RENATER, le réseau national de télécommunications pour l’enseignement et la recherche

Dossier : InternetMagazine N°524 Avril 1997Par Michel LARTAIL (75)

Il est expo­sé la façon dont l’In­ter­net s’est d’a­bord déve­lop­pé au sein du monde uni­ver­si­taire, l’or­ga­ni­sa­tion et le fonc­tion­ne­ment du réseau Rena­ter et les évo­lu­tions de Rena­ter, car l’In­ter­net conti­nue à évo­luer au sein du monde de la recherche.

L’o­ri­gine uni­ver­si­taire de l’In­ter­net n’est pas for­tuite. Les prin­cipes qui ont fait le suc­cès de ce réseau sont en effet liés aux choix adop­tés par une com­mu­nau­té inter­na­tio­nale qui avait besoin pour ses échanges d’un média réel­le­ment uni­ver­sel. Ces choix faits par la com­mu­nau­té de la recherche et les com­por­te­ments propres à cette com­mu­nau­té gardent encore une grande influence dans le déve­lop­pe­ment de l’In­ter­net qui comme on le sait s’est éten­du à des mil­lions d’u­ti­li­sa­teurs dans le monde.

Il est expo­sé par la suite la façon dont l’In­ter­net s’est d’a­bord déve­lop­pé au sein du monde uni­ver­si­taire, l’or­ga­ni­sa­tion et le fonc­tion­ne­ment du réseau Rena­ter et les évo­lu­tions de Rena­ter, car l’In­ter­net conti­nue à évo­luer au sein du monde de la recherche.

Le développement des réseaux et des services de l’Internet dans le monde universitaire

L’In­ter­net a débu­té dans les uni­ver­si­tés et les centres de recherche, où se sont mis en place au cours des vingt der­nières années des réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions reliant au sein de ces orga­ni­sa­tions l’en­semble des ordi­na­teurs. Les cher­cheurs, pour com­mu­ni­quer entre eux, ont relié ces réseaux de cam­pus par des liai­sons de télé­com­mu­ni­ca­tion à longue dis­tance et ont ain­si consti­tué l’In­ter­net d’o­ri­gine. D’a­bord appa­ru aux États-Unis l’In­ter­net s’est rapi­de­ment éten­du au reste du monde.

Le déve­lop­pe­ment sur­pre­nant qu’a connu depuis ce réseau est d’a­bord dû à deux choix fon­da­men­taux qui ont bous­cu­lé les usages adop­tés alors par le monde de l’in­for­ma­tique et des télécommunications.

Le pre­mier choix des cher­cheurs a été de rete­nir, pour le finan­ce­ment et le fonc­tion­ne­ment de l’In­ter­net, le modèle coopé­ra­tif de ges­tion des pro­jets de recherche et des grands équi­pe­ments scien­ti­fiques. Cette approche a per­mis de s’en­tendre sur des règles de fonc­tion­ne­ment très simples et très effi­caces qui res­tent encore d’ac­tua­li­té mal­gré l’ar­ri­vée d’ac­teurs à voca­tion com­mer­ciale. Les prin­cipes de la fac­tu­ra­tion for­fai­taire, de l’é­change de tra­fic non payant entre les réseaux et du cofi­nan­ce­ment des liai­sons entre orga­ni­sa­tions dif­fé­rentes ont per­mis d’é­vi­ter les longues dis­cus­sions com­mer­ciales entre des par­te­naires qui étaient plus sou­cieux de construire un outil de com­mu­ni­ca­tion inter­na­tio­nal que de se concurrencer.

Le deuxième choix a été l’a­dop­tion par les uti­li­sa­teurs, c’est-à-dire les cher­cheurs, d’un pro­to­cole de com­mu­ni­ca­tion fédé­ra­teur et par­ti­cu­liè­re­ment rus­tique qui a per­mis de dis­po­ser d’une norme de réfé­rence accep­tée par tous et indé­pen­dante des four­nis­seurs. Ce pro­to­cole connu sous le nom de pro­to­cole IP (Inter­con­nexion pro­to­col) a per­mis de dis­po­ser en quelque sorte d’un lan­gage com­mun per­met­tant à tous les ordi­na­teurs de com­mu­ni­quer entre eux, indé­pen­dam­ment de leur concep­tion tech­nique, micro-ordi­na­teurs de type PC, sta­tions de tra­vail ou super-ordinateurs.

Ces choix de prin­cipes simples de finan­ce­ment et d’un pro­to­cole unique étant faits, la demande des uti­li­sa­teurs pour un véri­table ser­vice inter­na­tio­nal et uni­ver­sel a pu être satis­faite. Les condi­tions de mise en place et de finan­ce­ment des liai­sons inter­na­tio­nales ont ain­si été gran­de­ment faci­li­tées, don­nant très rapi­de­ment à l’In­ter­net sa dimen­sion internationale.

D’autres types de réseaux s’ap­puyant sur d’autres pro­to­coles nor­ma­li­sés ou sur les pro­to­coles des construc­teurs de maté­riel infor­ma­tique exis­taient depuis très long­temps au sein des entre­prises par exemple. Ils étaient sou­vent concep­tuel­le­ment supé­rieurs au pro­to­cole IP et même plus riches en pos­si­bi­li­té et répon­daient par­fai­te­ment aux besoins de l’in­for­ma­tique centralisée.

Para­doxa­le­ment c’est parce qu’il était le plus rus­tique que le pro­to­cole IP s’est mon­tré le plus apte à faire com­mu­ni­quer des sys­tèmes dif­fé­rents et s’est donc impo­sé. Il répon­dait en effet aux besoins des uti­li­sa­teurs du monde de la recherche qui deman­daient à pou­voir échan­ger des infor­ma­tions sans être arrê­tés par les dis­tances et les incom­pa­ti­bi­li­tés tech­niques des matériels.

D’autres fac­teurs ont contri­bué ensuite au déve­lop­pe­ment de l’In­ter­net et à sa géné­ra­li­sa­tion à d’autres sec­teurs. Dès l’o­ri­gine ont été adop­tées des règles prag­ma­tiques, notam­ment en matière de nor­ma­li­sa­tion, qui ont per­mis de doter l’In­ter­net d’une très grande créa­ti­vi­té et faci­li­té d’adaptation.

L’ar­ri­vée des micro-ordi­na­teurs a contri­bué à faire de l’In­ter­net le réseau « à tout faire » que nous connais­sons. Sans eux l’In­ter­net se serait pro­ba­ble­ment déve­lop­pé, mais en se limi­tant à relier les centres infor­ma­tiques. La dif­fu­sion des micro-ordi­na­teurs a per­mis aux uti­li­sa­teurs d’ac­cé­der direc­te­ment à l’In­ter­net. Ils se sont mis à uti­li­ser inten­si­ve­ment les outils per­son­nels de com­mu­ni­ca­tion. Ain­si tout le monde connaît la mes­sa­ge­rie élec­tro­nique ou le World Wide Web qui ne sont plus à pré­sen­ter. Ce sont eux actuel­le­ment les grands moteurs de la crois­sance de l’In­ter­net en atten­dant d’autres appli­ca­tions comme la visio­con­fé­rence et autres téléservices.

Il est à noter que la dif­fu­sion dans le monde uni­ver­si­taire des sta­tions de tra­vail fonc­tion­nant sous Unix a per­mis de mettre en place les ser­veurs d’in­for­ma­tion sur l’In­ter­net. Au début ces ser­veurs étaient des banques de don­nées scien­ti­fiques et tech­niques, mais les cher­cheurs ont consta­té qu’il était facile de leur adjoindre des outils de recherche et de pré­sen­ta­tion. C’est ain­si qu’est né le Web au CERN.

Le suc­cès des ser­vices sur l’In­ter­net a été tel que l’In­ter­net désigne aujourd’­hui non seule­ment le réseau phy­sique mais aus­si les ser­vices qui se sont déve­lop­pés simul­ta­né­ment. Le grand public assi­mile d’ailleurs l’In­ter­net aux infor­ma­tions ren­dues acces­sibles par le réseau. L’In­ter­net s’est en effet dif­fu­sé en dehors du monde de la recherche, notam­ment dans les entre­prises. Il est aus­si deve­nu acces­sible au grand public par l’in­ter­mé­diaire d’ac­cès indi­rects à tra­vers le réseau télé­pho­nique. Ces accès n’offrent pas les per­for­mances d’une connexion directe mais ont don­né une nou­velle dimen­sion à l’In­ter­net en engen­drant une aug­men­ta­tion mas­sive du nombre d’utilisateurs.

Confron­té à ce chan­ge­ment pro­fond, l’In­ter­net garde cepen­dant la mémoire de ses ori­gines et conserve encore un esprit coopé­ra­tif dans la mise en oeuvre de nom­breux ser­vices, tout en s’a­dap­tant aux nou­veaux enjeux com­mer­ciaux et finan­ciers. En par­ti­cu­lier une seg­men­ta­tion par acti­vi­té des acteurs semble voir le jour, les réseaux uni­ver­si­taires comme Rena­ter conser­vant leur spé­ci­fi­ci­té et leur rôle de pionnier.

Le réseau Renater

En France, l’In­ter­net s’est déve­lop­pé depuis près de dix ans, dans les réseaux internes des grands orga­nismes de recherche, CEA, CNRS, uni­ver­si­tés, grandes écoles…, et aus­si grâce aux efforts du Cnam, qui fut pion­nier en la matière, puis de l’In­ria qui prit le relais. Le minis­tère de l’É­du­ca­tion natio­nale, de l’En­sei­gne­ment supé­rieur et de la Recherche, le CEA, le CNES, le CNRS, la direc­tion des études et recherche d’EDF et l’In­ria ont créé le réseau Rena­ter pour inter­con­nec­ter l’en­semble des éta­blis­se­ments d’en­sei­gne­ment supé­rieur et des centres publics ou pri­vés de recherche. Ils ont éga­le­ment déci­dé d’u­nir leurs moyens au sein du GIP (Grou­pe­ment d’in­té­rêt public) Rena­ter créé en 1993.

Comment fonctionne Renater ?

Rena­ter consti­tue un bon exemple d’un des grands réseaux consti­tuant l’Internet.

On sait que les infor­ma­tions sont sto­ckées dans les ordi­na­teurs sous forme numé­rique. Tout type d’in­for­ma­tion (carac­tères d’un texte, fichier infor­ma­tique, image fixe ou ani­mée) peut être numé­ri­sé. Les réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions véhi­culent désor­mais les infor­ma­tions sous forme numé­rique. En consé­quence un réseau de trans­mis­sion est carac­té­ri­sé par le débit d’in­for­ma­tions élé­men­taires qu’il peut trans­mettre expri­mé en bits par seconde. La trans­mis­sion de fichiers de texte ou d’i­mages fixes demande quelques kilo­bits par seconde à quelques dizaines de kilo­bits par seconde, la trans­mis­sion du son demande 8 à 64 kbit/s, la trans­mis­sion d’i­mage ani­mée demande de quelques dizaines de kilo­bits par seconde à quelques méga­bits par seconde sui­vant la qua­li­té et la défi­ni­tion de l’i­mage souhaitée.

Carte de France de RENANTERTout réseau est consti­tué de liai­sons de trans­mis­sion et de nœuds de com­mu­ta­tion. Les liai­sons et les noeuds de com­mu­ta­tion doivent être capables de trans­por­ter et com­mu­ter des débits très supé­rieurs à ceux indi­qués pré­cé­dem­ment pour pou­voir sup­por­ter simul­ta­né­ment le tra­fic de nom­breux utilisateurs.

Les liai­sons peuvent être réa­li­sées à par­tir de câbles (simple paire de fil de cuivre du réseau télé­pho­nique, de câbles coaxiaux ou de fibres optiques) ou uti­li­ser la pro­pa­ga­tion hert­zienne (radio, fais­ceaux hert­ziens, satel­lites, liai­sons laser). La plu­part des sup­ports offrent des débits de quelques dizaines de kilo­bits par seconde à quelques dizaines de méga­bits par seconde. La fibre optique est le sup­port de choix pour réa­li­ser des liai­sons car elle per­met d’of­frir des débits supé­rieurs au giga­bit par seconde sur de grandes dis­tances. Les autres sup­ports conti­nuent cepen­dant à se déve­lop­per du fait de cer­tains avan­tages tech­niques intrin­sèques (pos­si­bi­li­té de com­mu­ni­ca­tions avec les mobiles ou de mul­ti­dif­fu­sion pour la trans­mis­sion hert­zienne) ou pour des rai­sons éco­no­miques car les tech­niques récentes de com­pres­sion de don­nées per­mettent de mieux les utiliser.

Un réseau comme Rena­ter est consti­tué de réseaux locaux internes aux cam­pus et d’un réseau d’in­ter­con­nexion entre ces campus.

Les réseaux locaux inter­con­nectent les ordi­na­teurs à l’in­té­rieur des sites, cam­pus uni­ver­si­taires, entre­prises, labo­ra­toires, bureaux d’é­tude, ser­vices de ges­tion ou uni­tés de pro­duc­tion. Leur dimen­sion est d’au plus quelques cen­taines de mètres. Ils sont réa­li­sés prin­ci­pa­le­ment à par­tir de liai­sons sur paire de fil de cuivre ou sur fibre optique. Les réseaux locaux de pre­mière géné­ra­tion comme Ether­net per­met­taient un débit maxi­mal d’une dizaine de méga­bits par seconde. Ces réseaux se sont très lar­ge­ment dif­fu­sés et par consé­quence sont deve­nus très bon mar­ché. Des réseaux locaux plus per­for­mants offrent désor­mais des débits de l’ordre de la cen­taine de méga­bits par seconde, en atten­dant plus. Ils sont donc à même de trans­por­ter au sein d’un cam­pus tous les types de tra­fic engen­drés par les utilisateurs.

Les réseaux d’in­ter­con­nexion entre les cam­pus mettent en oeuvre des liai­sons à longue dis­tance pou­vant s’é­tendre sur plu­sieurs mil­liers de kilo­mètres. Ces liai­sons sont four­nies par des opé­ra­teurs de télé­com­mu­ni­ca­tions, comme France Télé­com dans le cas de Rena­ter. L’in­fra­struc­ture du réseau d’in­ter­con­nexion de Rena­ter est consti­tuée de liai­sons spé­cia­li­sées à haut débit, géné­ra­le­ment sur fibre optique, et de sys­tèmes assu­rant la com­mu­ta­tion des paquets d’information.

Le réseau Rena­ter a conser­vé l’ap­proche coopé­ra­tive de l’In­ter­net. Il fédère plu­sieurs réseaux, les réseaux de cam­pus ou de site, les réseaux régio­naux, et le réseau natio­nal d’interconnexion :

- les réseaux de cam­pus sont consti­tués des réseaux locaux à haut débit qui relient sta­tions de tra­vail et ordi­na­teurs d’un même site ;
– les réseaux régio­naux relient les réseaux de campus.Les réseaux régio­naux per­mettent aux cam­pus d’une même région de com­mu­ni­quer entre eux ;
– le réseau natio­nal d’in­ter­con­nexion (RNI) relie les réseaux régio­naux. Le réseau natio­nal d’in­ter­con­nexion per­met à tous les sites reliés à Rena­ter de com­mu­ni­quer entre eux et d’ac­cé­der aux réseaux étran­gers à tra­vers une pas­se­relle internationale.

Renater aujourd’hui

Aujourd’­hui Rena­ter dis­pose d’un réseau régio­nal dans chaque région de la métro­pole et dans tous les dépar­te­ments d’outre-mer. Actuel­le­ment 550 grands sites ou cam­pus sont direc­te­ment rac­cor­dés à Rena­ter, à des débits allant de 64 kbit/s à 34 Mbit/s. Ces sites regroupent la qua­si-tota­li­té de la recherche publique et de l’en­sei­gne­ment supé­rieur fran­çais, toutes les uni­ver­si­tés, le CEA, le CNES, le CNRS, la direc­tion des études et recherche d’EDF, l’In­ria, l’O­ne­ra, l’In­serm, l’Ors­tom, le Cirad, l’I­fre­mer, l’In­rets, l’É­cole poly­tech­nique et la majo­ri­té des écoles d’in­gé­nieurs et écoles de com­merce, les écoles d’ar­chi­tec­ture, mais aus­si des labo­ra­toires pri­vés ou des centres de recherche de l’in­dus­trie, des musées ou biblio­thèques, les rec­to­rats, cer­taines admi­nis­tra­tions ou col­lec­ti­vi­tés locales par­te­naires de Rena­ter. De nom­breuses enti­tés comme les ins­ti­tuts uni­ver­si­taires de tech­no­lo­gie ont un accès indi­rect à Rena­ter par l’in­ter­mé­diaire de ces sites. Déjà plus de 1 500 lycées et col­lèges accèdent éga­le­ment au réseau par l’in­ter­mé­diaire de pas­se­relles dis­po­sées au niveau des rec­to­rats. Le minis­tère de l’É­du­ca­tion natio­nale a d’ailleurs déci­dé d’é­tendre cet accès à l’en­semble de ces éta­blis­se­ments et à une par­tie des écoles au cours des trois pro­chaines années.

L’ac­cès au réseau Rena­ter est sou­mis au res­pect d’une charte de déon­to­lo­gie inter­di­sant les usages illi­cites et non pro­fes­sion­nels du réseau. Les sta­tis­tiques de tra­fic révèlent une crois­sance excep­tion­nelle du tra­fic natio­nal mais aus­si inter­na­tio­nal. Ce taux de crois­sance, situé entre 6 et 7 % par mois, en a fait le plus grand réseau fran­çais de trans­mis­sion de don­nées en termes de tra­fic transporté.

Renater : un des plus grands réseaux de l’Internet mondial

Le réseau fran­çais Rena­ter consti­tue aujourd’­hui un des plus impor­tants réseaux de l’In­ter­net mon­dial ; il est direc­te­ment relié aux grands réseaux :

- euro­péens via des liai­sons sur le réseau Ebone et le réseau euro­péen TEN 34 (Trans Euro­pean Net­work à 34 Mbit/s) mis en oeuvre par l’en­semble des réseaux euro­péens pour la recherche,
– et nord-amé­ri­cains, par la pre­mière liai­son ATM mise en place entre l’Eu­rope et les États-Unis par France Télécom.

Rena­ter est éga­le­ment connec­té aux réseaux des opé­ra­teurs pri­vés d’In­ter­net par un noeud d’in­ter­con­nexion mis en place à Paris par le GIP Renater.

Les services disponibles sur Renater

De nom­breux ser­vices sont dis­po­nibles sur Rena­ter. Ce sont la mes­sa­ge­rie élec­tro­nique, le W3, le trans­fert de fichiers et l’ac­cès aux bases de don­nées mul­ti­mé­dia. C’est aus­si l’u­ti­li­sa­tion d’or­di­na­teurs à dis­tance notam­ment pour la simu­la­tion numé­rique sur les super-cal­cu­la­teurs ou l’ex­ploi­ta­tion à dis­tance des grands équi­pe­ments scien­ti­fiques. Ces ser­vices évo­luent rapi­de­ment et deviennent de plus en plus faciles à uti­li­ser. Ils traitent l’in­for­ma­tion sous les formes les plus adap­tées à l’homme : son, images fixes, images ani­mées. De nou­veaux ser­vices appa­raissent éga­le­ment sur Rena­ter comme le tra­vail coopé­ra­tif à dis­tance et la téléconférence.

L’évolution de Renater vers les réseaux à haut débit

Puisque l’in­for­ma­tion est désor­mais conser­vée et trans­por­tée sous forme numé­rique, le son, les docu­ments admi­nis­tra­tifs (EDI), les docu­ments de la presse et de l’é­di­tion, la vidéo (télé­vi­sion numé­rique) sont de plus en plus trans­mis sous forme numé­rique et relèvent donc des méthodes de trai­te­ment de l’in­for­ma­tique. Ils peuvent donc être trans­por­tés par l’In­ter­net, sous réserve de dis­po­ser de réseaux sup­ports à haut débit.

La numé­ri­sa­tion de l’in­for­ma­tion est étroi­te­ment asso­ciée à l’é­vo­lu­tion actuelle vers une offre d’in­for­ma­tion de nature mul­ti­mé­dia asso­ciant et inté­grant textes, sons, images, vidéo et fai­sant appel aux tech­niques de l’in­tel­li­gence artificielle.

La géné­ra­li­sa­tion des micro-ordi­na­teurs tant dans le domaine grand public que pro­fes­sion­nel joue un rôle fon­da­men­tal dans cette évo­lu­tion, comme cela a été le cas lors du démar­rage de l’In­ter­net. Ces machines sont par­fai­te­ment adap­tées au sto­ckage, au trai­te­ment et à l’u­ti­li­sa­tion de l’in­for­ma­tion multimédia.

Mais contrai­re­ment aux pre­miers réseaux de trans­mis­sion de don­nées entre ordi­na­teurs ou même au télé­phone numé­rique, le mul­ti­mé­dia demande de dis­po­ser de réseaux à haut débit. Une image scien­ti­fique de haute défi­ni­tion peut exi­ger 24 mil­lions d’in­for­ma­tions élé­men­taires. Pour trans­mettre cette image en quelques minutes il faut dis­po­ser d’un débit d’au moins quelques cen­taines de kilo­bits par seconde, mais si l’on veut consul­ter de façon qua­si ins­tan­ta­née une banque de don­nées conte­nant de telles images, c’est un débit de plu­sieurs dizaines de méga­bits par seconde qui est néces­saire. Pour trans­mettre des images ani­mées en haute défi­ni­tion on conçoit qu’il faut dis­po­ser de débits encore plus élevés.

La tech­no­lo­gie des télé­com­mu­ni­ca­tions offre désor­mais cette pos­si­bi­li­té soit en uti­li­sant les réseaux en fibre optique, soit en uti­li­sant mieux les réseaux exis­tants avec les tech­no­lo­gies récentes de com­pres­sion de don­nées. Plus géné­ra­le­ment les réseaux de trans­mis­sion de don­nées infor­ma­tiques deviennent capables de trans­por­ter de l’in­for­ma­tion mul­ti­mé­dia, un très bon exemple en est don­né par le déve­lop­pe­ment de l’In­ter­net qui a par­fai­te­ment su évo­luer pour s’a­dap­ter à ces nou­veaux services.

On a vu plus haut que les réseaux locaux ins­tal­lés au sein des cam­pus deviennent capables de trans­por­ter sans dif­fi­cul­té tous les flux d’in­for­ma­tion créés par les uti­li­sa­teurs. Les déve­lop­pe­ments actuels portent sur l’in­ter­con­nexion à haut débit de ces cam­pus dans le cadre du pro­jet Rena­ter 2. Les États-Unis ont récem­ment lan­cé une ini­tia­tive en ce sens connu sous le nom de pro­jet Inter­net 2.

Les nouveaux services

Compte tenu de la mon­tée en puis­sance du réseau, de nou­veaux ser­vices com­mencent à se déve­lop­per de façon d’a­bord expé­ri­men­tale, puis plus opé­ra­tion­nelle sur Rena­ter. Cer­tains pré­fi­gurent les ser­vices qui seront offerts à terme au grand public ou aux entreprises.

L’accès à distance aux grandes machines de calcul

L’é­vo­lu­tion de l’in­for­ma­tique conduit à l’a­ban­don rapide des grands sys­tèmes infor­ma­tiques cen­tra­li­sés au pro­fit de micro-ordi­na­teurs de plus en plus puis­sants com­plé­tés par un petit nombre de machines spé­cia­li­sées pour trai­ter des pro­blèmes com­plexes et par­ti­cu­liers comme la simu­la­tion numé­rique appli­quée à l’aé­ro­dy­na­mique ou à la défor­ma­tion des struc­tures consé­cu­tive à un choc. Les ingé­nieurs ou les cher­cheurs dis­posent désor­mais de sta­tions indi­vi­duelles de tra­vail très puis­santes et accèdent à par­tir de ces sta­tions aux grandes machines quant cela est néces­saire. Les résul­tats des tra­vaux sont sou­vent uni­que­ment inter­pré­tables sous forme d’i­mages fixes ou ani­mées. Bien que par nature limi­tés aux seuls ingé­nieurs et scien­ti­fiques, ces ser­vices méritent d’être men­tion­nés car ils ont repré­sen­té la pre­mière demande de ser­vice néces­si­tant des hauts débits de transmission.

Les services de visiophonie

Ils couvrent de nom­breuses appli­ca­tions, télé­con­fé­rence depuis son bureau, télé­réu­nion ou bien dif­fu­sion de cours ou de sémi­naires à dis­tance. Sui­vant les appli­ca­tions envi­sa­gées, ils doivent répondre à des cri­tères de qua­li­té très dif­fé­rents et offrir des outils com­plé­men­taires adap­tés. De nom­breux pro­duits sont déjà dis­po­nibles sur l’In­ter­net mais il faut recon­naître qu’ils ne sont pas encore plei­ne­ment satis­fai­sants pour l’u­ti­li­sa­teur. Ils devraient béné­fi­cier de l’ar­ri­vée du haut débit.

Le travail coopératif, l’instrumentation à distance, l’imagerie médicale

La maî­trise d’ou­vrage des grands pro­jets tech­niques inter­na­tio­naux, par exemple l’Air­bus euro­péen, a conduit à mettre en place des sys­tèmes d’aide au tra­vail coopé­ra­tif. Ils intègrent des outils décrits pré­cé­dem­ment, télé­con­fé­rence, banque d’in­for­ma­tion mul­ti­mé­dia conte­nant les docu­ments de tra­vail, les plans et toutes les infor­ma­tions tech­niques néces­saires à l’é­tude puis à la réa­li­sa­tion du pro­jet. Ces tech­niques peuvent éga­le­ment être éten­dues à la mise en oeuvre d’ap­pa­reils à dis­tance (téles­copes situés en Amé­rique du Sud, accé­lé­ra­teurs de par­ti­cules), à la sur­veillance d’ins­tal­la­tions indus­trielles com­plexes ou au diag­nos­tic médi­cal à dis­tance. La numé­ri­sa­tion des images à la source dans les ima­geurs médi­caux modernes offre en effet de nou­velles pos­si­bi­li­tés aux chercheurs

Le télé-enseignement

Le contexte de l’en­sei­gne­ment uni­ver­si­taire ou des études doc­to­rales se prête bien au déve­lop­pe­ment du télé-ensei­gne­ment. De nom­breuses uni­ver­si­tés ou grandes écoles ont déjà mis en place des cours dif­fu­sés à dis­tance. Le télé-ensei­gne­ment reste encore un outil dif­fi­cile à maî­tri­ser et ne fera pro­ba­ble­ment pas l’ob­jet d’une géné­ra­li­sa­tion rapide.

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