LA SAGESSE DE LA PANTHÈRE
Neuf titres déroutants pour des nouvelles d’une élégante originalité. Étonnant ce que l’on peut apprendre sur les mégalithes, le Roman de Renart ou les mystères des glyphes de Cahuachi ! N’ayez crainte cependant, ces récits, à la documentation passionnante, sont à mille lieues d’une érudition académique.
L’un est un journal mélancolique, destiné à l’amie absente. Le narrateur, devant la beauté d’une civilisation disparue, relate la dispute ridicule de deux vieux savants, dont l’un saisit le fémur d’un lama millénaire, pour attaquer l’autre qui tient le tibia du squelette qu’il vient de découvrir.
Un autre évoque, en des scènes pétillantes de malice, les conséquences d’une note sérieuse émanant de l’Éducation nationale. Qu’en fera le professeur consciencieux, passionné par les histoires d’ADN ? Il inventera le ballet La danse du ribosome. Problèmes de mise en scène, difficulté de trouver l’élève digne de jouer « la peptidyl transférase », mais au final succès assuré, et même, rêves d’avenir pour l’Opéra Bastille avec une tragédie en trois actes qui pourrait s’intituler Les pèlerinages de la sérotonine.
Ironie et humour, enquêtes en tout genre, sont les constantes de ces récits. L’auteur ne cesse de jouer avec sa culture et nous ravit. Tous ses personnages ont la passion d’apprendre. Certains en deviennent sages (la panthère du conte), d’autres délicieusement surannés (Valentin Aubeffroi dans son costume taillé sous Gambetta), d’autres encore nagent dans le bonheur des dates et des noms gravés pour toujours dans leur mémoire (Ingrid Schwandenberg et ses peintres-orfèvres de Florence).
La poésie est aussi présente. Ainsi celle de cette mamie, éprise de Rembrandt, qui, pour consoler sa petite-fille de son premier chagrin d’amour, relit toute sa vie dans les tableaux de son peintre bien-aimé. Les esprits curieux se réjouiront d’une onomastique très adaptée… (Un conseil : essayez les anagrammes!) Tout est brillant, libre et de grande qualité. Jugez par vous-mêmes !