LES INGÉNIEURS DES PONTS AU SERVICE DE L’AFRIQUE
Écrits plus de trente ans après la fin de cette période, une cinquantaine de témoignages composent cet épais ouvrage coordonné par notre ami Jacques Bourdillon. Ils ravivent l’histoire vécue par les 200 à 300 ingénieurs des Ponts qui ont participé pendant la trentaine d’années, 1945- 1975, à l’équipement et au développement économique et social des protectorats et des territoires français d’Afrique et de Madagascar.
La France des années soixante et son ministère de l’Équipement tout neuf bénéficièrent en retour de ces expériences : plus de cinquante grandes figures issues de la Coopération se sont illustrées dans l’aménagement du territoire.
La curiosité du lecteur, qui a connu plus tard bien de ces ingénieurs des Ponts, est piquée par le côté « enfance du chef » de ces témoignages d’Afrique. Les trois thèmes majeurs des transports, de l’eau et des villes, abordés en premier, sont traités de manière transversale.
L’importance des problèmes de l’eau y apparaît d’emblée et à la bonne échelle, celle des grands bassins que permettait d’appréhender l’administration fédérée de la France d’outremer (AOF et AEF).
La question urbaine est traitée magistralement, en plusieurs développements et jusque dans sa dimension prospective longtemps sous-estimée, par des hommes dont la carrière tout entière s’est vouée au développement.
C’est cependant par pays ou groupe de pays qu’est rassemblé le plus clair de la cinquantaine de témoignages recueillis : Tunisie, Algérie, Maroc, Guinée, Côte‑d’Ivoire, Sénégal, pays du Sahel, Madagascar.
Je ne saurais trop recommander les propos rédigés successivement par Jacques Denantes (49), Hubert Roux (56), Jacques Bourdillon, Georges Rème (39), Alain Vivet (53), Robert Garabiol (38), Michel Rousselot (49) et Philippe Oblin (46).
Cet ouvrage plonge donc assez loin dans le passé, quarante à soixante ans, pour nourrir notre mémoire collective d’abord et, dans un second temps, nous interpeller sur la marche du monde, la place que l’Afrique y tient et y aura, et le rôle que la France et l’Europe peuvent encore y jouer. Il faut lire ce livre épais, touffu, composite puis le relire et y chercher des clefs pour capter l’histoire vivante et mieux comprendre l’actualité brûlante de l’Afrique.