Entretien avec Jean Salençon (X59), président de l’Académie des sciences
Propos du président de l’Académie des sciences, recueillis par Pauline Serraz
« Mon parcours, comme celui de tout scientifique, comporte beaucoup de hasards. Je suis sorti de l’École polytechnique dans le corps des Ponts et Chaussées, puis, après mon service militaire en Algérie et ma formation à l’École des ponts, je me suis orienté vers la recherche appliquée aux problématiques du génie civil, au sein du LMS. J’ai commencé ma carrière d’enseignant en 1964 aux Mines, en même temps que je préparais ma thèse de doctorat d’État. Je n’ai finalement jamais cessé d’enseigner, des Mines aux Ponts puis à l’X, en parallèle de mes activités de recherche. J’ai eu la chance de commencer à enseigner des disciplines de mécanique appliquée puis de mécanique plus fondamentale, dans cet ordre. »
De la Montagne Sainte-Geneviève à Palaiseau, Jean Salençon n’a (presque) jamais quitté l’École. Il a pris l’an dernier les fonctions de président de l’Académie des sciences au sein de l’Institut de France qu’il a présidé en 2009. Il est également membre de l’Académie des technologies et de l’Instituto Lombardo (Milan). Il est chercheur au Laboratoire de mécanique des solides (LMS).
» J’ai eu ensuite un pied rue des Saints-Pères (les Ponts) et un pied à Palaiseau (au LMS, devenu commun aux deux établissements), avec la mission de constituer une équipe de recherche, en calcul des structures, en mécanique des sols, sur les problèmes de stabilité de pentes, de résistance de barrages, de fondations, notamment sous des sollicitations sismiques. J’ai appris récemment que les résultats de mes recherches étaient cités pour leur contribution au pont Rion-Antirion, qui, depuis 2004, relie le Péloponnèse à la Grèce continentale. »
L’Académie des sciences
» Dès sa création, en 1666 sous protection du roi, l’Académie des sciences tient un rôle de conseil pour ce dernier. Aujourd’hui, sous la protection du président de la République, elle a plusieurs missions. Outre quelques rapports qu’elle remet sur différents sujets au Président, elle est consultée par les cabinets ministériels sur des sujets d’actualité. Elle a aussi une véritable mission d’anticipation. C’est très bien de donner des avis mais c’est mieux de prévoir. Quelques-uns de nos rapports ont eu un beau succès, comme celui sur les eaux continentales.
» Selon ses statuts, l’Académie est indépendante et pérenne ; c’est primordial. Elle soutient la science de bien des manières : elle encourage les scientifiques en attribuant des prix à des scientifiques français et étrangers. Elle s’investit dans l’enseignement de la science, que ce soit par des prises de position sur l’enseignement des sciences au collège et au lycée, ou par des actions concrètes comme La Main à la pâte, Association émanant de l’Académie qui vise à promouvoir au sein de l’école primaire une démarche d’investigation scientifique.
En tant que président élu pour deux ans, je donne les impulsions et fixe les objectifs avec le vice-président.
Le costume d’académicien diffère-t-il beaucoup de l’uniforme polytechnicien ? » Ah, mais il est bien plus beau avec ses broderies ! Le costume n’est pas obligatoire mais moi, j’en ai besoin pour monter au » perchoir » sous la Coupole. Le costume que je porte appartenait à un ingénieur des Ponts bien connu, Paul Séjourné (1851−1939). J’en suis très honoré. »