FRÉDÉRIC CHOPIN : Les deux concerto pour piano
L’année Chopin (2010) a été l’occasion d’un nombre important de célébrations. Les plus grands pianistes (Barenboïm, Nelson Freire, etc.) ont parcouru le monde avec des programmes « tout-Chopin ». Et cette soirée à Varsovie, pour célébrer le 200e anniversaire de la naissance du compositeur, a dû être un des temps forts de cette année : deux des plus grands pianistes actuels jouant lors de la même soirée les deux concertos du compositeur accompagnés par l’Orchestre philharmonique de Varsovie dirigé par son chef Antoni Wit.
En deux cents ans, les Érard et Pleyel du XIXe siècle ont été remplacés par des Steinway. Mais ici l’orchestre est de taille réduite, n’écrase pas le piano. Le Philharmonique de Varsovie joue parfaitement son rôle, il accompagne plus qu’il ne « concerte » avec le piano, ce qui est bien dans l’esprit de l’écriture de Chopin. Toutefois il est parfaitement fin et élégant dans les passages symphoniques (introduction du Premier Concerto par exemple), dirigé par Wit, grand spécialiste de ces œuvres, dont nous voyons la gestuelle complexe et riche. Tout cela dans le Concert Hall de Varsovie qui est une très belle salle, avec des orgues magnifiques.
Dans le Second Concerto, en fait écrit en premier, nous voyons en soliste le fantastique Evgeny Kissin, dont beaucoup connaissent l’enregistrement qu’il réalisa de cette œuvre à l’âge de treize ans (en 1984, quelques années avant d’être « révélé » par Karajan). Kissin joue en permanence à la fois sur les nuances et sur le rubato, cette subtile liberté prise sur le rythme. Magnifique de bout en bout, ce concerto contient un deuxième mouvement qui est une vraie déclaration d’amour (l’œuvre est dédiée successivement à deux des amours de Chopin, de son époque polonaise). Dans ce second mouvement, sous les doigts de Kissin, se crée une tension énorme, avec une section centrale proprement hypnotique.
Dans le Premier Concerto, le soliste est cette fois-ci Nikolaï Demidenko, formidable pianiste russe également, au jeu très clair, lisible, magnifique, lumineux. Chaque soliste, après son interprétation du concerto, nous offre deux bis (une valse, l’Étude révolutionnaire, une mazurka…). On se rappelle alors le merveilleux interprète de récital qu’est Kissin.
En blu-ray, ce concert est magnifique : le son de l’orchestre comme celui du piano sont superbes, équivalents à celui d’un concert, et l’image est parfaite. Un énorme plaisir.
C’est un très bel hommage pour l’année Chopin. On regrette que 2010, qui a aussi été l’année Schumann, n’ait pas vu fleurir des initiatives de ce niveau pour Robert Schumann.