Choc de cultures et relation de confiance

Dossier : ExpressionsMagazine N°645 Mai 2009

Saint-Quen­tin est une char­mante ville au bord de la Somme. C’est là que s’est ins­tal­lé l’un des centres Epide (Éta­blis­se­ment public d’in­ser­tion de la défense), au sein duquel 120 jeunes de 18 à 22 ans suivent le dis­po­si­tif » Défense, 2e chance « . Deux jeunes de la pro­mo 2008 y suivent leur stage de for­ma­tion humaine depuis décembre dernier.


Kou­ros & Romain

Romain et Kou­rosh sont moni­teurs, cha­cun au sein d’une des cinq sec­tions dans les­quelles sont répar­tis les » VI « , nom don­né aux jeunes volon­taires à l’in­ser­tion. En tant que moni­teurs, ils par­ti­cipent à l’en­ca­dre­ment quo­ti­dien et à la for­ma­tion com­por­te­men­tale des volon­taires qui leur sont confiés. Ce sui­vi qua­si per­ma­nent leur per­met d’é­ta­blir une rela­tion de confiance qui assure aux jeunes un véri­table sou­tien péda­go­gique. C’est le dia­logue avec les volon­taires qui est vrai­ment inté­res­sant. Ils se livrent plu­tôt le soir d’ailleurs, raconte Romain. Ici, j’ai décou­vert toutes les pos­si­bi­li­tés offertes aux jeunes qui ont arrê­té leur sco­la­ri­té avant la troi­sième ou n’ont aucune for­ma­tion ajoute Kou­rosh. Un choc de cultures et une ouver­ture réci­proque puisque les jeunes du centre de Saint-Quen­tin ignorent géné­ra­le­ment ce qu’est l’É­cole polytechnique.

Un projet éducatif global

La mis­sion de l’E­pide consiste à favo­ri­ser l’in­ser­tion sociale et pro­fes­sion­nelle de ces jeunes en dif­fi­cul­té sco­laire, en risque de mar­gi­na­li­sa­tion, et volon­taires, au terme d’un pro­jet édu­ca­tif glo­bal. Il favo­rise leur entrée dans la vie active en leur pro­po­sant un par­cours adap­té, en concer­ta­tion avec de nom­breux par­te­naires de l’in­ser­tion pro­fes­sion­nelle, les entre­prises notamment.

C’est ain­si que 60 000 jeunes sur un total de 800 000 sont iden­ti­fiés chaque année comme étant dans cette situa­tion, lors des Jour­nées d’ap­pel de pré­pa­ra­tion à la Défense (JAPD). Un pour­cen­tage de 10 à 15 % de ceux que nous accueillons ici iront d’ailleurs rejoindre les rangs des armées au terme de leur for­ma­tion, com­mente Michel Devis­scher, direc­teur du centre de Saint-Quen­tin. Les volon­taires signent un contrat avec l’E­pide, d’une durée moyenne com­prise entre huit et douze mois, mais seront accom­pa­gnés à leur sortie.

Cours, sport et instruction civique

Les jour­nées types sont com­po­sées des cours (maths, fran­çais, infor­ma­tique), du sport, du code de la route – la plu­part des postes pro­po­sés requièrent le per­mis – et l’ins­truc­tion civique.

Les volon­taires sont aus­si res­pon­sa­bi­li­sés, ils votent lors des com­mis­sions de dis­ci­pline, secondent les moni­teurs à l’ar­ri­vée des nou­veaux, etc. L’ob­jec­tif de tout cela est bien sûr l’in­té­gra­tion en entreprise.

Un certificat reconnu par l’Éducation nationale


Romain et ses volontaires
Dis­ci­pline mili­taire pour une vie de citoyen
Uni­forme Epide, lever à 6 h 30, lits au car­ré, céré­mo­nie des cou­leurs chaque ven­dre­di avec le dra­peau fran­çais et la Mar­seillaise, marche au pas, vou­voie­ment réci­proque sont de règle. Dès la pre­mière céré­mo­nie, les jeunes connaissent l’hymne. Il s’a­git de leur apprendre le che­min de la vie de citoyen, le res­pect, pour eux-mêmes et pour les autres. Ils n’ont sou­vent jamais été res­pec­tés. Mais c’est dif­fé­rent ici, et le res­pect cesse d’être un problème.

La pré­sence de Kou­rosh et Romain apporte une aide pré­cieuse à plu­sieurs niveaux. Ils assistent les ensei­gnants dans le sui­vi per­son­na­li­sé des élèves, une autre façon de faire l’é­cole, sou­vent syno­nyme d’é­chec pour les volon­taires. Les volon­taires passent un cer­ti­fi­cat d’é­tudes recon­nu par l’É­du­ca­tion natio­nale, qui les revalorise.

Ils les aident éga­le­ment dans leur recherche d’emploi sur Inter­net, dans la rédac­tion de leur CV et lettres de moti­va­tion, accom­pagnent les sor­ties cultu­relles, tou­jours très pré­pa­rées, etc. Au terme de cette phase d’im­mer­sion, ces deux poly­tech­ni­ciens seront char­gés de rédi­ger un pro­jet d’é­ta­blis­se­ment – docu­ment qui défi­nit et met en oeuvre la poli­tique glo­bale de l’é­ta­blis­se­ment, en pre­nant en compte son envi­ron­ne­ment éco­no­mique, cultu­rel et social.

Une expé­rience enri­chis­sante : La ren­contre entre jeunes d’ho­ri­zons com­plè­te­ment dif­fé­rents est au cœur de notre stage. Même si elle n’est pas facile tous les jours, elle invite à la remise en ques­tion de soi et change notre regard sur ce qui nous entoure. L’E­pide est pla­cé sous la tutelle des minis­tères de la Défense, de l’Em­ploi et de la Ville.

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