Une symphonie alpestre
Richard Strauss est un des compositeurs les plus importants de son époque. Sa carrière débutée à la fin du XIXe siècle se termine au milieu du xxe. Elle est constituée de deux périodes qui se chevauchent. Consacrée à la musique instrumentale, son début de carrière est marqué par la composition de poèmes symphoniques. La seconde partie est consacrée à la composition d’opéras, à partir de Salomé et Elektra au tout début du XXe siècle.
Le dernier de ses poèmes symphoniques, Une Symphonie alpestre, composé en 1915, est peut-être le plus ambitieux. Liszt et Dvorak avant Strauss avaient rendu populaire le style des poèmes symphoniques, morceaux instrumentaux où une histoire est racontée et décrite par l’orchestre. Dans une telle pièce, les événements et les personnages évoluent tout au long de l’œuvre. Les œuvres de ce style les plus célèbres de Strauss représentent des personnages célèbres tels que Don Juan, Till l’espiègle, Don Quichotte, Macbeth, ou bien encore le héros idéal dans Une Vie de héros. Dans Une Symphonie alpestre, Strauss prend un parti original : il reproduit les paysages et les sensations d’une randonnée en montagne, débutée avant le lever du soleil et se terminant la nuit suivante.
L’histoire de la reproduction discographique de cette œuvre d’une heure a connu trois périodes distinctes. Les versions historiques, sous la direction de Strauss lui-même avant guerre par exemple, ne peuvent rendre justice à l’instrumentation très riche et à la complexité de l’œuvre. Vinrent ensuite des interprétations plus récentes – on conseille par exemple par Karajan (DG) ou Solti (Decca) – qui sont des disques de démonstration de virtuosité orchestrale. Puis vint le DVD, ce qui représente un énorme progrès ; en effet c’est au concert ou en DVD que l’on peut entièrement profiter de cette œuvre, car voir les instrumentistes permet de suivre parfaitement l’ensemble et saisir la succession d’atmosphères que constitue la pièce de Strauss. Comme l’interprétation est exemplaire, brillante et claire, regarder ce DVD est une expérience formidable, absolument enrichissante même lorsque l’on connaît l’œuvre par cœur.
La prise de son est parfaite et restitue complètement l’ambiance et la dynamique d’un concert. Profitons en pour rappeler que c’est naturellement en stéréophonie et absolument pas en « multicanal », qu’il faut regarder un DVD de musique classique. C’est selon ce format que la compression est la moindre et que le son est le plus naturel.
Le concert est complété d’un documentaire de cinquante minutes très fourni, intégrant des explications par le chef et des extraits des répétitions. Le livret étant également très bien renseigné, ce DVD est décidément le moyen parfait pour découvrir ou approfondir cette œuvre géniale. L’éditeur publie aussi dans la même collection (donc avec un documentaire fourni) des œuvres de Mozart, Beethoven, Schumann, Bruckner, ainsi que la Quatrième Symphonie de Brahms, que l’on conseille en priorité (après Strauss) car cette interprétation de Brahms est d’un niveau qui rappelle la version de Carlos Kleiber, la meilleure disponible en CD.