TÉMOIGNAGES
Réussir ensemble
» Tu as intégré mon fils, c’est bien mais surtout n’épouse pas une X‑ette ! » Gérer deux carrières chargées n’est effectivement pas de tout repos.
Ainsi, la » parité » du couple, loin de les supprimer, symétrise et nous renvoie en miroir un certain nombre de préjugés machistes du milieu professionnel. Avec deux emplois prenants et quatre enfants, vos collègues doutent de votre disponibilité (on ne vous propose pas la mission à l’étranger) et de votre loyauté (on ne vous confie pas certains dossier si votre moitié travaille pour la concurrence) mais souhaitent cependant connaître les confidences obtenues sur l’oreiller. Vous êtes supposé mauvais parents (les enfants ne vous voyant jamais) et mauvais managers (car vous n’avez guère de temps pour l’entreprise). On vous imagine jaloux de la réussite de l’autre et donc déloyal à vos supérieurs de l’autre sexe. Mais surtout, vous n’avez pas besoin de promotion rapide ni de retrouver vite un emploi (puisque votre conjoint a un bon salaire).
Dans ce contexte, » réussir » ensemble, personnellement et professionnellement, en passant avec joie et sans regret les » difficiles » choix de carrière, est tout un subtil jeu d’échange, de support mutuel et de gestion des priorités et projets à long terme. Il ne suffit pas en effet de montrer de l’intérêt pour le business de l’autre (en évitant cependant de comparer les salaires ou d’être trop inquisiteur), il faut se préparer ensemble aux effets personnels des contraintes et opportunités professionnelles latentes (disponibilité aux tâches ménagères et à l’éducation des enfants, vacances, gestion du travail à domicile, etc.) et savoir gérer les aides externes tout en se gardant un peu de temps à deux.
Une petite entreprise en quelque sorte dont on retire inversement une leçon pour le monde professionnel : une équipe mixte équilibrée en pouvoir, responsabilité et reconnaissance est toujours nettement plus efficace, plus anticipative et moins soumise au stress de l’impondérable.
François Varloot (84)
Pragmatiques et susceptibles
Les hommes veulent avoir raison, les femmes préfèrent être efficaces. Les premiers, volontiers dogmatiques, s’engagent dans les débats d’idées, oubliant parfois qu’il faut aboutir à un résultat. Les secondes, pour qui le temps est précieux, car leur vie ne s’arrête pas hors du bureau, prônent l’économie de moyens et veulent aboutir rapidement. Elles sont pragmatiques, mais aussi susceptibles et très soucieuses de leur image.
Hommes et femmes sont donc complémentaires dans l’entreprise, comme ils le sont dans la vie. Il serait souhaitable que leurs responsabilités soient équilibrées. L’équilibre dépend évidemment du type d’entreprise et doit refléter le profil de la clientèle. Chez France Télécom, par exemple, il ne serait pas anormal que la proportion parmi les cadres supérieurs soit à peu près identique, alors que les femmes ne représentent que 30 %. A contrario, dans d’autres secteurs, comme l’éducation ou la santé, la proportion de femmes est anormalement élevée, ce qui n’est pas bon non plus.
Les femmes doivent-elles pour autant créer des » groupes » spécifiques ?
J’ai connu à France Télécom le groupe féminin informel, dit groupe des » esperluettes « . Très sympathique, plein d’humour, il abordait de bons sujets, sans côté revendicatif, ni militant.
Le risque est celui d’un hyperélitisme (X et Mines, c’est un peu étriqué). Mais, elles ont raison de vouloir traiter des problèmes qui leur sont particuliers, ou même qui intéressent tout le monde. Par exemple, pour traiter les horaires dans l’entreprise, elles savent de quoi il est question, bien mieux que les inspecteurs du travail.