L’épidémiologie humaine
L’épidémiologie a obtenu des résultats majeurs à partir des années cinquante avec par exemple la découverte du rôle cancérigène du tabac ou l’identification des facteurs de risques cardiovasculaires. Depuis les années 1980, la demande en épidémiologie change : volonté de connaître avec précision, et souvent en temps réel, morbidité, mortalité de la population, et exposition aux différents facteurs de risques auxquels elle est soumise ; prévision des risques émergents et recherche des moyens optimaux pour les contrôler ; évaluation de risques très faibles, notamment environnementaux, mais concernant de très grandes populations et pouvant de ce fait avoir des conséquences notables de santé publique.
Comment faire face à cette demande scientifique et sociale croissante en épidémiologie ? C’est pour répondre à cette question que l’Académie des sciences a suscité ce rapport sur l’épidémiologie humaine.
Le rapport analyse l’état des forces françaises et démontre qu’il y a un déficit en termes d’effectifs, de chercheurs et de laboratoires. Il souligne l’absence d’informations épidémiologiques a priori élémentaires. En miroir, il constate qu’il existe de gigantesques bases de données médicales, construites dans des buts gestionnaires, et actuellement mal valorisées, qui pourraient être utilisées par la recherche. Il insiste sur le besoin de créer des observatoires épidémiologiques puissants dont le coût est analysé.
L’analyse de ces très grandes bases de données nécessite de faire appel à des techniques statistiques innovantes ; le rapport montre aussi que l’épidémiologie moderne nécessite le recours à d’autres champs des mathématiques tels le calcul des probabilités, l’analyse numérique, la théorie de systèmes complexes, la modélisation en général.
Le rapport décrit, à travers le cas des pathologies les plus fréquentes (maladies infectieuses, cardiovasculaires, démences, vieillissement, cancers), comment l’épidémiologie se développe en lien intime avec les différentes disciplines biologiques, notamment la génomique ; il rappelle l’importance des sciences humaines et sociales en épidémiologie, sans lesquelles le déterminisme de la plupart des maladies est incompréhensible. Le défi est donc d’organiser sans compromis les multidisciplinarités nécessaires.
Le rapport examine enfin le rôle de l’épidémiologie en tant que science et support de la décision médicale et de la Santé publique, et ses difficultés à faire passer ses conclusions dans la pratique, notamment dans le domaine de l’enseignement.