Le prix Pierre Faurre décerné à un chercheur
Pour la première fois, à l’occasion de la sixième édition, le lauréat du prix Pierre Faurre est issu du monde de la recherche. L’heureux élu, Jean-Christophe Baillie, y voit un message fort.
Le prix Pierre Faurre
Apparu en 2002, à l’initiative d’un groupe d’entreprises, pour honorer la mémoire de Pierre Faurre, un fonds récompense un jeune X, de cinq à sept ans d’expérience professionnelle, dont le début de carrière répond aux critères suivants : industrie, fort contenu technologique, environnement international et motivation à contribuer au renom de l’X.
Jean-Christophe Baillie, X 94, lauréat du prix Pierre Faurre, a effectué sa thèse de doctorat au LIP6 et au Sony Computer Science Lab. Il a ensuite rejoint l’ENSTA en 2003 pour y faire de la recherche au laboratoire d’électronique et d’informatique et y enseigner la robotique et l’intelligence artificielle. Il a créé Gostai, une entreprise dédiée aux outils de programmation d’intelligence artificielle appliqués aux robots.
Quelques questions au lauréat
Quel est votre sentiment à l’annonce de ce brillant résultat ?
Je suis très honoré évidemment. Le message de cette édition est intéressant : les voies de l’épanouissement professionnel ne passent pas forcément par les grands groupes, le conseil ou les banques mais aussi par la recherche.
La recherche n’est pas une voie de garage fermée à l’industrie et au management
Quels ont été, à votre avis, les aspects déterminants de votre » profil » dans le choix du jury ?
Je suis sorti de l’X il n’y a pas si longtemps ; j’ai créé mon entreprise, je crée donc des emplois et de la valeur ; mon projet est clairement international car la robotique personnelle se développe en Asie et aux États-Unis. Nous revenons d’ailleurs de San José et partons bientôt à Tokyo. Enfin, ce projet est technologique et innovant.
En quoi consiste ce projet ?
J’ai créé Gostai (prononcer » Gostaï »), une entreprise dédiée aux outils de programmation d’intelligence artificielle appliqués aux robots. Je fournis les fabricants de robots et les utilisateurs finals. Nous utilisons la technologie URBI que j’ai développée dans le cadre de mes recherches académiques. URBI est une interface logicielle universelle, qui se greffe sur n’importe quel système, par exemple celui que Sony utilise sur ses robots AIBO. Le problème d’AIBO, c’est que c’est très compliqué à programmer. Mes élèves pouvaient passer un mois à comprendre comment cela fonctionnait. Tandis qu’URBI est une sorte de » java » pour robots, très simple d’accès et compatible avec tous les robots. Quant à moi, je suis président de la SAS (Société par actions simplifiées) Gostai. J’ai une double casquette de management (4/5e de mon temps) et de technique.
Quels sont les enjeux de la robotique personnelle ?
C’est un domaine en plein essor. D’ici cinq ans, vous connaîtrez probablement quelqu’un qui possède un robot, si vous n’en possédez pas un vous-même. Le ministre de l’Industrie en Corée a annoncé qu’il souhaitait voir un robot dans chaque maison en 2010 et une ville dédiée aux robots va même y être créée ex nihilo. Il y a donc un vrai marché prometteur. La France n’est pas en retard et maîtrise toute la chaîne technologique.
Propos recueillis par Pauline Serraz (Extrait d’X-Info n° 185)
Un robot chez soi
Il existe toutes sortes de robots, des humanoïdes, petits, à taille humaine, à roue, etc. Certains passent l’aspirateur, d’autres font office de jouet, de compagnon ou encore d’aide aux personnes âgées ou handicapées. La coupe du monde de football de robots, la roboCup, aura lieu en Chine cette année. On y verra ce qui se fait de mieux en robotique à ce jour, dont le robot Nao d’Aldebaran, jeune start-up parisienne qui a été fondée par un autre polytechnicien l’année dernière.