X‑Action : » L’ascenseur social, une raison d’être de l’École polytechnique »
« Il y a dans la devise de la République la fraternité, synonyme de solidarité entre les hommes. » C’est ainsi que Jacques Bouttes concluait le Colloque du bicentenaire pour se lancer tout aussitôt dans la création d’X-Action, premier pas pour donner aux exclus la dignité à laquelle ils ont droit à travers un soutien scolaire aux jeunes de milieux défavorisés.
Jacques Bouttes a toujours l’âge de lire Tintin et il tient à le faire savoir. Il a d’ailleurs bien l’intention, par la suite, de continuer à le lire en cachette. Son secret (de la Licorne), ses bijoux (de la Castafiore), son trésor (de Rackham le Rouge), ce sont sa fougue et son éternelle jeunesse.
Au lendemain du Colloque du bicentenaire, qu’il préside, il passe immédiatement aux actes avec la création d’X-Action. Il se consacre avant tout à la formation des jeunes de milieux défavorisés. D’abord associé à Tremplin et à l’Institut Paul Delouvrier1, il trouve l’aide précieuse de la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, qui parraine chaque année cinq cents jeunes de milieux défavorisés, mais ne se charge pas d’assurer le soutien scolaire indispensable à une cinquantaine d’entre eux.
Priorité au soutien scolaire
Quelques milliers de jeunes concernés
Les actions actuelles en faveur des jeunes défavorisés de haut niveau touchent quelques centaines d’élèves sur la Région parisienne. On peut estimer le potentiel à deux mille sur toute la France. X‑Action souhaite engager des programmes en province, en particulier à Toulouse, avec l’aide de l’Académie de l’espace dont Jacques Bouttes est membre.
» Le soutien scolaire et l’accès à la culture technique et scientifique sont prioritaires, assure Jacques Bouttes. Le premier pas consiste à recruter des » professeurs » qui puissent assurer tous les quinze jours deux heures de cours de mathématiques ou de physique au niveau des classes de première et de terminale. Je trouve facilement des retraités, mais aussi plusieurs jeunes camarades de trente ou trente-cinq ans, tous bénévoles, bien entendu. Il faut ensuite trouver des salles de cours. La Chancellerie m’en assure deux et la Maison des X une troisième. »
» Il faut, enfin, des candidats. Ils sont amenés par le lycée Colbert et l’Éducation nationale qui proposent des dossiers au choix de la Grande Chancellerie. »
Convaincre d’oser
» Il faut convaincre ces jeunes d’oser et d’abord de ne pas craindre de viser le plus haut niveau. Il faut qu’ils puissent réussir les concours normaux, au niveau des élites, comme des élites. » » Ce n’est pas toujours facile, admet Jacques Bouttes. Ils ne doivent pas rechigner à travailler, à faire des efforts pour réussir. Le contexte familial est parfois un obstacle. » » Il faut, enfin, bien insister sur le fait qu’on ne fait pas cela par charité, mais pour contribuer à la richesse de la France et qu’eux-mêmes doivent se dire qu’ils travaillent pour le pays. »
Fédérer la nébuleuse
Mais comment se place réellement X‑Action parmi tous les programmes plus ou moins similaires ? »
Je voudrais créer une véritable Fédération, avec la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur, qui serait le porte-drapeau, l’AX avec X‑Action, les Orphelins d’Auteuil, l’X avec » Une Grande école, pourquoi pas moi ? « , Tremplin et l’Institut Paul Delouvrier. »
Pas de contrainte, pas d’argent
» Pas de cotisation, pas de dépenses. Nous payons en nature en donnant du temps. J’ai le soutien moral des pouvoirs publics, mais je ne veux pas de contrainte, donc surtout pas d’argent. Les entreprises peuvent également détacher quelques cadres supérieurs quelques heures, comme elles le font déjà avec Tremplin. »
Vers l’innovation
Au-delà de la formation, X‑Action souhaite s’intéresser au soutien de l’innovation et à la formation à l’innovation. »
La bonne innovation, selon Jacques Bouttes, c’est un produit véritable, adapté aux marchés, à forte valeur ajoutée, réalisable avec des personnes à salaire élevé. »
1. Voir le dossier Forum social, en pages 64 à 75 du numéro de mars 2009 de La Jaune et la Rouge.