Christian Dior, l’esprit de création

Dossier : Le LuxeMagazine N°620 Décembre 2006Par : Jérôme POGGI (EPC 94)*

Sid­ney Tole­da­no est une des per­son­na­li­tés les plus impor­tantes et esti­mées du milieu de la mode et du luxe. Cen­tra­lien de for­ma­tion (76), il a été pen­dant plus de dix ans direc­teur géné­ral de Lan­cel avant d’entrer chez Chris­tian Dior Cou­ture en 1994 et d’en deve­nir pré­sident-direc­teur géné­ral en 1998.
Au cours de ces années, il a été un des prin­ci­paux arti­sans de son suc­cès inter­na­tio­nal. Sous sa pré­si­dence, le chiffre d’affaires de l’entreprise a tri­plé en à peine sept ans. De 66 bou­tiques en 1998, le réseau est pas­sé à 184 fin 2004 et devait atteindre les 200 maga­sins en fin d’année 2005. For­te­ment implan­tée en Asie, et notam­ment au Japon, l’entreprise se tourne main­te­nant vers la Chine. Signe de la confiance que lui accorde Ber­nard Arnault, PDG de LVMH, Sid­ney Tole­da­no a été nom­mé admi­nis­tra­teur du groupe Chris­tian Dior, hol­ding de contrôle des mai­sons de luxe LVMH et Chris­tian Dior Couture.
Il est éga­le­ment pré­sident-direc­teur géné­ral de John Gal­lia­no France et pré­sident du conseil d’administration de la socié­té Fendi.

Vous tra­vaillez depuis près de vingt ans dans le domaine du luxe.
Est-ce un domaine auquel vous vous des­ti­niez lorsque vous avez fait vos études d’in­gé­nieur à Centrale ?


Dior ouvre sa seconde bou­tique à Mos­cou. M. et Mme Ber­nard Arnault, Sha­ron Stone, M. et Mme Sid­ney Tole­da­no.© DIOR

Si j’ai tou­jours eu le goût pour la créa­tion et les belles choses de façon géné­rale, je dois avouer que ma pre­mière pas­sion a été les mathé­ma­tiques. L’op­tion « mathé­ma­tiques appli­quées » en der­nière année m’a conduit vers l’a­na­lyse mar­ke­ting et le conseil, au sein du groupe Niel­sen Inter­na­tio­nal où j’ai été consul­tant de 1977 à 1983 ; j’y ai décou­vert mon goût pour le mar­ke­ting, les ques­tions de dis­tri­bu­tion et de merchandising.

C’est ce qui m’a pous­sé à quit­ter le conseil pour l’o­pé­ra­tion­nel en rejoi­gnant le fabri­cant de chaus­sures pour enfants Kickers. Je n’y suis res­té qu’un peu plus d’un an mais cette expé­rience a été déci­sive, car elle m’a per­mis de décou­vrir le monde de la mode, d’a­bord enfan­tine et celui du cuir. Je me suis immé­dia­te­ment pas­sion­né pour un sec­teur que j’ai trou­vé par­ti­cu­liè­re­ment créa­tif. Kickers est une entre­prise fran­çaise à l’o­ri­gine qui a su faire preuve d’un immense talent en termes de mar­ke­ting : en se choi­sis­sant un nom extrê­me­ment effi­cace et en déve­lop­pant des pro­duits alliant une qua­li­té excep­tion­nelle et une ori­gi­na­li­té sou­vent assez ludique.

Nous nous sou­ve­nons tous de la fameuse lan­guette de jean por­tant le nom de la marque dans la cou­ture de la chaus­sure ou des pas­tilles sur les semelles qui dis­tin­guaient le pied droit du gauche. Je suis arri­vé chez Kickers à un moment dif­fi­cile puisque la socié­té était au bord du dépôt de bilan. L’ad­mi­nis­tra­teur judi­ciaire m’a alors, en quelque sorte, man­da­té la ges­tion opé­ra­tion­nelle de l’af­faire ce qui m’a per­mis d’ap­pré­hen­der la réa­li­té d’une entre­prise de taille moyenne sous tous ses aspects à la fois éco­no­miques, finan­ciers, sociaux, etc.

C’est alors que vous avez rejoint la mai­son Lancel ?

Robe de DIOR Robe de DIOR

J’en ai ren­con­tré les pro­prié­taires à une Semaine du cuir, alors que nous négo­ciions un contrat de licence avec eux. Ils cher­chaient un diri­geant pour déployer leur acti­vi­té à l’in­ter­na­tio­nal. J’ai rejoint Lan­cel fin 1983 et suis res­té plus de dix ans. Ce fut mon entrée dans le sec­teur du luxe, que je n’ai ensuite jamais quit­té. Mon arri­vée a coïn­ci­dé avec le boom de la maro­qui­ne­rie, au début des années quatre-vingt. Ce sec­teur était alors certes pres­ti­gieux, avec des marques comme Vuit­ton et Her­mès, mais extrê­me­ment limi­té en taille. C’est d’a­bord l’ou­ver­ture du mar­ché japo­nais qui a mar­qué l’ex­tra­or­di­naire déve­lop­pe­ment de la maro­qui­ne­rie auquel la mai­son a for­te­ment par­ti­ci­pé en inno­vant avec de nou­veaux pro­duits comme la ligne de bagage rouge ou les sacs mul­ti­cou­leurs. J’ai eu la chance d’être asso­cié étroi­te­ment au déve­lop­pe­ment des pro­duits et de pou­voir tra­vailler de façon très proche avec le pré­sident de Lan­cel et les sty­listes de la mai­son. Nous étions les pre­miers à oser de telles inno­va­tions que nous sou­te­nions avec des cam­pagnes de com­mu­ni­ca­tion elles aus­si inno­vantes. C’est à cette époque que j’ai com­men­cé à col­la­bo­rer avec des agences de publi­ci­té. J’ai notam­ment eu la chance de tra­vailler avec Phi­lippe Michel, qui fut pour moi un des plus grands publi­ci­taires fran­çais d’un point de vue concep­tuel. Lan­cel a alors connu une crois­sance spec­ta­cu­laire, par­ti­cu­liè­re­ment à l’in­ter­na­tio­nal. De nou­veaux mar­chés se sont ouverts à Hong-Kong, Tai­wan, Sin­ga­pour puis aux États-Unis au début des années quatre-vingt-dix.

Ce sont ces résul­tats qui vous ont valu d’être remar­qué par Ber­nard Arnault ?

Robe de DIORJ’ai en effet été appro­ché par Ber­nard Arnault fin 1993 et suis arri­vé en mars 1994 chez Dior. Dès sa prise de contrôle de l’an­cien groupe Bous­sac1, Ber­nard Arnault a éla­bo­ré une stra­té­gie pour Dior dont il connais­sait la puis­sance de la marque. À une époque où l’en­tre­prise tra­vaillait prin­ci­pa­le­ment avec des licences, des fran­chises et des par­te­na­riats, il a sou­hai­té reve­nir à un contrôle direct de notre pro­duc­tion et de notre dis­tri­bu­tion afin de pou­voir répondre aux cri­tères d’ex­cel­lence qu’il se fixait pour cette maison.

Il déci­da donc de rompre avec le prin­cipe des licences, inau­gu­ré avec suc­cès par Chris­tian Dior dès 1949. Ce sys­tème s’é­tait trop répan­du, dans les années soixante-dix par­ti­cu­liè­re­ment. Il y avait des licences dans le monde entier, de Pana­ma à la Corée en pas­sant par l’A­frique du Sud, et dans toutes les familles de pro­duits. Cette délé­ga­tion de pou­voir était arri­vée à un tel point que notre image deve­nait incer­nable. Il fal­lait donc ces­ser cette stra­té­gie et amé­lio­rer le réseau de dis­tri­bu­tion en déve­lop­pant un réseau de bou­tiques en propre comme le fai­sait alors Vuit­ton. Cette réor­ga­ni­sa­tion a pris de longues années.

Il n’y a plus aujourd’­hui que les lunettes Chris­tian Dior qui font l’ob­jet d’une licence, ain­si que les montres2. Mais, pour accom­pa­gner la créa­tion de ces bou­tiques, il était en même temps néces­saire de ren­for­cer nos posi­tions en inven­tant de nou­veaux pro­duits phares, capables d’at­ti­rer les clients dans ces maga­sins. Ber­nard Arnault était alors convain­cu du pou­voir d’at­trac­tion de la maro­qui­ne­rie, d’un point de vue à la fois sym­bo­lique et éco­no­mique. Il me char­gea donc de reprendre ce sec­teur d’activité.

Vous avez donc diri­gé la sec­tion maro­qui­ne­rie de Dior de 1994 à 1998, fai­sant de cette acti­vi­té une famille pro­duit stra­té­gique. Com­ment êtes-vous arri­vé à un tel résultat ?

Robe de DIORRobe de DIOREn même temps qu’il fal­lait repen­ser notre orga­ni­sa­tion en termes de dis­tri­bu­tion, il était donc pri­mor­dial de réflé­chir au déve­lop­pe­ment de nou­veaux pro­duits en maro­qui­ne­rie qui soient haut de gamme avec une forte iden­ti­té. Quelques mois après mon arri­vée, en juillet 1994, j’ai donc pré­sen­té un nou­veau modèle de sac à Ber­nard Arnault, le fameux Lady Dior. Nous avons beau­coup tra­vaillé ensemble à pilo­ter la nais­sance de ce pro­duit car Ber­nard Arnault pos­sède un sens aigu du produit.

Nos for­ma­tions d’in­gé­nieurs nous per­met­taient d’a­voir un regard très tech­nique sur les qua­li­tés de ce sac, en même temps que notre goût com­mun pour les formes et le desi­gn nous ren­dait très sen­sibles à sa forme. La réa­li­sa­tion du sac dans sa ver­sion cuir en 1995 a mar­qué le véri­table lan­ce­ment du Lady Dior. J’ai moi-même veillé dans les bou­tiques à sa pré­sen­ta­tion, « brie­fé » les ven­deuses sur ses qua­li­tés, et je suis par­ti en Asie le pré­sen­ter à nos clients. Sa cam­pagne de publi­ci­té a été par­ti­cu­liè­re­ment soignée.

Et pour cou­ron­ner le tout, le sac a été adop­té par Lady Dia­na après que Madame Chi­rac lui a offert un pre­mier modèle : elle ache­ta toute une gamme de cou­leurs dif­fé­rentes qu’elle por­tait alter­na­ti­ve­ment lors de ses dépla­ce­ments offi­ciels. Les pho­to­gra­phies des papa­raz­zi, mon­trant Lady Dia­na por­tant au poi­gnet le Lady Dior, ont beau­coup fait pour son succès.

Le lan­ce­ment de ce sac joua-t-il le rôle moteur que l’on attendait ?

Ce fut un suc­cès com­mer­cial spec­ta­cu­laire. Dans les douze pre­miers mois sui­vant le lan­ce­ment, nous en avons ven­du plus de 100 000 exem­plaires. À cette époque, toutes lignes confon­dues, on ne ven­dait que quelques mil­liers de sacs. Heu­reu­se­ment, nous avions anti­ci­pé ce suc­cès en nous orga­ni­sant au niveau de la pro­duc­tion. Nous avons mon­té une usine en Tos­cane, ins­tal­lée ex nihi­lo dans une usine qui fabri­quait de la maille, recru­té des méca­ni­ciens, des ouvrières, des cou­peurs. Cette usine nous a per­mis de faire face à la demande, évi­tant des listes d’at­tente trop longues.

Forts des expé­riences des années soixante-dix, nous avons ensuite géré ce pro­duit pour le faire durer en le décli­nant de sai­son en sai­son. Il doit en être aujourd’­hui à plus de 300 ver­sions, dans toutes les matières pos­sibles. Grâce à ce pro­duit deve­nu une véri­table icône, nous avons pu déve­lop­per nos bou­tiques en comp­tant sur son pou­voir attrac­tif ; et nous avons adop­té la même stra­té­gie sur d’autres acces­soires, comme les souliers.

Mes res­pon­sa­bi­li­tés au sein de Dior ont alors été élar­gies à l’en­semble des acces­soires, notam­ment aux bijoux fan­tai­sie. Puis, au prin­temps 1998, Ber­nard Arnault m’a nom­mé à la pré­si­dence de la mai­son Dior Couture.

Vous avez alors éten­du les mêmes méthodes de mana­ge­ment à l’en­semble des acti­vi­tés de Dior Couture ?

Boutique Dior à Prague
Bou­tique Dior à Prague.© DIOR

J’ai en effet tenu à har­mo­ni­ser l’en­semble des pro­duits de la mai­son, notam­ment du point de vue créa­tif. John Gal­lia­no venait pra­ti­que­ment d’y arri­ver, puis­qu’il a fait son pre­mier défi­lé en octobre 1996. J’ai rapi­de­ment déci­dé de rendre glo­bale toute l’ap­proche sur la femme et de lui confier éga­le­ment la direc­tion artis­tique de la maro­qui­ne­rie et des acces­soires. C’est à ce moment que je lui ai pro­po­sé de faire un sac, répon­dant à un fort désir de sa part. Cinq ans après le Lady Dior, il a inven­té le non moins fameux sac Selle : une inno­va­tion, ou du moins une nou­veau­té, abso­lue dans le domaine du sac, qui a ren­con­tré un suc­cès colos­sal auprès des clientes. Sa forme, lors­qu’une femme le porte, invente une nou­velle allure, un style extra­or­di­naire. Nous avons, par ailleurs, mis en avant un bran­ding assez fort et lan­cé une cam­pagne de publi­ci­té pro­vo­cante, shoo­tée par Nick Knight, un des plus grands pho­to­graphes contemporains.

Le mar­ke­ting déve­lop­pé autour de ces pro­duits joue-t-il un rôle impor­tant dans leur succès ?
Le créa­teur, en l’oc­cur­rence John Gal­lia­no, inter­vient-il dans cette stratégie ?

Tota­le­ment ! D’ailleurs, par­ler de mar­ke­ting n’est pas tout à fait juste puisque le « pro­duit » ne naît pas d’une telle stratégie.

C’est bien le résul­tat d’un geste créa­teur. Un pro­duit doit naître comme un enfant. C’est le résul­tat d’une vision et d’une intui­tion très forte. Je veille à ce qu’il y ait ce res­pect très fort de la créa­tion. Le mar­ke­ting n’in­ter­vient qu’en­suite, pour faire gran­dir l’en­fant le plus vite pos­sible. Il y a alors un véri­table dia­logue entre les créa­teurs, les modé­listes, les tech­ni­ciens, les res­pon­sables du mar­ke­ting et du mer­chan­di­sing, etc., lors de comi­tés de pro­duits que je pré­side avec John. C’est à ce moment-là que l’on pré­cise les besoins en termes de com­mu­ni­ca­tion, par exemple. Mais c’est John ensuite qui ima­gine la cam­pagne de communication.

La recherche, la créa­tion et l’in­no­va­tion consti­tuent donc le cœur même de l’ac­ti­vi­té de Dior, à tous les niveaux ?

Boutique Dior, Hong-Kong.
Bou­tique Dior Land­mark, Hong-Kong.© DIOR

Oui, au sens propre comme au figu­ré d’ailleurs. Le stu­dio de John Gal­lia­no a été ins­tal­lé au cœur même des immeubles que nous occu­pons ave­nue Mon­taigne, dans la cour qui se trouve der­rière l’hô­tel par­ti­cu­lier de Chris­tian Dior.

Au moment des défi­lés Haute Cou­ture, toute la recherche se fait là, fai­sant vibrer l’en­semble de la mai­son. C’est une forme de recherche fon­da­men­tale qui nour­rit la recherche appli­quée déve­lop­pée dans les autres sec­teurs de la maison.

La Haute Cou­ture est le labo­ra­toire de recherche de la mai­son dans lequel tra­vaille une cen­taine de cou­tu­rières. C’est notre direc­tion R & D, dont les retom­bées rejaillissent sur les pro­duits mais aus­si sur l’i­mage de Dior. C’est là que réside notre puis­sance, dans son esprit per­ma­nent de création.

Les défi­lés Haute Cou­ture réunissent entre 500 et 600 jour­na­listes, une cen­taine de chaînes de télé­vi­sion, et sont vus par des cen­taines de mil­lions de téléspectateurs.

Qu’en est-il de l’homme où il n’existe pas de sec­teur Haute Couture ?

Hedi Sli­mane, direc­teur artis­tique de Dior Homme depuis 2000, tra­vaille dans un esprit tota­le­ment cou­ture. Dans ses ate­liers de la rue Fran­çois Ier, il réa­lise d’a­bord des toiles des vête­ments qu’il des­sine, comme cela se fait en Haute Cou­ture, ce qui lui per­met de tra­vailler sur de nou­velles lignes. C’est une chose assez rare dans le prêt-à-por­ter mas­cu­lin où, en géné­ral, les des­sins sont direc­te­ment envoyés aux usines de fabri­ca­tion. Hedi est un génie de la mode et son arri­vée dans la mai­son a mar­qué une date importante.

Il appar­tient, par ailleurs, à une géné­ra­tion de créa­teurs qui n’a pas seule­ment le génie des formes mais com­prend aus­si, natu­rel­le­ment, les objec­tifs éco­no­miques et finan­ciers de l’en­tre­prise. Cela lui per­met de déve­lop­per des intui­tions remar­qua­ble­ment com­plexes sur le déve­lop­pe­ment de nou­velles lignes.

Com­ment cet esprit de créa­tion et d’in­no­va­tion dia­logue-t-il avec le res­pect des tra­di­tions et du savoir-faire ?


Bou­tique Dior Osa­ka, Japon.© DIOR

Vous avez rai­son de sou­li­gner l’im­por­tance du savoir-faire, trans­mis de géné­ra­tion en géné­ra­tion dans nos métiers du luxe. Sans faire de chau­vi­nisme, il faut recon­naître l’ex­cel­lence du savoir-faire fran­çais dans tous les domaines du luxe, depuis la cou­ture, la maro­qui­ne­rie, la joaille­rie, la gas­tro­no­mie ou l’hô­tel­le­rie. C’est un patri­moine qu’il faut impé­ra­ti­ve­ment entre­te­nir et trans­mettre, ce qui exige de pri­vi­lé­gier de façon per­ma­nente la for­ma­tion. C’est un inves­tis­se­ment essen­tiel et coû­teux en même temps, qui impose une san­té éco­no­mique et finan­cière robuste pour ce sec­teur s’il veut gar­der le même niveau d’excellence.

En fin de compte, c’est l’in­no­va­tion et la créa­tion qui per­mettent de finan­cer et de faire vivre ces savoir-faire ances­traux. Et j’y suis très atten­tif. Il est impor­tant de dire, à ce pro­pos, que le luxe est un fort créa­teur d’emplois en France et à l’in­ter­na­tio­nal. C’est la rai­son pour laquelle je m’oc­cupe notam­ment de la for­ma­tion à la chambre syn­di­cale de Haute Cou­ture. Je suis éga­le­ment admi­nis­tra­teur de l’Ins­ti­tut fran­çais de la mode, qui pro­pose un troi­sième cycle à de jeunes diplô­més d’é­coles d’in­gé­nieurs ou de commerce.

Quelle place existe-t-il, jus­te­ment, pour des ingé­nieurs dans le sec­teur du luxe ?

Il y a de nom­breux métiers d’in­gé­nieurs dans ce sec­teur d’ac­ti­vi­té. Plu­sieurs tra­vaillent d’ailleurs chez Dior que ce soit au déve­lop­pe­ment et à la pro­duc­tion, à la logis­tique ou au mar­ke­ting. C’est un cen­tra­lien qui a déve­lop­pé, avec un poly­tech­ni­cien, le site de vente Inter­net de Dior. Vous savez, la force des grandes écoles est d’of­frir une ouver­ture d’es­prit impor­tante et de culti­ver un esprit d’hu­mi­li­té chez nos ingé­nieurs. Je crois que c’est notam­ment grâce à cette for­ma­tion que je n’ai jamais craint de chan­ger de métier, mû par la curio­si­té, le sens du tra­vail, l’es­prit de décou­verte et d’entreprise.

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* Texte publié avec l’ai­mable auto­ri­sa­tion de la revue Cen­tra­liens et de son auteur, Jérôme Poggi.

1. Mar­cel Bous­sac fut le finan­cier de Chris­tian Dior à la créa­tion de la mai­son de cou­ture en 1947. En 1978, les actifs du groupe Mar­cel Bous­sac sont ache­tés par le groupe Willot dont un groupe d’in­ves­tis­seurs, ani­mé par Ber­nard Arnault, prend le contrôle en 1984. L’an­née sui­vante, M. Arnault deve­nait le pré­sident-direc­teur géné­ral de la socié­té Chris­tian Dior.

2. Il convient de pré­ci­ser que la socié­té Chris­tian Dior Par­fums est, quant à elle, tota­le­ment indé­pen­dante de Chris­tian Dior Cou­ture. Il ne s’a­git pas d’une licence, la socié­té étant pro­prié­taire de sa marque. Elle fait cepen­dant par­tie du groupe LVMH et coor­donne étroi­te­ment son acti­vi­té avec celle de Chris­tian Dior Couture.

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