Éditorial du n° 606 – juin 2005 – LES MÉGAPOLES
En 1800, la planète comportait un milliard d’habitants, dont l’immense majorité vivait hors des villes. Aujourd’hui, c’est-à-dire seulement huit générations plus tard, la seule population urbaine dépasse les trois milliards d’habitants, et dans cet ensemble près d’un demi-milliard d’êtres humains, soit l’équivalent de la population planétaire du xvie siècle, vit dans des concentrations urbaines de plus de cinq millions d’habitants. La population de chacune d’entre elles est de l’ordre de grandeur ou supérieure à celle du monde au début du néolithique, il y a dix mille ans environ.
Composante de l’évolution récente peut-être moins souvent discutée par les » environnementalistes » occidentaux que les progrès de la technique ou la hausse de la consommation de ressources naturelles, l’urbanisation de la population n’en est pas moins l’une des caractéristiques majeures des » temps modernes « . En concentrant les hommes, on concentre aussi leurs approvisionnements et leurs rejets, et cette forme d’organisation spatiale a nécessairement des influences sur la pression globale sur l’environnement. Consomme-t-on globalement plus, ou moins, d’eau, d’énergie, ou de toute autre ressource naturelle quand on vit en ville ? Le passage de la dispersion des déchets, mode traditionnel de gestion dans les zones à faible densité de population, à la concentration, inéluctable en ville et a fortiori en mégapole, pose-t-il des problèmes qui s’avèrent déjà, ou qui ont toutes les chances de s’avérer redoutables ? L’apparition, durant le vingtième siècle, de très grandes concentrations urbaines – les mégapoles – a‑t-il engendré l’apparition de problèmes totalement inédits pour lesquels nous n’avons pas encore la solution, ou du moins ses lignes directrices ?
Nous avons essayé de couvrir, dans ce numéro, un panorama aussi large que possible des questions posées par le développement des mégapoles, mais sous contrainte de place, comme toujours en pareil cas. De ce fait, bien qu’il se plaide souvent que santé et environnement sont liés, et qu’en l’espèce nombre d’interactions puissent être imaginées, les risques sanitaires directs induits par l’urbanisation massive (renforcement éventuel du risque épidémique, par exemple) ne sont pas traités dans ce numéro. Le lecteur le regrettera peut-être, mais c’est ainsi !
Avant de céder la place aux divers auteurs qui ont bien voulu nous accorder un peu de leur temps pour nous éclairer de leurs lumières, il reste à remercier le chef d’orchestre de la réalisation de ce numéro, Jean-Paul Lanly (57), secondé notamment par Jérôme Perrin (74) et Franck Le Gall (91). Grâce leur en soit rendue !
www.x‑environnement.org - l’ensemble du présent numéro peut s’y retrouver.