Éditorial

Dossier : L'armement terrestreMagazine N°615 Mai 2006Par Vincent IMBERT (76)

Une manière clas­sique de pré­sen­ter l’ac­ti­vi­té dans le domaine des arme­ments ter­restres aurait consis­té à rap­pe­ler l’or­ga­ni­sa­tion et les mis­sions de l’ar­mée de terre face aux nou­velles menaces, à énu­mé­rer les maté­riels et sys­tèmes d’armes en cours de livrai­son, en sou­li­gnant leurs per­for­mances clés, à bros­ser le pano­ra­ma indus­triel qui, aus­si bien au niveau natio­nal qu’eu­ro­péen, per­met de garan­tir la dis­po­ni­bi­li­té et la qua­li­té des équi­pe­ments déve­lop­pés ou acces­sibles sur le marché.

Une telle pré­sen­ta­tion n’au­rait pas per­mis de rendre compte de la dyna­mique actuelle de ce domaine. Les dif­fé­rents conflits à tra­vers le monde confirment chaque jour le carac­tère varié et impré­vi­sible de la menace ; les pro­grès tech­no­lo­giques, en par­ti­cu­lier dans le domaine de l’in­for­ma­tion et des com­mu­ni­ca­tions, conduisent à revoir pro­fon­dé­ment le pro­ces­sus d’é­la­bo­ra­tion des sys­tèmes d’armes ; les mou­ve­ments indus­triels remettent en cause les sché­mas d’ap­pro­vi­sion­ne­ment les plus éprouvés.

Mais au-delà de l’in­té­rêt que peut sus­ci­ter cha­cun de ces évé­ne­ments – aus­si impor­tant soit-il -, c’est bien la concor­dance, l’in­ter­dé­pen­dance de ces muta­tions impor­tantes qui appa­raît de nature à remettre en cause aus­si bien les prin­cipes de pré­pa­ra­tions des sys­tèmes d’armes que les concepts opé­ra­tion­nels ou la doc­trine d’emploi des forces.

Ain­si, l’é­mer­gence du concept de com­bat info­va­lo­ri­sé, illus­tré par les études concer­nant la bulle opé­ra­tion­nelle aéro­ter­restre, conduit à faire évo­luer dura­ble­ment la rela­tion entre les armées (qui expriment leurs besoins), la Délé­ga­tion géné­rale pour l’ar­me­ment (qui tra­duit ces besoins opé­ra­tion­nels en sys­tèmes d’armes et pilote leur déve­lop­pe­ment) et l’in­dus­trie qui les réa­lise. L’é­mer­gence de rup­tures tech­no­lo­giques pro­met­teuses telles que la minia­tu­ri­sa­tion des com­po­sants ou la pro­tec­tion active per­met d’en­vi­sa­ger le déve­lop­pe­ment de muni­tions dites « intel­li­gentes », c’est-à-dire qui s’af­fran­chissent de plus en plus de la simple balis­tique et des effets résul­tant de la seule éner­gie ciné­tique, et néces­site de revoir fon­da­men­ta­le­ment l’ar­chi­tec­ture des véhi­cules aus­si bien en ce qui concerne leur pro­tec­tion que la conduite de tir des arme­ments qu’ils mettent en œuvre.

Ces chan­ge­ments impor­tants en matière d’or­ga­ni­sa­tion et de rela­tions entre les dif­fé­rents acteurs, ain­si que l’in­té­gra­tion de tech­no­lo­gies de plus en plus poin­tues vont pro­fon­dé­ment modi­fier le pay­sage indus­triel du domaine. Pour autant, le déve­lop­pe­ment des sys­tèmes élec­tro­niques et leur fusion­ne­ment avec les tech­niques plus tra­di­tion­nelles néces­sitent de maî­tri­ser plei­ne­ment l’as­pect sys­tème : un enjeu majeur notam­ment pour garan­tir l’in­te­ro­pé­ra­bi­li­té avec les forces alliées et qui de ce fait ne peut se limi­ter aux seules fron­tières nationales.

Poster un commentaire