Les polytechniciens en géographie
Si la géographie est bien, comme le propose le Petit Larousse, la science qui a pour objet la description de la terre, on peut affirmer que les polytechniciens s’y sont adonnés dès la fondation de leur école. Plusieurs dizaines d’entre eux n’ont-ils pas participé de manière plus que significative à l’expédition d’Égypte pour ensuite en tirer cet excellent ouvrage de géographie qu’est la Description de l’Égypte, réalisant à cette occasion un modèle étonnant de ce que peut être un livre de géographie à la fois scientifique, documenté et plaisant à parcourir ?
Pour eux, décrire cette terre nouvelle a bien consisté à faire œuvre de géographe, c’est-à-dire à décrire, définir, classer, comparer, compter, dénombrer, mesurer, nommer tout ce qui caractérise un territoire : les distances et les reliefs, les climats et les roches, les villes et les monuments, la faune et la flore, évidemment aussi les populations.
Tout de suite, ils ont dans ce but utilisé avec enthousiasme les outils matériels ou logiques dont ils disposaient : instruments scientifiques apportés ou remplacés et reconstitués en cas de perte, équations et théorèmes éventuellement nécessaires. Ils ont aussi à cette occasion su mettre au point des techniques ou des méthodes de calcul nouvelles.
Il n’est donc pas étonnant de trouver des noms de polytechniciens donnés à des places ou des rues, ou célébrés par des monuments dans toute la France. Mais aussi, ailleurs dans le monde. Déjà Napoléon devenu empereur en avait envoyé des dizaines dans les pays européens qu’il dominait. Plus tard, c’est dans de nombreuses colonies que des polytechniciens ont eu à faire oeuvre de géographes, en Afrique, à Madagascar, en Indochine, ou encore dans les contrées où les amenaient les conflits, en Crimée ou au Mexique.
À notre époque, nous avons souvent du mal à porter un regard serein sur ces épisodes où se mêlent les appétits d’exploitation et les apports de civilisation. En parcourant le récit de la vie de notre camarade Louis Archinard (1868), qui conquit le Soudan vers 1890, on peut y lire l’inexcusable occupation coloniale d’un territoire, ou la salutaire ingérence d’un civilisateur supprimant un système d’esclavage odieux ; mais on peut en tout état de cause affirmer que Louis Archinard, ses collègues et ses successeurs y ont lancé la connaissance géographique de pays entiers, préalable à un développement utile aux habitants.
J’aimerais citer ici quelques noms de polytechniciens qui ont bien mérité de la géographie, et qui ont témoigné que notre collectivité a cultivé cet intérêt intellectuel avec permanence. Parmi les plus célèbres, François Arago (1803) contribua à la mesure du méridien, ce qui le conduisit en particulier à affronter des bateaux de corsaires et de barbaresques en Méditerranée. Ou, Guillaume Dufour (1807), de nationalité suisse, exceptionnelle personnalité de bâtisseur, professeur, militaire et pacificateur. Nos amis suisses rendent hommage à notre École polytechnique chaque fois qu’ils contemplent une des planches de la carte Dufour, couvrant toute la Suisse, réalisée par lui entre 1833 et 1865.
Moins connu, mais tellement attachant, Auguste Bravais (1829), major de sa promotion, tellement désireux de voyager qu’il refusa le corps des Mines pour devenir marin, participa à une passionnante expédition à motivation scientifique et géographique en Laponie et au Spitzberg.
Plus récemment, Jean-François Clervoy (1978) ou Philippe Perrin (1982) sont des polytechniciens cosmonautes, dont les missions ont contribué avec éclat à la connaissance de la Terre et de l’Univers.
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