Le tour du monde des énergies : La Chine et les économies domestiques
Conscient de la faiblesse de ses ressources énergétiques nationales et soucieux de modifier les caractéristiques d’une croissance économique qui s’est faite trop rapidement pour correctement prendre en compte les dommages qu’elle infligeait à certaines catégories sociales et à l’environnement, le gouvernement chinois, a décidé d’inscrire la réduction de l’intensité énergétique parmi les critères d’évaluation des administrateurs de provinces.
Récompenser les talents
Réduire de 20 % l’intensité énergétique nationale entre 2006 et 2010 est un objectif très présent à l’esprit des fonctionnaires de la Commission pour la réforme et le développement de Shanghai – qui reconnaissent aussi la nécessité d’offrir une excellente qualité de vie aux talents qui feront la richesse des villes du XXIe siècle, et qu’ils espèrent attirer en nombre toujours croissant. Les usines sont poussées hors de la ville par une tarification moins avantageuse de l’électricité, la première éco-cité chinoise verra le jour à Dongtan (sur l’île de Chongming dans l’embouchure du Yangtze), on travaille à décourager l’utilisation de la voiture en subventionnant les transports publics et imposant l’acquittement d’une vignette d’enregistrement automobile onéreuse (40 000 yuans soit 3 640 euros), à l’établissement d’une offre culturelle variée, au renforcement des droits de propriété intellectuelle, à l’accroissement de la sécurité.
Économiser l’énergie domestique
Un Centre pour les économies d’énergie (Shanghai Energy Conservation Center) a été inauguré en juillet 2006, trois mois après l’adoption par le Congrès de Shanghai d’un règlement sur la consommation d’énergie renforçant les objectifs de celui qui avait été voté dix ans plus tôt.
Objectif : réduire de 20 % l’intensité énergétique chinoise entre 2006 et 2010.
Bien que situé au 10e étage d’une tour anonyme, cet appartement témoin exemplaire géré par l’Unité scientifique de conservation énergétique (Scientific Energy Conservation Unit) a reçu au cours de ses dix premiers mois d’existence plus de 15 000 visiteurs. On y apprend qu’en Chine la labellisation est obligatoire pour machines à laver le linge, systèmes de climatisations et réfrigérateurs : elle vise l’éviction des appareils les moins performants du marché (le niveau 3 de la labellisation correspond à la moyenne des consommations observées pour les équipements neufs actuels). L’attribution d’un label » produit vert » met à l’honneur les équipements les plus efficaces. On y peut jouer avec différents systèmes d’éclairage qui présentent les qualités des tubes compacts et des CFL en les comparant avec les performances des ampoules à incandescence ou néons de première génération. On s’y intéresse aux robinets et toilettes économiseurs d’eau (qu’on n’a plus à pomper, traiter, distribuer puis nettoyer, économisant donc tant la capacité de son traitement que l’énergie qu’elle consomme). On y découvre le mode d’emploi de la rénovation à vocation énergétique, l’inclusion de stores vénitiens dans les doubles vitrages et l’initiative » One Watt » de l’Agence internationale pour l’énergie pour réduire la consommation de veille des appareils électriques. Bref, on y fait le plein d’idées pour accroître les performances énergétiques de son logement. Impressionnées par la prévalence des panneaux solaires thermiques, nous nous sommes aussi penchées sur les politiques en faveur des énergies renouvelables – et les difficultés rencontrées par les industriels européens pour se faire une place sur un marché réglementé à l’avantage des géants locaux : comment concurrencer les entreprises chinoises obligées d’incorporer 5 % d’énergies renouvelables dans un bouquet de sources très rentable car essentiellement charbonné, alors que les garanties de rachat de l’électricité, en particulier éolienne, restent floues ?
La Jaune et la Rouge diffuse depuis un an des extraits du Tour du monde des énergies et des solutions découvertes dans les 17 pays qu’il a traversés.
Ceux que ces descriptions auront intéressés peuvent trouver compléments et approfondissements dans Le Tour du monde des énergies (éditions J.-C. Lattès), cf. p. 57.