L’Europe et l’énergie
L’Europe et l’énergie ont toujours entretenu une relation très particulière. N’est-ce pas la création, en 1951, de la Communauté européenne du charbon et de l’acier qui a permis de transformer en actes l’idée européenne, en instituant pour la première fois un marché commun pour ces deux secteurs en pleine mutation ? Bien sûr, aujourd’hui, la problématique a bien changé. L’Europe de l’énergie se construit dans un contexte très différent de celui qui prévalait au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il fallait accompagner des industries en difficulté ou en reconversion. Mais dans un monde en perpétuelle transformation, le panorama est également bien différent de celui d’il y a dix ou vingt ans. De nouveaux défis sont apparus, avec les élargissements successifs, le remodelage du paysage capitalistique européen et la complexification des marchés. À côté des questions liées à la sécurité des approvisionnements ou à la compétitivité de l’économie européenne, la préservation de l’environnement est devenue une préoccupation politique majeure à l’échelle européenne.
Deux domaines illustrent en particulier le rôle actif de l’Union européenne en matière de politiques énergétiques durables : la lutte contre le changement climatique et la diversification du mix énergétique, afin d’accorder une place plus importante aux énergies renouvelables. Dans le cadre du protocole de Kyoto, un système européen d’échange de quotas d’émissions de CO2 a vu le jour, avec l’adoption de Plans nationaux d’attribution des quotas appliqués au secteur industriel et à la branche énergie. Par ailleurs, sur la base du 3e Paquet Énergie présenté par la Commission au Conseil européen de mars 2007, un objectif ambitieux a été fixé : l’objectif Triple 20 % à l’horizon 2020 (- 20 % d’émissions de gaz à effet de serre, – 20 % d’intensité énergétique, 20 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique). Celui-ci vient s’ajouter à d’autres engagements relatifs aux biocarburants ou à l’électricité d’origine renouvelable.
Ce n’est en effet que grâce à des politiques ambitieuses que les énergies renouvelables, aussi bien traditionnelles (bois, géothermie, éolien…) que nouvelles (photovoltaïque, pompes à chaleur…), pourront connaître un véritable essor, lequel doit également s’accompagner d’un redoublement de l’effort pour améliorer notre efficacité énergétique. Car l’énergie coûte cher, que ce soit en termes de facture extérieure ou en termes d’infrastructures. Au niveau de l’Union européenne, on estime à environ 1 800 milliards d’euros le montant des investissements en infrastructures énergétiques nécessaires d’ici 2030 pour que l’offre satisfasse la demande. Par ailleurs, dans un contexte de crise internationale persistante des prix des énergies, l’importation de combustibles fossiles et nucléaires conduit à une facture énergétique extérieure qui a dépassé pour la France les 46 milliards d’euros en 2006, soit 2,6 % du PIB.
Pour les États européens, qui sont confrontés à des fournisseurs peu nombreux ou en situation de cartel (OPEP) et qui veulent se donner des objectifs ambitieux, l’échelle européenne est bien la bonne. La France entend y jouer un rôle moteur. De fait, son système énergétique est un modèle pour beaucoup de ses partenaires. Actuellement, au sein de l’Union européenne, la France est le deuxième pays le moins émetteur de CO2 par unité de PIB, derrière la Suède (qui bénéficie d’un considérable parc de centrales hydroélectriques). Mais l’écart reste trop grand encore entre d’un côté, la France et la Suède, et, de l’autre, le reste de l’Union européenne. La très grande diversité du mix énergétique au sein des pays de l’Union européenne s’explique par des facteurs aussi variés que la géographie, la géologie, la structure économique et la volonté politique de chacun des États membres. Aussi, serait-il illusoire de vouloir s’accorder sur un mix idéal vers lequel chacun devrait converger. Cependant, l’engagement de chacun en faveur du développement durable doit se faire sans réserve.
Le développement durable est bien l’affaire de tous. Et si les États demeurent des acteurs incontournables des politiques énergétiques, nous ne pourrons jamais aller très loin sans une conscience commune de l’urgence qu’il y a d’agir, sans une concertation large avec le plus grand nombre et sans un réel effort de coordination entre les initiatives de chacun. Cela, l’Europe nous le rappelle chaque jour.
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L’Europe et l’énergie
Bonjour,
Le défi de la France, mais tout aussi bien de l’Europe et plus généralement du monde est de construire des technologies de production d’énergie non seulement renouvelables mais également dont l’empreinte sur l’environnement soit proche de zéro.
Parce que nous n’avons jamais défini les critères du développement durable applicables à la production d’énergie, on a tendance à considérer comme respectueuses de l’environnement des technologies qui sont pourtant polluantes pour l’environnement.
La raison principale est qu’on ne focalise son attention que sur les seules émissions de C02. Quid du rendement, de la puissance massique (>100TMW pour une centrale nucléaire), du facteur de recyclabilité des matériaux (nul à Fukushima), de la consommation et de la pollution de l’eau, des sols et de l’air, etc…
Merci de votre attention.