Force des armes, force des hommes
Cet ouvrage brillant et stimulant est tout à l’image de la personnalité hors normes de son auteur : notre camarade, ingénieur général de l’armement, a été général adjoint au commandant de la Première armée et directeur des études à Coëtquidan ; docteur ès sciences, il est parachutiste ; consultant dans le traitement des crises, il a été en 1995 adjoint au coordinateur de l’ONU dans Sarajevo assiégée.
Il traite bien entendu les problèmes d’actualité évoqués par son titre : multiplication des conflits asymétriques, dialectique entre la sophistication des armements et la rusticité des forces. Mais au-delà de ces sujets apparemment limités ou réservés à des initiés, il présente de façon originale une vaste réflexion historique, politique, voire philosophique ou même éthique sur ce qui fait la force ou la faiblesse d’une société dans les conflits d’aujourd’hui.
Cette réflexion tous azimuts est quelquefois inattendue mais toujours passionnante.
Sans pouvoir entrer dans les détails d’une présentation foisonnante, on peut en donner une idée en citant quelques-uns des principaux thèmes abordés dans les cinq parties de l’ouvrage :
• “De l’animal à l’homme”. Au cours de l’évolution, qu’estce qui a fait la force de survie de l’espèce humaine ? Pourquoi le mythe de David, “ le faible qui gagne ” ? Le respect des valeurs morales dans nos démocraties conduit-il à une position de faiblesse ?
• “ L’intelligence et les armes ”. La dissémination inéluctable des armements est-elle liée à celle de la “ force scientifique ” ou à celle de la “ force industrielle ” ? Des pilotes sont-ils encore utiles dans les avions ? et les soldats dans le combat terrestre ?
• “ Forces et faiblesse humaines ”. Qu’est-ce qui fait dire : “ il faut mourir pour la patrie”? Pourquoi meurt-on ? Humanisme et rationalité sont-ils compatibles et jusqu’où ? Un pays riche, donc jalousé mais amolli par son confort, est-il capable de se défendre ?
• “ Faiblesse des forts et force des faibles ”. La supériorité technologique est-elle indépendante du théâtre d’opérations ? Où est l’essentiel, le “ rapport de forces ” ou le “ rapport de vulnérabilités ” ?
• “ L’exploitation de la faiblesse ”. La guerre peut-elle être moralisée ? Le plus faible a‑t-il toujours raison ? La guerre peut-elle être “ propre ” ? Le “ risque zéro ” a‑t-il un sens ?
Défourneaux emmène son lecteur au coeur de toutes ces questions, dans un style rapide et vivant ; il illustre son propos d’une grande abondance d’exemples historiques ou actuels, de citations d’œuvres littéraires ou cinématographiques, maniant volontiers l’humour (parfois grinçant…) et le paradoxe pédagogique. On ne reste pas indifférentœ