts et Chaus­sées et d’autres par­te­naires, nous tra­vaillons ain­si sur la vul­né­ra­bi­li­té des infra­struc­tures aux chan­ge­ments cli­ma­tiques, un sujet hau­te­ment d’ac­tua­li­té. Avec un cofi­nan­ce­ment de l’É­tat et des finan­ce­ments internes, nous déve­lop­pons la démarche et les outils nécessaires.

SCETAUROUTE est une socié­té d’in­gé­nie­rie spé­cia­li­sée dans le domaine des infra­struc­tures. Pré­sente sur tous les conti­nents, elle est une des prin­ci­pales filiales du groupe EGIS et affiche aujourd’­hui une expé­rience unique en Europe en matière de ges­tion de pro­jets, d’in­gé­nie­rie, de super­vi­sion de tra­vaux rou­tiers ou auto­rou­tiers, ou encore d’as­sis­tance aux maîtres d’ou­vrages Son champ d’ac­ti­vi­té s’é­tend aujourd’­hui aux pro­jets urbains, fer­ro­viaires, aéro­por­tuaires, de voies navi­gables, de fibres optiques ou de canalisations.

  • Chiffre d’af­faires (en 2002) : 113 mil­lions d’euros.
  • Effec­tif : 850 per­sonnes dont 75 % de cadres.
  • Bud­get for­ma­tion : plus de 4 % de la masse sala­riale par an.
  • R & D : envi­ron 1 % du chiffre d’af­faires est inves­ti chaque année dans une qua­ran­taine d’ac­tions de R & D tech­nique et méthodologique.
  • Cer­ti­fi­ca­tion : ISO 9001 depuis 1999 (et pas­sée à la V2000 en 2002). ISO 14001 pour le mana­ge­ment envi­ron­ne­men­tal depuis juillet 2002.

L’ob­jec­tif est d’ai­der nos clients, res­pon­sables des inves­tis­se­ments, à hié­rar­chi­ser les amé­lio­ra­tions de la capa­ci­té des infra­struc­tures à faire face aux impacts des chan­ge­ments cli­ma­tiques Nous nous inté­res­sons aus­si dans ce cadre aux nou­veaux concepts de dimen­sion­ne­ment des infra­struc­tures neuves. Pour l’ex­ploi­tant d’in­fra­struc­tures de trans­port, ce que nous conce­vons aujourd’­hui lui per­met­tra une grande réac­ti­vi­té avec l’u­ti­li­sa­tion d’un sys­tème d’in­for­ma­tion géo­gra­phique. Les évé­ne­ments cli­ma­tiques extrêmes des der­nières années illus­trent la néces­si­té de telles démarches.

Exemple de technologie innovante de SCETAUROUTE

L’en­jeu consis­tait à relier deux quar­tiers en déve­lop­pe­ment de la ville de Tours de part et d’autre du Cher par une pas­se­relle pié­tons légère et trans­pa­rente dans la tra­di­tion des ponts sus­pen­dus avec câble de tête sur la Loire.

L’o­ri­gi­na­li­té de l’ou­vrage est de ne pos­sé­der qu’un seul câble por­teur et d’être sta­bi­li­sé hori­zon­ta­le­ment et ver­ti­ca­le­ment par deux câbles laté­raux. Les poutres de rigi­di­té clas­siques ont en effet été rem­pla­cées par la mise en place de deux fermes laté­rales sus­pen­dues qui ont une double fonc­tion : contra­rier les risques de flot­te­ments ver­ti­caux et reprendre les défor­ma­tions hori­zon­tales liées à l’ac­tion du vent.

Les contacts

Rémi Cunin, direc­teur géné­ral (X 82) ;
Michel Ray, direc­teur tech­nique, Qua­li­té et Méthodes (X 67) ;
Phi­lippe Amat, direc­teur opé­ra­tion­nel fer­ro­viaire (X 81) ;
Éric Leca, direc­teur Agence Asie Paci­fique (X 79) ;
Cyrille de la Borde, Direc­tion du Déve­lop­pe­ment (X 91) ;
Fré­dé­ric Bul­tel, Direc­tion des tun­nels et tra­vaux sou­ter­rains (X 93).

L’in­no­va­tion sur cet ouvrage d’art, d’une por­tée unique de 235 mètres et réa­li­sé en étroite coopé­ra­tion avec JMI (autre filiale du Groupe EGIS), offre plu­sieurs avan­tages : une grande légè­re­té, une grande por­tée « sans poids », l’ab­sence d’ap­puis en rivière, l’ab­sence de poutres de rigi­di­té indui­sant ces gains de poids, d’u­si­nage et de mon­tage, ain­si qu’une par­faite sta­bi­li­té du fait de la mise en place de la tri-suspension.

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Phi­le­monrépondre
16 août 2015 à 23 h 00 min

Demande de stage
Bon­jour ! Je suis étu­diant à l’Ins­ti­tut 2iE au Bur­ki­na Faso. Je vou­drais connaitre les moda­li­tés pour obte­nir un stage dans votre bureau d’é­tude sec­tion ouvrages d’art.
Cordialement. 

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