MOZART, BRAHMS, BEETHOVEN, BRUCKNER, FRANCK
Leonard Bernstein était un musicien complet. Comme compositeur, il est à la fois l’auteur de Musicals célèbres de Broadway et d’oeuvres de musiques « sérieuses » (symphonies, ballets…) que l’on conseille au plus haut point.
Ses oeuvres sont souvent engagées, vecteurs de sens et de messages, politiques ou religieux. À titre d’exemple, au-delà du poids religieux de ses symphonies (Kaddish, Jeremiah…) et de l’évidence du message politique du Roméo et Juliette moderne qu’est West Side Story, nous citerons son opéra Candide pour illustrer son approche par la musique de thèmes contemporains.
Le Candide de Bernstein est encore plus ironique que Voltaire vis-à-vis de la philosophie de Leibniz (caricaturée par Voltaire en un « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles »). Bernstein y mélange les styles et les musiques pour en faire une oeuvre complète, résolument moderne. Cet opéra existe en DVD, en version de concert dirigé et commenté par Bernstein lui-même, à acquérir sans hésiter (Deutsche Grammophon).
Mais Leonard Bernstein était aussi un des plus grands chefs du XXe siècle. On trouvait déjà en DVD les enregistrements officiels, passionnants, par Bernstein des grandes symphonies de Beethoven, Brahms, Mahler (Deutsche Grammophon).
Ce nouveau coffret hommage de cinq DVD, cinq concerts à la direction de quatre orchestres différents, est un précieux témoignage du style et de l’art de l’artiste.
Dans les symphonies de Brahms (la première et la troisième), dans la neuvième de Bruckner, dans la symphonie de César Franck, nous voyons un Bernstein ultraromantique, avec qui l’orchestre semble rivaliser d’expressivité. Ce sont parmi les meilleures versions en DVD de ces oeuvres. En complément du disque Franck, Bernstein a enregistré, également à Paris, Le Boeuf sur le toit de Milhaud, pièce légère et dansante où l’on voit le chef, exceptionnellement barbu à cette période, swinguer avec la musique, faisant preuve comme toujours d’un enthousiasme communicatif. Mozart (17e concerto, 39e symphonie) est une rareté. Bernstein était aussi un grand pianiste, que l’on connaît dans son élément dans Gershwin ou comme accompagnateur dans Mahler. Mais là, dirigeant l’orchestre de Vienne depuis son Bösendorfer, il donne une vraie leçon de style mozartien, montrant une grande concentration.
Dans le final de la 39e symphonie, un des mouvements les plus festifs de Mozart, on retrouve un Bernstein dansant et entraînant.
Le dernier DVD montre l’événement de Noël 1989, lorsque Bernstein courut sur les ruines du mur de Berlin diriger La Neuvième de Beethoven avec un orchestre venant des deux Allemagnes (Munich et Dresde) et des quatre puissances occupantes (orchestres de Leningrad, New York, Paris et Londres). Le mot Joie avait été remplacé par le mot Liberté, et la symphonie se termine donc par l’Ode « à la Liberté », d’après Schiller. Une interprétation exceptionnellement prenante, de près d’une heure et demie, à la hauteur de l’événement.