Une industrie clé : la gestion financière
La gestion pour compte de tiers est en pleine expansion C’est une matière qui sollicite les mathématiciens et la recherche, offrant une large palette de métiers à forte valeur ajoutée. La réglementation dans le cadre européen est l’un des défis majeurs des prochaines années. L’enjeu est de mieux réguler et non de réguler davantage.
Pierre Bollon : Pour l’ensemble de l’année 2006, le marché français de la gestion pour compte de tiers a progressé à un taux de l’ordre de 15 %, approchant les 2 500 milliards d’euros. Cinq entreprises françaises figurent parmi les 25 meilleures entreprises mondiales de gestion financière ; 60 entreprises spécialisées sur un secteur de la gestion d’actifs se sont créées ces trois dernières années.
Olivier Garnier : L’innovation est un indicateur supplémentaire qui souligne la croissance de notre activité. Et là encore la France se distingue en tenant une place privilégiée au niveau international. Les innovations se traduisent aussi bien au niveau de la gestion traditionnelle qu’au niveau de la gestion alternative (les hedge funds en sont une parfaite illustration).
Olivier Garnier : Pour soutenir la croissance de ces dernières années, le secteur a recruté de nouveaux talents issus des grandes écoles réputées pour leur excellence notamment dans la formation d’ingénieurs et de mathématiciens. La finance est une matière qui sollicite beaucoup les mathématiciens et la recherche.
Pierre Bollon : Il est en effet très important d’encourager cette convergence entre la recherche et les mathématiques pour assurer la compétitivité internationale et nationale. L’AFG a, par exemple, fondé Paris Europlace en 1993 dont le pôle de compétitivité « Industrie financière-Technologie et Innovation » réunit acteurs industriels, académiques et de recherche, pour créer de nouveaux projets industriels et de recherche à haute valeur ajoutée.
Olivier Garnier : La gestion financière est d’abord une matière dotée d’un fort contenu technologique ; c’est ensuite une industrie qui offre une large palette de métiers à forte valeur ajoutée et offre ainsi de nombreuses perspectives de carrières. Enfin, contrairement aux autres métiers de la finance, cette activité n’est pas concentrée géographiquement.
Promouvoir la gestion française
Pierre Bollon :
Au-delà de ses missions d’information, de représentation des intérêts économiques, financiers et moraux de ses membres et de sa contribution significative à l’évolution de la réglementation, l’AFG participe également à la promotion et au rayonnement de la gestion française auprès de l’ensemble des acteurs concernés : investisseurs, émetteurs, politiques et média en France et à l’étranger. Dans ce cadre, l’Association parraine deux chaires : « Économie de la régulation », dirigée conjointement par HEC et l’Université de Toulouse, qui vise à élaborer un corpus de recherche sur la régulation financière ; et « Finance durable et ISR » conjointe entre l’Université de Toulouse et l’École polytechnique, qui place, au cœur de ses travaux de recherche et d’enseignement, la question d’une évaluation des impacts positifs attendus d’une sélection des actifs financiers qui soit fondée sur leur qualité et sur la définition de critères extrafinanciers, tels que la responsabilité sociale des entreprises.
Équilibrer réglementation et innovation
Pierre Bollon :
Le secteur en France est très bien régulé par l’AMF qui a défini un cadre très stable ; c’est un atout pour la pérennité de l’industrie qui doit reposer avant tout sur la confiance. En revanche, il ne faudrait pas que cet atout se transforme en frein. L’AFG veille justement au bon équilibre entre réglementation et innovation.
La réglementation est l’un des défis majeurs des prochaines années en raison notamment du cadre européen qui se dessine progressivement. L’enjeu est donc de mieux réguler et non de réguler davantage.
Propos recueillis par
Gaëlle Atlan-Akerman