SCHUMANN : 3e SYMPHONIE, REQUIEM POUR MIGNON ET AUTRES PIÈCES CHORALES
Très beau concert filmé dans la magnifique Frauenkirche de Dresde, reconstruite à l’identique après la guerre. Les très belles images (et même incroyables en Blu-Ray) rendent parfaitement hommage à la beauté des décorations intérieures de l’église. Très beau cadre pour un tel film. Au programme, des œuvres rares de Schumann, autour de la célèbre Troisième Symphonie, dite Rhénane.
La vie créatrice de Robert Schumann a été trop courte. Pas spécialement prodige, il compose ce qui est considéré comme la meilleure part de son oeuvre entre 1835 et l’année 1840, l’année de ses trente ans et également, et surtout, l’année où il peut enfin convoler avec Clara, devenue majeure : principalement des pièces pour piano et des lieder. Sombrant progressivement dans la déprime et la folie (il se jette dans le Rhin en 1854), Schumann meurt en 1856. Les spécialistes ont l’habitude de tenir pour peu importantes les oeuvres symphoniques et chorales du compositeur, considérant que Schumann était un pianiste-né, mais un piètre orchestrateur. Ce DVD sera l’occasion pour chacun de juger par lui-même, dans ces oeuvres composées entre 1841 et 1853.
Le concert débute par l’ouverture de Genoveva, l’unique opéra de Schumann. Puis un magnifique Requiem pour Mignon, Mignon étant une héroïne de Goethe, un auteur qui a énormément inspiré Schumann (qui a écrit des Scènes de Faust, insuffisamment connues).
Viennent ensuite deux vraies raretés, les deux pièces orchestrées tirées des Bunte Blätter. Ce recueil pour piano a été publié en 1852, mais ces deux pièces ont été composées tout d’abord en 1841 sous forme de fragments dans une version symphonique. Le matériel orchestral joué ici est tiré pour la première pièce (le Scherzo en sol mineur) des fragments laissés par Schumann, et la seconde pièce est une transcription récente de la pièce pour piano originale. Interprétées ainsi par Daniel Harding et l’orchestre dresdois, on se convainc qu’effectivement ces pièces étaient bien faites pour l’orchestre plutôt que pour le piano.
Le morceau de choix de ce concert et du DVD est la Troisième Symphonie, Rhénane, la dernière qu’il ait composée, en 1850, une des pièces les plus jouées du compositeur. D’une structure inhabituelle en cinq mouvements avec deux mouvements lents, elle dure un peu plus d’une demi-heure.
L’orchestre de la Staatskapelle de Dresde, que Schumann dirigea en son temps, fait partie avec l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig des tout premiers orchestres d’Europe. Les passages à Paris de ces orchestres « est-allemands » sont guettés par les amateurs. Daniel Harding, révélé au festival d’Aix-en-Provence, chef régulier de cet orchestre, est un des chefs d’orchestre les plus appréciés du moment, et ce concert est bien au niveau musical de ses disques récents les plus réputés, Mahler notamment.