Et pour cela préfère l’impair
Audrey George est le pseudonyme d’un cocon de la 51. Pour présenter cent poèmes japonais dans leur meilleure traduction en français, cet auteur a pris pour titre un vers de Verlaine et sur la couverture a placé en dessous une banderole verticale faite de quatre idéogrammes signifiant : « De cent poètes chacun un poème ». L’ouvrage est dédicacé par Vital Heurtebize, président de la « Société des poètes français » et de « Poètes sans frontières ».
Un millénaire sépare le jour où fut écrit chacun de ces teika de celui où il fut traduit en français. Il s’agit de courts poèmes de quatre ou cinq vers de 5 à 7 pieds. En voyant côte à côte le texte en français et celui de l’original exprimé en langage phonique pour tenter de nous en faire apprécier la musique, je n’ai pu que penser au verset du psaume « Hier ou mille ans, pour Dieu, c’est la même chose ».
Pour donner un avant-goût de ces petites fleurs qui n’ont pas peur de jongler entre l’instant et l’éternité, voici l’une d’elles, le poème de Shunye, moine théoricien ès poésie (1113−1191) :
La nuit m’a recru de songes
Venue l’aube ils se sont enfuis
Puis glisse un rai sous mon huis
Cruellement il fuit et me ronge
(L’absence de ponctuation est une spécificité japonaise.)
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Pour les amateurs de poésie, l’ouvrage est disponible et peut être consulté à l’espace culturel de la Société des poètes français, 16, rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris.