Un demi-siècle d’accélérateurs de particules
Au moment où la mise en service à Genève du LHC, le collisionneur de particules le plus énergique jamais construit, et le plus grand instrument scientifique au monde, met en lumière ce que sont aujourd’hui ces outils de l’étude de l’infiniment petit, le livre de Pierre Marin vient à propos illustrer un ensemble de contributions françaises majeures au développement de ces accélérateurs. Il retrace toute l’histoire des machines successivement construites au Laboratoire de l’accélérateur linéaire d’Orsay depuis qu’en 1955 le professeur Yves Rocard impulsait la création d’un accélérateur linéaire d’électrons pour les besoins de la physique nucléaire.
Rapidement, Pierre Marin focalisa son intérêt sur la possibilité de réaliser des anneaux de stockage dans lesquels on pourrait injecter, accélérer et conserver en orbite des faisceaux d’électrons et de positons.
Utilisés en collisionneurs, ces instruments sont devenus les moyens essentiels au développement de la physique des particules, appareils auprès desquels, depuis les années soixante-dix, se sont faites beaucoup de découvertes importantes.
Utilisés comme sources de rayonnement électromagnétique, ils fournissent à des communautés d’utilisateurs des faisceaux de lumière de longueur d’onde s’étendant du visible aux rayons X durs.
L’auteur décrit la succession des projets et des réalisations qui ont vu le jour à Orsay. Il en a été le maître d’œuvre, et a fait faire à ce domaine des progrès extraordinaires. Tout était à inventer, et ces travaux ont placé la France au tout premier plan en matière de stockage et mise en collision d’électrons de haute énergie,aux côtés des États-Unis et de la Russie. Au fil des pages, on voit apparaître des machines de plus en plus puissantes et complexes, dont les applications se diversifient.
Un chercheur passionné
Pierre Marin a été un chercheur passionné. Il évoque de façon très directe les combats qu’il a menés face à des autorités parfois réticentes, les nombreux problèmes techniques brillamment résolus, mais aussi les échecs de certaines idées.
Il a disparu alors qu’il était encore actif, porteur d’idées et de projets. Ceux de nos camarades qui ont eu l’occasion de s’intéresser à la physique des particules par le truchement du laboratoire du professeur Leprince- Ringuet ont probablement une connaissance des instruments européens développés pour la discipline.
Ce laboratoire était essentiellement tourné vers le CERN. Ils trouveront dans le livre de Pierre Marin une documentation détaillée sur un autre volet de ces développements auquel un laboratoire voisin a contribué au tout premier plan mondial.