La maîtrise des nouveaux risques

Dossier : BâtimentMagazine N°667 Septembre 2011
Par Van Phuc LÊ (64)
Par Michel BARAVALLE

Com­ment évo­luent les métiers du bâtiment ?

Il faut dis­tin­guer la France de l’international.

En ce qui concerne l’Hexa­gone, les évo­lu­tions sont d’a­bord liées à l’ac­tua­li­té, le trem­ble­ment de terre au Japon, d’où une forte pré­oc­cu­pa­tion des pou­voirs publics sur le risque sis­mique dans les zones accueillant des cen­trales nucléaires, qui devrait se tra­duire assez rapi­de­ment par de nou­velles missions.

Une seconde évo­lu­tion est liée aux nou­velles régle­men­ta­tions sur le bâti­ment en géné­ral, par exemple celle de l’ac­ces­si­bi­li­té des ERP aux han­di­ca­pés, dont la mise aux normes est pour 2015, et pour laquelle nous en sommes au stade de la sen­si­bi­li­sa­tion avec un diag­nos­tic du patrimoine.


Les catas­trophes natu­relles modi­fient la mis­sion des orga­nismes de contrôle. © REUTERS

Réduire les déperditions

Une troi­sième est liée au Gre­nelle de l’en­vi­ron­ne­ment, qui vise à divi­ser par quatre toutes les déper­di­tions éner­gé­tiques, en envi­sa­geant deux démarches : construire des bâti­ments à basse consom­ma­tion, voire à éner­gie posi­tive, c’est-à-dire pro­duc­teurs d’éner­gie, et réha­bi­li­ter tout le patri­moine existant.

Le Gre­nelle de l’en­vi­ron­ne­ment s’at­taque aux déper­di­tions énergétiques

Cette nou­velle régle­men­ta­tion consti­tue de nou­velles oppor­tu­ni­tés pour Apave , avec par exemple des réa­li­sa­tions de tests pra­ti­qués a pos­te­rio­ri, notam­ment ceux rela­tifs à l’é­tan­chéi­té pour véri­fier les déper­di­tions en énergie.

La der­nière a trait aux nou­velles moda­li­tés d’in­ter­ven­tion de l’É­tat, via les conces­sions et plus récem­ment les contrats de par­te­na­riat public – pri­vé, opé­rant un trans­fert de l’ac­ti­vi­té construc­tion et exploi­ta­tion des ouvrages d’art (ponts, tun­nels, etc.) dans le pri­vé. Cette pers­pec­tive ouvre de nou­velles mis­sions de véri­fi­ca­tion, tant sur la par­tie à construire que sur l’exis­tant (ponts, routes, via­ducs), main­te­nant à la charge des conseils généraux.

À l’in­ter­na­tio­nal, et sur­tout dans les pays en voie de déve­lop­pe­ment, l’é­vo­lu­tion du métier est éga­le­ment liée aux risques natu­rels, cli­ma­tiques ou sismiques.

En France, la très forte concur­rence qui s’exerce dans le sec­teur a eu pour effet de nive­ler les prix vers le bas, alors que les mis­sions de contrôles et de véri­fi­ca­tions mobi­lisent et requièrent la com­pé­tence d’ex­perts. Concer­nant les appels d’offres publics, la logique du » moins-disant » conti­nue à pré­va­loir, tan­dis que celle du » mieux-disant » pro­gresse peu.

Mobiliser des équipes multinationales et multitechniques

De nou­velles contraintes 
Depuis les inon­da­tions de ces der­nières années, notam­ment celle de 2009 en Ven­dée, par­ti­cu­liè­re­ment meur­trière, il y a eu une exten­sion des zones inon­dables, qui concerne la plu­part des com­munes du littoral.

À l’in­ter­na­tio­nal, l’en­jeu réside dans la capa­ci­té des orga­nismes à mobi­li­ser des équipes mul­ti­na­tio­nales et mul­ti­tech­niques . Ils y par­viennent grâce à une poli­tique spé­ci­fique de géné­ra­li­sa­tion des tech­niques fran­çaises, qui passe par un trans­fert de savoir-faire, via des for­ma­tions déli­vrées à toutes les équipes locales. Et cela dans des envi­ron­ne­ments où les régle­men­ta­tions sont moins pré­gnantes que la régle­men­ta­tion hexa­go­nale. Il convient donc d’ac­com­pa­gner le maître d’ou­vrage dans ses mis­sions en tant que tierce par­tie indépendante.

Déterminer les zones à risque


Déter­mi­ner les zones à risque. © REUTERS

Les risques induits par les catas­trophes natu­relles ont éga­le­ment été rééva­lués. Il faut savoir que tous les docu­ments d’ur­ba­nisme récents sont éla­bo­rés de plus en plus par les com­mu­nau­tés d’ag­glo­mé­ra­tion, voire les métro­poles, et iden­ti­fient les risques notam­ment à tra­vers les PPRN (plans de pré­ven­tion des risques natu­rels) éta­blis par l’É­tat ou pour son compte, par des tiers qui per­mettent de déter­mi­ner les zones à risque.

Le risque d’in­cen­die est très impor­tant dans la moi­tié sud du pays, mais aus­si dans les tun­nels. La prise en compte par l’É­tat de tous ces risques majeurs, leur rééva­lua­tion ont véri­ta­ble­ment impo­sé de nou­velles contraintes qui obèrent la plu­part des ter­rains à construire et impactent un cer­tain nombre de régions.

Même si le prin­cipe de pré­cau­tion a ses limites, la sur­ve­nue d’un évé­ne­ment cli­ma­tique ou d’un inci­dent grave impose à l’É­tat d’an­ti­ci­per et de prendre ces risques en compte dans des zones, qui, par ana­lo­gie, peuvent voir le risque se produire.

Une réévaluation des risques nucléaires

Le trem­ble­ment de terre au Japon crée de nou­velles mis­sions sur le risque sismique

Compte tenu du peu de recul sur l’é­vé­ne­ment, à notre niveau, nous ne mesu­rons pas encore l’im­pact de Fuku­shi­ma, mais il est cer­tain que dans les mois qui viennent, il va y avoir un diag­nos­tic géné­ral de toutes les ins­tal­la­tions, et une prise en compte des risques cli­ma­tiques et sis­miques plus impor­tante pour les futures construc­tions. En France, nous avons des cen­trales nucléaires qui dis­posent déjà d’un degré de sûre­té et de sécu­ri­té de fonc­tion­ne­ment extrê­me­ment éle­vé, et qui sont gérées par un seul ges­tion­naire, EDF, qui dis­pose de capa­ci­tés tech­niques très importantes.

Mais en rai­son de l’am­pleur de l’é­vé­ne­ment et de ses consé­quences, l’É­tat est actuel­le­ment en train de rééva­luer les risques, notam­ment par les dif­fé­rents minis­tères concer­nés (Éco­lo­gie et Indus­trie). Même si nous ne connais­sons pas encore la teneur de cette rééva­lua­tion, ni la forme sous laquelle elle va se faire, il en résul­te­ra dif­fé­rents scé­na­rios d’où vont décou­ler toute une série d’é­tudes com­plé­men­taires, et peu­têtre même des modi­fi­ca­tions pour rehaus­ser le niveau de sécu­ri­té et de sûre­té de fonc­tion­ne­ment des cen­trales. Pour Tcher­no­byl, la catas­trophe était liée prin­ci­pa­le­ment aux ins­tal­la­tions elles-mêmes, l’é­vé­ne­ment Fuku­shi­ma va deman­der d’in­té­grer de façon plus impor­tante les risques externes en pre­nant des hypo­thèses plus défavorables.

APAVE
Apave est un orga­nisme de contrôle des­ti­né à assu­rer la sûre­té des ins­tal­la­tions et le contrôle tech­nique de construc­tion. Cou­vrant l’en­semble des sec­teurs, le lea­der fran­çais de la maî­trise des risques est pré­sent à l’in­ter­na­tio­nal dans une cin­quan­taine de pays, sur les grands mar­chés por­teurs : éner­gie, pétrole et gaz, bâti­ment et infra­struc­ture, aviation.

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