Controverses démographiques
Un décapant de choix
Je me suis aperçu que balayer les idées reçues (les « vérités officielles ») nécessite l’emploi de détergents efficaces et le dossier de novembre s’avère un décapant de choix… Personnellement je n’ai pas été surpris des conclusions, mais je ne disposais pas de l’argument de base choc que constituent les pyramides des âges relatives de 1997 et 2007. François Deniau (58)
Un vieillissement retardé
Le vieillissement chronologique n’est pas le vieillissement biologique et la santé des sexagénaires est bien meilleure aujourd’hui qu’autrefois ou même que naguère. Nous avons donc la possibilité de reculer de quelques années l’âge de la retraite et nous disposons d’un peu plus de temps pour réagir que ne le montrent les analyses brutes, même si le point démographique fondamental, l’âge de la ménopause, n’a pratiquement pas varié. Nicolas Zarpas (58)
Vieillissement contre surpopulation
Il y a deux opinions, celle de ceux qui pensent que le vieillissement est le plus grand problème et celle de ceux qui pensent que la surpopulation est le plus grand problème. Pierre Boutron (59)
Il faut ralentir la croissance de la population mondiale
Mais qui paiera nos retraites si la population ne croît plus ? Voilà la crainte principale souvent inavouée parce qu’elle est très égoïste
Nous sommes trop nombreux sur la Terre. Il faut oser le dire et prendre des mesures dès maintenant… car à part la Chine, aucun pays ne semble avoir pris de mesure concrète pour ralentir la croissance de la population. Et j’entends aussi dire avec fierté sur les médias, et avec conviction dans La Jaune et La Rouge, que la France est un des rares pays européens où la natalité a repris, et que la natalité reste insuffisante. Comment peut-on être égoïste à ce point ?
Car il faut vraiment ralentir la croissance de la population mondiale, partout. Si l’on veut donner des conseils à d’autres pays, il faut montrer l’exemple ici, et faire ce qu’il faut dans les instances internationales, pour ne pas être envahi, pas forcément pacifiquement, par les excès de population ailleurs. Jacques-Philippe Dupré (56)
Réduire drastiquement le nombre des naissances
Le nombre des hommes n’a jamais cessé d’augmenter. Nous atteignons la limite de nos ressources. C’est le problème principal d’aujourd’hui et il est irresponsable d’appeler à un renouveau démographique de l’Europe. Au contraire, l’Europe doit donner l’exemple et réduire drastiquement le nombre des naissances. Dans toutes les réunions internationales, quel qu’en soit le sujet principal, le numéro un de l’ordre du jour devrait être la surpopulation du globe. Charles Billet (35)
Les seniors sont les victimes
Les seniors sont les grandes victimes de la mauvaise appréciation des véritables enjeux de la démographie. Situés peu ou prou entre l’âge de 60 ans, début de la vieillesse supposée et celui de 73 ans, début véritable (en 2007), ils sont pratiquement mis hors circuit. Ils sont aujourd’hui 6 millions, soit environ 10% de la population. En 2030, ils seront 13 millions, soit 20 % du total. C’est un problème de taille majeure, largement occulté aujourd’hui par l’aveuglement sur le prétendu vieillissement de la population. Quant au problème de l’immigration, c’est une réalité de notre temps, comme elle l’a été à des degrés divers à toutes les époques. Paul Bernard (44)
Des idées voisines ont été exprimées par Henri Duprat (45), Pierre Moulin (49), Hubert Lévy-Lambert (53) et bien d’autres que nous remercions ici.
Le commentaire de Christian Marchal (58)
Merci à ceux qui ont approuvé, de façon parfois enthousiaste. Merci aussi pour les critiques, une critique honnête est toujours utile. Ces critiques, quant à elles, et c’est une surprise, ne sont pas des critiques » politiquement correctes « . Pourtant la plupart des dossiers de novembre attaquaient vigoureusement ces vérités officielles, mais il ne s’est trouvé personne suffisamment motivé pour les défendre et c’est un indice important.
L’immigration maintient la population européenne
Les critiques douces, telles que celles de Nicolas Zarpas ou de Pierre Boutron, font preuve d’un grand optimisme. Elles estiment que la population de l’Europe augmente encore grâce à la croissance de l’espérance de vie. C’était vrai avant l’an 2000, mais ne l’est plus du tout aujourd’hui à cause de l’avancée du vieillissement. C’est l’immigration qui empêche la population européenne de décroître.
Mais, on peut douter qu’une action » dans les instances internationales « , et non sur le terrain, change quoi que ce soit aux flux d’immigration, comme le propose Jacques-Philippe Dupré.
À la limite de la subsistance
En ce qui concerne les critiques plus dures, L’Europe doit-elle » donner l’exemple et réduire drastiquement le nombre des naissances » ? On peut répondre que l’Europe a déjà fait plus que sa part avec moins de 1,5 enfant par femme et un nombre de décès qui chaque année dépasse de plus d’un million le nombre de naissances.
Certes les problèmes de l’environnement sont graves, mais ce ne sont plus ceux de l’explosion démographique. Nous avons tous les moyens de faire face. C’est une question de volonté
Mais il faut aussi réfuter le reste : « Le nombre des hommes n’a jamais cessé d’augmenter. Nous atteignons la limite de nos ressources « , dit Charles Billet. Au contraire, constamment poussée par la pression démographique, mais freinée par la limitation des ressources, l’humanité a vécu une suite de hauts et de bas, toujours à la limite de la subsistance. Ce sont les progrès techniques qui permettent une meilleure utilisation des ressources, condition d’une augmentation démographique. La révolution néolithique il y a environ dix mille ans – l’invention de l’agriculture – permet un décuplement de la population.
La révolution agricole médiévale du XIIe siècle entraîne en deux siècles un doublement de la population française, mais le quatorzième siècle est un siècle de catastrophes : mauvaises récoltes, Grande Peste, guerre de Cent Ans. En 1450 la population française est retombée au niveau de 1100. Puis viendront successivement la Renaissance, l’imprimerie et les grandes découvertes, les encyclopédies, la révolution industrielle, l’alphabétisation de masse et aujourd’hui la révolution cognitive. Chaque étape donne un accroissement des ressources et la progression démographique correspondante.
Aujourd’hui cette condition multimillénaire de l’humanité est en passe de devenir un souvenir historique : la pression démographique tombe de plus en plus. Il est devenu très facile de ne pas avoir d’enfant alors qu’il est toujours aussi difficile qu’autrefois d’en avoir.
Les deux tiers de l’humanité ne renouvellent plus leurs générations
Le résultat ne se fait pas attendre : les pays qui ne renouvellent plus leurs générations, parfois de beaucoup, représentent aujourd’hui plus des deux tiers de l’humanité. C’est la remarquable progression de l’espérance de vie, essentiellement dans les trois quarts du tiers-monde, qui pour une ou deux décennies est le véritable moteur démographique de l’humanité moderne. Bien entendu cette progression s’accompagne d’un vieillissement général rapide.
Maîtriser le vieillissement
La maîtrise du vieillissement est un problème autrement plus difficile. Il nous faut d’abord reconnaître que rarement dans notre histoire une jeunesse aura été aussi mal accueillie par les adultes. Oh ! certes elle a été bien nourrie et bien soignée, mais en regard qu’a-t-on ? Une éducation nationale détériorée, une dette publique énorme que l’on se préoccupe peu de rembourser et que l’on met donc sur le dos des jeunes sans leur demander leur avis, une proportion jamais atteinte, près d’un tiers, d’enfants ayant vu leurs parents se séparer, un chômage massif et une paupérisation générale des jeunes Européens.
Améliorer la situation des jeunes
Si l’on ne veut pas que la France et l’Europe deviennent dans trente ans des asiles de vieillards sans ressources, il est tout à fait nécessaire d’améliorer radicalement la situation des jeunes et en particulier des jeunes femmes trop souvent contraintes à faire des choix douloureux entre vie professionnelle et vie familiale. Le moyen le plus radical pour que les hommes politiques se préoccupent de ce problème essentiel serait que les citoyens mineurs soient désormais représentés dans les élections par ceux qui en ont la responsabilité juridique, de préférence leur mère. Cette » démocratie complète » permettrait aux hommes politiques de prendre les mesures nécessaires sans pour autant y laisser leur carrière.