Musique en images

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°650 Décembre 2009Rédacteur : Marc Darmon (83)

Le fes­ti­val de Ver­bier regroupe depuis plus de quinze ans tous les étés un ensemble d’artistes de pre­mier plan. En 2007 et 2008, une tren­taine de concerts ont été fil­més chaque année, pour Inter­net (www. medici.tv) et des émis­sions sur Arte. Fil­més en haute défi­ni­tion, avec un son de démons­tra­tion, cer­tains de ces concerts sont dis­po­nibles en DVD et nous donnent envie de pas­ser les fins du mois de juillet en Suisse romande. Les deux disques d’extraits nous font pro­fi­ter de l’atmosphère d’une ving­taine de concerts, tous excep­tion­nels, avec de longs extraits et des œuvres com­plètes. Les images sont magni­fiques, avec des camé­ras pla­cées tout autour de la scène, ce qui nous offre des angles de vue très ori­gi­naux. Le son est très pré­sent, et cela en fait, avec la qua­li­té des inter­pré­ta­tions, des disques de démonstration.

Pour mettre l’eau à la bouche, citons à titre d’exemple, dans le désordre : Children’s Cor­ner de Debus­sy par Nel­son Freire, plein d’humour ou de mys­tère, très fin avec des nuances excep­tion­nelles ; Nel­son Freire est fidèle à sa répu­ta­tion d’humilité et de sim­pli­ci­té, modi­fiant son style en fonc­tion des œuvres, ici très dif­fé­rent de ce qu’il fait dans Bee­tho­ven ou Cho­pin. Le Quin­tette de Schu­mann avec Hélène Gri­maud et Misha Mais­ky, magni­fique. Dich­ter­liebe de Schu­mann par Hélène Gri­maud et Tho­mas Quas­thoff, avec une pia­niste enchan­te­resse et des gros plans super­be­ment expres­sifs sur le bary­ton. Des chefs‑d’œuvre de la musique de chambre avec le Quin­tette de Chos­ta­ko­vitch par Mar­tha Arge­rich, Joshua Bell, Yuri Bash­met et Mischa Mais­ky (impres­sion­nant n’est-ce pas ?), La Jeune Fille et la Mort de Schu­bert par le Qua­tuor Ébène, le Troi­sième Qua­tuor de Brahms par Mena­hem Press­ler (le doyen du Beaux-Arts Trio), Sal­va­tore Accar­do et Gau­tier Capuçon.

Coffret du DVD Festival de VerbierLe réci­tal de Niko­lai Lugans­ky méri­tait bien d’être publié en inté­gra­li­té. Son pro­gramme est intel­li­gent, car varié mais cohé­rent. La rare Sonate de Jana­cek est poi­gnante, les trans­crip­tions de Roméo et Juliette de Pro­ko­fiev sont remar­quables. Puis Lugans­ky joue trois Pré­ludes de Rach­ma­ni­nov, deux peu connus et le célèbre op. 23 n° 5, quatre Études d’exécution trans­cen­dante de Liszt et une Étude de Cho­pin, où le jeu du pia­niste appa­raît très équi­li­bré, mon­trant à la fois finesse et per­for­mance tech­nique, là où cer­tains abordent ces œuvres en vir­tuo­si­té pure.

Les disques d’orchestre de fes­ti­val sont sou­vent moins mémo­rables que les disques de musique de chambre. En effet, les orchestres de fes­ti­val mon­tés pour l’occasion ont sou­vent peu de temps de répé­ti­tion. On remar­que­ra d’autant plus ce disque Sibe­lius : une des plus belles de ses sym­pho­nies, diri­gée par un grand spé­cia­liste, le chef fin­lan­dais, comme Sibe­lius, Esa-Pek­ka Salo­nen, qui aborde ces œuvres avec le même enga­ge­ment et la même sub­jec­ti­vi­té que Leo­nard Bern­stein dans ses enre­gis­tre­ments res­tés célèbres, avec des tem­pos très per­son­nels. Cet orchestre très jeune et très fémi­ni­sé y est remar­quable, avec des bois d’une belle pure­té et d’une remar­quable pré­sence, et des cordes « miné­rales » par­fai­te­ment adap­tées à cette musique du Nord.

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