Conférences-débats : Les vaccins, industrie à haut risque
Résumé d’une conférence récemment prononcée au GLAX par Olivier Sélignan.
Les vaccins ne représentent que quelques pour cent des ventes de médicaments, mais leur part va croissant, tirée par des innovations marquantes dans différents domaines, tels que celui du cancer du col de l’utérus contre lequel un vaccin a été lancé l’an dernier par Sanofi Pasteur MSD (coentreprise entre le Français Sanofi Pasteur et l’Américain Merck), concurrent de celui de GlaxoSmithKline. Plus de 300 millions de femmes sont concernées dans les pays qui ont la capacité de rembourser ce produit. Beaucoup d’autres vaccins apparaissent, issus de technologies nouvelles, tels que le nouveau vaccin contre la coqueluche pratiquement exempt d’effets secondaires. Les biotechnologies apportent leur lot d’innovation.
Lutter contre la grippe
La grippe tue chaque année plusieurs millions de personnes dans le monde et l’on enregistre parfois près de cinq cent mille décès. La célèbre grippe espagnole de 1918 a fait 50 millions de morts. Il faut fabriquer chaque année un vaccin nouveau. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique les souches virales à cibler. Quelques mois sont alors nécessaires pour réaliser les nouveaux vaccins dans des usines spécialisées uniquement dédiées à la grippe. Le groupe français Sanofi Pasteur produit près de la moitié des vaccins contre la grippe.
S’adosser à un grand groupe
Le risque industriel est considérable. Il faut parfois quinze à vingt années de recherche et développement pour aboutir à un vaccin fiable. Contrairement aux médicaments, les vaccins s’adressent à une population saine, ce qui ajoute des contraintes au niveau clinique. Le nombre classique de trois à quatre mille patients pour les essais d’un médicament est pratiquement multiplié par dix dans le cas d’un vaccin. Les entreprises de biotechnologies qui découvrent une piste intéressante sont pratiquement contraintes de s’adosser à l’un des grands groupes mondiaux.